Servir les personnes vulnéables dans les paroisses de Kapaka et Kayuyu

Nous sommes en mission à Kipaka et détachés pour suivre le service de la nouvelle paroisse de Kayuyu, une mission du diocèse de Kasongo dans la province du Maniema en République Démocratique du Congo. Dans le passé, cette nouvelle paroisse de Kayuyu faisait partie de la grande paroisse de Saint-Michel Kampene comptant plus de 100 communautés chrétiennes. Kayuyu se trouve à mi-chemin entre Kindu et Kasongo, à une distance de plus de 200 kms de routes boueuses. Ces deux communautés chrétiennes, Kipaka et Kayuyu desservies par les Missionnaires d’Afrique sont parmi les communautés ayant des personnes très vulnérables dans des villages aussi très vulnérables. C’est cela qui continue, jour après jour, à confirmer et actualiser notre présence de témoins de Jésus parmi ces peuples. Ainsi nous comptons répondre à notre charisme et réaliser le rêve de notre cher fondateur, le cardinal Lavigerie.

Notre réalité

A Kipaka, nous vivons au milieu d’un peuple composé majoritairement de Wazimba. A Kayuyu, nous avons un peuple en majorité Rega. Ces deux communautés, malgré leurs appartenances ethniques différentes, traversent des défis assez similaires de vulnérabilité. Elles partagent une histoire semblable de grandes fragilités. Elles ont une culture et une organisation politicienne similaire.

Ces communautés sont enclavées, avec un peuple qui dépend de l’agriculture, de la chasse et de l’élevage. Pour avoir un emploi comme enseignant ou agent de l’Etat, il faut être fortement connecté et prêt à donner un pot de vin pour que le dossier soit validé. Ces communautés ont été victimes de beaucoup de situations difficiles, telles les guerres civiles et culturelles successives.

Nous vivons dans un milieu presque totalement abandonné par l’Etat. C’est un milieu où les routes n’existent presque pas. Il n’est possible de voyager qu’en moto, vélo ou à pied. Les plus forts économiquement peuvent voyager en avion, ce qui n’est possible qu’occasionnellement.

Les centres de santé sont éloignés des gens ; par conséquent, des pathologies devant être traitées à l’hôpital, sont traitées par les guérisseurs traditionnels présents dans les villages. Et les centres de santé ne sont pas très bien équipés pour aider les malades. En cas de décès, les gens cherchent à trouver les raisons de la mort dans la sorcellerie ; ce qui, souvent, crée des conflits terribles dans de nombreuses familles.

Notre apostolat

Ces réalités expliquent pourquoi les communautés se trouvent dans une situation de vulnérabilité extrême. Pour beaucoup de familles, on ne sait de quoi demain sera fait. Quand on visite les familles ou les individus, à la salutation seulement, les réponses sont toujours avec une note de manque d’espérance. Par exemple, « Magumu tu, Njala, tunavumiliya, mzuri Kidogo, tuko tu….. » [les problèmes seulement, la faim, on se force, un peu bien, nous sommes la…]. Avec ces réponses reçues seulement à la simple salutation, nous pouvons déduire à quel dégrée ils ont supporté la souffrance.

En principe toute société a des problèmes. Mais ce qui fait la différence, c’est de voir comment chaque société trouve les solutions à ses propres problèmes. Dans notre espace de pastorale, la population trouve ses solutions à sa façon selon les possibilités disponibles. Dans la plupart des cas ici, c’est la sorcellerie qui fait la loi car les pistes de solution sont souvent limitées. La cause de chaque problème humain doit être une personne qu’il faut identifier. Même en cas de mort, il faut consulter un medium pour savoir qui a tué. Conséquemment, il y a des conflits terribles qui nous amènent jusqu’à des règlements de compte.

A la suite du Christ, c’est pour nous une occasion de vivre et d’agir comme Jésus ici au Maniema. Lui qui était toujours présent au milieu de ceux qui souffrent et des marginalisés, etc… Comme nous le croyons, toute personne se trouvant dans une situation de fragilité trouve place dans le cœur de Jésus. Au Maniema, à la manière de Jésus, nous avons d’abord la mission d’être présent parmi les populations très vulnérables et abandonnées. Notre présence est une grande consolation pour elles. Notre présence se vit en réconfortant les hommes et les femmes, en écoutant leurs misères par un accompagnement pastoral et spirituel. Il nous arrive aussi assez souvent d’intervenir dans des cas d’injustice dans notre milieu.

La simple présence ne suffit pas. Il faut être capable de partager ce qu’on a avec ces peuples en situation vulnérable ; il faut qu’ils vivent la joie de l’Évangile que nous leur apportons. Cet Évangile qui les libère de la tristesse de ce monde pour leur apporter la joie spirituelle et éternelle. Comme missionnaires, nous sommes tous capables de leur offrir cette joie car c’est un don gratuit que le Seigneur nous donne. Cette joie n’est pas à garder pour nous même, mais à partager avec l’autre, surtout celui /celle qui en manque.

L’évangélisation dans beaucoup de parties de l’Afrique a apporté aussi le
progrès
et le changement de vie des populations. C’est dû à la grande générosité de nos anciens dans leur vie au milieu de beaucoup des défis : beaucoup d’écoles, d’hôpitaux, de centres de formation technique et autres ont été fait pour aider ces peuples. Ce n’est pas à ignorer dans le cas qui est le nôtre au Maniema. Vu que l’impact de l’Etat sur les institutions comme les écoles, les hôpitaux, et les infrastructures comme les routes est peu visible, la présence des missionnaires peut apporter un plus pour le développement durable des personnes, des milieux et du pays.

Par: Major Mutekanga, M.Afr.