Deuxième dimanche de l’Avent Année A

Appelés à être et à agir à partir d'un vase pur, c'est-à-dire d'un cœur pur nourri par la prière, la conversion constante et l'amour actif.

Isaïe 11, 1-10 / Psaume 71 (72) / Romains 15, 4-9 / Matthieu 3, 1-12

« Un jour, le vieux Thierno m’a demandé de lui servir un verre d’eau. Quand je le lui servis, je me suis rendu compte que l’eau n’était pas propre. Alors je lui dis « Vieux Thierno remettez-moi l’eau, je vais changer de verre ». Quand je lui ai dit cela, il a retenu ma main et m’a fait signe de m’asseoir. Alors il m’a demandé « c’est l’eau qui n’est pas propre ou le verre dans lequel tu m’as servi qui n’est pas propre ? » En y réfléchissant, je me suis rendu compte que l’eau sortait d’une bouteille neuve que je venais moi-même de déboucher. Donc cela ne pouvait pas être du fait de l’eau mais bien du verre. Thierno me regarda et me dit que cette nuance, aujourd’hui toute la société la fait. Beaucoup de gens pensent que c’est l’eau qui est sale, alors qu’en réalité c’est le réceptacle lui-même qui est sale dès le début.

Beaucoup de gens critiquent la religion alors qu’en réalité les enseignements ont toujours été les mêmes, mais les personnes qui reçoivent ces enseignements à l’intérieur d’elles-mêmes sont sales et obscures. Nos problèmes, ce sont les cœurs. Les cœurs sont malades et déshumanisés et les gens ne s’en rendent pas compte. Comment voulez-vous que d’un cœur malade puisse sortir quelque chose de positif, de constructif ? Et après on accuse Dieu, on accuse l’autre, alors qu’en réalité c’est en nous, à l’intérieur de nous-mêmes qu’il y a un problème. Un réceptacle qui n’est pas propre, vous pouvez y mettre n’importe quoi, ce récipient va salir la chose, peu importe la valeur de ce que vous venez d’y placer. » (Histoire adaptée par Jean-Paul Guibila du livre de Monique Mazars, A cœur ouvert, Sirius Éditions, 2025)

Et nous dans tout ça ?

La Parole de Dieu de ce deuxième dimanche de l’Avent nous appelle à déblayer les obstacles de notre cœur. L’histoire du vieux Thierno nous rappelle que l’Avent nous invite à être et à agir à partir d’un réceptacle propre, c’est à dire d’un cœur pur qui se nourrit de la prière, de la conversion constante, de l’amour agissant.

Le temps de l’Avent, temps d’attente joyeuse nous fait comprendre que cette attente ne s’identifie pas à l’inaction et que nous ne devons pas penser que nous sommes d’ores et déjà sauvés car nous sommes chrétiens, voire missionnaires. « Convertissez-vous » nous exhorte saint Jean. Cette attente est la recherche dynamique de la miséricorde de Dieu, c’est la conversion du cœur, c’est la recherche de la présence du Seigneur qui est venu, qui vient et qui viendra.

Le temps de l’Avent, en définitive, est « une conversion qui passe du cœur aux actes et par conséquent à la vie entière du chrétien » (Saint Jean-Paul II).

L’espérance (thème de l’année jubilaire) nous remplit de vie et de consolation, et surtout de la certitude de notre rédemption, accomplie en Jésus-Christ. Mais pour attendre dignement la venue de notre Rédempteur, nous devons bien préparer notre « verre ou réceptacle », c’est-à-dire notre âme. C’est pourquoi l’Évangile met dans la bouche de Jean-Baptiste cette invitation pressante, écho identique de l’annonce messianique du prophète Isaïe : « Une voix crie dans le désert : préparez le chemin du Seigneur, aplanissez ses sentiers » (Mt 3, 3 ; Is 40, 3).

Préparer le chemin du Seigneur signifie parcourir un chemin de conversion (qui est avant tout une remise en cause personnelle) à travers une vie de grâce, la prière, la réception digne des sacrements ; à travers l’humilité, la charité, le service, le pardon, la générosité dans les relations avec nos semblables et la recherche sincère de Dieu en toutes circonstances. Passer de l’installation à la désinstallation, du ‘je’ au ‘nous’, le tout avec Jésus comme boussole.

À notre réflexion et prière personnelle

Le vieux Thierno, en lien avec la Parole de Dieu de ce deuxième dimanche de l’Avent, nous invite à une introspection : avant de questionner (remettre en cause) les autres, questionnons-nous nous-mêmes. Avant de vouloir recevoir Jésus qui naît en notre cœur, demandons dans quel état de récipient nous voulons le recevoir. Avant de proclamer le Maître, enlevons nos sandales, soyons humbles car nous ne sommes qu’un petit crayon qu’Il utilise pour écrire son message d’amour pour l’humanité. C’est à ce prix que nous aiderons à accomplir la première lecture de ce deuxième dimanche de l’Avent (Is 11,1-10).

Si nous voulons que Jésus nous trouve bien disposés, accomplissons des œuvres de vie chrétienne authentique ; cela signifie « porter des fruits de conversion », et ouvrons grand notre cœur au Christ, en bannissant de nous tout égoïsme, tout orgueil, tout sectarisme, en abattant les murs de division, de haine, de sectarisme afin qu’Il puisse naître dans notre âme, dans notre quotidien en cette période de préparation à la fête de Noël. Sa grâce nous suffit si nous y croyons et coopérons avec cette même grâce. Comme disciples du Christ empruntons et vivons l’invitation de Jean Baptiste qui nous interpelle personnellement et collectivement à être des ponts de paix, de justice, d’amour et de réconciliation pour nous-mêmes et pour le monde. Ce faisant, nous rendrons le règne de Dieu présent dans la société humaine. Amen

Joyeux Avent.

Par: Jean-Paul Guibila, M.Afr.