Messe de la nuit de la Nativité du Seigneur Jésus Christ

Isaïe 9, 1-6 / Psaume 95 (96) / Tite 2,11-14 / Luc 2, 1-14

Tous les jours ne sont pas Noël, mais tous les jours sont parfaits pour rendre grâce au Seigneur pour sa présence parmi nous. Pourquoi ?

Dans la première lecture, tirée du livre d’Isaïe (Is 9, 1-6) est décrite une promesse de libération et d’espoir pour un peuple qui vit dans les ténèbres. Dans le passé, il y a eu beaucoup de fautes commises par un peuple infidèle : guerres et oppression, infidélité et recherche de « dieux » qui n’ont ni yeux ni cœur. Laissant derrière elle le côté sombre de l’histoire, la prophétie d’Isaïe promet un avenir plein d’espoir. Bien qu’il ne précise pas le moment où cela doit arriver, le Nouveau Testament l’identifie à la naissance de Jésus de Nazareth.

Cette même prophétie fait également référence à une des vérités les plus grandes et les plus mystérieuses de la Bible : l’incarnation, « Oui, un enfant nous est né, un fils nous a été donné ! Sur son épaule est le signe du pouvoir ; son nom est proclamé : Conseiller-merveilleux, Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix. » Dieu fera partie de la race humaine. Ce petit nouveau-né est appelé « Dieu puissant, Père éternel ». Le texte montre à la fois l’humanité et la divinité de Jésus, venu sauver le monde, réconcilier l’humanité avec le Père céleste et établir un royaume éternel de justice et de paix.

Dans la deuxième lecture, tirée de la lettre de saint Paul à Tite (Tt 2, 11-14), nous lisons avec gratitude que la grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de toute l’humanité et pas seulement pour le peuple d’Israël. Dans ce texte, Paul parle brièvement de la manifestation de la grâce de Dieu ; mais en réalité, il en aborde tous les aspects : la manifestation de la grâce couvre toute la vie et le ministère de Jésus-Christ, depuis sa naissance, en passant par la croix, jusqu’à la résurrection ; depuis Bethléem jusqu’au mont des Oliviers ; depuis les cieux ouverts lorsque les bergers ont entendu les voix des anges chanter, jusqu’aux cieux ouverts lorsque les disciples ont regardé et l’ont vu disparaître dans les nuages du ciel.

Dans l’évangile de saint Luc proclamé aujourd’hui (Lc 2, 1-14), la venue du Dieu tout-puissant entre en contraste avec la naissance d’un bébé vulnérable. L’enfant né à Bethléem dans la chair humaine est le même qui vient comme Verbe divin et qui donne la vie en abondance. C’est le plus grand miracle que Dieu ait accompli : un enfant faible, dépendant, pauvre, simple, dans le besoin et proche de nous, porte en lui toute la grandeur de Dieu le Père.

Si nous écoutons attentivement ce passage de l’évangile, nous constatons que tout ne tourne pas autour de Jésus. On nous dit qu’il a été emmailloté et couché dans une mangeoire. On nous dit où il est né et qui sont ses parents. On nous dit aussi que les bergers sont venus l’adorer et qu’un chœur d’anges dans le ciel louait Dieu. Jésus reste silencieux, immobile, tandis que tout le monde bouge et parle autour de lui. Il est au centre, tout vient de lui et va vers lui. Un tout petit nouveau-né silencieux, mais capable de donner un sens à tout ce qui se passe autour de lui, attirant tout le monde vers lui, vers sa simplicité, son humilité et sa pauvreté.

Ce n’est pas Noël parce qu’aujourd’hui tout brille. C’est Noël parce que Jésus veut et peut être au centre de notre vie. Nous ne pouvons plus ignorer un Dieu qui recherche ardemment notre amitié, notre réponse d’amour. En Christ, Dieu le Père veut être reconnu aujourd’hui dans les faibles, les nécessiteux et les marginalisés. Grâce à sa naissance, les humains peuvent être davantage frères et sœurs et peuvent aussi participer à sa divinité, car Dieu lui-même participe à notre nature humaine. Chacun sait bien ce que cela signifie dans sa réalité d’ici et maintenant. Ouvrons-lui notre cœur et confions-lui toutes nos joies et nos peines, nos espoirs et nos craintes, nos désirs et nos frustrations. Tout… car Il a tout pris sur lui pour nous guérir, nous réconcilier et nous faire porter du fruit en abondance. 

Je crois sincèrement que chacun d’entre nous porte en lui une graine de divinité qui le rend digne d’être enfant de Dieu et capable d’aimer selon son plan divin. C’est pourquoi, comme le proclame le psaume d’aujourd’hui, Ps 95 (96) : Chantez au Seigneur un chant nouveau, chantez au Seigneur. Terre entière, chantez au Seigneur et bénissez son nom !

Par: Salvador Muñoz-Ledo, M.Afr.