Louis De Winter 1926 – 2017 (PE n° 1083)

Lodewijk De Winter – mais tout le monde l’appelait Lode ou Louis – est né le 11 avril 1926 à Bevel dans la province d’Anvers. Son père était administrateur, fondateur et animateur de diverses associations et coopératives, surtout le Boerenbond, association professionnelle d’agriculteurs. Lode commença les humanités classiques à Anvers mais les poursuivit depuis la cinquième au Petit séminaire de Hoogstraten. En décembre 1946 il entra chez les Pères Blancs à Boechout. Le curé de sa paroisse notait avec enthousiasme : « Quel bonheur de voir éclore au sein de la population de Bevel une vocation sacerdotale ! Cela n’est encore jamais arrivé ! » Après le noviciat à Varsenare, Lode part pour l’Afrique du Nord, où il fait la théologie à Thibar, ensuite à Carthage. Il prononça son serment missionnaire à Thibar le 27 juin 1952 et fut ordonné prêtre à Carthage le 5 avril 1953. Durant les années de formation on décrit Lode comme dévoué et généreux, serviable et volontaire. Il ne se met jamais en avant et n’élève jamais la voix. Il est intelligent, mais il a surtout un esprit et une habilité pratiques (au scholasticat il était d’ailleurs chargé des installations électriques). Sa piété est grande et il est profondément attaché à sa vocation.

Après six mois de ‘service militaire’ en suivant des cours à l’Université de Louvain, Lode s’envole le 20 avril 1954 en direction de ‘notre’ Congo, pour ce qu’on appelait encore ‘Baudouinville’. Il commence comme vicaire à Nyunzu, travaille ensuite à Mateo, pour aboutir en septembre de la même année comme professeur et économe au Petit séminaire de Lusaka. Herman Hoste, régional, signale “que Lode réussit mieux comme économe que comme professeur; les cours se donnent en effet en Swahili qu’il ne possède pas encore très bien”. En juin 1957 il est nommé à Lyapenda, d’abord comme vicaire et en 1959 comme curé. Il y construit beaucoup d’écoles. Le même régional note que Lode vient de trouver le milieu et le travail pastoral qui lui conviennent : “Sous son extérieur assez froid, il est délicat et prévenant. Ne sait pas se fâcher. Semble avoir un bon jugement et n’hésite pas à prendre les décisions nécessaires”. Après son congé en 1961 et la grande retraite à Villa Cavaletti, Lode retourne à Liapenda. Il dirigera le poste jusqu’en août 1975. Il quitte alors le diocèse de Kalemie pour Kongolo : il devient curé de la paroisse Saint-Mathieu Mulumba à Kabalo. Cette petite ville compte trois paroisses ; la sienne comprend en plus de la ville 43 communautés de base disséminées dans la campagne. Le dimanche 5 mai 1980, Lode y fête, en présence de l’évêque, Mgr. Ngoy, et devant une foule nombreuse, le Jubilé de l’Eglise catholique au Zaïre. Il part ensuite en congé et en profite pour aller suivre à l’Arbresle, en France, une session théologico-pastorale. Il restera curé à Kabalo jusqu’en 1985, ayant encore suivi entretemps la session-retraite à Jérusalem. Fin juin 1986 il est nommé curé à Sola, où il travaillera jusqu’ à fin août 1993.

En octobre 1993 on demande à Lode de changer une fois de plus de diocèse : il est nommé professeur au Centre de Formation des Catéchistes à Kinkungwa dans le diocèse de Kasongo. Il y collabore avec Mathieu Janssen, directeur du Centre. Sa longue expérience pastorale lui sert de base pour son enseignement. Pendant son congé en 1996 il suit la session “Disciple Missionnaire Aujourd’hui” à Jérusalem.

En 1998, suite à la conquête foudroyante du Congo par Laurent-Désiré Kabila, Kinshasa fut conquis en mai 1997 -, l’Est du Congo subissait les rébellions contre l’A.F.D.L. (Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo-Zaïre) de Kabila père. Lode va se mettre en sécurité à Kalima. Suite aux circonstances, Kalima était complètement coupé du reste du monde: pas de phonie, pas de trafic aérien…, ce qui remplissait d’inquiétude sa famille ainsi que ses confrères. En décembre 1999 Lode – il a 73 ans – fait savoir au régional, Patxi Otondo, qu’il est certes prêt à retourner à Kinkungwa, mais qu’il ne se sent plus capable de recommencer ailleurs. Il avait fait sa part !

Aussi le 13 décembre 1998 Lode retourne-t-il définitivement en Belgique. Il s’installe chez sa soeur Julia, qui est veuve et habite encore la maison paternelle à Bevel. Lode y connaîtra des années de bonheur tranquille, choyé par sa chère sœur et surveillé par son neveu par alliance, médecin. Aussi longtemps qu’il peut, il aide à la paroisse. A la demande de nos confrères de Pologne, Lode va donner pendant plusieurs mois des cours de français aux candidats qui se préparent à partir en Afrique. Pendant des années il ira remplacer temporairement l’aumônier des Soeurs de Bethléhem à Pugny en France. Les Sœurs de Berlaar et la paroisse de Gestel peuvent toujours compter sur lui. Aussi longtemps que ses forces le lui permettent, il participe aux réunions et festivités organisées par le Secteur ou par la communauté d’Anvers.

Sa vie durant Lode a été sans conteste un adepte assidu de la formation permanente offerte par notre Société à ses membres : en septembre 2015 il clôture la série par la session des 70+ à Rome.

Début février 2017, Lode fait une chute et se casse la hanche. Suit alors une convalescence difficile. Début avril il est transféré d’urgence à l’hôpital du Sacré-Coeur à Lierre où il s’éteint paisiblement le mardi 4 avril.

La liturgie de la résurrection eut lieu le lundi de Pâques 17 avril en l’église Notre-Dame de l’Assomption à Bevel, vécue par une communauté fort nombreuse – la famille était bien connue – et plusieurs confrères concélébrants. Il est enterré à Varsenare.

Jef Vleugels, M.Afr.

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