Jean-Pierre Pickard 1926 – 2017 (PE n° 1087 – 2018/01)

Jean-Pierre est né le 18 septembre 1926 à Schaerbeek, une des 19 communes de la ville de Bruxelles. Après l’école primaire chez les Frères des Ecoles Chrétiennes, il fit ses études secondaires à l’Institut Sainte-Marie à Schaerbeek, section des humanités anciennes. En 1944 – en pleine guerre donc – il entra chez les Pères Blancs à Thy-le-Château. Il fit ensuite le noviciat à Varsenare et la théologie à Heverlee, où il prononça son serment missionnaire le 22 juillet 1950 et fut ordonné prêtre le 24 mars 1951. Ses professeurs soulignent sa piété solide, son caractère généreux, son bon jugement équilibré. Il a la parole facile et lit beaucoup. C’est un bon organisateur, un ‘entraîneur’, même un peu bricoleur, mais le travail cent pour cent fini n’est pas son fort. Il a une volonté affirmée, c’est une ‘forte tête’, à l’image des Luxembourgeois – sa famille est originaire du Luxembourg. « Entêtement souriant », commente l’un d’eux. Il est très direct, manque un peu de tact, porte des jugements à l’emporte-pièce… En discussion il aime avoir le dernier mot. Il critique facilement. Physiquement, il est costaud, «fort comme un chêne». Il dispose d’une voix forte.

Nommé au Mozambique, il part le 12 novembre 1951 pour Lisbonne, afin de se mettre au portugais; il assimilera profondément la culture portugaise. Il continue sur l’Afrique début mai 1953 et devient vicaire à Manga. En janvier 1954 on l’envoie comme professeur au séminaire de Zȯbuè, mais en juillet il est rappelé à Manga comme économe diocésain. Le régional note que Jean-Pierre est habile pour les choses matérielles et s’est montré homme d’affaires comme procureur. Pourtant cette nomination fut un échec : ses comptes sont invérifiables, non pas par incapacité, mais parce qu’il se fie à sa mémoire et n’inscrit rien. Le régional témoigne : « Un bon confrère, mais très agaçant puisqu’il sait tout mieux et fait tout mieux et plus vite ». Il est extrêmement généreux, aidant tout confrère qui fait appel à lui. Pour lui-même il ne dépense rien. Afin qu’il puisse se lancer dans le ministère, on l’envoie, début 1956, à Murraça pour se mettre au Chisena. Il travaille à la paroisse de Charré, jusqu’à ce qu’on le réclame comme économe au séminaire de Zȯbuè où il passera près de six ans. Le régional loue son esprit d’obéissance : on peut l’envoyer n’importe où, « idéal pour ses supérieurs ». Après son congé et la grande retraite à Villa Cavalletti, il retourne comme vicaire à Manga, passe ensuite à Munshava, où il devient responsable en janvier 1968. Le 25 mai 1971, 32 Pères Blancs sont expulsés du pays pour comportement déloyal envers l’autorité coloniale. Ils décident alors de partir tous, agités de sentiments contradictoires… Jean-Pierre y avait travaillé pendant 17 ans…

Nommé au Malawi, Jean-Pierre rejoint début mars 1972 la paroisse de Katete, dans le diocèse de Mzuzu. Il a incontestablement la bosse des langues. Deux mois plus tard, le voilà vicaire à Rumphi et en mai 1973 à Lilongwe, avec résidence au Bishops House. Cette dernière nomination tient également compte de son état de santé qui cause quelques soucis. Il y retrouve d’ailleurs d’autres ‘anciens’ du Mozambique et la proximité de la frontière permet encore certains contacts. Le régional note qu’il a des idées très prononcées sur la façon de faire l’apostolat… Son travail est apprécié. Lilongwe, la nouvelle capitale du pays, s’étend à une allure folle. « Le principal objectif de notre team est la formation d’équipes de laïcs qui animeront les différents quartiers de la ville. Cela nécessite des allées et venues continuelles », écrit Jean-Pierre. En 1977, il passe à une autre paroisse de Lilongwe, la paroisse du Sacré-Cœur (Chilinde). Il y restera comme curé jusqu’en automne 1992. Il y développe sensiblement les bâtiments paroissiaux. Entretemps, il participe à la session-retraite à Jérusalem. En 1990 il subit une série d’interventions chirurgicales, suite à des calculs aux reins.

Sa dernière nomination au Malawi est la paroisse de Kawale. Dès 1993 sa santé nécessite un retour annuel en Belgique. En octobre 1995, il part pour un temps sabbatique, sans savoir qu’il quitte définitivement l’Afrique. En mai 1996 il participe à la session ‘Vers le troisième âge’ à Rome. Il est ensuite nommé responsable de notre communauté bruxelloise de la rue de Linthout. Il dirige la maison de main de maître au service des confrères et attentif aux besoins des visiteurs. S’y connaissant assez bien en médecine, il a pu orienter de nombreux confrères en quête de soins appropriés; il s’occupait des rendez-vous à l’hôpital et visitait régulièrement les hospitalisés. Ses connaissances en informatique lui permirent de se rendre utile là aussi. Sa famille comptait plusieurs médecins et informaticiens qui l’aidaient volontiers et dont il était fier. Au réfectoire, sa forte voix s’entendait à toutes les tables et il avait encore toujours le dernier mot. Il continuait sans relâche sa formation permanente, en suivant, par exemple, des cours à Lumen Vitae. Il aimait les belles liturgies et les préparait avec soin. Il restera responsable de la communauté jusqu’en 2003. Il était pastoralement engagé dans sa paroisse d’origine, Saint-Albert, où il animait aussi des groupes de prière et d’étude biblique. Il savait depuis longtemps qu’un cancer de la prostate le minait lentement. En 2005 il participe encore à la session des 70+ à Rome. En 2016 on le voit diminuer de plus en plus. Le 22 novembre 2016 il est d’accord d’être transféré à notre communauté d’Evere afin de jouir des soins dont il a besoin. Le vieux lutteur acceptait non sans difficultés le déclin de ses forces. Sa foi solide lui permit de tenir. Il s’est éteint paisiblement le 29 septembre, au hôme Saint-Joseph à Evere. Qu’il repose en paix !

Les funérailles eurent lieu le vendredi 6 octobre dans la grande chapelle du hôme St-Joseph à Evere, suivies de l’inhumation en notre cimetière de Varsenare près de Bruges.

Jef Vleugels, M.Afr.

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