Le titre de ma réflexion incarne une question à poser après une session de formation sur la transformation systémique. Du 22-26 janvier 2024, la Commission Justice, Paix et Intégrité de la Création à Rome (JPIC Roma) a organisé une formation en ligne pour les nouveaux promoteurs de JPIC. Cette formation avait pour thème « La mission de JPIC : Transformation systémique pour le bien commun de toute la création ». Cet atelier a rassemblé des religieux et religieuses de tous les continents. Divers sujets ont été abordés, tels que “La nécessité d’une transformation systémique dans le monde d’aujourd’hui”, “Un fondement biblique de la transformation sociale : réponses prophétiques”, “Le genre et la justice sociale comme stratégies de transformation systémique”, “L’écologie intégrale et l’urgence d’une conversion écologique : les droits environnementaux”, “La justice économique comme priorité pour le « Sud global »”, “Les Nations-Unies et le système des droits de l’homme, et la participation des religieux et religieuses”, etc. Divers intervenants ont éclairé les participants.
Les Missionnaires d’Afrique ont apporté leur contribution. En plus de faire partie du comité d’organisation, ils ont également partagé leurs connaissances et leurs convictions avec les participants. Ainsi, Guy Theunis a apporté un fondement biblique à la transformation sociale, Elvis Ng’andwe a parlé du Traité contraignant sur les entreprises et les droits humains et Prosper Harelimana a abordé les questions de genre et de justice sociale. Environ 23 missionnaires d’Afrique, particulièrement ceux qui sont impliqués dans le ministère de Justice, Paix et Intégrité de la création, de la rencontre et du dialogue (JPIC-RD) en Asie, en Amérique, en Afrique et en Europe, ont également participé à la formation. Leurs réflexions et contributions bien argumentées ont enrichi les intervenants et les participants.
La transformation systémique est-elle possible ? Il est difficile d’œuvrer en faveur d’un changement systémique alors que les pays riches conservent le monopole de l’économie mondiale, du pouvoir politique et de l’influence. Néanmoins, c’est possible. Cela pourrait se faire, tout d’abord, en responsabilisant les gens au niveau local. Les gens ont besoin d’une éducation de qualité qui leur donnera la confiance nécessaire pour bien utiliser les ressources locales disponibles. Deuxièmement, les dirigeants politiques doivent assurer que “les bottines suivent les babines”. Il ne suffit pas d’être investi d’un pouvoir et d’une autorité. La politique doit être au service du bien commun. Troisièmement, en tant que religieux, missionnaires et évangélisateurs, nous devons oser remettre en question le “statu quo”. Le monde dans lequel nous vivons n’est plus monopolaire, il est multipolaire. Nous devons comprendre les systèmes qui le gouvernent. Notre mission d’évangélisation doit donc se mettre à jour en lisant les “signes des temps”. De cette façon, nous serons en mesure “[…] de répondre aux nouveaux défis, et de réagir avec des mécanismes mondiaux aux défis environnementaux, sanitaires, culturels et sociaux, en particulier pour renforcer le respect des droits de l’homme les plus élémentaires, des droits sociaux et la protection de la Maison commune” (Laudate Deum, 42).
Quelle est la voie à suivre ? La dernière session de l’atelier de JPIC Roma s’est concentrée sur le plan d’action. Chaque participant a été invité à identifier un ou deux problèmes sociaux et à élaborer un plan pour les résoudre, sur la base des 7 objectifs de Laudato Si’. La présentation des plans de JPIC, inspirés par le charisme de la Congrégation, aura lieu les 11 et 12 mars 2024.
Il convient de noter que la Commission JPIC Roma appartient à l’Union des Supérieurs Généraux (USG) et à l’Union Internationale des Supérieures Générales (UISG). À la lumière de l’Évangile, elle vise à transformer le monde. En outre, elle promeut la justice, la paix et le respect de l’intégrité de la création.
Les Missionnaires d’Afrique ne prétendent pas être experts en matière de Justice, Paix et Intégrité de la création. Cependant, l’histoire de notre Société montre que notre contribution à la transformation systémique est loin d’être sous-estimée. La plupart d’entre nous accomplissent un travail missionnaire considérable à la base : au niveau de la famille, de la communauté chrétienne, de la paroisse et du diocèse. L’atelier qui vient de s’achever ajoute de la valeur à notre ministère de Justice, Paix, Intégrité de la Création, Rencontre et Dialogue (JPIC-RD). Nous sommes résolus à poursuivre le bon travail que l’Esprit du Seigneur a commencé en nous. Nous voulons de tout cœur promouvoir l’héritage de Lavigerie en matière de respect de la dignité humaine.
By Prosper Harelimana (M.Afr.)