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Quatrième dimanche de l’Avent Année A

Isaïe 7, 10-16 / Psaume 23 (24) / Romains 1, 1-7 / Matthieu 1, 18-24

Le Seigneur peut parfois nous surprendre et bouleverser nos habitudes, nos prévisions, notre confort et même notre façon de comprendre notre relation avec lui.

Voici le roi Acaz, un peu secoué par le Seigneur qui lui dit : « demande pour toi un signe de la part de ton Dieu. » Selon la spiritualité que l’on m’a enseignée, je répondrais comme Acaz : « Non, je ne mettrai pas le Seigneur à l’épreuve ».

Mais voici… Quand Dieu demande quelque chose, il faut répondre positivement, même si sa demande est parfois incompréhensible ou contraire à ce que nous avons appris.

Acaz reçoit alors cette prophétie : « Le Seigneur lui-même vous donnera un signe. Voici que la vierge est enceinte, elle enfantera un fils, qu’elle appellera Emmanuel, c’est-à-dire Dieu-avec-nous ».

L’histoire de l’humanité est bouleversée. Dieu-avec-nous se fera l’un de nous. Son annonce attendra quelques siècles pour s’accomplir, mais elle fait déjà son chemin dans l’espérance de tout un peuple. Dieu a pris une initiative qui va changer le monde, mais qui exige de lui un investissement considérable. Dieu le tout-puissant, le créateur du ciel et de la terre, le Roi des rois, le Prince de la vie, va un jour venir frapper à la porte de notre humanité pour y naître comme un enfant, humble et couché dans une mangeoire.

Quelques siècles plus tard, la promesse se fait réalité. Voici Joseph, un homme juste, prêt à renvoyer en secret celle qui lui est promise. Marie l’a informé du grand mystère qui l’habite. Elle est enceinte par l’action du Saint-Esprit. Joseph, un homme juste, croit en Marie. Il ne doute pas d’elle. Elle ne lui a pas été infidèle. C’est un trop grand mystère. Si elle est enceinte par l’action du Saint-Esprit, il ne peut pas, lui Joseph, s’attribuer la paternité de l’enfant de Dieu. Il ne s’en sent pas digne.

C’est alors que Dieu vient le bouleverser et lui confie la mission de prendre soin de Marie et de l’enfant qui naîtra. Et c’est même lui qui lui donnera le nom de Jésus, l’Emmanuel, Dieu-avec-nous. Ainsi il affirmera sur l’enfant son autorité paternelle.

C’est bien là le cœur de l’annonce de Paul aux Romains : « Cet évangile que Dieu avait promis d’avance par ses prophètes concerne son fils qui, selon la chair, est né de la descendance de David. »

Cet évangile, c’est la bonne nouvelle déjà annoncée par le prophète Isaïe au roi Acaz. Ce fils, l’Emmanuel, Jésus, est né de la descendance de David, par Joseph qui lui donnera son nom.

Et Paul de l’annoncer à toutes les nations païennes, à toutes les nations autres que celle d’Israël, à nous qui en recevons encore aujourd’hui la bonne nouvelle.

Cette bonne nouvelle a bouleversé Joseph. Il a pu répondre positivement à l’appel de Dieu, même si le mystère était bien trop grand à porter par son être humain aussi fragile.

Joseph fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit. Il prit chez lui son épouse avec l’enfant qu’elle portait.

Cette bonne nouvelle nous bouleverse-t-elle encore aujourd’hui ? Nous bouleverse-t-elle dans nos habitudes, dans notre confort, dans la façon dont nous comprenons notre relation avec Dieu ?

A quelques jours de la nativité de ce Dieu-avec-nous il est bon de nous en poser la question. Nous sommes tellement habitués à fêter Noël que le risque est bien là de ne vivre cet évènement que comme une habitude.

Alors laissons-nous être bouleversés par cette bonne nouvelle. Dieu, le tout-puissant, s’est fait l’un de nous, humain, semblable à nous en toute chose, sauf le péché. Dieu le tout puissant, en Jésus, est ici au milieu de nous, tout proche de nous, l’un de nous. C’est inimaginable ! Quelle humilité de la part de Dieu ! Quel risque aussi ne prend-il pas ? Le risque d’être rejeté et mis à mort ! Mais c’est cela l’amour, le véritable amour sans limites, sans retour. Un amour tout gratuit nous est donné en Jésus.

La promesse de Dieu s’est ainsi réalisée en Jésus, l’Emmanuel, Dieu-avec-nous. Et elle continue à se réaliser jour après jour. Dieu ne cesse en effet de nous rejoindre, de venir s’incarner quotidiennement en nous. Dieu ne cesse d’être Dieu-avec-nous, proche de tous ceux qui peinent, de ceux qui attendent de lui un signe d’amour.

Jésus est sans doute là à notre porte, dans la présence d’une personne dans le besoin, dans la présence d’une personne oubliée et rejetée. En parcourant notre ville, notre quartier, notre village, restons éveillés. Ne nous fermons pas à l’inattendu, à celui ou celle qui, en Jésus, captera notre attention et réclamera de nous un signe d’amour.

Noël, c’est tous les jours quand notre cœur s’ouvre et accepte d’être bouleversé dans nos habitudes, quand nous répondons, comme Joseph, positivement à une mission que Dieu nous confie et qui vient nous sortir de notre petit confort habituel pour nous ouvrir à l’inattendu d’un amour à donner, d’un signe à ne pas refuser quand Dieu nous demande de le donner.

Pour que Noël ne soit pas une habitude, mais un évènement nouveau, digne d’être célébré, ouvrons notre cœur à l’inattendu.

Par: Georges Jacques, M.Afr.

Dans l’esprit de Lavigerie, vivre simplement, avoir confiance en la Providence

Il y a des moments dans notre cheminement missionnaire où l’évangile nous appelle non seulement à prêcher avec des mots, mais aussi à parler avec notre vie. Pour moi, vivre la vocation missionnaire aujourd’hui signifie m’efforcer d’incarner l’héritage du cardinal Charles Lavigerie dans un monde très éloigné du sien, mais toujours profondément marqué par son esprit. Lorsque je réfléchis au thème « Vie matérielle et mission », je me retrouve sans cesse à revenir à un mot qui est devenu une pierre angulaire de notre Société : la simplicité.

Un mode de vie simple : la liberté de l’évangile

Lavigerie ne concevait pas les missionnaires comme de simples agents de charité ou de doctrine. Il les concevait comme des hommes entièrement donnés au Christ, libres de tout attachement mondain et enracinés dans le peuple qu’ils servaient. Pour lui, la simplicité n’était pas un statut économique, mais une orientation spirituelle, une liberté du cœur.

Pour moi, vivre simplement signifie discerner constamment : de quoi ai-je vraiment besoin pour servir la mission ? Il ne s’agit pas d’embrasser la pauvreté pour elle-même, mais d’aligner nos vies sur les valeurs du Royaume. Il s’agit de désencombrer nos cœurs, afin d’être plus disponibles pour l’Esprit et pour les personnes que nous servons.

La simplicité comme témoignage prophétique

Le consumérisme de notre époque n’est pas seulement économique ; il est aussi spirituel. Il alimente l’illusion que nous sommes autosuffisants, que le bonheur vient de l’accumulation, et que le confort est la mesure du succès. Dans un tel monde, notre choix de vivre simplement devient un signe prophétique.

J’ai souvent été témoin de la façon dont les communautés locales comprennent intuitivement quand un missionnaire partage véritablement leur vie. Elles ne l’expriment peut-être pas en termes théologiques, mais elles reconnaissent l’humilité, la présence et l’authenticité. Ce témoignage silencieux, plus que les mots, est ce qui attire les gens vers l’évangile.

Pauvreté et mission : maintenir la tension

Je dois toutefois avouer que ce n’est pas toujours facile. La mission nécessite des ressources. Les maisons de formation, les écoles, les dispensaires, les véhicules, tout cela nécessite des fonds. Comment concilier la pauvreté évangélique avec de tels besoins matériels ?

J’ai appris que la réponse ne réside pas dans le fait d’avoir moins, mais dans le fait de posséder moins, d’être des intendants et non des propriétaires. Comme l’a écrit Lavigerie, « nous ne devons avoir que ce qui est nécessaire à la mission, et rien de plus ». Il y a une liberté dans cette phrase. Elle permet de répondre aux besoins réels de la mission, tout en gardant notre cœur détaché et ouvert.

Entre autonomie et aide : le chemin de la communion

L’un des défis auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui est l’équilibre entre l’autonomie financière et la dépendance de l’aide extérieure. Notre fondateur a accepté le soutien généreux de bienfaiteurs européens, mais il était clair : la mission ne doit pas être façonnée par la main qui la finance.

À notre époque, je crois que nous devons cultiver un esprit de communion tant dans le don que dans la réception. Nous travaillons à une plus grande autonomie financière, non pas parce que nous voulons nous isoler, mais parce que nous voulons assumer la responsabilité de notre mission. Mais cette autonomie ne doit jamais nous faire oublier la grâce de l’interdépendance dans le Corps du Christ.

Bien gérer, faire pleinement confiance

Enfin, je crois que la clé réside dans une bonne gestion de nos ressources, mais toujours dans un esprit de confiance. La providence divine n’est pas une excuse pour une mauvaise planification, pas plus que la planification ne remplace la foi. Dans mon propre ministère, j’ai vu comment les initiatives nées de la prière, du discernement et de la collaboration fraternelle portent leurs fruits.

Je pense aux communautés qui ont installé des panneaux solaires, non seulement pour réduire les coûts, mais aussi pour respecter la création. D’autres ont créé des fonds de solidarité locaux pour soutenir les partenaires de mission dans le besoin. D’autres encore ont opté pour des logements simples et des moyens de transport limités, préférant la présence au prestige. Ce ne sont pas seulement des décisions budgétaires ; ce sont des choix spirituels.

Conclusion : revenir à l’esprit du fondateur

L’héritage de Lavigerie n’est pas une pièce de musée ; c’est un feu vivant. Sa vision pour notre Société était audacieuse, mais fondée sur la croix. Il voulait des hommes libres, libres de la peur, libres de la cupidité, libres pour aimer radicalement.

Je prie pour que, à notre époque, nous puissions retrouver cette liberté intérieure. Que notre mode de vie reflète non seulement la pauvreté du Christ, mais rayonne aussi de la joie de le servir d’un cœur sans partage. Que dans notre façon de gérer l’argent, les biens et la planification, nous puissions témoigner d’un Dieu qui pourvoit, qui envoie et qui soutient.

Par: Shiby Dominic, M.Afr.

Recycler à Noël : Un cadeau de Noël pour la Terre

À Noël, nous célébrons la naissance du Christ ; nous partageons et remplissons nos maisons de lumières, de cadeaux et de joie. Mais c’est aussi une période où nous produisons plus de déchets que d’habitude : emballages, boîtes, décorations et restes de nourriture. C’est pourquoi il est important de se rappeler que le plus beau cadeau que nous puissions faire à la planète est d’en prendre soin.

Nous pouvons célébrer Noël dans la joie tout en prenant soin de la planète. Recycler pour créer nos propres décorations réduit non seulement les déchets, mais stimule également notre créativité et nous invite à passer du temps en famille. Chaque bouteille, carton ou morceau de papier que nous transformons en une décoration unique nous rappelle que de petits gestes peuvent générer de grands changements. Faisons de ces fêtes un moment pour illuminer nos maisons tout en donnant à la Terre un peu de repos. Car lorsque nous recyclons, nous ne décorons pas seulement nos maisons… nous construisons également un avenir plus vert.

Recycler à Noël, c’est très simple. Nous pouvons trier le papier des emballages, réutiliser les sacs et les boîtes, et jeter le verre et le plastique dans les conteneurs appropriés. Nous pouvons également opter pour des décorations réutilisables et des cadeaux plus durables. Offrir une seconde vie à des objets, c’est aussi une belle manière de transmettre des valeurs.

Recycler, c’est cultiver la solidarité : en préservant les ressources naturelles, nous pensons au bien commun plutôt qu’au confort immédiat. C’est un acte de respect, pour la nature, pour le travail humain, et pour l’équilibre fragile de notre environnement.

Recycler, c’est transmettre une valeur d’espoir. L’espoir qu’un autre modèle est possible, plus durable, plus conscient, où chacun prend part à la solution. À travers ce geste simple, nous apprenons à mieux consommer, à mieux vivre ensemble, et à construire un avenir plus responsable.

En recyclant, nous affirmons notre responsabilité envers la planète et envers les générations futures. Nous montrons que chaque geste compte et que nos choix quotidiens peuvent avoir un impact positif. Si nous faisons tous notre part, nous pouvons profiter de fêtes tout aussi magiques, mais beaucoup plus responsables. Célébrons avec joie… et conscience la naissance du Christ. La planète mérite aussi un beau cadeau.

Par: Salvador Muñoz-Ledo R., M.Afr.

Annoncer le message d’espérance est-il encore pertinent pour l’Afrique et le monde africain?

Daniel 6, 12-28/ Psaume : Dn 3, 68-74/ Luc 21, 20-28

Chers frères et sœurs en Christ,

Hier, alors que je réfléchissais à ce que je pourrais partager avec vous en ce jour si important, le jour où nous célébrons la vie de notre fondateur, le cardinal Charles Lavigerie, une notification est apparue sur mon téléphone. Quand j’ai vérifié, il s’agissait d’un avis concernant un coup d’État en Guinée-Bissau, une ancienne colonie du Portugal, située en Afrique de l’Ouest. Puis mon esprit a commencé à tourner autour d’événements de guerre, de violence et de destruction.

Étonnamment, en consultant le texte de l’évangile d’aujourd’hui (Lc 21, 20-28), j’ai constaté que les mêmes images de guerre, de violence et de destruction sont décrites et rejouées. J’ai cependant été réconforté par la dernière phrase du texte évangélique d’aujourd’hui : « Quand ces événements commenceront, redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche » (Luc 21, 28) : un message d’espérance de la part de Jésus lui-même.

Les paroles de Jésus ont soulevé une question dans mon esprit : « Annoncer le message d’espérance est-il encore pertinent pour l’Afrique et le monde africain ? » En d’autres termes, annoncer le message d’espérance est-il toujours « approprié au temps, à la période ou aux circonstances actuelles » que traverse notre bien-aimé continent africain ? Ou encore, si Lavigerie revient aujourd’hui, trouvera-t-il pertinent d’envoyer des missionnaires d’espérance en Afrique ?

L’Afrique fait face à des défis qui remontent à son histoire récente. Elle a souffert d’environ 400 ans[1] de traite d’esclaves, environ 100 ans de colonisation,[2] et plus de quatre décennies de guerre froide.[3] À l’heure où nous parlons, elle est déchirée entre les puissants du monde : les États-Unis, la Russie et la Chine qui veulent, par tous les moyens, extraire ses ressources naturelles, détruire sans pitié ses magnifiques rivières et forêts, sans négliger le nombre de femmes et d’enfants piégés dans le cycle sans fin de guerres économiques et géostratégiques imposées à l’Afrique. Dans de telles circonstances, annoncer le message d’espérance devient pertinent et le cardinal Lavigerie, sans aucun doute, nous recommanderait de continuer à le faire. Cependant, il serait plus pertinent que nous, filles, fils, enfants et petits-enfants de Lavigerie, nous nous intéressions à mieux comprendre ce qui arrive aujourd’hui à l’Afrique et au monde africain.

La plupart d’entre nous, ici aujourd’hui, avons souffert, je soutiens, les conséquences de la Guerre froide commençant par Patrice Lumumba et Kwame Nkrumah, passant par la période de Thomas Sankara, allant jusqu’à l’époque de Mouammar Gaddafi. Avons-nous essayé de comprendre ce qui est arrivé à ces hommes que je viens de mentionner, ainsi qu’à de nombreux autres fils et filles d’Afrique ? Si ce n’est pas le cas, il est grand temps que nous nous reconnections à notre propre histoire. De cette manière, nous pourrons annoncer le message d’espoir, pertinent pour les peuples africains et le monde africain. Nous serons capables de « nous tenir debout, de garder la tête haute », d’annoncer le message d’espérance et de véritable « libération » au peuple africain. Si nous sommes en contact avec nos racines, cela aura du sens de se tenir à l’ambon et de dire : « […] relevez la tête, car votre rédemption approche » (Lc 21, 28).

Quand on entend parler de coups d’État, de femmes et de filles violées en République démocratique du Congo, au Sud-Soudan, au Soudan ; de filles kidnappées et de chrétiens tués au Nigeria ; de migrants mourant dans le désert de Libye dans l’espoir d’atteindre de meilleures perspectives en Europe ; quand on entend tant d’autres atrocités que subissent les filles et les fils de l’Afrique, nous sommes saisis par la peur. Cependant, comme le prophète Daniel, nous devons savoir que, même dans la fosse aux lions, Dieu ne nous abandonnera jamais (Dn 6, 23).

Mes chers frères et sœurs en Christ, célébrer la vie du cardinal Lavigerie revient à raviver son héritage en nous. Il faut se rappeler que l’Afrique, que notre Fondateur aimait et chérissait tant, se bat encore pour sa véritable libération. Nous avons souffert de la Guerre froide ; la génération qui nous suivra, je me permets de l’affirmer, souffrira probablement davantage à cause de la confrontation actuelle entre les États-Unis, la Russie et la Chine. À moins que les jeunes missionnaires ne prennent le temps d’imaginer de nouvelles façons d’évangéliser qui renforcent davantage le peuple africain. Les jeunes missionnaires sont appelés à passer des « aides caritatives » à « l’équité ». En d’autres termes, l’apostolat missionnaire doit s’efforcer de remettre en question et de changer les systèmes – locaux, nationaux et internationaux – qui maintiennent dans la misère et le désespoir les bénéficiaires de l’évangélisation.

Unis au cardinal Lavigerie, par l’intercession de Notre-Dame d’Afrique, Reine de la Paix, demandons au Christ de faire de nous de véritables messagers de l’espérance : « Quand ces événements commenceront, redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche » (Lc 21, 28).

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[1] Cf. Clark, «Number of African Slaves Taken by Each Nation per Century 1501-1866», African slaves taken by each nation 1501-1866| Statista [accessed 27/11/2025].

[2] Cf. Afrikan History, «How Long Colonisation Lasted in Africa», How Long Colonisation Lasted In Africa [accessed 27/11/2025].

[3] Cf. Blakemore, «What Was the Cold War – and Are We Headed to Another One?», Cold War facts and information | National Geographic [accessed 27/11/2025].   

Troisième dimanche de l’Avent Année A

Isaïe 35, 1-6a.10 / Psaume 145 (146) / Jacques 5, 7-10 / Matthieu 11, 2-11

Nous célébrons aujourd’hui le troisième dimanche de l’Avent, le célèbre dimanche de la joie. Avant d’entrer dans le message des textes bibliques, rappelons d’abord la logique derrière les textes liturgiques surtout pendant ce temps de l’Avent : la première lecture est une prophétie : Dieu parle par ses serviteurs les prophètes d’une promesse. Le psaume (surtout l’antienne) est une prière pour que cette promesse se réalise et dans l’évangile on voit Jésus réaliser cette promesse.

La joie à laquelle nous sommes appelés ce dimanche est en fait le fruit du salut que Dieu apporte. Dans un moment d’incertitude et de troubles, le sort du peuple de Dieu était loin d’être garanti. L’Assyrie menaçait tous les petits royaumes d’un côté ; de l’autre l’Égypte faisait trembler ses voisins ; au milieu, il y a le peuple de Dieu. Pire encore, les voisins directs de Juda, le royaume du Nord et la Syrie, ont fait alliance pour contraindre Juda à les rejoindre contre l’Assyrie. La situation est donc critique.
Au milieu de tout cela, le prophète Isaïe appelle son peuple à la joie, car le Seigneur vient les sauver. Ce salut se traduit par une renaissance et une restauration. Le prophète parle symboliquement du désert qui refleurit. Ceci veut dire que la gloire et la splendeur de Dieu seront visibles même dans la nature qui jadis était complètement morte ; elle revit et revoit la gloire de Dieu.

Un autre signe de la présence de Dieu et son salut au milieu du peuple sont les guérisons : les yeux des aveugles voient, les oreilles des sourds entendent, les jambes des boiteux marchent et la bouche du muet parle. À ceci s’ajoute la libération de ceux qui étaient captifs. Toutes ces actions du Seigneur sont source de la grande joie, une joie éternelle qui ne passera pas.

Le psaume responsorial est une prière pour que cette prophétie se réalise. Viens, Seigneur, et sauve-nous dit l’antienne. Sauve-nous de la famine, de l’oppression et de l’injustice, de la cécité ; en bref, que le Seigneur règne dans notre vie.

Dans l’évangile tiré de Matthieu, Jésus réalise cette prophétie. Fidèle aux enseignements des prophètes, le peuple de Dieu savait que, parmi tant d’autres signes du Messie, le Messie prendra sur lui toutes nos infirmités. Jean, dans sa cellule de prison, traverse une crise de foi et se pose la question : Jésus est-il vraiment le Messie ? En effet, il tarde à faire venir la vengeance de Dieu, vengeance dont Jean avait particulièrement besoin dans sa prison.

Mais Jésus répond en pointant sur ce que les écritures disent : la restauration : Les aveugles retrouvent la vue, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent et les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle. En d’autres termes, les promesses de Dieu du salut sont réalisées en Jésus. C’est la source de notre joie profonde. Dieu nous sauve en Jésus.

Au départ des envoyés de Jean, Jésus rappelle le message de Jean au peuple : Jean est celui qui criait dans le désert « Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour préparer le chemin devant toi ». Le salut de Dieu demande qu’on prépare un chemin pour Dieu. Dieu nous sauve, mais nous devons accepter ce salut pour avoir la joie profonde.

Le temps de l’Avent n’est pas seulement le rappel de la naissance de Jésus, il y a longtemps ; c’est surtout l’attente de la venue de Jésus dans la gloire. Jacques, dans la deuxième lecture, nous invite à une patience persévérante dans l’attente du Seigneur. Tenons ferme dans le salut déjà reçu du Seigneur pour attendre le salut définitif lors du retour du Seigneur Jésus.

Le salut est un processus continu. Par notre baptême, nous sommes sauvés du péché et incorporés au Corps du Christ, configurés au Christ. Tout comme une application a besoin d’un système d’exploitation pour fonctionner, nous, chrétiens, devons continuer à puiser en Jésus la force de notre salut. Nous avons besoin de nous nourrir quotidiennement de sa parole et de l’eucharistie pour maintenir notre salut. Notre salut est passé, présent et futur. Notre joie en tant que chrétiens vient de la relation ininterrompue avec la source de notre salut : Jésus.

Je termine avec une histoire qui s’est passée dans mon village d’origine, dans une paroisse tenue par les pères Xavériens. Lors d’une messe de baptême, les membres d’une famille devaient recevoir le baptême : le papa, la maman et leur fils, encore bébé. La maman fut d’abord baptisée, puis le bébé et enfin le papa. Lorsque le père prononça les paroles suivies des gestes de baptême, le papa éclata de joie et entonna un chant d’allégresse en sa langue maternelle. Il avait oublié que la messe n’était pas encore finie. Sa joie était d’être devenu fils de Dieu. Il prit son bébé dans ses bras et se dirigea vers le père pour lui poser la question : ce petit bébé est-il vraiment l’enfant de Dieu ? À la réponse positive du père, le papa a entonné un autre couplet pour manifester sa joie, a pris sa femme par la main et ensemble, ils ont commencé à danser de joie. Toute l’église se joignit à eux ; ce fut la meilleure catéchèse de la joie du salut ce jour-là.

Que nous exultions toujours de joie car le Seigneur est notre salut.

Par: Ghislain Mbilizi, M.Afr.

Dialogue ? Parlons-en simplement

Lorsqu’on parle de « dialogue », plusieurs l’entendent comme un néologisme forgé dans un cercle fermé, au sein de l’Église catholique, apparu presque concomitamment avec Vatican II. Et pourtant le dialogue est ce qui fait la spécificité de l’homme, sa caractéristique essentielle. Nous sommes fondamentalement dialogiques. Enlever le dialogue à l’homme, il n’y aura plus d’humain en lui. Comme élément caractéristique de l’homme, le dialogue se situe dans l’acte créateur de Dieu. Saint Augustin posait cette question fondamentale : Que faisait Dieu avant la création du monde ? (Quid facibat Deus ante creationem mundi ?) Il répondit : « il aimait » (amabat). C’est le mouvement de sortie de soi de l’amour de Dieu qui est à l’origine de la création. Or le chef-d’œuvre de la création de Dieu, c’est l’être humain. Ce dernier est capax Dei et capax amoris parce que créé par amour. Il est donc en permanence en dialogue avec le Créateur, avec ses semblables, avec lui-même et avec les autres créatures. Le dialogue constitue une sorte de toile dont l’homme est le centre agissant sur, et subissant l’action de l’environnement. Bien qu’étant en relation avec plusieurs instances, l’homme reste une unité indivisible, en même temps, humaine, croyante, chrétienne ou musulmane, citoyenne, artiste, etc.

L’enseignement actuel ayant tendance à la spécialisation, fait que les érudits considèrent chaque aspect de la toile. C’est ainsi qu’on est arrivé à parler de dialogue interreligieux, du dialogue social, du dialogue culturel, du dialogue interculturel, du dialogue de vie, du dialogue des œuvres, etc.

Avant Vatican II, l’Église avait un regard autoréférentiel. Elle se substituait au Royaume de Dieu, pendant qu’en son sein, plusieurs membres étaient laissés au bord du chemin. Le mérite du pape saint Jean XXIII fut d’amener la conscience de l’Église à reconnaître son enfermement et l’inviter à ouvrir ses portes et fenêtres. Son successeur, le pape saint Paul VI a invité l’Église à entrer dans le dialogue comme son action propre, afin de correspondre à son identité d’instrument de salut pour tous. Saint Paul VI voulait que l’Église redevienne le centre de la toile relationnelle en rétablissant le dialogue avec l’humanité en général, car tout ce qui est humain la concerne, mais aussi le dialogue avec les croyants monothéistes, le dialogue avec les tous les chrétiens et le dialogue en son sein même.

Qu’entendons-nous par dialogue interculturel et interreligieux ?

On entend par dialogue interculturel les attitudes suivantes :
-S’ouvrir à un monde pluriel : se considérer comme étant un élément parmi tant d’autres ;
-Avoir un regard positif sur l’autre différent de soi : se débarrasser des préjugés sur les autres et regarder les autres comme détenteurs de valeurs ;
-Accepter d’apprendre de l’autre : regarder les autres comme complémentaires à moi ;
+Respecter l’autre dans sa différence : laisser l’autre être lui-même, sans aucune volonté de vouloir qu’il soit comme je voudrais qu’il soit. L’autre devient un don à recevoir et non une menace.
Quant au dialogue interreligieux, il est essentiellement une recherche de la vérité. Cette dernière n’est possédée ni par moi, ni par mon interlocuteur. Elle s’impose à nous deux dans l’intersection de nos discours. La vérité, c’est Dieu lui-même : il n’est l’apanage d’aucune tradition religieuse, ni d’aucune théologie. Il se révèle à tous et de diverses manières que l’intelligence humaine ne peut soupçonner.

En tant que témoins de l’amour de Dieu, comment pouvons-nous aborder la question du dialogue interculturel et interreligieux ?

C’est en s’écoutant mutuellement que nous entrons davantage dans la connaissance du mystère. Comportons-nous sur le terrain du dialogue comme Moïse devant le buisson ardant : enlevons nos préjugés sur les autres et laissons-nous instruire par le Tout Autre. Pour mieux résumer le sens du verbe dialoguer, le pape François recourt aux verbes suivants : se rapprocher, s’exprimer, s’écouter, se regarder, se connaitre, essayer de se comprendre et chercher des points de contact (Fratelli Tutti, 198).

Comment promouvoir, à la lumière de l’évangile, des valeurs universelles transcendant les différences culturelles et religieuses ?

Jésus est le modèle pour entrer en dialogue. Il va à la rencontre même des païens et découvre en eux « une grande foi » qu’il n’avait pas trouvée chez ceux qui étaient sensé l’avoir. Le dialogue est un acte d’amour qui fait sortir de soi-même pour aller vers l’autre qui, au début, semble étranger et qui, à la fin, devient un frère. Le pape François dit : « Celui qui dialogue est bienveillant, reconnaît et respecte l’autre ». Une démarche allant du « nous et eux » vers un « nous » fraternel.

Comment pouvons-nous favoriser la création d’un environnement propice à la coexistence pacifique et à la collaboration entre diverses communautés ?

Le dialogue vise-t-il la recherche de la paix ? La paix est la conséquence de l’attitude de ceux qui recherchent la Vérité en vérité. Le dialogue est donc l’élément important qui favorise l’harmonie dans la création que Dieu a créée en la différenciant : jour et nuit, ciel et terre, terre ferme et mer, homme et femme, etc. Ces différences ne sont pas des contraires antagoniques mais des compléments. Le cardinal Lavigerie avait une vision claire sur la complémentarité des différences lorsqu’il mettait en garde les premiers novices : « Je ne garderais aucun de vous qui n’aurait pas le même amour pour tous les membres de votre Société, de quelque nationalité qu’il soit ». Ainsi, notre Fondateur a fait de notre Société un laboratoire du dialogue interculturel, un signe du Royaume.
Qu’il soit clair qu’on n’entre pas en dialogue avec un esprit dogmatique. L’on doit avoir une ouverture d’esprit qui donne son point de vue et qui accueille le point de vue de l’autre avec respect et, surtout, qui y décèle la valeur transcendante aux deux points de vue.

Par: Pascal Kapilimba, M.Afr.

Roman Stäger R.I.P.

Société des Missionnaires d’Afrique
Le Père Josef Buholzer, Délégué Provincial du secteur de Suisse,
vous fait part du retour au Seigneur du Père

le mercredi 10 décembre 2025 à Riaz-Fribourg (Suisse)
à l’âge de 91 ans dont 67 ans de vie missionnaire
en Tunisie, en Algérie, au Liban, en Grande-Bretagne, au Yémen, en Italie et en Suisse.

Téléchargez ici le faire-part de décès du Père Roman Stäger

Né à :
Baden
le 12/07/1934
Année SpirituelleSerment MissionnaireOrdination sacerdotale
Diocèse :
Bâle-Basel
27/09/195417/06/195801/02/1959
Nationalité :
Suisse
Maison-Carrée
(Algérie)
Carthage
(Tunisie)
Fully
(Suisse)

Bionotes

01/09/1959Etudes IslamiquesLa ManoubaTunisie
15/12/1961ProfesseurGhardaïa, D. LaghouatAlgérie
01/01/1966Direct. C.E.C.GhardaïaAlgérie
02/10/1967Anim. MissionnaireLucerneSuisse
01/09/1972Dir. Centre Pré-Form.El Oued, D. LaghouatAlgérie
30/06/1973Dir. Centre Form.Biskra, D. ConstantineAlgérie
01/01/1975Conseiller RégionalAlgérie
01/03/1976Projet RéfugiésChoukineLiban
01/09/1977Etudes d’anglaisLondonGrande-Bretagne
11/01/1978Ecole Enf. DélinquantsSana’aYemen
02/02/1984Réside àRoma, M.G.Italia
01/06/1984Carit. Int. :VaticanRoma, M.G.Italia
06/10/1992Econome diocésianLaghouat, D. LaghouatAlgérie
15/06/1994Vicaire Général ProvOuarglaAlgérie
01/10/1995Econome diocésainAlgérie
12/01/1996Sec.Gén.dela CERNAAlgérie
01/09/1996Econome DiocésainOuarglaAlgérie
01/07/1998Econome DiocésainGardaïa, D. LaghouatAlgérie
08/10/2001EconomeRoma, PISAIItalia
01/07/2005Retour ProvinceSuisse
28/10/2005App. Econ. Secteur SseFribourgSuisse
03/07/2006Elu ConseillerSuisse
01/07/2012AdministrationFribourgSuisse
10/12/2025DCD (91)Riaz-FribourgSuisse

Solennité de l’Immaculée Conception de la Bienheureuse Vierge Marie, 2025

Conçue sans péché, sans esprit de tromperie ni de manipulation

Genèse 3,9-15.20 / Psaume 97(98) / Éphésiens 1,3-6.11-12 / Luc 1,26-38

Aujourd’hui, l’Église célèbre la très importante solennité de l’Immaculée Conception de la Bienheureuse Vierge Marie. Nous la fêtons pour honorer Marie, notre mère, comme la seule personne humaine conçue sans péché. Les saints Joachim et Anne, parents de Marie, étaient aisés, mais ils choisirent de mener une vie très simple, en partageant leurs richesses avec les pauvres et en vivant dans la piété. Ils ne cessèrent de prier Dieu pour un enfant, promettant que s’Il leur en donnait un, ils le consacreraient à son service. Dieu ne pouvait douter de cette promesse, car bien que riches, ils ne laissèrent pas l’orgueil détruire leur foi. En effet, ils reconnaissaient Dieu comme la source de leurs biens qu’ils utilisaient pour sa gloire. Ils étaient prêts à être les parents de Marie, car leur foi et leurs intentions préparèrent le terrain pour sa conception. Ce fut le fondement sur lequel Dieu bâtirait Son plan pour la venue de notre Sauveur, Jésus-Christ. Quand nous contemplons la vie de Marie, sa simplicité, son humilité, sa persévérance, nous pouvons plus aisément croire qu’elle fut vraiment conçue sans péché.

La première lecture de ce jour révèle les racines du mal : la tromperie, la manipulation, la corruption, la diversion et autres manœuvres rusées qui éloignent les êtres de l’amour de Dieu. Elles sont souvent employées par des personnes qui paraissent extérieurement bonnes et innocentes, mais qui, en réalité, détruisent l’ordre social.

Dans cette lecture, quatre personnages apparaissent : Dieu, Adam, Ève et le serpent. Dieu désire une vie de grâce pour Adam et Ève (l’humanité), mais le serpent (le diable) cherche à ruiner ce dessein. Il prétend offrir un conseil meilleur que celui de Dieu. Il trompe la femme, qui se laisse séduire, et par elle, Adam consent à son tour. Après cela, le serpent disparaît. Une fois que les traîtres ont atteint leur but, ils quittent la scène, laissant leurs victimes affronter seules les conséquences. Telle fut désormais la situation d’Adam et Ève, et la culpabilité commença aussitôt à les torturer. Ils tentèrent de fuir, sans savoir où aller. Aujourd’hui encore, il existe des traîtres. Ils peuvent prendre la forme de nos propres désirs, d’autres personnes, ou d’attraits extérieurs tels que l’argent, le pouvoir, la richesse, la renommée, etc. Toutes ces choses nous séduisent et nous égarent.

Cette lecture soulève la question de la responsabilité. Dieu appelle Adam et lui demande où il était. Adam dut porter la plus grande part de blâme. Malgré sa tentative de rejeter la faute, Dieu le tint pour responsable, car il lui avait été confié le jardin et Ève. Dieu condamna ensuite le serpent pour avoir trompé Ève et Adam et détruit la confiance qu’Il avait établie en eux. Dans la plupart des cas, les traîtres croient passer inaperçus, mais leurs actes finissent par les trahir et ils subissent tôt ou tard les conséquences de leurs actions. Dieu leur laisse la liberté d’agir, et ils se croient vainqueurs, mais la justice advient en son temps. Une fois la confiance détruite, l’inimitié remplace l’amitié, la solidarité cède le pas à l’égoïsme, l’unité à la division et l’harmonie au chaos.

L’évangile de Luc rapporte l’histoire de l’Annonciation, nous présentant Marie comme la femme choisie pour porter le Fils de Dieu, celui qui restaurera notre relation brisée avec le Père. Le message était bouleversant et effrayant, mais Marie y reconnut la voix de Dieu. Comme ses parents, elle reconnut Dieu comme la source de sa vie. C’est ainsi que Marie fut préparée à devenir la Mère de Dieu.

Une bonne action ou une décision juste est une semence plantée qui grandira de génération en génération et portera beaucoup de fruits. Les parents ont un rôle immense à jouer en transmettant de bonnes valeurs morales à leurs enfants ; les décideurs politiques, en édictant de bonnes politiques, orientent la société sur la voie à suivre. Les dirigeants en général doivent établir de bonnes lois et normes sociales, non par intérêt égoïste comme Adam et Ève, mais pour les générations futures, comme Marie l’a montré.

Dieu a confié à l’humanité la tâche de soumettre le monde, non seulement pour sa propre famille ou sa communauté, mais afin de faire de la terre une vraie maison pour tous les peuples et toutes les générations. Les saints Anne et Joachim semèrent les graines de la piété et de la générosité qui portèrent un fruit abondant en Marie. La foi de Marie donna naissance au fruit incommensurable qu’est Jésus. Quand nous reconnaissons que tout ce que nous avons vient de Dieu et que nous en sommes les intendants plutôt que les propriétaires, alors Dieu peut accomplir des merveilles à travers nous. Nous sommes donc bénis avec Marie car, à travers elle, l’amour de Dieu pour l’humanité atteint son accomplissement en Jésus-Christ.

Comme la deuxième lecture nous le rappelle, Dieu a envoyé son Fils par amour pour nous, afin qu’à travers Lui nous soyons tous sauvés. Le monde peut, à première vue, sembler livré au mal, en raison des nombreux défis qui l’habitent mais, en vérité, il demeure rempli de bonté et de bénédictions. C’est pourquoi nous rendons grâce à Dieu pour son Fils Jésus, qui nous a montré comment cultiver de bonnes mœurs et de bonnes habitudes, car celles-ci nous permettent de jouir pleinement des richesses qu’Il nous a données. Marie, les saints, les martyrs, ainsi que notre fondateur, le cardinal Lavigerie, nous ont tracé le chemin du sacrifice, de la charité et de l’abnégation qui conduit au mystère caché de Dieu (Mt 10,39).

Par: Josephat Diyuo, M.Afr.

Deuxième dimanche de l’Avent Année A

Appelés à être et à agir à partir d'un vase pur, c'est-à-dire d'un cœur pur nourri par la prière, la conversion constante et l'amour actif.

Isaïe 11, 1-10 / Psaume 71 (72) / Romains 15, 4-9 / Matthieu 3, 1-12

« Un jour, le vieux Thierno m’a demandé de lui servir un verre d’eau. Quand je le lui servis, je me suis rendu compte que l’eau n’était pas propre. Alors je lui dis « Vieux Thierno remettez-moi l’eau, je vais changer de verre ». Quand je lui ai dit cela, il a retenu ma main et m’a fait signe de m’asseoir. Alors il m’a demandé « c’est l’eau qui n’est pas propre ou le verre dans lequel tu m’as servi qui n’est pas propre ? » En y réfléchissant, je me suis rendu compte que l’eau sortait d’une bouteille neuve que je venais moi-même de déboucher. Donc cela ne pouvait pas être du fait de l’eau mais bien du verre. Thierno me regarda et me dit que cette nuance, aujourd’hui toute la société la fait. Beaucoup de gens pensent que c’est l’eau qui est sale, alors qu’en réalité c’est le réceptacle lui-même qui est sale dès le début.

Beaucoup de gens critiquent la religion alors qu’en réalité les enseignements ont toujours été les mêmes, mais les personnes qui reçoivent ces enseignements à l’intérieur d’elles-mêmes sont sales et obscures. Nos problèmes, ce sont les cœurs. Les cœurs sont malades et déshumanisés et les gens ne s’en rendent pas compte. Comment voulez-vous que d’un cœur malade puisse sortir quelque chose de positif, de constructif ? Et après on accuse Dieu, on accuse l’autre, alors qu’en réalité c’est en nous, à l’intérieur de nous-mêmes qu’il y a un problème. Un réceptacle qui n’est pas propre, vous pouvez y mettre n’importe quoi, ce récipient va salir la chose, peu importe la valeur de ce que vous venez d’y placer. » (Histoire adaptée par Jean-Paul Guibila du livre de Monique Mazars, A cœur ouvert, Sirius Éditions, 2025)

Et nous dans tout ça ?

La Parole de Dieu de ce deuxième dimanche de l’Avent nous appelle à déblayer les obstacles de notre cœur. L’histoire du vieux Thierno nous rappelle que l’Avent nous invite à être et à agir à partir d’un réceptacle propre, c’est à dire d’un cœur pur qui se nourrit de la prière, de la conversion constante, de l’amour agissant.

Le temps de l’Avent, temps d’attente joyeuse nous fait comprendre que cette attente ne s’identifie pas à l’inaction et que nous ne devons pas penser que nous sommes d’ores et déjà sauvés car nous sommes chrétiens, voire missionnaires. « Convertissez-vous » nous exhorte saint Jean. Cette attente est la recherche dynamique de la miséricorde de Dieu, c’est la conversion du cœur, c’est la recherche de la présence du Seigneur qui est venu, qui vient et qui viendra.

Le temps de l’Avent, en définitive, est « une conversion qui passe du cœur aux actes et par conséquent à la vie entière du chrétien » (Saint Jean-Paul II).

L’espérance (thème de l’année jubilaire) nous remplit de vie et de consolation, et surtout de la certitude de notre rédemption, accomplie en Jésus-Christ. Mais pour attendre dignement la venue de notre Rédempteur, nous devons bien préparer notre « verre ou réceptacle », c’est-à-dire notre âme. C’est pourquoi l’Évangile met dans la bouche de Jean-Baptiste cette invitation pressante, écho identique de l’annonce messianique du prophète Isaïe : « Une voix crie dans le désert : préparez le chemin du Seigneur, aplanissez ses sentiers » (Mt 3, 3 ; Is 40, 3).

Préparer le chemin du Seigneur signifie parcourir un chemin de conversion (qui est avant tout une remise en cause personnelle) à travers une vie de grâce, la prière, la réception digne des sacrements ; à travers l’humilité, la charité, le service, le pardon, la générosité dans les relations avec nos semblables et la recherche sincère de Dieu en toutes circonstances. Passer de l’installation à la désinstallation, du ‘je’ au ‘nous’, le tout avec Jésus comme boussole.

À notre réflexion et prière personnelle

Le vieux Thierno, en lien avec la Parole de Dieu de ce deuxième dimanche de l’Avent, nous invite à une introspection : avant de questionner (remettre en cause) les autres, questionnons-nous nous-mêmes. Avant de vouloir recevoir Jésus qui naît en notre cœur, demandons dans quel état de récipient nous voulons le recevoir. Avant de proclamer le Maître, enlevons nos sandales, soyons humbles car nous ne sommes qu’un petit crayon qu’Il utilise pour écrire son message d’amour pour l’humanité. C’est à ce prix que nous aiderons à accomplir la première lecture de ce deuxième dimanche de l’Avent (Is 11,1-10).

Si nous voulons que Jésus nous trouve bien disposés, accomplissons des œuvres de vie chrétienne authentique ; cela signifie « porter des fruits de conversion », et ouvrons grand notre cœur au Christ, en bannissant de nous tout égoïsme, tout orgueil, tout sectarisme, en abattant les murs de division, de haine, de sectarisme afin qu’Il puisse naître dans notre âme, dans notre quotidien en cette période de préparation à la fête de Noël. Sa grâce nous suffit si nous y croyons et coopérons avec cette même grâce. Comme disciples du Christ empruntons et vivons l’invitation de Jean Baptiste qui nous interpelle personnellement et collectivement à être des ponts de paix, de justice, d’amour et de réconciliation pour nous-mêmes et pour le monde. Ce faisant, nous rendrons le règne de Dieu présent dans la société humaine. Amen

Joyeux Avent.

Par: Jean-Paul Guibila, M.Afr.

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