Theo de Jong 1925 – 2016 (PE n° 1081)

Théo est né le 18 mai 1925, sur l’île d’ Ameland. Pour devenir un missionnaire il suivit notre formation à ‘s-Heerenberg où il fit son serment missionnaire le 22 juillet 1953, et ensuite Monteviot ; il fut ordonné à Galashiels le 10 juin 1954. Son oncle paternel était le cardinal Johannes de Jong (+1956) archevêque d’Utrecht, qui joua un rôle important dans l’histoire de l’Eglise aux Pays-Bas. Théo avait un bon jugement avec un sens critique pratique. Il pouvait avoir en quelque sorte une façon maladroite d’exprimer ses pensées. C’était une personne très dévouée, d’une grande simplicité et gentillesse, quelqu’un sur qui on pouvait compter ; il savait ce qu’il voulait et avait de la persévérance. Il pouvait être émotif et nerveux ; ses professeurs souhaitaient qu’il développe sa confiance en lui-même.

En décembre 1954 il partit pour l’Ouganda, au diocèse de Mbarara (devenu plus tard archidiocèse), paroisse de Rwera. C’était une région très peuplée ; Théo trouvait que les gens étaient bien sympathiques. Rwera était la plus récente et la plus petite paroisse du diocèse, avec 5.000 catholiques. Il y travailla avec un canadien, un polonais et un Frère ougandais, Tobi Kiza, qui avait plus de 85 ans et qui avait encore connu le Cardinal Lavigerie. Ce qui était ennuyeux c’est que la paroisse avait deux groupes de langues, chacun avec sa culture propre.

En 1956 il passa une année à la paroisse de Mbarara, avec 20.000 catholiques ; en 1957 il passa deux ans à la paroisse de Nyakibale et en 1959 à la paroisse de Kitabi. Il calcula que, en 1960, lors de ses safaris pastoraux, il avait dormi dans 60 villages et, entre autres choses, il avait enseigné dans un grand nombre d’écoles. Le 19 juin 61, il écrivait : « Je fus très heureux tout ce temps et ma santé tenait bien le coup ». Après quelques mois à la paroisse de Mushanga, en septembre 1962, Théo passa au diocèse de Kabale, une section du diocèse de Mbarara, qui venait d’être érigé. Il travailla successivement dans les paroisses de Bukinda, Rushoroza, Nyakibale, et à nouveau Rushoroza. Dans toutes les paroisses où il vécut et travailla, il fit beaucoup de visites à domicile et fit un nombre considérable de safaris aux églises de village. Il était très proche des gens.

Quand il commença de souffrir d’hypertension artérielle on pensa, en 1970, qu’il serait mieux qu’il passe du diocèse de Kabale au diocèse de Mbarara. Après un an dans la paroisse de Mushanga il travailla huit ans dans la paroisse de Kagamba à partir de décembre 1971. En décembre 1979 il alla à la paroisse d’Ibanda. En Octobre 1988, on lui demanda, avec un autre confrère, d’ériger, dans une section de cette paroisse, la paroisse de Kazo. Il y avait, à ce moment-là, 10.000 catholiques ; l’église et le presbytère étaient à construire.
Quelques années plus tôt, Théo s’était intéressé au Mouvement des Abstinents (Teetotallers). Le 1er janvier 1984, pas très loin d’Ibanda, dans le diocèse voisin de Fort-Portal, 20 personnes faisaient leur promesse solennelle d’abstinence permanente au cours d’une célébration eucharistique. Théo, qui avait vu les conséquences funestes de l’abus d’alcool, semblables à celles du SIDA, prit son vélo et se rendit à la cérémonie qui fit une grande impression sur lui. Il décida de devenir un Abstinent lui-même et demanda aux membres de ce diocèse voisin de lui venir en aide pour lancer le mouvement dans le diocèse de Mbarara, à commencer par Ibanda. En peu de temps, il y avait 2.000 membres. Quand il fut nommé à Kazo, il attira là aussi un grand nombre de membres de la région. En 1992, l’évêque le nomma conseiller spirituel et directeur du Mouvement pour tout le diocèse. Cela devint l’œuvre de sa vie.

Théo visita les 34 paroisses du diocèse et leurs 230 communautés chrétiennes. En 1998, il passa au Centre Tobi Kiza dans la ville épiscopale de Mbarara et c’est de là qu’il continua son apostolat spécial. Il employa un chauffeur qui faisait un tas de travaux pratiques pour lui et qui préparait tout pour les réunions. Théo pouvait donner l’impression d’être naïf, mais il savait ce qu’il voulait, allant aux personnes et aux endroits les plus inattendus. C’est ainsi qu’il alla chez les Protestants pour obtenir des fonds ; il reçut d’eux, en effet, quelques contributions. Pour le Mouvement lui-même, il procéda de la même manière. En 2004, il avait 8.000 membres qui avaient fait la promesse de s’abstenir d’alcool. On vit bien que cela aidait les membres à progresser, spirituellement et socialement, et aussi économiquement ! Théo approchait alors les 80 ans ; il demanda à l’évêque de nommer un prêtre diocésain pour conduire le mouvement ; celui qu’il nomma était déjà l’économe du diocèse. Le 31 décembre 2004, Théo écrivait: « Je vais rester encore un peu pour visiter les membres éloignés et célébrer l’eucharistie dans des églises de villages souvent fort éloignés de Mbarara. »

En mai 2005 Théo revint en Hollande, rejoignant la communauté de Heythuysen. Il était et resta un avide cycliste. Autrefois, il parcourait de grandes distances ; plus tard, il montait encore sur son vélo chaque fois que c’était possible. Il aimait les jeux de société.

Le 14 avril 2016, on dut le mettre aux soins intensifs. Le 30 octobre 2016, on l’emmena en ambulance à l’hôpital. Quelques jours plus tard, on le ramena à la maison ; il mourut paisiblement dans son appartement le 19 novembre 2016 ; un confrère était présent.

La caractéristique de Jésus que Théo mit en lumière par sa vie était : « Je dois aussi porter la Bonne Nouvelle du Royaume aux autres cités » Luc 4,43. En la présence de sa parenté et de ses amis il fut enseveli au cimetière de St. Charles le 24 novembre 2016.

Marien van den Eijnden, M.Afr.

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