Dès que j’ai mis les pieds dans ce lieu, j’ai ressenti des émotions, on aurait dit que tous les dieux africains habitaient cet endroit, décoré d’œuvres d’art très créatives, le bois (Grove) est un endroit où il faut être, se rapprocher de la nature, faire l’expérience de la guérison et de la méditation. En découvrant pour la première fois le paysage de la forêt, parsemé de sanctuaires, de sculptures et d’œuvres d’art, les méandres de la rivière et la végétation en l’honneur d'”Osun” et d’autres divinités, je suis resté bouche bée. J’ai été témoin de la beauté et de la conservation naturelle des espèces et des animaux. Le bois est une herboristerie naturelle contenant plus de 400 espèces de plantes, certaines endémiques, dont plus de 200 espèces sont connues pour leurs usages médicinaux. Les oiseaux, les reptiles et les animaux sont bien préservés et protégés. En me promenant dans le parc, j’ai découvert des panneaux et des indications qui disent : “il est interdit de détruire ou de tuer tout animal pour la nourriture”. Il y a des pratiques traditionnelles qui sont utilisées pour protéger le site de toute forme de menace, comme les lois traditionnelles, les mythes, les tabous et les coutumes qui interdisent aux gens de pêcher, de chasser, de braconner, d’abattre des arbres et de cultiver à l’intérieur du bois. Les adorateurs et les dévots traditionnels préservent le patrimoine immatériel par le biais du spiritualisme, du culte et du symbolisme. Il est étonnant de constater à quel point les choses sont liées. La nature n’est pas destinée à servir uniquement les besoins économiques de l’homme.
Le festival de cette année a attiré des fidèles, des dévots, des spectateurs et des touristes locaux et internationaux, attirés par ce que je considère comme une interaction religieuse et culturelle. C’est ce qui m’a poussé, en tant que Missionnaire d’Afrique, à participer au festival de cette année. Cette interaction culturelle et religieuse me révèle à quel point nous sommes interconnectés en termes de religion, de culture et de nature. Pendant le festival, j’ai senti que les traditions, les religions et la nature devenaient un mélange de couleurs, de religion, de culture et de sons. L’authenticité du Grove est liée à sa valeur en tant que lieu sacré. La nature sacrée des lieux ne peut être continuellement renforcée que si cette sacralité est largement respectée. C’est ce qu’a montré le festival.
Au cours des quarante dernières années, les nouvelles sculptures du Grove (bois sacré) ont eu pour effet de renforcer ses caractéristiques particulières et de lui rendre ses qualités spirituelles qui lui confèrent une grande valeur culturelle. Les dévots du festival Osun-Osogbo croient que la forêt du bois sacré, située à la périphérie de la ville d’Osogbo, est l’un des derniers endroits où les esprits, ou “Orishas”, se révèlent pour les bénir. Cela me permet de comprendre pourquoi une telle foule est présente et active au festival.Beaucoup sont allés chercher de l’eau dans la rivière Osun pour la boire, se laver le visage et l’emporter chez eux pour d’autres usages. J’en ai rencontré beaucoup sur le chemin qui ramenait chez eux des sceaux remplis d’eau avec une grande estime et une grande confiance dans cette eau colorée. Cela m’a rappelé les chrétiens qui sortaient du sanctuaire de NAMUGONGO avec de l’eau bénite également colorée dans des seaux et des bouteilles. Je suis resté bouche bée devant de telles expressions de confiance et de foi dans une fête culturelle. Des chrétiens, des musulmans et même des non-croyants étaient présents au festival et offraient des sacrifices autour de l’eau. Certains avaient des croix au cou, d’autres étaient venus avec différents symboles religieux. J’ai eu la chance de rencontrer un prêtre IFA qui m’a permis d’être sur la scène du sacrifice et de la cérémonie. Colas, boissons traditionnelles très alcoolisées, animaux, oiseaux comme des pigeons étaient offerts par beaucoup au bord de l’eau. La religiosité était incurable – il y avait quelque chose de plus, les gens entraient en transe et étaient envahis par l’esprit d’Osun. L’adoration pour Osun, la divinité de la fertilité, est indéniable pour le peuple Yoruba. Ce fut un pèlerinage étonnant.
Je dois dire que la popularité du festival s’est accrue en partie grâce à l’activisme de l’artiste et militante d’origine autrichienne, Susanne Wenger, qui a reconstruit les sanctuaires et œuvré pour que le grove soit protégé. Mme Wenger est arrivée au Nigeria dans les années 1950, elle a ensuite divorcé de son mari et a décidé de rester à Osogbo pour le reste de sa vie. Elle était également connue sous le nom d’Adunni Olorisha. Elle est vraiment entrée dans l’interaction et la rencontre avec la culture du peuple Yoruba d’Osogbo.
Si vous aimez la tradition et la culture africaines, voici votre destination incontournable. Attendez-vous à voir des singes sauter partout, et réservez quelques pourboires aux femmes qui prient à l’entrée du sanctuaire. N’hésitez pas à prier la déesse de la rivière et à traverser le tout premier pont suspendu du Nigeria. Vous apprécierez un village d’art avec des tissus teints, des peintures, des sculptures sur bois, des tambours et d’autres objets d’art et d’artisanat, une architecture étonnante, un paysage et une nature fantastiques. Par-dessus tout, quelque chose vous amènera au dialogue entre la religion et la culture. J’espère que l’entretien de ce site restera de premier ordre ! Salutations de la rivière Osun.
Peter Ekutt