Un certain nombre d’exilés ougandais, congolais et rwandais à Londres se sont réunis pour former un groupe de disciples de Siméon Lourdel et d’Amans Delmas. Ils s’appellent eux-mêmes les pèlerins de Mapeera Lourdel et des martyrs d’Ouganda de Dury, Europe. Ils ont commencé à se rencontrer il y a un peu plus d’un an. Aujourd’hui, ils sont une quarantaine de personnes, se rencontrent régulièrement et prient ensemble. Leur but est de faire connaître l’histoire des martyrs de l’Ouganda, de promouvoir la béatification de Siméon Lourdel, de construire la fraternité entre eux, et d’offrir un soutien aux missionnaires retraités en Europe qui ont donné leur vie pour apporter l’évangile à leur peuple en Ouganda et dans d’autres pays africains.
Pour eux, Siméon et Amans sont restés avec les martyrs et les ont encouragés dans leur temps d’épreuve. Ils sont ensuite restés en mission et sont morts en Ouganda. Ils n’ont pas subi le même sort que les 43 martyrs, mais ils ont donné leur vie pour l’évangile et ils devraient partager la même gloire.
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Eglise de Dury (France) |
Cette année, ils ont organisé un deuxième pèlerinage à Dury, lieu de naissance de leur bien-aimé Siméon Lourdel. En raison des circonstances et de la difficulté d’obtenir des visas pour ceux qui dépendent encore de leur passeport ougandais, quatre des pèlerins prévus n’ont pas pu se joindre au groupe. Nous sommes partis en groupe de 8 dont 7 avec leurs valises à l’étroit dans le Ford Zephyr qui sert habituellement de taxi de nuit à Londres ; un nous a devancés par le service d’autocar de nuit à partir de Victoria. Nous étions M. Ricardo Mulinda avec ses trois enfants, Edward qui conduisait très habilement la voiture, Simon et moi. Ce fut un voyage beaucoup plus facile que celui des premiers missionnaires sur les chemins de l’Ouganda il y a environ 140 ans, mais c’était quand même une expérience à l’étroit avec 7 personnes et leurs bagages dans la même voiture !
Ricardo avait bien organisé le pèlerinage à l’avance, en contactant et en réservant des chambres pour nous à la Maison diocésaine Saint Vaast d’Arras, en arrangeant une rencontre avec Sœur Thérèse Broutin, Coordinatrice de la Commission missionnaire pour le diocèse, avec M. Marc Campbell, maire de Dury et l’abbé Jean-Claude Facon, curé de la paroisse. Quand nous y sommes arrivés, nous avons été accueillis par Sœur Thérèse et son amie avec une « bonne tasse de thé » comme seuls les Français savent le faire ! Après nous avoir laissés le temps de déposer nos bagages dans nos chambres et de nous reposer un peu, Sœur Thérèse nous a guidés à pied jusqu’à la magnifique cathédrale d’Arras. Elle avait très gentiment pris des dispositions pour que deux des guides bénévoles des lieux nous montrent les merveilles de la cathédrale et nous racontent son histoire.
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Les pèlerins aux fonts baptismaux de l’Église de Dury |
A notre retour à la Maison Saint Vaast, nous avons été heureux de trouver le P. Bernard Lefebvre qui nous y attendait. Il avait été informé de notre pèlerinage par Richard Nnyombi lui-même en Ouganda. Je n’ai pas pu m’empêcher de penser à quel point les temps sont différents. Quand Siméon Lourdel est arrivé en Ouganda, il lui a fallu des mois pour communiquer avec le cardinal Lavigerie à Alger. Aujourd’hui, notre pèlerinage de Londres à Arras est vécu par Richard Nnyombi assis dans un bureau à Kampala et communiquant avec une troisième personne vivant à Paris !
Le samedi matin, Sœur Thérèse a continué son ministère d’accueil missionnaire en nous guidant à travers les « Grands Places » d’Arras. Après le déjeuner, elle nous a accompagnés dans notre visite à l’évêque d’Arras, Mgr Jean-Paul Jaeger, qui a très gentiment accepté de nous recevoir.
L’évêque était très reconnaissant à Ricardo et à son groupe de pèlerins pour leur visite, pour avoir ouvert ses yeux sur la vie d’un des fils du diocèse d’Arras et sur la contribution qu’il avait apportée à la diffusion de l’évangile en Ouganda. Il était heureux d’entendre parler des efforts de l’Église en Ouganda pour béatifier ce fils d’Arras. Ricardo a pu présenter à l’évêque une lettre de l’archevêque de Kampala dans laquelle il explique comment l’Église en Ouganda trouve important que ce premier missionnaire du pays soit béatifié. Il a exprimé son propre désir de visiter Arras et plus particulièrement le lieu de naissance de Siméon Lourdel. L’évêque Jaeger serait plus qu’heureux de le recevoir. Il espère que ce sera le début d’une nouvelle amitié entre les deux Églises.
Cette visite terminée, nous avons eu le plaisir de rencontrer le maire de Dury qui était venu, avec sa femme et un ami, chercher notre groupe de pèlerins et nous conduire à Dury. Comme j’ai été étonné de rencontrer ce couple, Mr et Mme Campbell, amis enthousiastes de l’Ecosse qui parcourent les routes de campagne de Dury dans une voiture Jaguar !! Ils sont devenus maintenant les amis des Pèlerins de Dury, Londres. L’accueil qu’ils nous ont réservé était complètement fantastique.
Ils nous ont ramenés à Dury et directement au cimetière où de nombreux membres de la famille de Siméon Lourdel, y compris ses parents, sont enterrés. Notre groupe était heureux de prendre un peu de temps et de prier pour cette famille qui a donné leur fils à la mission. Sur la route allant au cimetière du village se trouve un panthéon de la Première Guerre mondiale. Là-bas plus de 300 soldats canadiens sont enterrés. Nous avons passé un peu de temps à visiter leurs tombes avant de nous rendre à la ferme de la famille Lourdel.
Nous y avons trouvé un groupe de personnes qui attendaient de nous y accueillir, dont deux petites nièces de Siméon Lourdel qui étaient venues nous rencontrer de leur village situé à une trentaine de kilomètres. Il y avait aussi d’autres membres de la famille qui étaient venus ainsi que les propriétaires actuels de la maison et de la ferme. Ce fut une joie d’être accueilli de cette façon et de rencontrer ces bonnes gens qui étaient prêts à accueillir notre visite à la source de notre foi.
Ensuite, nous avons été à l’école dans laquelle Siméon Lourdel a reçu son éducation primaire pendant 6 ans. Les bancs et le décor des salles de classe ont peut-être changé, mais le bâtiment est le même. Il y a des photos intéressantes sur les murs, prises à l’époque où Lourdel y était élève.
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À la ferme Lourdel, pèlerins et membres de la famille devant la maison |
L’Eucharistie dominicale fut célébrée dans l’église du village le samedi soir. Le curé de la paroisse, Jean-Claude Facon, venant directement de son troisième mariage ce jour-là, nous a accueillis à bras ouverts. Bernard Lefebvre a présidé la célébration, a parlé de Siméon Lourdel, de tout ce qui est sorti de son don de lui-même en Ouganda et dans d’autres pays d’Afrique de l’Est.
Beaucoup de gens sont venus à la messe du soir pour accueillir notre groupe de pèlerins. Après la célébration, nous sommes retournés dans la cour de l’école où le maire nous a servi des sandwiches et des boissons. Ce fut une soirée très agréable, avec la rencontre des membres de la famille et des amis du proposé à la béatification du futur «Bienheureux» Lourdel. Ceux-ci, à leur tour, sont heureux de ce que leur ancêtre dans la foi soit toujours présent dans la mémoire et honoré. Eux aussi sont encouragés dans leur foi par le témoignage de ce groupe d’exilés Ougandais venus de Londres pour chercher le lieu de naissance de leur parent, Siméon Lourdel.
Le pèlerinage se répétera sûrement.
