Thierry Cornet 1931 – 2016 (PE n° 1081)

Thierry est né le 19 février 1931, à Bruxelles, dans une famille aristocratique. Son père était le Comte Cornet d’Elzius de Peissant et travaillait à la Compagnie des Wagons-Lits. Thierry fit les humanités anciennes à l’Institut Saint-Josse à Bruxelles. En septembre 1949 il entra chez les Pères Blancs à Thy-le-Château. Il fit ensuite le noviciat à Varsenare et la théologie à Heverlee, où il prononça son serment missionnaire le 16 juillet 1955 et fut ordonné prêtre le 1er avril 1956.

Voici quelques appréciations à son sujet, glanées dans les notes de ses formateurs. Thierry a un bon jugement, malgré les résultats scolaires plutôt ordinaires. Il est très généreux et travailleur infatigable. Ce n’est pas un chef mais on pourra compter sur lui. Thierry est très surnaturel. Il a un caractère serein et plutôt optimiste, mais il est hésitant, peu sûr de lui. C’est un caractère doux et affable, il n’aime pas se faire remarquer, mais il a une réelle influence sur les autres par sa simplicité, son sérieux et son bon exemple discret. L’humilité est chez lui une vertu caractéristique.

Thierry avait demandé « l’Afrique Occidentale Française », mais il fut nommé au Congo. Le 25 mai 1957, le voilà à Kilo Mines, au Lac Albert, en Ituri, où il se met à l’étude du swahili. On a constaté qu’il avait un don certain pour les langues. En septembre il est nommé professeur au Petit séminaire et l’année après à l’Ecole normale de Drodro, où il remplace le directeur en 1959. A la fin de l’année il se met à l’étude du Kilendu, tout en restant professeur à temps partiel et vicaire à la paroisse. En mai 1962 on l’envoie au Petit séminaire de Fataki. En 1965 il suit la grande retraite à Villa Cavalletti. A cause de la rébellion, il prolonge son congé de quelques mois, faisant du ministère en Belgique, à la paroisse de Viamont. En juillet 1965 il est nommé curé à Drodro, où il passera plusieurs années. Il y recevra la visite de ses parents en 1971 ; son père mourra moins d’une année plus tard… Thierry se soucie de la foi profonde des simples gens. « Une des braves vierges qui entretiennent l’église vient tout à l’heure de se confesser puis elle me dit :’Père, je vous remercie d’avoir caché votre peine sous un visage souriant. Vous m’avez donné du courage.’ Je trouve ces mots très fins et très délicats pour une brave fille qui ne sait pas lire. Bienheureux les pauvres en esprit… » Une veuve lui apporte 50 makuta pour célébrer une messe pour son papa. « L’obole de la veuve », commente-t-il. A Drodro, il distribuait la communion en appelant la plupart des fidèles par leur prénom… A table avec ses confrères, il n’arrêtait de se lever pour aller chercher ce dont un confrère avait besoin : une salière, un morceau de fromage dans le frigo… « Sa soif de servir semblait inné, appartenir à son ADN ».

En septembre 1976 – Thierry est alors conseiller régional – il est nommé curé de la paroisse Saint-Paul-hors-les-murs à Kisangani. En mars 1980 il doit rentrer en Belgique pour raison de santé. En 1981, Thierry participe à l’Assemblée post-capitulaire à Bunia. Dont un des constats fut (et qu’il partage) : « On ne se voit pas assez en Ituri, on ne s’estime pas suffisamment, on reste cloisonné : routes difficiles – carburant manquant – secteurs linguistiques. » En juillet 1981 il rentre de nouveau en Belgique pour des problèmes de santé. De retour en mai 1982, il est nommé vicaire à Mongbwalu, dans le diocèse de Bunia. Après la session/retraite à Jérusalem en 1985, il regagne la paroisse de Geti, où il restera curé pendant cinq ans. Le régional de l’époque, le père Louis Vernhet, écrit : « Supérieur et curé de la communauté, communauté d’accueil, fraternelle, ouverte et apostolique. Tous les stagiaires et maintenant un jeune confrère s’y sont épanouis et sentis parfaitement à l’aise. » Entretemps Thierry a de nouveau été élu conseiller. Il prêche régulièrement des retraites. En août 1991 Thierry retourne à Mongbwalu, qui sera son dernier poste avant sa nomination en Belgique, en juin 1994.

En juillet 1993 le provincial sortant, Hubert Huybrechts, écrivait au père Vernhet qu’il cherchait un responsable pour la communauté de La Plante : « Il doit être un homme bon, attentif aux confrères… » Le père Vernhet était présent aux adieux que firent les chrétiens à Thierry et qui montrèrent combien il était aimé. Le régional en profita pour signaler que Thierry n’était pas bon chauffeur… Le premier juillet 1994 le voilà donc supérieur à Namur. Pendant six ans il sera au service de ses confrères ; à deux reprises il sera élu conseiller provincial. Relancé par Jan Mol, régional, Thierry repartira pour Bunia, où il sera fort apprécié des malades, surtout les plus pauvres parmi eux, comme aumônier de l’hôpital. Lors des troubles violents d’ordre ethnique on le voyait sortir alors que cela tirait de partout : il tenait en main son chapelet, priant pour être protégé mais certainement aussi pour les gens qu’il allait rencontrer. « Il en a récité des chapelets durant ses pérégrinations ! », déclare un témoin. En novembre 2007 il quitte définitivement l’Afrique et retourne à Namur. Quand sa santé nécessite une maison médicalisée, il est nommé à Evere au hôme St-Joseph. Il reste l’homme affable, souriant et gentil, reconnaissant ; l’homme spirituel aussi, ‘doux et humble de cœur’.

Le vendredi 25 novembre 2016, après quelques jours dans un état semi-comateux, Thierry s’est éteint paisiblement. La célébration liturgique d’adieu eut lieu le 30 novembre en la chapelle du hôme, suivie de l’enterrement à Varsenare.

Jef Vleugels, M.Afr.

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