Pèlerinage sur les pas du Cardinal Lavigerie – Bayonne, 30 octobre 2025

Jeudi 30 octobre 2025

Cette journée a commencé par la messe présidée par Stanley Lubungo à l’église du Saint-Esprit avec une bonne participation de fidèles de la paroisse et de la ville. A la vue de l’affiche ou ayant entendu l’annonce de l’événement par le curé, les paroissiens se sont laissé attirer pour redécouvrir ce personnage fameux, mais hélas un peu tombé dans l’oubli de leur ville.

Puis les pèlerins, auxquels se sont joints des fidèles de la ville, ont suivi un parcours sur les pas de Lavigerie, commençant par l’église de la paroisse Saint-Esprit où les parents de Charles Lavigerie se sont mariés et où il fut baptisé, la fontaine Saint-Esprit où en tant qu’enfant, il baptisait dans ses jeux ses camarades juifs du quartier, des maisons dans divers quartiers où habitaient des membres de sa famille, le monument qui le représente au Centre-Ville, l’évêché où il annonça à l’évêque sa vocation d’être « curé de campagne », la cathédrale, le lycée où il étudia avec d’autres illustres bayonnais. Informations historiques, réflexions et prières faisaient de ce parcours un vrai pèlerinage !

L’après-midi, le parcours nous a conduits au cimetière St Etienne où nous avons prié un chapelet avec des paroles de Lavigerie servant de « mystères », sur la « sépulture Lavigerie », nettoyée à l’occasion du jubilé, où sont enterrés sa mère et d’autres membres de la famille. Nous avons visité aussi un autre cimetière où sont enterrées de nombreuses sœurs blanches dans différents caveaux dispersés : nous en avons vu deux, les plus proches de l’entrée. Etant dans les préparatifs des fêtes de la Toussaint et de la commémoration des fidèles défunts, les cimetières étaient en ces jours des lieux de vie, très fréquentés par les gens pour nettoyer, fleurir les tombes : un signe de communion entre les fidèles du Ciel et de la terre. Et encore une occasion de témoignage, notre grand groupe d’environ 30 personnes, multiculturelles, ne pouvait pas passer inaperçu !

Le parcours s’est achevé à la maison natale de Lavigerie : les SMNDA y ont été présentes avec une communauté de sœurs âgées située à Huire, dans le quartier St Bernard, de 1926 à 1999. Sa famille dut revendre le domaine pour s’installer au quartier St Esprit : Lavigerie expérimenta très tôt le détachement…

Détachement vécu aussi par les Sœurs Blanches qui avaient acheté la maison pour une communauté en 1948 et l’ont revendue à leur départ de Bayonne. Leur mémoire demeure avec une rue et un arrêt de bus à leur nom. Durant la seconde guerre mondiale, les Allemands avaient occupé la maison, la laissant dans un état lamentable. La famille qui l’occupait ne voulait plus y vivre. A cette époque et après le départ des Sœurs, la maison a été offerte aux Missionnaires d’Afrique qui n’ont pas souhaité l’acquérir. Le Père Stanley semblait touché d’entendre cela et on croyait percevoir naître en lui un désir pour une présence de notre famille missionnaire à Bayonne…

Les pèlerins se sont ensuite retrouvés pour une table ronde au nouvel auditorium de la médiathèque de Bayonne, étrenné à cette occasion. Les intervenants, deux membres de la famille du côté de la tante maternelle Latrilhe de Lavigerie, un historien, Etienne Rousseau-Plotto, la supérieure générale des SMNDA, Angela Kapitingana, un conseiller général M.Afr, Aloysius Ssekamatte, ont su transmettre la passion de Lavigerie pour Dieu et pour l’humanité, qui est devenue leur passion.

Les membres de la famille ont dit par exemple que Lavigerie enfant avec ses camarades, jouait à célébrer la messe et disait plus tard à des clercs maladroits que lui-même savait dire la messe à 10 ans. Ou quand on lui disait qu’il irait directement au ciel avec les saints, il vous contredisait disant qu’il s’y ennuierait s’il n’avait affaire qu’à des gens parfaits. La légende familiale raconte aussi que Lavigerie aspirait à être élu Pape ; cela semble avoir un fondement historique.

L’historien a mentionné entre autres quelques bayonnais qui ont influencé la vie du Cardinal : un jésuite, le père Xavier de Ravignan, qui fut son accompagnateur à Paris et l’introduisit à l’Œuvre d’Orient, un ami d’enfance devenu peintre, Léon Bonnat, qui en 1888 réalisa ce portrait que nous connaissons tous et toutes !

Les missionnaires d’Afrique, sœur et père, ont quant à eux, parlé de la spiritualité d’apôtre et du charisme lavigérien, des défis rencontrés pour la mission dans le monde africain d’aujourd’hui et de la collaboration des Pères Blancs et Sœurs Blanches dans cette mission.

Le facilitateur de la table ronde, politique élu de la ville, s’est dit touché, ému, interpellé par les intervenants. Il a remarqué : « L’histoire de Lavigerie nous met devant des questionnements d’actualité » et il a remercié la famille missionnaire lavigérienne de la part de la ville de Bayonne. Beaucoup de questions sont à traiter et qui touchent aux fondements de notre vision de l’homme.

Par: Gisela Schreyer, Marie-Christine Rousseau and Pierre Petitfour.