Formation Permanente

La formation permanente reste le parent pauvre dans les projets et les pratiques de notre Société malgré les bonnes intentions. On l’a constaté au Chapitre (qui n’a pas exploité les deux rapports et enquêtes de Groupe de Réflexion sur la Formation Permanente) et dans les comptes-rendus des assemblées post-capitulaires ou des réunions de Provinciaux.

Pourtant, elle représente une priorité dans l’accompagnement du ministère et de l’apostolat des consacrés. Dans un monde dont les rapides changements n’épargnent pas notre Eglise, les défis spirituels, apostoliques, communautaires et humains sont de plus en plus nombreux. Sans un recyclage et un ressourcement réguliers, grand est le risque que les membres du clergé et les consacrés aient de plus en plus de difficultés à rester fidèles à leur engagement à vie au service du Seigneur et son Eglise.

Se former soi-même

Mais avant tout offre de sessions de formation, il y a la question que pose A. Goepfert qui cite A. Cencini :

Il ne s’agit pas seulement de grignoter quelques informations sur le net. Il convient surtout de : se donner du temps pour lire ; être curieux et creuser des points touchants à la vie ; contacter des personnes ressources et échanger avec elles ; faire des recherches personnelles ; prendre du temps pour relire les signes des temps ; se ressourcer spirituellement ; etc.

« C’est la vraie formation, pourrait-on dire, celle dans laquelle le Christ devient vraiment la forme, au sens profond et complet du terme, de la personnalité de celui qui se forme, pas seulement la norme de son agir et la trace que ses pas suivent » (Cencini A « La formation permanente … Y croyons- nous vraiment ? », Lessius, 2014, p.24)

  • « La formation permanente s’accomplit dans le lieu de vie normale, là où chacun vit sa propre existence. » (p.89)
  • « La formation commence à être permanente quand la personne apprend à vivre toute situation existentielle et toute relation comme lieu de formation. » (p.76)

Alors comment aider les confrères à « apprendre la vie de la vie (docibilitas), qui s’exprime dans un ensemble d’activités ordinaires mais aussi extraordinaires, de vigilance et de discernement, d’ascèse et d’oraison, d’étude et d’apostolat, de vérification personnelle et communautaire, qui aident à murir quotidiennement dans l’identité croyante et dans la fidélité créatrice à sa vocation, dans les différentes circonstance et phases de la vie » (p.82) ?

Les propositions de formation par les congrégations

Les congrégations et sociétés missionnaires mettent fortement l’accent sur la formation permanente. En effet, en plus de tous les risques d’épuisement et de « bun-out » que l’on peur rencontrés chez les agents pastoraux en général , chez les missionnaires « ad gentes » s’ajoutent des difficultés spécifiques telles que :

  • La situation humaine : le missionnaire est habituellement loin de son pays, sa culture, sa langue, sa famille, son réseau d’amis, donc de ses racines et de ce qui lui apportait soutien et sécurité. En outre, il doit souvent changer de fonction, d’activités, de responsabilités, et même parfois de pays et de langue, ce qui n’est pas toujours facile à assumer moralement et affectivement. Dans certains cas, il vit dans un environnement hostile : situation de conflit, de guerre, de terrorismes, d’insécurité en ville, de déplacements difficiles (routes, réseaux aériens peu sûrs, etc.).
  • La situation du travail : le travail apostolique et pastoral n’est jamais terminé, les demandes se succèdent, les attentes sont très élevées de la part des gens (comme hommes de Dieu nous devons êtres toujours disponibles, saints, sans défauts ni limites, etc.). Si on attend d’avoir fini de travailler pour se reposer, on n’y arrivera jamais. De même faut-il apprendre à dire non et faire comprendre aux gens que nous avons nos limites et nos besoins. Il a aussi le manque d’organisation équilibrée du travail, de collaboration, de capacité de déléguer certaines charges. Le goût du pouvoir et d’être indispensables nous piège… et nous pensons que c’est de la générosité ! En outre, notre travail nous expose à écouter beaucoup de souffrances et de misère et nous ne savons pas toujours gérer notre émotion et trouver la juste distance de la compassion réelle (cf. le traumatisme secondaire).
  • Le soutien ecclésial et communautaire : il y a parfois peu de reconnaissance de la part de la hiérarchie (Eglise locale et même supérieurs), peu de collaboration entre nous, peu de communication en profondeur, parfois de la concurrence, des conflits qu’on n’ose pas aborder. Il y a les différences culturelles et de génération mal vécues. La communauté n’est alors plus le lieu pour se ressourcer mais une source supplémentaire de tensions. Notre appartenance à la communauté et à la Société s’en ressent.
  • Le manque de connaissance de soi : nous avons tous nos besoins, nos blessures, nos faiblesses et tentations, nos richesses et nos limites (parfois dépendances et addictions). Comment gérons-nous nos émotions ? Il n’y a pas de superman parmi nous. Il y a aussi beaucoup de tentations provenant de la mondialisation (à ne pas caricaturer). D’où l’importance de faire des choix pour mener une vie équilibrée, qui apporte joie et fécondité. Comment est-ce que je me détends et me ressource ? On néglige souvent la vie de prière et l’accompagnement spirituel, sans lesquels notre vie spirituelle s’étiole et meurt.

Tous ces défis rendent la formation permanente indispensable pour tous.

Quelques propositions de formation permanente chez les Missionnaires d’Afrique.

Chez les Missionnaires d’Afrique, nous sommes privilégiés car à côté de formations spécialisées organisées au niveau de la Société comme des Provinces, il existe un ensemble de propitions qui correspondent aux grandes étapes et aux tournants importants de la vie.

1. Formations proposées par le Conseil Général

  1. Session après un premier terme de mission (trois ans d’apostolat ou de ministère), Responsable le Père Provincial de la province.
  2. Session après un second terme de mission (cinq à six ans d’apostolat ou de ministère), Responsable : P. Bernard Ugeux,
  3. « Ressourcement pour la mission » (toutes les générations),
    Responsable, P. Bernard Ugeux,
  4. Session pour le milieu de la vie : à Mbudi (Kinshasa) durant trois mois (avec la participation de B. Ugeux) et à Bagamoyo (Tanzanie) avec une durée variable à l’étude (participation de Yago Abeledo).
  5. Session de Jérusalem « Projet de renouveau spirituel » (35-50 ans),
    Responsable, P. Guy Theunis,
  6. Session de Jérusalem « Bethesda » (40-60 ans),
    Responsable P. Guy Theunis,
  7. Session de Rome « Transition vers le troisième âge » (+ 60-75 ans),
    Responsable, P. Bernard Ugeux,
  8. Session de Rome « Séniors » (75 et plus),
    Responsable P. Bernard Ugeux.

Ces sessions visent à accompagner les confrères durant les différentes étapes de leur vie. Pour chaque étape importante, une formation spécifique est proposée.

2. Autres formations (proposées au niveau des Provinces)

Ces formations sont habituellement organisées par les Provinciaux ou les Supérieurs de secteur pour les confrères qui sont sous leur juridiction.

  • Elles concernent principalement les domaines pastoraux prioritaires décidés lors des derniers chapitres :
    • Justice et Paix,
    • Dialogue et rencontre (Islam, Religion traditionnelle africaine, inculturation, etc.).
    • Intégrité de la création,
    • Intégrité du ministère (proposé progressivement par les délégués à la Protection des mineurs et des adultes vulnérables, qui ont suivi la formation de deux semaines animées par S. Joulain et une équipe (en lien avec le Centre de Protection des Mineurs de l’Université Grégorienne (Rome).
  • Sont aussi traitées des questions de formation pastorale et théologique selon les besoins. Ces sessions peuvent être organisées en collaboration avec des diocèses et d’autres congrégations. Certaines sessions courtes (3-5 jours) traitent des sujets d’actualité comme la « la Transition (ou crise) du milieu de la vie », « L’impact de la mondialisation sur la vie consacrée », « Comment vivre les différences culturelles au quotidien en communauté », « Les défis du succès des Eglises afro-chrétiennes ou des mouvements sectaires pour notre pastorale », etc.
  • Yago Abeledo propose un ensemble de formations qui concerne la formation de la personnalité ou la construction des communautés.
  • Nous ne parlons pas ici de l’animation spirituelle habituelle comme les retraites annuelles, récollections, etc. qui sont organisées par toutes les Provinces et les communautés.

N.B. : Cette liste ne se veut pas exhaustive de toutes les propositions de formation.

Bernard Ugeux, le 17 avril 2017