Frans Verresen (1927 – 2018) (PE n° 1091 – 2018/05)

Frans est né  le 19 août 1927 à Anvers. Son père était menuisier et sa mère vendait du pain. Frans fit les humanités classiques au collège Saint-Jean-Berchmans à Anvers, mais la rhétorique  au collège Saint-Joseph à Alost, parce que les V1 et les V2 menaçaient constamment la ville d’Anvers. Frans était membre de la KSA (Action Catholique des Etudiants). Il chantait dans la chorale de la cathédrale. En septembre 1945 il entrait chez les Pères Blancs à Boechout. Il fit le noviciat à Varsenare. Il fit la première année de théologie à Marienthal, les années suivantes à Heverlee. Il y prononça son serment missionnaire le 29 juillet 1951 et fut ordonné prêtre le 12 avril 1952. Ses professeurs  voient en Frans un homme cordial et sans façon, travailleur consciencieux et équilibré. Il ne fait pas de bruit, est discret et réservé, un peu timide même. Il est toujours prêt à rendre service et délicat dans ses relations. C’est un bon organisateur ; « il sera un excellent chef, ferme mais compréhensif ». Sa conviction religieuse est solide. Ils notent tous qu’il réussit admirablement dans les mouvements de jeunesse. Après son ordination, Frans obtient à l’université de Louvain (côté francophone) une « licence en Sciences pédagogiques et en Orientation professionnelle » (1952-1956).

Le 10 octobre 1956 Frans s’envole pour le Congo. Il débute comme vicaire et directeur des écoles à Shabunda (diocèse de Kasongo). Une année plus tard nous le trouvons à Kasongo même, où il est nommé inspecteur des écoles, en juillet 1958. Il assurera aussi la direction du collège. En mars 1961 les troubles qui suivent l’indépendance l’obligent à rentrer en Belgique. Après la grande retraite à Villa Cavalletti, il est nommé, en décembre 1961, recteur du petit séminaire de Mungombe, où il enseigne le latin, l’histoire et la religion. En juillet 1963 Frans retourne à Shabunda comme professeur de religion à l’athénée. En juillet 1964 il quitte une fois de plus le pays qui ploie sous la révolte des Mulélistes. Pendant une année il donne des cours aux vocations tardives à Thy-le-Château. En juillet 1965 Frans fait un aggiornamento en catéchèse à Lumen Vitae, ce qui constituera un vrai tournant dans sa vie.

En juillet 1966 il rejoint le Centre interdiocésain de catéchèse à Bukavu. L’insurrection de Schramme l’oblige une fois de plus à quitter le pays. En Belgique il participe à l’animation missionnaire et prêche des retraites. De retour à Shabunda en juin 1968, il enseigne la pédagogie au collège Don Bosco. En 1971 il est nommé responsable diocésain de la catéchèse et à Kasongo il fonde en 1972 le Centre catéchétique d’Itemene. En 1980 Frans est vicaire à Kakutya. En 1983 il reprend son poste au Centre catéchétique, entre temps transféré à Kinkungwa. Pendant les troubles de 1991 Frans est évacué et va donner un coup de main aux confrères de la paroisse du Sacré-Coeur à Anvers. Quelques mois plus tard il retourne à Kinkungwa. En octobre 1993 il est chargé de la formation spirituelle des Soeurs franciscaines à Sola.  En mars 1997 Frans est une fois de plus évacué vers la Belgique. En août il devient aumônier à la Fomulac près de Bukavu. Sa dernière importante nomination l’emmène à l’archidiocèse de Lubumbashi, à Katuba Sainte-Bernadette.

Frans y devient rapidement la référence dans le domaine de la catéchèse. Il devient responsable de la formation de tous les catéchistes bénévoles des 40 paroisses que compte la ville. Pour eux il organise chaque année plusieurs sessions. L’archevêque avait pleine confiance dans la façon d’évangéliser des Pères Blancs et obligeait toutes les paroisses de suivre le système de 3 à 4 années de catéchuménat. Bien que Frans n’ait jamais été curé lui-même, il est excellent pédagogue et enseignant. A la paroisse Sainte-Bernadette il a pendant des années assuré avec enthousiasme les trois jours de retraite pour les centaines de catéchumènes durant la Semaine Sainte. Les homélies de Baba Frans furent aussi fort goûtées, tant pour le contenu que pour le beau langage. Il aimait le rite congolais, et chantait alors à gorge déployée et dansait. Les cours de Bible qu’il assurait au noviciat des Soeurs de St-Joseph furent appréciés, ainsi que ses enseignements chez les Soeurs de Ste-Ursule. Frans était toujours prêt à accomplir ce que le curé lui demandait: présider les célébrations çà et là, aller administrer les derniers sacrements, visiter les malades… Tout cela à pied, parfois à de grandes distances. Ce n’est qu’à partir de ses 80 ans qu’il commença à prendre les transports publics ou qu’il acceptait de se faire conduire (il n’a jamais conduit lui-même). Les gens étaient ravis de le rencontrer en rue et de bavarder avec lui. Il aidait aussi beaucoup de pauvres. En 2010 Frans écrivait encore dans « Kerk en Leven »: « De grands richards passent en trombe dans les rues dans leurs voitures rutilantes, mais dans les quartiers populaires il y a beaucoup de misère ».

Le 12 juin 2014 le Conseil de la PAC décida qu’il valait mieux que Frans rentrât définitivement en Belgique. Ce dernier opta pour un retour « chez lui », à Anvers. Il n’était plus du tout en forme  mais ne semblait pas s’en rendre compte. Quelques mois plus tard les responsables jugèrent qu’un transfert à Avondrust (Varsenare) s’imposait. Frans subissait tout avec résignation, tout en se demandant pourquoi il n’était plus en Afrique…  Il lisait encore de gros livres et écoutait les opéras connus, pendant qu’il chantait et battait la mesure. Il manquait cependant de plus en plus de souffle. Son état général baissait. Il décéda à l’hôpital Saint-Jean à Bruges le vendredi matin 9 mars 2018. La liturgie d’adieu eut lieu le 14 à Varsenare, en présence de nombreux confrères. Qu’il repose en paix !

Jef Vleugels, M.Afr.

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