Amnesty International a accusé les « pauvres mesures de l’union européenne » pour le nombre grandissant de morts parmi les réfugiés et les migrants au cœur de la méditerranée. Elle accuse l’union européenne de fermer les yeux devant les abus dans les camps de détention libyens et de laisser aux organisations charitables le soin de secourir les migrants. Elle a aussi affirmé que plus de 2000 personnes sont mortes en 2017 en essayant de passer en Europe.
Depuis trop longtemps, et quasiment de façon quotidienne, nous sommes témoins de l’horrible sort des réfugiés. Il semble qu’ici en Europe, comme ailleurs, nous ne savons que faire devant cette situation. Pour certains gouvernements, la seule réponse est de construire toujours plus haut des murs avec du barbelé, des éclairages et des gardiens de sécurité. D’autres dépensent dans des centres d’asile dans lesquels les réfugiés sont enfermés loin du public et des inspections. Mais il y a aussi d’autres murs, qui ne sont pas d’ordre purement physique. Il y a des murs de peur, de préjugés, de haine et d’idéologie et nous les voyons surgir régulièrement un peu partout non seulement en Europe mais aussi en Afrique et ailleurs dans le monde. Ici, certains gouvernements européens ont si peur des sondages d’opinion et de ce que pensent les gens qu’ils préfèrent conclure des arrangements cyniques avec la Libye livrant ainsi des milliers au risque de la noyade, du viol ou de la torture. Amnesty International ne cache pas sa colère « plutôt que prendre des mesures pour sauver des vies et offrir une protection, des ministres européens… donnent honteusement la priorité à des pactes impudents avec la Libye dans un effort désespéré d’empêcher les migrants d’atteindre l’Europe… » Des stratégies qui avaient fonctionné comme la stratégie de recherche et de sauvetage, semblent avoir été abandonnées au moment où nous tournons le dos devant une crise aux énormes proportions. La tragédie qui se déroule est une véritable menace pour l’âme-même de l’Europe et à vrai dire celle du monde entier. Il n’est pas surprenant qu’actuellement, dans toutes les nations, le statut le plus bas soit attribué aux réfugiés.
Il n’est donc pas étonnant que nous voyions de plus en plus de murs se construire à travers le monde pour maintenir à distance les déplacés. Il fut un temps où, spécialement en Europe, nous avons rêvé d’un continent sans frontières, mais à présent il semble que nous allions de plus en plus dans la direction opposée. Nous oublions que l’histoire du monde est une histoire de migrations et nous savons spécialement qu’après les grandes guerres mondiales, rescapés et réfugiés ont été accueillis dans de nouveaux pays et de nouvelles cultures. Ces populations fuyaient la guerre, la haine et même le génocide. L’histoire semble ne pas avoir changé son cours, puisqu’aujourd’hui des millions d’hommes et de femmes cherchent refuge en fuyant des états ratés, des persécutions, l’exclusion et la brutalité de régimes diaboliques. Ces populations cherchent seulement à vivre en paix et sécurité et elles sont prêtes à tout abandonner derrière elles en vue d’un lendemain nouveau et un futur plus sûr pour leurs enfants. Nous avons sûrement notre rôle à jouer pour qu’un avenir meilleur soit assuré à tous les peuples. En Afrique et ailleurs nous avons des confrères activement engagés dans cette lutte de soutien à ces personnes. Ici, en Europe, un certain nombre de communautés a accueilli un ou deux réfugiés (ici même à la maison généralice) et cependant d’autres communautés ont encore des chambres vides et fermées ; certains sont spontanément tournées vers l’accueil de l’étranger, d’autres semblent avoir oublié cette dimension importante de notre mission aujourd’hui.
Nous pouvons tous jouer un rôle, où que nous soyons, car, comme famille humaine, nous nous devons de construire des ponts de solidarité plutôt que des murs de division. Nos sœurs et frères réfugiés nous donnent l’occasion d’un enrichissement et épanouissement mutuel : c’est Dieu qui nous rapproche les uns des autres. Il est bon de prier pour les migrants et réfugiés et nous nous devons d’être à leurs côtés dans leur lutte contre les démons de la peur, de la pauvreté, de la maladie et de la haine. Nous pouvons, à notre petit niveau, soutenir la communauté internationale à trouver les moyens qui permettront aux réfugiés de manifester leurs potentiels et de pouvoir ainsi reprendre contrôle de leur vie. Partageons leur rêve pour un monde meilleur et plus humain.

Francis Barnes, M.Afr.
1er Assistant Général