Notre Dame d’Afrique, Mère de l’Espérance

La basilique Notre-Dame-d'Afrique, Algeria

Dans la litanie de la Sainte Vierge Marie, on invoque Marie mère de l’espérance. En effet, dans le quotidien de nos vies, pleines de hauts et de bas, de joies et de peines, de bonheur et de malheur, de bienveillances et de violences, de rires et de souffrances, s’il nous manque l’espérance, la vie peut facilement perdre son goût et son sens. Nous sommes alors perdus, désespérés. Pour ne pas perdre l’espoir, nous avons besoin de rester encrer en celui qui est la source de la vie, la source de l’espérance.

« Nous avons été sauvés, mais c’est en espérance » écrit saint Paul aux Romains (8,24) ; il nous le dit à nous aussi. « La rédemption nous est offerte en ce sens que nous a été donnée l’espérance, une espérance fiable, en vertu de laquelle nous pouvons affronter notre présent » (cf. Spe Salvi, 2007), notre présent, même un présent pénible, tel que des situations angoissantes de perte de vie, de souffrances dans les guerres, de conflits, de tensions comme nous les vivons ou voyons à Gaza, à l’est du Congo (RDC), en Ukraine, en Somalie, en Birmanie (Myanmar), au Soudan, dans la région du Sahel, au Yémen, dans les environs de la mer Rouge, pour ne mentionner que quelques cas actuels.

Au milieu de toutes ces situations désagréables (surtout quand on n’y peut rien par nos propres efforts personnels), seule l’espérance peut nous faire vivre. Comme toutes les mères qui, souvent, ont l’habitude de promouvoir la qualité d’espérance pour leurs enfants, ainsi Marie, Notre-Dame d’Afrique, et notre mère à nous tous, ne cesse d’intercéder pour nous durant ces temps qui nous semblent incertains.

Aujourd’hui, notre monde est tourmenté par un manque de leadership réel qui, au lieu de tout faire pour arrêter les guerres, la violence, les tensions et les conflits de tous genres, les attise plutôt, malgré les avancées technologiques qui devraient nous aider à mieux progresser et non à reculer en humanité. L’expérience de la foi nous montre que Marie « brille comme une lumière qui attire à Dieu toutes les nations » (cf. les lectures de la solennité de Notre-Dame d’Afrique, le 30 avril) ; ces nations qui marchent dans la lumière du Seigneur sous la protection de Maman-Marie, se laissent illuminer par Lui.

Expérience de  Madame-Afrique à Alger

Située sur les hauteurs de la commune de Bologhine à l’ouest d’Alger, sur un promontoire dominant la mer Méditerranée de 124 m. d’altitude, la basilique Notre-Dame d’Afrique est captivante ! Construite en 14 ans, cet édifice d’une architecture imposante  est surnommée « Madame Afrique » ou « Lalla Myriem » par les habitants du voisinage. Souvent, quand on demande la direction pour y arriver, tout est plus facile et plus compréhensible pour les habitants quand on dit « Madame Afrique ». Le gros œuvre de la construction de cette basilique historique a été réalisé sous l’épiscopat de Mgr Pavy, entre 1858 et 1866. Le cardinal Lavigerie a achevé les travaux en 1872, et confié sa reponsabilité aux Missionnaires d’Afrique (Pères Blancs).

Dans le passé, durant les années 1930, les pèlerins de presque toute l’Algérie et des environs, gravissaient la côte pieds nus, récitant le chapelet à haute voix, venant à Notre-Dame pour chercher la consolation, la protection, la guérison, faisant un vœu ou venant l’accomplir. Des pêcheurs y faisaient bénir leurs filets ; on s’y rendait pour apporter un don après une bonne récolte, pour y renouveler les promesses de baptême, pour faire bénir les jeunes enfants. Souvent, on offrait des bougies ou des bouquets de fleurs pour les jeunes épouses catholiques ou parfois juives, ou même musulmanes, adressant des invocations à Lalla Myriem, comptant sur son intercession en toute circonstance (cf. Homélie du père Patient Bahati, le 30 avril 2020, à Rome).

Aujourd’hui, comme autrefois dans le quotidien de la vie en Algérie, nombreux sont les quelques centaines de personnes qui fréquentent la basilique Notre-Dame d’Afrique chaque jour. Parmi eux, on voit des femmes stériles, des femmes enceintes, des écoliers venant pour réussir les examens du BAC ou autres concours, des personnes souffrantes dans leur corps ou dans leur âme, ou simplement  pour des  visites de courtoisie/de curiosité ;  ces gens viennent allumer une bougie et prier tranquillement en invoquant Marie dans un recueillement silencieux. Même si la majorité des personnes viennent d’Algérie, un bon nombre viennent d’ailleurs et se confient à l’intercession de la Vierge Marie, Notre-Dame d’Afrique, source de joie et mère d’espérance pour tous.

Les nombreux témoignages de prières exaucées et de grâces obtenues sont exprimés par les ex votos qui couvrent les murs de cette basilique vivante et priante, symbole du dialogue interreligieux qui a désormais institué une journée mariale annuelle. Sur ces murs, les nombreuses plaques de pierre qui y sont gravées en toutes langues et datant de toutes les époques, témoignent que Dieu n’oublie pas les supplications des âmes sincères et justes : il accorde toujours ses grâces innombrables.

Au-delà des grâces obtenues, en venant physiquement à Notre-Dame, des grâces innombrables sont aussi obtenues par tous ceux qui invoquent son intercession bien au-delà de la terre algérienne où est située la basilique. Marie intercède donc non seulement pour l’Afrique, mais aussi pour le monde entier. Elle veut le bien-être de tous ses enfants sans exception. Ceci est confirmé par ses différentes apparitions dans pas mal d’endroits au monde  : à Lourdes en France, à Guadaloupe au Mexique, à Kibeho au Rwanda, à Fatima au Portugal, à Zeitoun en Egypte, à Akita au Japon etc.)

Comme François Varillion nous le rappelle dans son livre ‘Humilité de Dieu’, « Dieu est pure gratuité » : Il nous communique sa grâce gratuitement sans calcul, souvent par l’intercession de la Vierge Marie, elle qui ne fait ni de différences ni de calculs entre ses enfants.

Marie, étoile de l’espérance, intercède pour nous

Marie, mère de Dieu, mère de l’Eglise et mère de l’humanité, ne cesse pas d’intercéder pour nous tous pour une espérance étoilée. Nous trouvons la meilleure illustration de Maman Marie comme étoile d’espérance dans la Lettre encyclique du pape Benoit XVI Spe Salvi (L’espérance nous sauve). Vers la fin de de cette belle exhortation, Marie est évoquée dans les termes suivants :

«  Par une hymne du VIIe-IXe siècle, donc depuis plus de mille ans, l’Église salue Marie, Mère de Dieu, comme « étoile de la mer »: Ave Maris Stella.  La vie humaine est un chemin.  La vie est comme un voyage sur la mer de l’histoire, souvent obscur et dans l’orage comme nous le voyons ces-jours-ci ; un voyage dans lequel nous scrutons les astres qui nous indiquent la route, à l’exemple des rois mages. Les vraies étoiles de nos vies sont les personnes qui ont su suivre les étoiles de la droiture, l’amour et la vérité, la justice et la paix, la réconciliation, pour ne mentionner que ces valeurs chrétiennes et humaines. Les vraies étoiles sont des lueurs  d’espérance. Certes, Jésus Christ est la VRAIE lumière qui illumine le monde même si le monde préfère des fois les ténèbres à la lumière du Christ. Jésus est non seulement la vraie lumière, mais aussi le soleil qui se lève sur toutes les ténèbres de l’histoire. Cependant, pour arriver jusqu’à Lui, nous avons besoin aussi de petites lumières des uns et des autres. Et quelle personne pourrait, plus que Marie, être pour nous tous l’étoile de l’espérance – elle qui par son « oui » ouvrit à Dieu lui-même la porte de notre monde ; elle qui devint la vivante Arche de l’Alliance, dans laquelle Dieu se fit chair, devint l’un de nous, planta sa tente au milieu de nous (cf. Jn 1, 14) ? »  (Spe Salvi, 2007, n° 49).

En conclusion, notre humanité en pèlerinage sur cette terre, notre maison commune, devrait s’inspirer de la sagesse des paroles de la quatrième prière eucharistique pour des circonstances particulières intitulée ’Jésus est passé en faisant le bien’. Cette prière profonde invoque Dieu à faire en sorte que l’Eglise soit « un vivant témoignage de vérité et de liberté, de justice et de paix, afin que l’humanité toute entière se lève pour une espérance nouvelle ». Puissions-nous nous laisser interpeler et inspirer par la profondeur de cette prière par l’intercession de la Vierge Marie, Notre-Dame d’Afrique, mère de l’espérance.

Par: Vincent Kyererezi, M.Afr.

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