Les NTIC désignent « l’ensemble des technologies permettant de traiter des informations numériques et de les transmettre ». Elles touchent, aujourd’hui, tous les programmes de vie et d’action de la personne humaine. Elles s’imposent à nous comme un allié fidèle qui vient nous simplifier la vie. Elles suscitent des promesses, amplifient nos désirs et nos soifs de connaître et de découvrir, de rester informé, de rester en lien avec d’autres personnes. Une véritable prétention de tout offrir, de tout faire, de tout faciliter de tout améliorer qui va jusqu’à causer une certaine dépendance chez certaines personnes. Vous cherchez quelqu’un ou quelque chose ? Vous voulez communiquer ? Aujourd’hui la réponse est simple : allez sur internet ! Tout le monde y va, avec ses propres intentions, espérant trouver mieux. C’est le lieu où tous s’invitent : des gentils comme des méchants. C’est devenu un véritable village planétaire où les gens sont en réseaux. Chacun s’y aménage un espace à utiliser d’après ses besoins personnels ou professionnels.
Aujourd’hui, aucune structure ne peut se passer de l’usage des NTIC. Nous faisons, nous aussi, partie de ce réseau de la société mondiale qu’elles créent. Mais nous ne devons pas oublier que nous sommes « dans le monde, mais pas du monde ». C’est donc une nécessité pour nous, d’examiner de quelle manière nous utilisons ces NTCI, en lien avec notre identité missionnaire.
Il est clair qu’une transposition a été faite dans la manière de vivre grâce à internet. Notre vie missionnaire elle-même n’en a pas été épargnée. Mais le risque est de laisser internet imposer son mode de faire et de vivre. Il est important de voir comment il modifie insidieusement, en bien et en mal, notre façon de faire et de vivre la mission aujourd’hui, au risque de se retrouver en train de faire la mission selon les NTIC et non selon le Christ, l’Église et notre congrégation.
Il est indéniable que les NTIC offrent beaucoup de facilités sur tous les plans : formation, travail, vente, achat, communication, etc… Mais la course à la facilité peut profiter à quelques-uns et nuire à d’autres. C’est pour cela qu’il est important de prêter attention au fait que :
- Beaucoup de gens vivent aujourd’hui dans le virtuel : proches de ceux qui sont loin et éloignés de ceux qui sont proches.
- Les NTIC sont parfois utilisées par des gens malintentionnés pour exploiter et abuser la confiance des faibles : beaucoup d’activités illégales du fameux « dark web » ou « deep web » : chantages, abus, menaces, piratages, escroqueries, fake news, manipulations… Tous des faits qui peuvent nous atteindre, vu que nous sommes aussi activement présents sur ces NTIC.
- En lien avec notre vie missionnaire :
Vie missionnaire personnelle :
Il y a risque d’être éparpillé et épuisé à la poursuite d’énormes avantages qu’offrent les NTIC sur tous les plans : beaucoup de bonnes choses à découvrir, à savoir ou à posséder ; beaucoup de correspondants auxquels il faut accorder à chacun/chacune du temps.
Évasion personnelle et inefficacité dans les activités : la qualité du travail à rendre baisse faute de temps et de concentration, tellement on est pris au piège par ces NTIC.
Une auto-évaluation s’impose pour s’en rendre compte : dans les 24 heures que comporte une journée, comment mon temps est-il reparti ? : *combien de temps pour mon repos, *combien de temps, non au travail, mais de travail ? *Combien de temps je passe à surfer sur internet ou sur les réseaux sociaux, à lire ou à envoyer des messages, à écouter un audio, à regarder une vidéo ou certaines photos ? *Combien de temps réservé à la prière ? *Combien de temps je prends pour me détendre autrement que sur les NTIC ?
Vie communautaire:
La vie communautaire est l’un de nos atouts majeurs pour la réussite de notre vie missionnaire. Avec comme devise : « toujours trois, rarement deux et jamais seul ». Mais le propre des NTIC est que c’est un espace où l’on se retire dans l’intimité totale. Il est rare qu’on y aille « toujours à trois, à deux et jamais seul » ! C’est plutôt dans le sens inverse : toujours seul, rarement à deux et jamais à trois. C’est pour dire que si chaque membre d’une communauté passe plus de temps avec une communauté virtuelle, la vie de la communauté réelle avec ses valeurs de soutien, de partage, de réconciliation, de maturation humaine et spirituelle, tombe en ruine. A ce moment, les réseaux sociaux deviennent des lieux de fuite et de solitude.
Évaluation personnelle et communautaire :
- Combien de temps je passe à causer, à tuer le temps, à me détendre avec mes confrères ?
- Suis-je capable de respecter les moments de rencontre en commun : repas, prière, échanges, partages… sans me mettre à utiliser mes gadgets ?
- Où est-ce que je trouve le plus de bonheur, en communauté réelle ou en ligne ?
- La communauté offre-t-elle encore des occasions de réunir ses membres pour des partages de tout genre ?
Notre identité missionnaire
En quoi les NTCI me rendent la vie « meilleure » dans mon identité missionnaire ?
Mon identité est celle de l’homme appelé à « être tout à tous, afin de les sauver tous ». Et les réseaux sociaux dans leurs larges possibilités, offrent des possibilités d’évangéliser dans ce grand champ de la population à « culture internet ». Or, pour nous, évangéliser « c’est porter la Bonne Nouvelle dans tous les milieux de l’humanité et, par son impact, transformer du dedans, rendre neuve l’humanité elle-même » (Ev. Nutiandi, 18).
Ainsi, tout geste que j’engage dans ce monde, doit être porteur et révélateur de mon identité, ou mieux, doit être celui que ce monde attend de moi. Un discernement sérieux s’impose pour tout geste que j’y pose.
Il est important alors de me demander, en lien avec mon identité missionnaire, le message que je communique en publiant sur internet ou sur des réseaux sociaux, un message, un texte, un audio, une vidéo, une image personnelle ou de quelqu’un d’autre ; ou toute autre trace de ma présence et de mon activité que j’y laisse.
Il est de notre devoir de faire des réseaux sociaux un endroit où toutes les personnes, quel que soit l’endroit où elles sont, peuvent être évangélisées. C’est un endroit idéal où les « Nicodèmes » peuvent accourir nuitamment pour trouver Jésus. Où les blessés de la vie peuvent espérer trouver une oreille attentive.
Toutefois, toutes nos brebis ne sont pas en ligne, « connectées ». Les vrais contacts se font avec des personnes réelles. Le pasteur marche avec ses brebis, sent leur odeur et leur chaleur. Celles-ci ont la priorité et méritent une grande part de notre attention.
Évaluation personnelle :
- Est-ce que j’utilise les réseaux sociaux pour évangéliser ?
- Qu’est-ce que j’exprime avec tout ce que je publie sur les réseaux sociaux : les images, les photos, les vidéos, les textes, …
Par: Patient Bahati, M.Afr.