Un ministère de prise en charge (dans le Petit Echo n° 1114)

Certains de nos confrères, surtout dans les régions éloignées, n’ont peut-être pas la chance de lire le Petit Echo, soit à cause d’un problème de distribution postale, soit parce qu’ils n’ont qu’un accès Internet sur leur téléphone portable. Chaque fois que je lirai des articles particulièrement essentiels, je les publierai sur le site Internet sous forme de postes ordinaires, qui devraient être plus faciles à lire depuis un téléphone portable. Ne les manquez pas. 
Ph. Docq

Intégrité du ministère : un ministère de prise en charge

Peter Joseph Cassidy , M.Afr. (dans le Petit Echo n° 1114)

Depuis la création du ministère tel que nous le connaissons aujourd’hui, nous avons été mis au défi d’évaluer régulièrement notre approche à son égard. Pendant mes années de formation (milieu des années 90), le terme « intégrité du ministère » n’existait pas et la réalité n’était pas mentionnée, mais on sentait qu’il y avait un mot inexprimé en rapport avec l’intégrité de soi et du ministère ; si on l’avait adopté à l’époque, il aurait complété notre approche du ministère et de l’autoprise en charge dans tous ses aspects d’aujourd’hui. Heureusement, actuellement, cette attitude a changé et notre programme de formation intègre désormais cette réalité et, nous l’espérons, prépare mieux nos confrères à leur voyage missionnaire quotidien face aux défis qui y sont associés.

Depuis que j’ai prêté serment en décembre 1996, comme la plupart d’entre nous, nous avons tenu des rôles différents et variés au sein de la Société. Certains de ces rôles, nous y étions préparés ; d’autres, par la nature de notre vocation, nous les avons acquis sans grande préparation, voire sans aucune préparation. En regardant mes années de ministère, je peux honnêtement dire que le point de l’intégrité du ministère a été le plus difficile à assumer, au point de susciter colère et frustration. Depuis le moment de ma première nomination jusqu’à aujourd’hui, j’ai été personnellement confronté, et j’ai également dû confronter les autres dans leur approche de la conscience de soi et du ministère, ce qui n’a pas été une tâche facile. Le plus grand défi lorsque l’on se confronte à soi-même et aux autres est l’image que l’on donne de soi et la façon dont on laisse tomber sa famille et les personnes que l’on sert. Parfois, nous tenons pour certain notre rôle dans la vie et oublions le rôle et l’image que nous donnons à ceux que nous servons. Il existe un certain sentiment d’arrogance lié à notre vocation, né de l’histoire où les gens avaient peur de nous affronter, mais cette attitude a changé : les personnes que nous servons sont prêtes à nous affronter, à nous défier et à nous exposer si nous sortons de notre rôle aujourd’hui.

Mon expérience

Mon séjour en Irlande et maintenant mon retour en Afrique du Sud ont montré clairement que notre peuple veut que nous soyons honnêtes et fidèles à notre vocation. Avec le nombre d’ateliers auxquels j’ai participé et, actuellement, la tenue d’ateliers dans l’archidiocèse de Johannesburg en rapport avec la sauvegarde du ministère, je suis constamment surpris par le nombre de personnes qui assistent à ces ateliers. Cela suggère que les gens que nous servons nous crient qu’ils veulent que nous répondions à notre vocation avec intégrité. Cela suggère également qu’ils se soucient de nous et veulent nous protéger au point d’être prêts à nous aider, non pas à nous couvrir, mais à nous aider si nous empruntons un chemin difficile dans notre ministère et dans notre vie.

Nous devons être proactifs, plutôt que réactifs, et développer une approche positive de la supervision professionnelle. Je me souviens qu’au sein de notre Conseil provincial européen, j’ai posé une question sur cette supervision ; on m’a répondu que nous l’avons dans la direction spirituelle ; mais la supervision est différente de la direction spirituelle. Comme nous le savons, il vaut mieux prévenir que guérir. Je crois qu’il y a un besoin de supervision où nos besoins et nos préoccupations sont suivis par un professionnel qui reconnaît une spirale émotionnelle descendante. C’est le cas de toute aumônerie, où il faut prouver, dans le domaine civil, la fréquence de la supervision. Comme tout conseiller professionnel aujourd’hui, il s’agit de faire de même. Notre ministère a changé aujourd’hui, mais les défis restent les mêmes : sommes-nous assez humbles pour chercher à nous faire soigner par un professionnel ?

En tant que missionnaires d’Afrique, nous avons consacré beaucoup de temps et d’argent à « soigner » nos confrères. Il faut se demander s’il n’aurait pas été plus productif d’investir et d’encourager une supervision professionnelle qui nous permettrait d’avoir un miroir pour regarder notre vie et prendre soin de nous-mêmes. Tous ceux d’entre nous qui se disent missionnaires sont confrontés quotidiennement aux horribles histoires personnelles des personnes que nous servons, qui sont parfois le miroir de nos propres histoires. Une fois que ces histoires ne sont pas prises en compte, elles peuvent nous amener dans un endroit « sombre » qui, à son tour, nous affectera, nous et notre ministère. Notre peuple veut que nous soyons vrais et honnêtes dans nos activités ; cela ne peut être accepté que si nous sommes vrais et honnêtes envers nous-mêmes.

Dans notre Société

Cette même réalité doit être acceptée dans nos communautés de missionnaires d’Afrique. Nous devons également être forts pour affronter nos confrères et en prendre soin si nous les voyons s’engager sur un chemin difficile. Nous avons tendance à nous tourner d’abord vers nos supérieurs, en prenant l’option facile, plutôt que de nous soucier du problème et de confronter le confrère en question. Nos communautés doivent être un « lieu de sécurité » où l’on prend soin de nous et où l’on se sent pris en charge. Parfois, nos communautés ont été un lieu de douleur et de manque de soins. Nous devons développer des communautés qui se soucient des besoins des uns et des autres, en ne faisant pas la police, mais en utilisant les compétences que nous avons acquises, en traitant avec les personnes que nous servons et en les mettant en œuvre dans notre communauté immédiate. Vivre dans une communauté où l’on ne parle pas des problèmes (l’éléphant dans le coin) est très difficile alors qu’on épuise son énergie en soi-même, dans la communauté et dans notre ministère.

La supervision est un moyen de se soigner soi-même et a été mentionnée au dernier Chapitre, mais n’est-elle pas restée lettre morte ? Soyons tous assez humbles pour rechercher des soins par le biais de la supervision avant qu’il ne soit trop tard et construisons sur un ministère qui fait partie intégrante de l’image de Dieu.

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