Brève biographie du cardinal Lavigerie (1825-1892)
- Cheminement vocationnel
Charles-Martial-Allemand Lavigerie est né le 31 octobre 1825 à Bayonne, en France. Il étudie au petit séminaire de Laressore, à Bayonne, puis continue au petit séminaire de Saint-Nicolas-du-Chardonnet à Paris. En 1843, il entre au grand séminaire d’Issy-les-Moulineaux pour la philosophie, puis va à St Sulpice à Paris pour la théologie. Trop jeune pour être ordonné prêtre (il n’avait que 22 ans), on lui propose de continuer des études à l’École des Carmes où il obtient une licence ès-lettres en 1847. Il est ordonné prêtre le 2 juin 1849 pour le diocèse de Paris.
- Vie sacerdotale et épiscopale
Peu après son ordination, l’abbé Lavigerie est envoyé préparer un doctorat ès lettres qu’il obtient en 1850. Il est alors maître de conférences. En 1853, il devient docteur en théologie et enseigne l’histoire de l’Église à la Sorbonne. Tout en restant enseignant, il est nommé premier directeur de l’Œuvre d’Orient en 1856. Cela lui donne une expérience qui, en partie, influencera son ministère : la découverte de l’héritage théologique et liturgique du Proche-Orient chrétien, et la rencontre avec l’émir Abd El Khader qui lui fait découvrir une autre facette de l’islam.
De 1861 à 1863, l’abbé Lavigerie est auditeur du tribunal de la Rote, un poste à la fois religieux et diplomatique au Saint-Siège. C’est de là que le pape Pie IX le nomme évêque de Nancy. Conscient du courant libéral et progressiste de son temps, le jeune évêque veut préparer son clergé à relever le défi de cette époque en lui proposant une formation solide. Pour lui, la qualité de l’apostolat dépend aussi de la qualité de la formation intellectuelle et spirituelle du clergé. Il ne restera que quatre années à Nancy car, en 1867, il est nommé évêque d’Alger.
En vue des futures implantations de ses missionnaires pour l’évangélisation de l’Afrique continentale, Mgr Lavigerie obtient, en 1868, la délégation apostolique du Sahara et du Soudan. En 1878, il demande au Saint-Siège et se voit attribuer, la garde de l’Église Sainte-Anne de Jérusalem et la délégation apostolique pour les missions d’Afrique centrale. C’est cette même année qu’il envoie avec succès une première caravane de 10 missionnaires dans la région des Grands Lacs africains.
En 1881, Mgr Lavigerie reçoit la charge du Vicariat apostolique de la Tunisie. Il est créé cardinal en 1882. Son désir profond est de rétablir l’Église de l’Afrique du Nord, terre des grands théologiens africains. En 1884, le siège épiscopal de Carthage est restauré. Le cardinal Lavigerie y est nommé archevêque, devenant ainsi primat d’Afrique, tout en gardant le siège d’Alger jusqu’à sa mort en 1892.
- Fondateur et missionnaire
Aussitôt installé à Alger, le nouvel évêque se trouve confronté à la situation dramatique de la famine et de l’épidémie qui frappent le pays. Il organise un service pour accueillir les orphelins et les enfants abandonnés. Dans ce cadre, il fonde deux Instituts missionnaires, celui des Missionnaires d’Afrique (Pères Blancs) et celui des Sœurs Missionnaires de.Notre-Dame d’Afrique (Sœurs Blanches), respectivement en 1868 et en 1869.
Selon Lavigerie, pour qu’un apostolat soit fructueux, il doit être caractérisé par l’amour de tous. N’est-ce pas sa devise même, Caritas ? Il invitera ses missionnaires à adopter l’attitude paulinienne d’être ‘tout à tous’ et ne cessera de leur répéter que c’est par amour qu’il faut conquérir les âmes au Christ. D’une manière générale, la méthode qu’il transmet aux missionnaires comprend les axes suivants : catéchuménat, promotion des médecins-catéchistes, étude de la langue locale, traduction des textes fondamentaux, gagner la confiance des responsables locaux, alphabétisation, soins aux malades et développement social.
Dès le début de son épiscopat en Algérie, Mgr Lavigerie se rend compte du fléau de l’esclavage en Afrique. Il décide de se consacrer non seulement au rachat des esclaves, mais aussi à une vigoureuse campagne anti-esclavagiste qu’il développe auprès des pays de grande influence, comme la France, la Belgique, l’Italie et la Grande Bretagne, surtout entre 1888 et 1890. Aussi, fonde-t-il à Paris, en 1888, La Société Antiesclavagiste de France dans le but de « trouver des fonds afin de faire connaître les conditions de l’esclavage en Afrique et de l’éradiquer ».
- Homme passionné
S’il est vrai que Lavigerie arrive à Alger comme homme d’Église, reconnaissons aussi qu’il est attaché à sa patrie, la France. Il voit l’évangélisation de l’Afrique, non seulement comme la responsabilité de l’Église, mais aussi de la France. Face à l’attitude antireligieuse de celle-ci, il rappelle l’importance de la foi chrétienne, même dans la conquête d’une nation non chrétienne mais croyante.
À la demande du pape Léon XIII, il intervient comme intermédiaire entre l’Église et l’État en France. L’histoire retiendra Le Toast d’Alger du 12 novembre 1890 où le cardinal Lavigerie invite les catholiques de France à se rallier à la République et à y contribuer de l’intérieur, afin que l’Église puisse y remplir sa mission spirituelle. Neuf mois avant la mort du cardinal Lavigerie, le pape Léon XIII le soutiendra par son encyclique Au milieu des Sollicitudes, en février 1892.
En conclusion, le cardinal Lavigerie est connu pour son intelligence et ses talents exceptionnels, pour son tempérament énergique, dur et pourtant compatissant, mais aussi pour sa foi profonde et ouverte qu’il investit pour les missions d’Afrique et du Proche-Orient. Ses écrits et des témoignages sur lui révèlent un pasteur passionné de Dieu, de l’Église et de l’humanité.
Pour plus de détails sur la vie du cardinal Lavigerie, lire entre autres :
- François RENAULT, Le Cardinal Lavigerie 1825-1892. L’Eglise, L’Afrique et la France, Paris, Fayard, 1992, 698 p.
- Xavier de MONTCLOS, Lavigerie. La mission universelle de l’Eglise, (Foi Vivante), Paris, Cerf, 1991, 208 p.