Frères et sœurs dans le Christ, en cette fête de la Sainte Famille, la Parole de Dieu tourne notre regard vers le trésor le plus sacré que Dieu ait placé entre les mains des hommes : la famille. L’Évangile nous présente Marie et Joseph protégeant l’enfant Jésus alors qu’ils fuient en Égypte, nous montrant que même les familles les plus saintes sont confrontées à la peur, au danger et à l’instabilité. Ils vivaient dans l’incertitude de l’exil, mais leur foi, leur courage et leur obéissance les soutenaient. La Sainte Famille nous rappelle que la sainteté dans la vie familiale ne se mesure pas à la perfection ou à l’absence de difficultés, mais à l’unité, au sacrifice, à la fidélité à Dieu et à un profond sens des responsabilités les uns envers les autres. Ben Sirach nous rappelle le lien sacré qui unit les parents et les enfants : « Ceux qui craignent le Seigneur honorent leurs parents » (Si 3, 2). Les parents sont appelés à guider, protéger et former leurs enfants, et les enfants sont appelés à honorer, respecter et prendre soin de leurs parents, en particulier dans les moments de faiblesse et de vieillesse (Si 3, 6.12-14).
Saint Paul poursuit cette invitation en nous appelant à nous revêtir de compassion, de bonté, d’humilité, de douceur, de patience et surtout d’amour, vertus qui ne sont pas facultatives dans un foyer, mais essentielles à la paix et à l’harmonie (Col 3, 12-14). Il enseigne en outre aux parents de ne pas provoquer leurs enfants, mais de les élever dans la discipline et l’instruction du Seigneur (Col 3, 21), nous rappelant que l’autorité dans la famille doit être exercée avec soin, guidance et tendresse, et non avec domination ou dureté.
Aujourd’hui plus que jamais, les familles sont confrontées à de réels défis. L’érosion des valeurs fondamentales, la rupture de la communication, l’envie, le ressentiment et le rythme effréné de la vie volent un temps précieux à ceux qui comptent le plus. Souvent, les familles ne se réunissent que pour des funérailles ou des urgences, rarement pour des moments de joie authentique. Nous sommes appelés à nous demander : célébrons-nous vraiment la présence de nos proches, les soutenons-nous dans leurs efforts et honorons-nous leurs efforts, qu’ils soient petits ou grands ?
Ben Sirach exhorte les enfants à prendre soin de leurs parents âgés, en reconnaissant les sacrifices qui leur ont donné la vie et leur ont permis de subsister (Si 3, 12). Parfois, le simple fait d’être ensemble en paix, sans haine, sans rivalité, sans rancune cachée ni querelles familiales, est une raison suffisante pour se réjouir. Ne soyons pas seulement des personnes qui souhaitent la paix aux morts tout en oubliant d’apporter la paix aux vivants. La paix véritable doit commencer dès maintenant dans nos foyers, à l’image de la paix et de la confiance de Marie et Joseph, et découler en fin de compte du cœur du Christ.
La Sainte Famille nous enseigne que les parents ont une mission sacrée : faire de leurs enfants une priorité, les guider avec amour et être véritablement présents. Le travail, l’ambition et les obligations sociales ne doivent jamais remplacer ou étouffer la responsabilité familiale. Familiaris Consortio nous rappelle que « la famille est la cellule première et vitale de la société et de l’Église » (FC, 17), soulignant le rôle des parents en tant que premiers éducateurs de la foi et de la vertu. Les enfants, eux aussi, doivent honorer leurs parents, les écouter et se laisser former. Un enfant qui refuse d’être guidé affaiblit les fondements du foyer, tout comme un parent qui néglige sa présence et son affection blesse le cœur de la famille. Chaque foyer chrétien est appelé à être une église domestique, un lieu où la foi, le pardon, le dialogue et la tendresse sont vécus chaque jour. Dans une Église domestique, l’eucharistie célébrée ensemble et les prières offertes en famille deviennent une école d’amour et de vertu, formant des cœurs capables de recevoir le Christ et de partager son amour avec le monde (Catéchisme de l’Église catholique, 1656-1658).
Nous notons également que la famille est une école de résilience. Dans l’Évangile de Matthieu, Joseph a obéi à l’ordre de l’ange et a emmené Marie et Jésus en Égypte pour protéger l’enfant (Mt 2, 13-15). Plus tard, il est revenu lorsque Dieu l’a permis, s’installant à Nazareth (Mt 2, 19-23). Ces déplacements n’ont pas été faciles : ils ont impliqué des sacrifices, des incertitudes et des risques. Pourtant, sa constance, son discernement et son amour protecteur démontrent que la sainteté dans la vie familiale se vit à chaque instant, souvent de manière invisible et méconnue. De même, nos familles sont souvent appelées à faire des sacrifices, à travailler de longues heures, à adapter leurs horaires, à prendre soin de parents âgés, à réconforter des enfants effrayés ou dans le doute ; c’est dans ces actes que la sainteté s’inscrit dans la vie quotidienne.
Les instructions de saint Paul en Colossiens 3 continuent de résonner dans nos foyers : revêtez-vous de compassion, de bonté, d’humilité, de douceur, de patience, et surtout d’amour. Supportez-vous les uns les autres, pardonnez-vous mutuellement comme le Seigneur vous a pardonné, et que la paix du Christ règne dans vos cœurs (Col 3, 12-15). Ces vertus ne sont pas des idéaux théoriques, mais des dispositions pratiques à vivre au quotidien : une parole douce à un enfant fatigué, de la patience lorsque des désaccords surgissent, le pardon après des conflits, et la joie dans les petits gestes de générosité. L’amour devient le ciment qui unit la famille, tout comme il a uni Marie, Joseph et Jésus, même dans le danger ou l’exil.
La dimension humaine de la famille ne peut être négligée. Les familles connaissent la fatigue, la frustration et les malentendus. Il y a des moments de jalousie, de mauvaise communication ou d’attentes non satisfaites. Pourtant, l’Écriture nous rappelle à plusieurs reprises que les familles sont sacrées parce qu’elles sont le contexte principal où l’amour humain rencontre l’amour divin (Éphésiens 5, 25-33). Les parents sont invités à aimer de manière désintéressée, en imitant l’amour du Christ pour l’Église, tandis que les enfants sont appelés à faire confiance, à honorer et à répondre à cette guidance. Le pape Jean-Paul II, dans ses réflexions sur la famille, a souligné que « la famille est le lieu où les enfants sont initiés à la vie, à l’amour et à la foi » (Familiaris Consortio, 36). Cette confiance sacrée exige de la patience, du courage, de l’humilité et de la persévérance ; c’est dans ces luttes que les familles grandissent en sainteté et en intimité avec Dieu.
Alors que nous célébrons le dimanche de la Sainte Famille, demandons au Seigneur de nous aider à reconstruire et à renforcer nos relations familiales avec sincérité. Puissions-nous apprendre à aimer plus profondément, à pardonner plus généreusement, à célébrer plus joyeusement et à nous soutenir les uns les autres sans envie ni ressentiment. Que nos foyers deviennent des lieux où règne la paix, où chaque membre est apprécié et chéri, et où la foi, la prière et la miséricorde sont toujours présentes. Que Marie, Joseph et l’Enfant Jésus intercèdent pour toutes nos familles, afin que nos foyers ressemblent à celui de Nazareth : simples, unis, fidèles et remplis de la présence de Dieu. Et que nos familles, nourries d’amour et de vertu, deviennent des phares d’espoir, enseignant au monde que la sainteté est possible dans les relations humaines ordinaires.
Joyeux dimanche de la Sainte Famille !
Par: Toby Ndiukwu, M.Afr.