Un “appel au réveil”

La paix est le désir de chaque membre d’une communauté ou d’une société. Malheureusement, les conflits font partie de la dynamique sociale, de tout progrès et de tout développement humain. Les conflits entraînent des crises. La crise est un “appel au réveil” pour s’occuper de questions négligées; essentielles pour une vie commune saine.

Tant dans ma vocation missionnaire et mes responsabilités pastorales que dans la vie communautaire, j’ai connu des conflits. La meilleure solution a été composée d’éléments tels que : la prise de conscience, la communication, le partage du sujet de discorde, la référence à un médiateur, à un supérieur ou à un ami. Certains moments de retraites et de réunions communautaires favorisent la résolution pacifique des conflits.

Dans la vie humaine ordinaire et dans les organisations, existent nécessairement des politiques, des règlements, des procédures, des protocoles d’accord, des constitutions et des règlements administratifs. Ce sont des garde-fous contre les conflits.

À quoi ressemble une situation de conflit ?

Vous avez différentes parties ou individus avec des orientations communes, peut-être dans le même quartier, avec des idéaux partagés ou de la même origine, comme une famille ou une tribu. À un moment donné, les intérêts, les façons de se comprendre, les lignes de conduite, la planification, la perte d’orientation, la confiance limitée ou la perte d’identité diffèrent. La réflexion et le raisonnement ne mènent pas à la même conclusion, et donc pas à la même action ou au même engagement. Le conflit commence par des pertes d’unité, de ressources et parfois de vie.

Nous savons actuellement que certaines familles, communautés, nations ou individus confrontés à des conflits souhaitent les régler à l’amiable. C’est ce que nous appelons trouver une solution pacifique. Chaque partie est “gagnante” et bénéficie de la résolution. Pour parvenir à une résolution pacifique, le moment doit être propice. Les parties ou les individus doivent être conscients de la nécessité de mettre fin au conflit. Ils doivent également avoir constaté les dommages causés et avoir expérimenté et apprécié la “résolution pacifique des conflits”. Une telle expérience positive apporte une paix durable.  Un conflit ou une dispute est une énergie négative, mais lorsqu’elle est gérée, elle peut conduire à une nouvelle vie et à un nouveau développement. Un conflit est une disharmonie sociale qui veut que les choses soient en ordre.

La résolution pacifique des conflits

La résolution pacifique des conflits fait désormais partie des politiques internationales et des disciplines universitaires. Il ne s’agit pas d’une pratique nouvelle. Un certain nombre de sociétés traditionnelles ont connu de graves conflits qui ont débouché sur des guerres tribales ou civiles. Elles ont perdu des membres de leur société. Pour mettre fin à un tel phénomène, elles ont décidé de régler à l’amiable et d’organiser une résolution pacifique du conflit. Elles organisaient des cérémonies de réconciliation et la paix revenait.

 Dans les milieux ecclésiastiques, les conflits ont ruiné des communautés, fait dérailler le travail pastoral, détruit la vocation de certains membres ou causé de graves traumatismes. Ce fut une source de scandales et un anti-témoignage de l’évangile que nous prêchons. D’un côté, nous prêchons l’amour, l’unité et le pardon et de l’autre, nous nous battons et nous propageons des commérages. Que reste-t-il de notre vocation, de notre ministère, de notre témoignage chrétien ?

Les causes des conflits

Certaines des causes de conflit dans nos communautés ou dans n’importe quelle communauté, commencent par l’absence de canaux d’expression appropriés, la domination ou une mauvaise communication. Il n’y a guère de dialogue et de respect. Lorsque nous exaltons nos propres valeurs et points de vue, nous ne pouvons pas voir les valeurs et les points de vue des autres. Lorsque nous ne respectons pas l’histoire des autres, ou que nous faisons la promotion de notre propre histoire avec faste, nous jetons les bases d’un conflit. Lorsque nous ne croyons pas au changement d’époque, à un mode de réflexion différent, à une compréhension différente de la nôtre, nous nous dirigeons vers le conflit. Lorsque nous ne sommes pas prêts à changer nos idées et nos idéaux, pour une vision commune et une meilleure appréhension de la réalité, nous sommes déjà dans une situation de conflit.

La ressource la plus précieuse de toute organisation, y compris une communauté missionnaire ou religieuse, ce sont ses membres. Ces membres sont issus de familles, de milieux culturels et de nationalités différents. Ce sont des atouts, mais ils peuvent aussi être de gros handicaps et des sources de conflit. Les différences ancrent chaque membre dans sa culture ou sa tradition d’origine. Ce milieu est porteur de valeurs et de normes morales différentes, de modes de loisirs, d’habitudes alimentaires et de modes de préparation des menus. Ce milieu a une éducation différente et diverses manières d’apprécier certains faits de la vie. Il module une capacité intellectuelle différente, une réponse émotionnelle et une conscience autre. Si une différence est bien gérée, elle devient une source de beauté et de complémentarité. Si elle n’est pas bien gérée, des conflits surgissent. Nous parlons ici de caractères et de personnalités. L’art de l’ennéagramme entre peut-être en jeu.

L’exemple de Jésus

La résolution pacifique est au cœur de la vie missionnaire, de la vocation religieuse et du développement humain. La paix est essentielle à toute forme de développement. Jésus était conscient de certains conflits présents dans le cœur des gens. Il a grandi dans une situation où certaines personnes étaient dominées ou exclues. Il a prêché dans un environnement hostile à certaines personnes. Il a vécu des moments de désunion. En Luc 9, 52-56, Jésus et ses disciples traversent la Samarie et n’y sont pas accueillis ; ses disciples veulent faire descendre le feu pour les brûler. Jésus réprimande ses disciples, prêts à mal faire. Unz telle action aurait alourdi le conflit entre Juifs et Samaritains. Jésus choisit la voie de la paix. Ses croyances, ses valeurs, son raisonnement et son appréciation de la vie sont pacifiques, au contraire de ceux de ses disciples. En Mt 5, 23-26, Jésus conseille à ses disciples de se réconcilier les uns avec les autres avant d’offrir la dîme à l’autel. La réconciliation, la paix, l’unité et la vie communautaire sont des éléments essentiels de la vie chrétienne.

Et nous ?

Le missionnaire d’aujourd’hui doit être conscient de la nécessité de résoudre pacifiquement les conflits, outil pour toute communauté-témoin. Cela exige d’écouter, d’apprendre le mode de vie de l’autre et d’avoir le désir de dialoguer. L’éducation n’est pas seulement essentielle pour vaincre l’ignorance ; elle est aussi un outil d’analyse des situations et offre une vision et une action différentes. L’Église doit s’engager dans la résolution pacifique des conflits. C’est le dernier cadeau que le Christ ressuscité a légué à ses disciples : “Je vous laisse la paix. Je vous donne ma paix” (Jn 14, 27).

La résolution pacifique est le fruit des valeurs, du respect, du dialogue, de la liberté et de la bonté d’âme. C’est un cadeau que tout confrère, tout être humain, tout membre de la société peut offrir à son voisin.

Par: Venerato Babaine, M.Afr.

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