Dimanche de la Sainte Famille de Jésus, Marie & Joseph

La Sainte Famille, modèle pour toutes les familles!

Ben Sira le Sage 3, 2-6.12-14 / Psaume 127 (128) / Colossiens 3, 12-21 / Matthieu 2, 13-15.19-23

Frères et sœurs dans le Christ, en cette fête de la Sainte Famille, la Parole de Dieu tourne notre regard vers le trésor le plus sacré que Dieu ait placé entre les mains des hommes : la famille. L’Évangile nous présente Marie et Joseph protégeant l’enfant Jésus alors qu’ils fuient en Égypte, nous montrant que même les familles les plus saintes sont confrontées à la peur, au danger et à l’instabilité. Ils vivaient dans l’incertitude de l’exil, mais leur foi, leur courage et leur obéissance les soutenaient. La Sainte Famille nous rappelle que la sainteté dans la vie familiale ne se mesure pas à la perfection ou à l’absence de difficultés, mais à l’unité, au sacrifice, à la fidélité à Dieu et à un profond sens des responsabilités les uns envers les autres. Ben Sirach nous rappelle le lien sacré qui unit les parents et les enfants : « Ceux qui craignent le Seigneur honorent leurs parents » (Si 3, 2). Les parents sont appelés à guider, protéger et former leurs enfants, et les enfants sont appelés à honorer, respecter et prendre soin de leurs parents, en particulier dans les moments de faiblesse et de vieillesse (Si 3, 6.12-14).

Saint Paul poursuit cette invitation en nous appelant à nous revêtir de compassion, de bonté, d’humilité, de douceur, de patience et surtout d’amour, vertus qui ne sont pas facultatives dans un foyer, mais essentielles à la paix et à l’harmonie (Col 3, 12-14). Il enseigne en outre aux parents de ne pas provoquer leurs enfants, mais de les élever dans la discipline et l’instruction du Seigneur (Col 3, 21), nous rappelant que l’autorité dans la famille doit être exercée avec soin, guidance et tendresse, et non avec domination ou dureté.

Aujourd’hui plus que jamais, les familles sont confrontées à de réels défis. L’érosion des valeurs fondamentales, la rupture de la communication, l’envie, le ressentiment et le rythme effréné de la vie volent un temps précieux à ceux qui comptent le plus. Souvent, les familles ne se réunissent que pour des funérailles ou des urgences, rarement pour des moments de joie authentique. Nous sommes appelés à nous demander : célébrons-nous vraiment la présence de nos proches, les soutenons-nous dans leurs efforts et honorons-nous leurs efforts, qu’ils soient petits ou grands ?

Ben Sirach exhorte les enfants à prendre soin de leurs parents âgés, en reconnaissant les sacrifices qui leur ont donné la vie et leur ont permis de subsister (Si 3, 12). Parfois, le simple fait d’être ensemble en paix, sans haine, sans rivalité, sans rancune cachée ni querelles familiales, est une raison suffisante pour se réjouir. Ne soyons pas seulement des personnes qui souhaitent la paix aux morts tout en oubliant d’apporter la paix aux vivants. La paix véritable doit commencer dès maintenant dans nos foyers, à l’image de la paix et de la confiance de Marie et Joseph, et découler en fin de compte du cœur du Christ.

La Sainte Famille nous enseigne que les parents ont une mission sacrée : faire de leurs enfants une priorité, les guider avec amour et être véritablement présents. Le travail, l’ambition et les obligations sociales ne doivent jamais remplacer ou étouffer la responsabilité familiale. Familiaris Consortio nous rappelle que « la famille est la cellule première et vitale de la société et de l’Église » (FC, 17), soulignant le rôle des parents en tant que premiers éducateurs de la foi et de la vertu. Les enfants, eux aussi, doivent honorer leurs parents, les écouter et se laisser former. Un enfant qui refuse d’être guidé affaiblit les fondements du foyer, tout comme un parent qui néglige sa présence et son affection blesse le cœur de la famille. Chaque foyer chrétien est appelé à être une église domestique, un lieu où la foi, le pardon, le dialogue et la tendresse sont vécus chaque jour. Dans une Église domestique, l’eucharistie célébrée ensemble et les prières offertes en famille deviennent une école d’amour et de vertu, formant des cœurs capables de recevoir le Christ et de partager son amour avec le monde (Catéchisme de l’Église catholique, 1656-1658).

Nous notons également que la famille est une école de résilience. Dans l’Évangile de Matthieu, Joseph a obéi à l’ordre de l’ange et a emmené Marie et Jésus en Égypte pour protéger l’enfant (Mt 2, 13-15). Plus tard, il est revenu lorsque Dieu l’a permis, s’installant à Nazareth (Mt 2, 19-23). Ces déplacements n’ont pas été faciles : ils ont impliqué des sacrifices, des incertitudes et des risques. Pourtant, sa constance, son discernement et son amour protecteur démontrent que la sainteté dans la vie familiale se vit à chaque instant, souvent de manière invisible et méconnue. De même, nos familles sont souvent appelées à faire des sacrifices, à travailler de longues heures, à adapter leurs horaires, à prendre soin de parents âgés, à réconforter des enfants effrayés ou dans le doute ; c’est dans ces actes que la sainteté s’inscrit dans la vie quotidienne.

Les instructions de saint Paul en Colossiens 3 continuent de résonner dans nos foyers : revêtez-vous de compassion, de bonté, d’humilité, de douceur, de patience, et surtout d’amour. Supportez-vous les uns les autres, pardonnez-vous mutuellement comme le Seigneur vous a pardonné, et que la paix du Christ règne dans vos cœurs (Col 3, 12-15). Ces vertus ne sont pas des idéaux théoriques, mais des dispositions pratiques à vivre au quotidien : une parole douce à un enfant fatigué, de la patience lorsque des désaccords surgissent, le pardon après des conflits, et la joie dans les petits gestes de générosité. L’amour devient le ciment qui unit la famille, tout comme il a uni Marie, Joseph et Jésus, même dans le danger ou l’exil.

La dimension humaine de la famille ne peut être négligée. Les familles connaissent la fatigue, la frustration et les malentendus. Il y a des moments de jalousie, de mauvaise communication ou d’attentes non satisfaites. Pourtant, l’Écriture nous rappelle à plusieurs reprises que les familles sont sacrées parce qu’elles sont le contexte principal où l’amour humain rencontre l’amour divin (Éphésiens 5, 25-33). Les parents sont invités à aimer de manière désintéressée, en imitant l’amour du Christ pour l’Église, tandis que les enfants sont appelés à faire confiance, à honorer et à répondre à cette guidance. Le pape Jean-Paul II, dans ses réflexions sur la famille, a souligné que « la famille est le lieu où les enfants sont initiés à la vie, à l’amour et à la foi » (Familiaris Consortio, 36). Cette confiance sacrée exige de la patience, du courage, de l’humilité et de la persévérance ; c’est dans ces luttes que les familles grandissent en sainteté et en intimité avec Dieu.

Alors que nous célébrons le dimanche de la Sainte Famille, demandons au Seigneur de nous aider à reconstruire et à renforcer nos relations familiales avec sincérité. Puissions-nous apprendre à aimer plus profondément, à pardonner plus généreusement, à célébrer plus joyeusement et à nous soutenir les uns les autres sans envie ni ressentiment. Que nos foyers deviennent des lieux où règne la paix, où chaque membre est apprécié et chéri, et où la foi, la prière et la miséricorde sont toujours présentes. Que Marie, Joseph et l’Enfant Jésus intercèdent pour toutes nos familles, afin que nos foyers ressemblent à celui de Nazareth : simples, unis, fidèles et remplis de la présence de Dieu. Et que nos familles, nourries d’amour et de vertu, deviennent des phares d’espoir, enseignant au monde que la sainteté est possible dans les relations humaines ordinaires.

Joyeux dimanche de la Sainte Famille !

Par: Toby Ndiukwu, M.Afr.

Messe du jour de la Nativité du Seigneur Jésus Christ

Isaïe 52:7-10/ Psaume 97 (98)/ Hébreux 1:1-6/ Jean 1:1-18

« Qu’ils sont beaux sur les montagnes, les pieds de celui qui apporte la bonne nouvelle, qui annonce la paix… », entendons-nous dans la première lecture d’aujourd’hui. Il est difficile de ne pas s’attarder sur ces mots à un moment comme le nôtre, où le loup gris, ancien emblème de Mars, dieu de la guerre, semble hanter tous les bulletins d’information à travers le monde. Et pourtant, paradoxalement, la paix est redevenue un désir nouveau et urgent. Le désir de paix commence à marquer le rythme d’une nouvelle ère qui peine à naître.

Il n’y a pas si longtemps, lorsque je visitais des paroisses en Pologne pour animer l’esprit missionnaire de l’Église locale, je parlais de l’Afrique comme d’un continent qui se relevait. Mais ces derniers temps, nous entendons de plus en plus parler des flammes de la guerre, non seulement au-delà de la frontière orientale de la Pologne, mais aussi en Afrique. Même dans des pays longtemps considérés comme stables, où la paix et l’esprit d’ubuntu figurent parmi les valeurs les plus élevées, les gens commencent à exprimer leur colère et leur profonde frustration, transformant leur agitation en résistance ouverte et en manifestations de rue. Et pourtant, la Bonne Nouvelle de la paix proclamée dans la liturgie de la Parole d’aujourd’hui ne me semble plus dissonante ou naïve. Pourquoi ?

En cette période de l’Avent, j’ai été particulièrement ému par le pèlerinage du pape Léon XIV en Turquie, et plus encore au Liban, un pays que je connais peu, mais qui m’est revenu à l’esprit lorsque j’ai prêché les retraites de l’Avent aux étudiants de l’université de médecine de Lublin. Les étudiants m’ont surpris en plaçant une icône de saint Charbel dans la chapelle. Ils avaient été inspirés par le pèlerinage du pape sur sa tombe au Liban. Bien que j’avais préparé un thème différent, leur geste et nos conversations m’ont fait partager leur fascination. Ils suivaient le pèlerinage papal avec beaucoup plus d’attention que beaucoup de prêtres que je connais.

Nassim Nicholas Taleb

Je me suis rendu compte que je savais très peu de choses sur saint Charbel, seulement ce que le pape avait dit à son sujet au Liban. Mais en discutant avec les étudiants, une autre personnalité libanaise m’est revenue à l’esprit : Nassim Nicholas Taleb, dont j’avais lu le livre Le Cygne noir il y a des années. Il écrivait que c’était l’histoire de son propre pays qui avait inspiré sa célèbre métaphore du Cygne noir, ces événements inhabituels qui ne devraient pas se produire, mais qui se produisent pourtant, remodelant notre réalité et parfois réorientant le cours de l’histoire. Et une fois qu’ils se produisent, ils nous obligent à réinterpréter même les éléments de la vie qui semblaient autrefois évidents et incontestables.

Des moments comme ceux-ci nous obligent à réexaminer nos hypothèses les plus profondes, nos habitudes mentales et la lentille même à travers laquelle nous interprétons la profondeur spirituelle de notre expérience. Mais peut-être ne s’agit-il pas seulement d’expérience. Car, comme nous le rappelle Taleb, la dinde qui est nourrie chaque jour à la même heure, qui grossit et reçoit toujours plus de nourriture, peut conclure, de manière raisonnable et sur la base de son expérience, que l’humanité est le meilleur ami qu’une dinde puisse avoir. Et elle le croit, écrit Taleb, jusqu’au mercredi après-midi précédant Thanksgiving (peut-être que la dinde avait la nationalité américaine). Puis l’impossible se produit. J’ai cité aux étudiants cette phrase frappante : « La main qui te nourrit peut être celle qui te tord le cou. »

Taleb s’est inspiré de l’histoire de son pays, une terre qui a connu treize siècles de paix, malgré la domination politique de la Syrie, malgré sa mosaïque de cultures, malgré la coexistence de nombreux rites chrétiens et de branches rivales de l’islam. Beaucoup croyaient que cette longue paix était le fruit d’une caractéristique distinctive de leur culture. Et pourtant, tout cela a pris fin en un seul après-midi.

En prêchant ces retraites de l’Avent, j’ai compris plus clairement pourquoi le pape avait choisi le Liban pour son premier voyage. Le christianisme ne nous protège pas avec des illusions. Le Dieu-Homme est venu proclamer la paix ; il a vaincu le péché, mais il n’a pas éliminé les pécheurs, qui doivent de temps en temps faire face aux conséquences de leurs choix.

Une irruption divine qui remodèle le monde

Et il y a plus encore. Nous pouvons considérer la venue de Jésus comme un événement qui porte toutes les marques d’un cygne noir, une irruption divine qui remodèle le monde et nous oblige à reimaginer la réalité elle-même. Le peuple d’Israël attendait un Messie assez fort pour soumettre les puissants et établir un nouvel ordre. Au lieu de cela, il est né dans une famille pauvre, en marge d’un empire. Il est né d’une femme qui « n’avait pas connu d’homme », ce qui, selon la logique de l’expérience humaine, n’aurait pas dû arriver. Et pourtant, cela s’est produit. Et ceux qui ont cru, des gens simples dont la vie humble leur avait appris à garder leur cœur ouvert même à l’impossible, ont reçu une leçon : l’amour est plus grand que le pouvoir des puissants, l’amour est Dieu.

L’Évangile d’aujourd’hui, tiré de saint Jean, est précisément une tentative de réfléchir et d’articuler le sens de ce grand mystère. En théologie, nous appelons cela la théologie d’en haut, une invitation à lever les yeux, à interpréter les réalités terrestres à la lumière de l’initiative divine. Mais une telle théologie n’est jamais destinée à être simplement répétée. Elle est destinée à nous inciter, nous, les gens du XXIe siècle, façonnés par des expériences très différentes de celles des contemporains de Jésus, à redécouvrir et à réarticuler le sens de l’entrée de Dieu non seulement dans l’histoire humaine, mais aussi dans notre histoire personnelle.

Si nous ne le faisons pas, nous risquons de devenir comme la dinde qui parle de paix le mercredi après-midi avant une fête, quelle que soit la fête, selon la position que nous occupons le jour où tout est détruit.

Par: Tomasz Podrazik, M.Afr.

Messe de la nuit de la Nativité du Seigneur Jésus Christ

Isaïe 9, 1-6 / Psaume 95 (96) / Tite 2,11-14 / Luc 2, 1-14

Tous les jours ne sont pas Noël, mais tous les jours sont parfaits pour rendre grâce au Seigneur pour sa présence parmi nous. Pourquoi ?

Dans la première lecture, tirée du livre d’Isaïe (Is 9, 1-6) est décrite une promesse de libération et d’espoir pour un peuple qui vit dans les ténèbres. Dans le passé, il y a eu beaucoup de fautes commises par un peuple infidèle : guerres et oppression, infidélité et recherche de « dieux » qui n’ont ni yeux ni cœur. Laissant derrière elle le côté sombre de l’histoire, la prophétie d’Isaïe promet un avenir plein d’espoir. Bien qu’il ne précise pas le moment où cela doit arriver, le Nouveau Testament l’identifie à la naissance de Jésus de Nazareth.

Cette même prophétie fait également référence à une des vérités les plus grandes et les plus mystérieuses de la Bible : l’incarnation, « Oui, un enfant nous est né, un fils nous a été donné ! Sur son épaule est le signe du pouvoir ; son nom est proclamé : Conseiller-merveilleux, Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix. » Dieu fera partie de la race humaine. Ce petit nouveau-né est appelé « Dieu puissant, Père éternel ». Le texte montre à la fois l’humanité et la divinité de Jésus, venu sauver le monde, réconcilier l’humanité avec le Père céleste et établir un royaume éternel de justice et de paix.

Dans la deuxième lecture, tirée de la lettre de saint Paul à Tite (Tt 2, 11-14), nous lisons avec gratitude que la grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de toute l’humanité et pas seulement pour le peuple d’Israël. Dans ce texte, Paul parle brièvement de la manifestation de la grâce de Dieu ; mais en réalité, il en aborde tous les aspects : la manifestation de la grâce couvre toute la vie et le ministère de Jésus-Christ, depuis sa naissance, en passant par la croix, jusqu’à la résurrection ; depuis Bethléem jusqu’au mont des Oliviers ; depuis les cieux ouverts lorsque les bergers ont entendu les voix des anges chanter, jusqu’aux cieux ouverts lorsque les disciples ont regardé et l’ont vu disparaître dans les nuages du ciel.

Dans l’évangile de saint Luc proclamé aujourd’hui (Lc 2, 1-14), la venue du Dieu tout-puissant entre en contraste avec la naissance d’un bébé vulnérable. L’enfant né à Bethléem dans la chair humaine est le même qui vient comme Verbe divin et qui donne la vie en abondance. C’est le plus grand miracle que Dieu ait accompli : un enfant faible, dépendant, pauvre, simple, dans le besoin et proche de nous, porte en lui toute la grandeur de Dieu le Père.

Si nous écoutons attentivement ce passage de l’évangile, nous constatons que tout ne tourne pas autour de Jésus. On nous dit qu’il a été emmailloté et couché dans une mangeoire. On nous dit où il est né et qui sont ses parents. On nous dit aussi que les bergers sont venus l’adorer et qu’un chœur d’anges dans le ciel louait Dieu. Jésus reste silencieux, immobile, tandis que tout le monde bouge et parle autour de lui. Il est au centre, tout vient de lui et va vers lui. Un tout petit nouveau-né silencieux, mais capable de donner un sens à tout ce qui se passe autour de lui, attirant tout le monde vers lui, vers sa simplicité, son humilité et sa pauvreté.

Ce n’est pas Noël parce qu’aujourd’hui tout brille. C’est Noël parce que Jésus veut et peut être au centre de notre vie. Nous ne pouvons plus ignorer un Dieu qui recherche ardemment notre amitié, notre réponse d’amour. En Christ, Dieu le Père veut être reconnu aujourd’hui dans les faibles, les nécessiteux et les marginalisés. Grâce à sa naissance, les humains peuvent être davantage frères et sœurs et peuvent aussi participer à sa divinité, car Dieu lui-même participe à notre nature humaine. Chacun sait bien ce que cela signifie dans sa réalité d’ici et maintenant. Ouvrons-lui notre cœur et confions-lui toutes nos joies et nos peines, nos espoirs et nos craintes, nos désirs et nos frustrations. Tout… car Il a tout pris sur lui pour nous guérir, nous réconcilier et nous faire porter du fruit en abondance. 

Je crois sincèrement que chacun d’entre nous porte en lui une graine de divinité qui le rend digne d’être enfant de Dieu et capable d’aimer selon son plan divin. C’est pourquoi, comme le proclame le psaume d’aujourd’hui, Ps 95 (96) : Chantez au Seigneur un chant nouveau, chantez au Seigneur. Terre entière, chantez au Seigneur et bénissez son nom !

Par: Salvador Muñoz-Ledo, M.Afr.

Quatrième dimanche de l’Avent Année A

Isaïe 7, 10-16 / Psaume 23 (24) / Romains 1, 1-7 / Matthieu 1, 18-24

Le Seigneur peut parfois nous surprendre et bouleverser nos habitudes, nos prévisions, notre confort et même notre façon de comprendre notre relation avec lui.

Voici le roi Acaz, un peu secoué par le Seigneur qui lui dit : « demande pour toi un signe de la part de ton Dieu. » Selon la spiritualité que l’on m’a enseignée, je répondrais comme Acaz : « Non, je ne mettrai pas le Seigneur à l’épreuve ».

Mais voici… Quand Dieu demande quelque chose, il faut répondre positivement, même si sa demande est parfois incompréhensible ou contraire à ce que nous avons appris.

Acaz reçoit alors cette prophétie : « Le Seigneur lui-même vous donnera un signe. Voici que la vierge est enceinte, elle enfantera un fils, qu’elle appellera Emmanuel, c’est-à-dire Dieu-avec-nous ».

L’histoire de l’humanité est bouleversée. Dieu-avec-nous se fera l’un de nous. Son annonce attendra quelques siècles pour s’accomplir, mais elle fait déjà son chemin dans l’espérance de tout un peuple. Dieu a pris une initiative qui va changer le monde, mais qui exige de lui un investissement considérable. Dieu le tout-puissant, le créateur du ciel et de la terre, le Roi des rois, le Prince de la vie, va un jour venir frapper à la porte de notre humanité pour y naître comme un enfant, humble et couché dans une mangeoire.

Quelques siècles plus tard, la promesse se fait réalité. Voici Joseph, un homme juste, prêt à renvoyer en secret celle qui lui est promise. Marie l’a informé du grand mystère qui l’habite. Elle est enceinte par l’action du Saint-Esprit. Joseph, un homme juste, croit en Marie. Il ne doute pas d’elle. Elle ne lui a pas été infidèle. C’est un trop grand mystère. Si elle est enceinte par l’action du Saint-Esprit, il ne peut pas, lui Joseph, s’attribuer la paternité de l’enfant de Dieu. Il ne s’en sent pas digne.

C’est alors que Dieu vient le bouleverser et lui confie la mission de prendre soin de Marie et de l’enfant qui naîtra. Et c’est même lui qui lui donnera le nom de Jésus, l’Emmanuel, Dieu-avec-nous. Ainsi il affirmera sur l’enfant son autorité paternelle.

C’est bien là le cœur de l’annonce de Paul aux Romains : « Cet évangile que Dieu avait promis d’avance par ses prophètes concerne son fils qui, selon la chair, est né de la descendance de David. »

Cet évangile, c’est la bonne nouvelle déjà annoncée par le prophète Isaïe au roi Acaz. Ce fils, l’Emmanuel, Jésus, est né de la descendance de David, par Joseph qui lui donnera son nom.

Et Paul de l’annoncer à toutes les nations païennes, à toutes les nations autres que celle d’Israël, à nous qui en recevons encore aujourd’hui la bonne nouvelle.

Cette bonne nouvelle a bouleversé Joseph. Il a pu répondre positivement à l’appel de Dieu, même si le mystère était bien trop grand à porter par son être humain aussi fragile.

Joseph fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit. Il prit chez lui son épouse avec l’enfant qu’elle portait.

Cette bonne nouvelle nous bouleverse-t-elle encore aujourd’hui ? Nous bouleverse-t-elle dans nos habitudes, dans notre confort, dans la façon dont nous comprenons notre relation avec Dieu ?

A quelques jours de la nativité de ce Dieu-avec-nous il est bon de nous en poser la question. Nous sommes tellement habitués à fêter Noël que le risque est bien là de ne vivre cet évènement que comme une habitude.

Alors laissons-nous être bouleversés par cette bonne nouvelle. Dieu, le tout-puissant, s’est fait l’un de nous, humain, semblable à nous en toute chose, sauf le péché. Dieu le tout puissant, en Jésus, est ici au milieu de nous, tout proche de nous, l’un de nous. C’est inimaginable ! Quelle humilité de la part de Dieu ! Quel risque aussi ne prend-il pas ? Le risque d’être rejeté et mis à mort ! Mais c’est cela l’amour, le véritable amour sans limites, sans retour. Un amour tout gratuit nous est donné en Jésus.

La promesse de Dieu s’est ainsi réalisée en Jésus, l’Emmanuel, Dieu-avec-nous. Et elle continue à se réaliser jour après jour. Dieu ne cesse en effet de nous rejoindre, de venir s’incarner quotidiennement en nous. Dieu ne cesse d’être Dieu-avec-nous, proche de tous ceux qui peinent, de ceux qui attendent de lui un signe d’amour.

Jésus est sans doute là à notre porte, dans la présence d’une personne dans le besoin, dans la présence d’une personne oubliée et rejetée. En parcourant notre ville, notre quartier, notre village, restons éveillés. Ne nous fermons pas à l’inattendu, à celui ou celle qui, en Jésus, captera notre attention et réclamera de nous un signe d’amour.

Noël, c’est tous les jours quand notre cœur s’ouvre et accepte d’être bouleversé dans nos habitudes, quand nous répondons, comme Joseph, positivement à une mission que Dieu nous confie et qui vient nous sortir de notre petit confort habituel pour nous ouvrir à l’inattendu d’un amour à donner, d’un signe à ne pas refuser quand Dieu nous demande de le donner.

Pour que Noël ne soit pas une habitude, mais un évènement nouveau, digne d’être célébré, ouvrons notre cœur à l’inattendu.

Par: Georges Jacques, M.Afr.

Dans l’esprit de Lavigerie, vivre simplement, avoir confiance en la Providence

Il y a des moments dans notre cheminement missionnaire où l’évangile nous appelle non seulement à prêcher avec des mots, mais aussi à parler avec notre vie. Pour moi, vivre la vocation missionnaire aujourd’hui signifie m’efforcer d’incarner l’héritage du cardinal Charles Lavigerie dans un monde très éloigné du sien, mais toujours profondément marqué par son esprit. Lorsque je réfléchis au thème « Vie matérielle et mission », je me retrouve sans cesse à revenir à un mot qui est devenu une pierre angulaire de notre Société : la simplicité.

Un mode de vie simple : la liberté de l’évangile

Lavigerie ne concevait pas les missionnaires comme de simples agents de charité ou de doctrine. Il les concevait comme des hommes entièrement donnés au Christ, libres de tout attachement mondain et enracinés dans le peuple qu’ils servaient. Pour lui, la simplicité n’était pas un statut économique, mais une orientation spirituelle, une liberté du cœur.

Pour moi, vivre simplement signifie discerner constamment : de quoi ai-je vraiment besoin pour servir la mission ? Il ne s’agit pas d’embrasser la pauvreté pour elle-même, mais d’aligner nos vies sur les valeurs du Royaume. Il s’agit de désencombrer nos cœurs, afin d’être plus disponibles pour l’Esprit et pour les personnes que nous servons.

La simplicité comme témoignage prophétique

Le consumérisme de notre époque n’est pas seulement économique ; il est aussi spirituel. Il alimente l’illusion que nous sommes autosuffisants, que le bonheur vient de l’accumulation, et que le confort est la mesure du succès. Dans un tel monde, notre choix de vivre simplement devient un signe prophétique.

J’ai souvent été témoin de la façon dont les communautés locales comprennent intuitivement quand un missionnaire partage véritablement leur vie. Elles ne l’expriment peut-être pas en termes théologiques, mais elles reconnaissent l’humilité, la présence et l’authenticité. Ce témoignage silencieux, plus que les mots, est ce qui attire les gens vers l’évangile.

Pauvreté et mission : maintenir la tension

Je dois toutefois avouer que ce n’est pas toujours facile. La mission nécessite des ressources. Les maisons de formation, les écoles, les dispensaires, les véhicules, tout cela nécessite des fonds. Comment concilier la pauvreté évangélique avec de tels besoins matériels ?

J’ai appris que la réponse ne réside pas dans le fait d’avoir moins, mais dans le fait de posséder moins, d’être des intendants et non des propriétaires. Comme l’a écrit Lavigerie, « nous ne devons avoir que ce qui est nécessaire à la mission, et rien de plus ». Il y a une liberté dans cette phrase. Elle permet de répondre aux besoins réels de la mission, tout en gardant notre cœur détaché et ouvert.

Entre autonomie et aide : le chemin de la communion

L’un des défis auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui est l’équilibre entre l’autonomie financière et la dépendance de l’aide extérieure. Notre fondateur a accepté le soutien généreux de bienfaiteurs européens, mais il était clair : la mission ne doit pas être façonnée par la main qui la finance.

À notre époque, je crois que nous devons cultiver un esprit de communion tant dans le don que dans la réception. Nous travaillons à une plus grande autonomie financière, non pas parce que nous voulons nous isoler, mais parce que nous voulons assumer la responsabilité de notre mission. Mais cette autonomie ne doit jamais nous faire oublier la grâce de l’interdépendance dans le Corps du Christ.

Bien gérer, faire pleinement confiance

Enfin, je crois que la clé réside dans une bonne gestion de nos ressources, mais toujours dans un esprit de confiance. La providence divine n’est pas une excuse pour une mauvaise planification, pas plus que la planification ne remplace la foi. Dans mon propre ministère, j’ai vu comment les initiatives nées de la prière, du discernement et de la collaboration fraternelle portent leurs fruits.

Je pense aux communautés qui ont installé des panneaux solaires, non seulement pour réduire les coûts, mais aussi pour respecter la création. D’autres ont créé des fonds de solidarité locaux pour soutenir les partenaires de mission dans le besoin. D’autres encore ont opté pour des logements simples et des moyens de transport limités, préférant la présence au prestige. Ce ne sont pas seulement des décisions budgétaires ; ce sont des choix spirituels.

Conclusion : revenir à l’esprit du fondateur

L’héritage de Lavigerie n’est pas une pièce de musée ; c’est un feu vivant. Sa vision pour notre Société était audacieuse, mais fondée sur la croix. Il voulait des hommes libres, libres de la peur, libres de la cupidité, libres pour aimer radicalement.

Je prie pour que, à notre époque, nous puissions retrouver cette liberté intérieure. Que notre mode de vie reflète non seulement la pauvreté du Christ, mais rayonne aussi de la joie de le servir d’un cœur sans partage. Que dans notre façon de gérer l’argent, les biens et la planification, nous puissions témoigner d’un Dieu qui pourvoit, qui envoie et qui soutient.

Par: Shiby Dominic, M.Afr.

Recycler à Noël : Un cadeau de Noël pour la Terre

À Noël, nous célébrons la naissance du Christ ; nous partageons et remplissons nos maisons de lumières, de cadeaux et de joie. Mais c’est aussi une période où nous produisons plus de déchets que d’habitude : emballages, boîtes, décorations et restes de nourriture. C’est pourquoi il est important de se rappeler que le plus beau cadeau que nous puissions faire à la planète est d’en prendre soin.

Nous pouvons célébrer Noël dans la joie tout en prenant soin de la planète. Recycler pour créer nos propres décorations réduit non seulement les déchets, mais stimule également notre créativité et nous invite à passer du temps en famille. Chaque bouteille, carton ou morceau de papier que nous transformons en une décoration unique nous rappelle que de petits gestes peuvent générer de grands changements. Faisons de ces fêtes un moment pour illuminer nos maisons tout en donnant à la Terre un peu de repos. Car lorsque nous recyclons, nous ne décorons pas seulement nos maisons… nous construisons également un avenir plus vert.

Recycler à Noël, c’est très simple. Nous pouvons trier le papier des emballages, réutiliser les sacs et les boîtes, et jeter le verre et le plastique dans les conteneurs appropriés. Nous pouvons également opter pour des décorations réutilisables et des cadeaux plus durables. Offrir une seconde vie à des objets, c’est aussi une belle manière de transmettre des valeurs.

Recycler, c’est cultiver la solidarité : en préservant les ressources naturelles, nous pensons au bien commun plutôt qu’au confort immédiat. C’est un acte de respect, pour la nature, pour le travail humain, et pour l’équilibre fragile de notre environnement.

Recycler, c’est transmettre une valeur d’espoir. L’espoir qu’un autre modèle est possible, plus durable, plus conscient, où chacun prend part à la solution. À travers ce geste simple, nous apprenons à mieux consommer, à mieux vivre ensemble, et à construire un avenir plus responsable.

En recyclant, nous affirmons notre responsabilité envers la planète et envers les générations futures. Nous montrons que chaque geste compte et que nos choix quotidiens peuvent avoir un impact positif. Si nous faisons tous notre part, nous pouvons profiter de fêtes tout aussi magiques, mais beaucoup plus responsables. Célébrons avec joie… et conscience la naissance du Christ. La planète mérite aussi un beau cadeau.

Par: Salvador Muñoz-Ledo R., M.Afr.

Annoncer le message d’espérance est-il encore pertinent pour l’Afrique et le monde africain?

Daniel 6, 12-28/ Psaume : Dn 3, 68-74/ Luc 21, 20-28

Chers frères et sœurs en Christ,

Hier, alors que je réfléchissais à ce que je pourrais partager avec vous en ce jour si important, le jour où nous célébrons la vie de notre fondateur, le cardinal Charles Lavigerie, une notification est apparue sur mon téléphone. Quand j’ai vérifié, il s’agissait d’un avis concernant un coup d’État en Guinée-Bissau, une ancienne colonie du Portugal, située en Afrique de l’Ouest. Puis mon esprit a commencé à tourner autour d’événements de guerre, de violence et de destruction.

Étonnamment, en consultant le texte de l’évangile d’aujourd’hui (Lc 21, 20-28), j’ai constaté que les mêmes images de guerre, de violence et de destruction sont décrites et rejouées. J’ai cependant été réconforté par la dernière phrase du texte évangélique d’aujourd’hui : « Quand ces événements commenceront, redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche » (Luc 21, 28) : un message d’espérance de la part de Jésus lui-même.

Les paroles de Jésus ont soulevé une question dans mon esprit : « Annoncer le message d’espérance est-il encore pertinent pour l’Afrique et le monde africain ? » En d’autres termes, annoncer le message d’espérance est-il toujours « approprié au temps, à la période ou aux circonstances actuelles » que traverse notre bien-aimé continent africain ? Ou encore, si Lavigerie revient aujourd’hui, trouvera-t-il pertinent d’envoyer des missionnaires d’espérance en Afrique ?

L’Afrique fait face à des défis qui remontent à son histoire récente. Elle a souffert d’environ 400 ans[1] de traite d’esclaves, environ 100 ans de colonisation,[2] et plus de quatre décennies de guerre froide.[3] À l’heure où nous parlons, elle est déchirée entre les puissants du monde : les États-Unis, la Russie et la Chine qui veulent, par tous les moyens, extraire ses ressources naturelles, détruire sans pitié ses magnifiques rivières et forêts, sans négliger le nombre de femmes et d’enfants piégés dans le cycle sans fin de guerres économiques et géostratégiques imposées à l’Afrique. Dans de telles circonstances, annoncer le message d’espérance devient pertinent et le cardinal Lavigerie, sans aucun doute, nous recommanderait de continuer à le faire. Cependant, il serait plus pertinent que nous, filles, fils, enfants et petits-enfants de Lavigerie, nous nous intéressions à mieux comprendre ce qui arrive aujourd’hui à l’Afrique et au monde africain.

La plupart d’entre nous, ici aujourd’hui, avons souffert, je soutiens, les conséquences de la Guerre froide commençant par Patrice Lumumba et Kwame Nkrumah, passant par la période de Thomas Sankara, allant jusqu’à l’époque de Mouammar Gaddafi. Avons-nous essayé de comprendre ce qui est arrivé à ces hommes que je viens de mentionner, ainsi qu’à de nombreux autres fils et filles d’Afrique ? Si ce n’est pas le cas, il est grand temps que nous nous reconnections à notre propre histoire. De cette manière, nous pourrons annoncer le message d’espoir, pertinent pour les peuples africains et le monde africain. Nous serons capables de « nous tenir debout, de garder la tête haute », d’annoncer le message d’espérance et de véritable « libération » au peuple africain. Si nous sommes en contact avec nos racines, cela aura du sens de se tenir à l’ambon et de dire : « […] relevez la tête, car votre rédemption approche » (Lc 21, 28).

Quand on entend parler de coups d’État, de femmes et de filles violées en République démocratique du Congo, au Sud-Soudan, au Soudan ; de filles kidnappées et de chrétiens tués au Nigeria ; de migrants mourant dans le désert de Libye dans l’espoir d’atteindre de meilleures perspectives en Europe ; quand on entend tant d’autres atrocités que subissent les filles et les fils de l’Afrique, nous sommes saisis par la peur. Cependant, comme le prophète Daniel, nous devons savoir que, même dans la fosse aux lions, Dieu ne nous abandonnera jamais (Dn 6, 23).

Mes chers frères et sœurs en Christ, célébrer la vie du cardinal Lavigerie revient à raviver son héritage en nous. Il faut se rappeler que l’Afrique, que notre Fondateur aimait et chérissait tant, se bat encore pour sa véritable libération. Nous avons souffert de la Guerre froide ; la génération qui nous suivra, je me permets de l’affirmer, souffrira probablement davantage à cause de la confrontation actuelle entre les États-Unis, la Russie et la Chine. À moins que les jeunes missionnaires ne prennent le temps d’imaginer de nouvelles façons d’évangéliser qui renforcent davantage le peuple africain. Les jeunes missionnaires sont appelés à passer des « aides caritatives » à « l’équité ». En d’autres termes, l’apostolat missionnaire doit s’efforcer de remettre en question et de changer les systèmes – locaux, nationaux et internationaux – qui maintiennent dans la misère et le désespoir les bénéficiaires de l’évangélisation.

Unis au cardinal Lavigerie, par l’intercession de Notre-Dame d’Afrique, Reine de la Paix, demandons au Christ de faire de nous de véritables messagers de l’espérance : « Quand ces événements commenceront, redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche » (Lc 21, 28).

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[1] Cf. Clark, «Number of African Slaves Taken by Each Nation per Century 1501-1866», African slaves taken by each nation 1501-1866| Statista [accessed 27/11/2025].

[2] Cf. Afrikan History, «How Long Colonisation Lasted in Africa», How Long Colonisation Lasted In Africa [accessed 27/11/2025].

[3] Cf. Blakemore, «What Was the Cold War – and Are We Headed to Another One?», Cold War facts and information | National Geographic [accessed 27/11/2025].   

Troisième dimanche de l’Avent Année A

Isaïe 35, 1-6a.10 / Psaume 145 (146) / Jacques 5, 7-10 / Matthieu 11, 2-11

Nous célébrons aujourd’hui le troisième dimanche de l’Avent, le célèbre dimanche de la joie. Avant d’entrer dans le message des textes bibliques, rappelons d’abord la logique derrière les textes liturgiques surtout pendant ce temps de l’Avent : la première lecture est une prophétie : Dieu parle par ses serviteurs les prophètes d’une promesse. Le psaume (surtout l’antienne) est une prière pour que cette promesse se réalise et dans l’évangile on voit Jésus réaliser cette promesse.

La joie à laquelle nous sommes appelés ce dimanche est en fait le fruit du salut que Dieu apporte. Dans un moment d’incertitude et de troubles, le sort du peuple de Dieu était loin d’être garanti. L’Assyrie menaçait tous les petits royaumes d’un côté ; de l’autre l’Égypte faisait trembler ses voisins ; au milieu, il y a le peuple de Dieu. Pire encore, les voisins directs de Juda, le royaume du Nord et la Syrie, ont fait alliance pour contraindre Juda à les rejoindre contre l’Assyrie. La situation est donc critique.
Au milieu de tout cela, le prophète Isaïe appelle son peuple à la joie, car le Seigneur vient les sauver. Ce salut se traduit par une renaissance et une restauration. Le prophète parle symboliquement du désert qui refleurit. Ceci veut dire que la gloire et la splendeur de Dieu seront visibles même dans la nature qui jadis était complètement morte ; elle revit et revoit la gloire de Dieu.

Un autre signe de la présence de Dieu et son salut au milieu du peuple sont les guérisons : les yeux des aveugles voient, les oreilles des sourds entendent, les jambes des boiteux marchent et la bouche du muet parle. À ceci s’ajoute la libération de ceux qui étaient captifs. Toutes ces actions du Seigneur sont source de la grande joie, une joie éternelle qui ne passera pas.

Le psaume responsorial est une prière pour que cette prophétie se réalise. Viens, Seigneur, et sauve-nous dit l’antienne. Sauve-nous de la famine, de l’oppression et de l’injustice, de la cécité ; en bref, que le Seigneur règne dans notre vie.

Dans l’évangile tiré de Matthieu, Jésus réalise cette prophétie. Fidèle aux enseignements des prophètes, le peuple de Dieu savait que, parmi tant d’autres signes du Messie, le Messie prendra sur lui toutes nos infirmités. Jean, dans sa cellule de prison, traverse une crise de foi et se pose la question : Jésus est-il vraiment le Messie ? En effet, il tarde à faire venir la vengeance de Dieu, vengeance dont Jean avait particulièrement besoin dans sa prison.

Mais Jésus répond en pointant sur ce que les écritures disent : la restauration : Les aveugles retrouvent la vue, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent et les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle. En d’autres termes, les promesses de Dieu du salut sont réalisées en Jésus. C’est la source de notre joie profonde. Dieu nous sauve en Jésus.

Au départ des envoyés de Jean, Jésus rappelle le message de Jean au peuple : Jean est celui qui criait dans le désert « Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour préparer le chemin devant toi ». Le salut de Dieu demande qu’on prépare un chemin pour Dieu. Dieu nous sauve, mais nous devons accepter ce salut pour avoir la joie profonde.

Le temps de l’Avent n’est pas seulement le rappel de la naissance de Jésus, il y a longtemps ; c’est surtout l’attente de la venue de Jésus dans la gloire. Jacques, dans la deuxième lecture, nous invite à une patience persévérante dans l’attente du Seigneur. Tenons ferme dans le salut déjà reçu du Seigneur pour attendre le salut définitif lors du retour du Seigneur Jésus.

Le salut est un processus continu. Par notre baptême, nous sommes sauvés du péché et incorporés au Corps du Christ, configurés au Christ. Tout comme une application a besoin d’un système d’exploitation pour fonctionner, nous, chrétiens, devons continuer à puiser en Jésus la force de notre salut. Nous avons besoin de nous nourrir quotidiennement de sa parole et de l’eucharistie pour maintenir notre salut. Notre salut est passé, présent et futur. Notre joie en tant que chrétiens vient de la relation ininterrompue avec la source de notre salut : Jésus.

Je termine avec une histoire qui s’est passée dans mon village d’origine, dans une paroisse tenue par les pères Xavériens. Lors d’une messe de baptême, les membres d’une famille devaient recevoir le baptême : le papa, la maman et leur fils, encore bébé. La maman fut d’abord baptisée, puis le bébé et enfin le papa. Lorsque le père prononça les paroles suivies des gestes de baptême, le papa éclata de joie et entonna un chant d’allégresse en sa langue maternelle. Il avait oublié que la messe n’était pas encore finie. Sa joie était d’être devenu fils de Dieu. Il prit son bébé dans ses bras et se dirigea vers le père pour lui poser la question : ce petit bébé est-il vraiment l’enfant de Dieu ? À la réponse positive du père, le papa a entonné un autre couplet pour manifester sa joie, a pris sa femme par la main et ensemble, ils ont commencé à danser de joie. Toute l’église se joignit à eux ; ce fut la meilleure catéchèse de la joie du salut ce jour-là.

Que nous exultions toujours de joie car le Seigneur est notre salut.

Par: Ghislain Mbilizi, M.Afr.

Dialogue ? Parlons-en simplement

Lorsqu’on parle de « dialogue », plusieurs l’entendent comme un néologisme forgé dans un cercle fermé, au sein de l’Église catholique, apparu presque concomitamment avec Vatican II. Et pourtant le dialogue est ce qui fait la spécificité de l’homme, sa caractéristique essentielle. Nous sommes fondamentalement dialogiques. Enlever le dialogue à l’homme, il n’y aura plus d’humain en lui. Comme élément caractéristique de l’homme, le dialogue se situe dans l’acte créateur de Dieu. Saint Augustin posait cette question fondamentale : Que faisait Dieu avant la création du monde ? (Quid facibat Deus ante creationem mundi ?) Il répondit : « il aimait » (amabat). C’est le mouvement de sortie de soi de l’amour de Dieu qui est à l’origine de la création. Or le chef-d’œuvre de la création de Dieu, c’est l’être humain. Ce dernier est capax Dei et capax amoris parce que créé par amour. Il est donc en permanence en dialogue avec le Créateur, avec ses semblables, avec lui-même et avec les autres créatures. Le dialogue constitue une sorte de toile dont l’homme est le centre agissant sur, et subissant l’action de l’environnement. Bien qu’étant en relation avec plusieurs instances, l’homme reste une unité indivisible, en même temps, humaine, croyante, chrétienne ou musulmane, citoyenne, artiste, etc.

L’enseignement actuel ayant tendance à la spécialisation, fait que les érudits considèrent chaque aspect de la toile. C’est ainsi qu’on est arrivé à parler de dialogue interreligieux, du dialogue social, du dialogue culturel, du dialogue interculturel, du dialogue de vie, du dialogue des œuvres, etc.

Avant Vatican II, l’Église avait un regard autoréférentiel. Elle se substituait au Royaume de Dieu, pendant qu’en son sein, plusieurs membres étaient laissés au bord du chemin. Le mérite du pape saint Jean XXIII fut d’amener la conscience de l’Église à reconnaître son enfermement et l’inviter à ouvrir ses portes et fenêtres. Son successeur, le pape saint Paul VI a invité l’Église à entrer dans le dialogue comme son action propre, afin de correspondre à son identité d’instrument de salut pour tous. Saint Paul VI voulait que l’Église redevienne le centre de la toile relationnelle en rétablissant le dialogue avec l’humanité en général, car tout ce qui est humain la concerne, mais aussi le dialogue avec les croyants monothéistes, le dialogue avec les tous les chrétiens et le dialogue en son sein même.

Qu’entendons-nous par dialogue interculturel et interreligieux ?

On entend par dialogue interculturel les attitudes suivantes :
-S’ouvrir à un monde pluriel : se considérer comme étant un élément parmi tant d’autres ;
-Avoir un regard positif sur l’autre différent de soi : se débarrasser des préjugés sur les autres et regarder les autres comme détenteurs de valeurs ;
-Accepter d’apprendre de l’autre : regarder les autres comme complémentaires à moi ;
+Respecter l’autre dans sa différence : laisser l’autre être lui-même, sans aucune volonté de vouloir qu’il soit comme je voudrais qu’il soit. L’autre devient un don à recevoir et non une menace.
Quant au dialogue interreligieux, il est essentiellement une recherche de la vérité. Cette dernière n’est possédée ni par moi, ni par mon interlocuteur. Elle s’impose à nous deux dans l’intersection de nos discours. La vérité, c’est Dieu lui-même : il n’est l’apanage d’aucune tradition religieuse, ni d’aucune théologie. Il se révèle à tous et de diverses manières que l’intelligence humaine ne peut soupçonner.

En tant que témoins de l’amour de Dieu, comment pouvons-nous aborder la question du dialogue interculturel et interreligieux ?

C’est en s’écoutant mutuellement que nous entrons davantage dans la connaissance du mystère. Comportons-nous sur le terrain du dialogue comme Moïse devant le buisson ardant : enlevons nos préjugés sur les autres et laissons-nous instruire par le Tout Autre. Pour mieux résumer le sens du verbe dialoguer, le pape François recourt aux verbes suivants : se rapprocher, s’exprimer, s’écouter, se regarder, se connaitre, essayer de se comprendre et chercher des points de contact (Fratelli Tutti, 198).

Comment promouvoir, à la lumière de l’évangile, des valeurs universelles transcendant les différences culturelles et religieuses ?

Jésus est le modèle pour entrer en dialogue. Il va à la rencontre même des païens et découvre en eux « une grande foi » qu’il n’avait pas trouvée chez ceux qui étaient sensé l’avoir. Le dialogue est un acte d’amour qui fait sortir de soi-même pour aller vers l’autre qui, au début, semble étranger et qui, à la fin, devient un frère. Le pape François dit : « Celui qui dialogue est bienveillant, reconnaît et respecte l’autre ». Une démarche allant du « nous et eux » vers un « nous » fraternel.

Comment pouvons-nous favoriser la création d’un environnement propice à la coexistence pacifique et à la collaboration entre diverses communautés ?

Le dialogue vise-t-il la recherche de la paix ? La paix est la conséquence de l’attitude de ceux qui recherchent la Vérité en vérité. Le dialogue est donc l’élément important qui favorise l’harmonie dans la création que Dieu a créée en la différenciant : jour et nuit, ciel et terre, terre ferme et mer, homme et femme, etc. Ces différences ne sont pas des contraires antagoniques mais des compléments. Le cardinal Lavigerie avait une vision claire sur la complémentarité des différences lorsqu’il mettait en garde les premiers novices : « Je ne garderais aucun de vous qui n’aurait pas le même amour pour tous les membres de votre Société, de quelque nationalité qu’il soit ». Ainsi, notre Fondateur a fait de notre Société un laboratoire du dialogue interculturel, un signe du Royaume.
Qu’il soit clair qu’on n’entre pas en dialogue avec un esprit dogmatique. L’on doit avoir une ouverture d’esprit qui donne son point de vue et qui accueille le point de vue de l’autre avec respect et, surtout, qui y décèle la valeur transcendante aux deux points de vue.

Par: Pascal Kapilimba, M.Afr.

Roman Stäger R.I.P.

Société des Missionnaires d’Afrique
Le Père Josef Buholzer, Délégué Provincial du secteur de Suisse,
vous fait part du retour au Seigneur du Père

le mercredi 10 décembre 2025 à Riaz-Fribourg (Suisse)
à l’âge de 91 ans dont 67 ans de vie missionnaire
en Tunisie, en Algérie, au Liban, en Grande-Bretagne, au Yémen, en Italie et en Suisse.

Téléchargez ici le faire-part de décès du Père Roman Stäger

Né à :
Baden
le 12/07/1934
Année SpirituelleSerment MissionnaireOrdination sacerdotale
Diocèse :
Bâle-Basel
27/09/195417/06/195801/02/1959
Nationalité :
Suisse
Maison-Carrée
(Algérie)
Carthage
(Tunisie)
Fully
(Suisse)

Bionotes

01/09/1959Etudes IslamiquesLa ManoubaTunisie
15/12/1961ProfesseurGhardaïa, D. LaghouatAlgérie
01/01/1966Direct. C.E.C.GhardaïaAlgérie
02/10/1967Anim. MissionnaireLucerneSuisse
01/09/1972Dir. Centre Pré-Form.El Oued, D. LaghouatAlgérie
30/06/1973Dir. Centre Form.Biskra, D. ConstantineAlgérie
01/01/1975Conseiller RégionalAlgérie
01/03/1976Projet RéfugiésChoukineLiban
01/09/1977Etudes d’anglaisLondonGrande-Bretagne
11/01/1978Ecole Enf. DélinquantsSana’aYemen
02/02/1984Réside àRoma, M.G.Italia
01/06/1984Carit. Int. :VaticanRoma, M.G.Italia
06/10/1992Econome diocésianLaghouat, D. LaghouatAlgérie
15/06/1994Vicaire Général ProvOuarglaAlgérie
01/10/1995Econome diocésainAlgérie
12/01/1996Sec.Gén.dela CERNAAlgérie
01/09/1996Econome DiocésainOuarglaAlgérie
01/07/1998Econome DiocésainGardaïa, D. LaghouatAlgérie
08/10/2001EconomeRoma, PISAIItalia
01/07/2005Retour ProvinceSuisse
28/10/2005App. Econ. Secteur SseFribourgSuisse
03/07/2006Elu ConseillerSuisse
01/07/2012AdministrationFribourgSuisse
10/12/2025DCD (91)Riaz-FribourgSuisse
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