Education et culture de la paix

Ce sujet, éducation et culture de paix est très important et demeure très actuel dans l’Évangile que nous sommes appelés à annoncer à temps et à contre temps. Il fait partie de l’être de l’Église et de son agir dans le monde en tant que don du Christ Jésus. C’est sa façon de vivre et de rayonner la paix qu’elle devienne éducatrice de la paix et s’inculture dans les valeurs des cultures où elle est envoyée. C’est pour cela que nous, missionnaires d’Afrique, nous sommes à l’aise lorsque nous apprenons des langues locales, portes par lesquelles nous entrons dans les cultures locales pour y annoncer la Bonne Nouvelles et la Paix du Ressuscité !

Il faut revenir à combien de fois nous prononçons le mot « paix » au cours de nos célébrations liturgiques : ‘la paix soit avec vous’ ou bien la prière suivante « Seigneur Jésus Christ, tu as dit à tes apôtres : ‘Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix’ ; ne regarde pas nos péchés mais la foi de ton Église ; pour que ta volonté s’accomplisse, donne-lui toujours cette paix et conduis-la vers l’unité parfaite, toi qui vis et règnes pour les siècles des siècles ». Ensuite, nous nous donnons la paix du Christ. Nous vivons et donnons ce que nous avons reçu du Christ. Nous continuons de le vivre sous sa lumière avec notre mère, l’Église.

Ce que nous allons partager résume ci-dessous une expérience vécue lors des conflits interethniques post–électoraux au Kenya en 2008-2013. J’étais alors formateur dans notre maison de formation théologique à Nairobi/Balozi. Avec l’Association des psychologues du Kenya dont je suis membre, nous sommes beaucoup passés dans les camps de déplacés pour accompagnement psychologique et assistance matérielle. Nous étions supportés énormément par l’Église locale.

La religion chrétienne, actrice de paix à l’échelon mondial

À l’échelle mondiale, les acteurs religieux jouent un rôle important dans l’éducation à la paix, en rassemblant les gens pour la gestion des conflits. Ils ont une position légitime pour prêcher et enseigner, notamment en sensibilisant aux croyances religieuses des autres religions et en invitant à la tolérance au sein des communautés. Leur rôle est ainsi de favoriser le développement de la paix.

Deux éléments essentiels de la vie religieuse sont d’une importance capitale pour le rétablissement de la paix : l’empathie et la compassion ; la miséricorde puise dans ces attributs la force pour un rétablissement efficace de la paix.

Il existe un lien entre notre foi chrétienne et la paix. Certaines caractéristiques religieuses sont associées à la paix, par exemple lorsqu’un pays a un groupe religieux dominant. Le programme d’éducation individualisé obtient des niveaux de paix plus élevés dans les pays sans groupes religieux dominants et lorsqu’il y a moins de restrictions gouvernementales sur la religion.

La religion chrétienne mène aussi au développement. La religion affecte la prise de décision économique en établissant des normes sociales et en façonnant les personnalités individuelles. Les entreprises situées dans des communautés à forte religiosité ont tendance à adhérer à des normes éthiques propices à une économie stable.

La religion chrétienne est alors comme une clé importante dans le développement de la société. La religion remplit plusieurs fonctions pour la société. Il s’agit notamment de (a) donner un sens et un but à la vie, (b) renforcer l’unité et la stabilité sociales, (c) servir d’agent de contrôle social du comportement, (d) promouvoir le bien-être physique et psychologique, et (e) motiver les gens à œuvrer pour un changement social positif. Le dialogue œcuménique, interreligieux et interculturel peut y contribuer énormément.

Considérons les apports de la religion chrétienne à la société : elle renforce les individus, les familles, les communautés et la société dans son ensemble. Elle affecte considérablement les résultats scolaires et professionnels et réduit l’incidence de problèmes sociaux majeurs, tels que les naissances hors mariage, la toxicomanie et l’alcoolisme, la criminalité et la délinquance.

Le rôle de l’Église dans le maintien de la paix et de la sécurité dans la société est donc important. Elle a toujours enseigné à ses membres l’action de non-représailles, comme l’a enseigné Jésus lui-même ; cela aide à absorber la violence au lieu de mener à une escalade. Par conséquent, chaque cycle de violence provoquant la vengeance, qui à son tour provoque davantage de violences, est brisé par le simple acte de tolérance, de dialogue et d’éviter des représailles.

Les chrétiens sont donc ceux qui suivent et mettent en pratique l’enseignement du Christ dans tous les domaines de leur vie. L’un des sommets du christianisme, ou de la vertu chrétienne, est la paix. La Bible enjoint aux chrétiens de s’embrasser et de vivre en paix avec leurs voisins.

Réconciliation au Kenya durant la période post-électorale 2008-2013

Le processus de construction de la paix, de réconciliation et de restauration par l’Église a été lancé par la formation de la Commission de la Conférence épiscopale du Kenya parce qu’il ne pouvait pas être laissé entre les mains des seuls politiciens. L’Église a été appelée à un ministère de réconciliation et a exercé un mandat spirituel à la suite de la crise électorale. L’Église a surveillé de près le processus pour s’assurer qu’il vise véritablement à parvenir à la guérison nationale, et non à un simple blanchiment visant à balayer les injustices du passé sous le tapis pour des raisons d’opportunisme politique. L’Église a utilisé la chaire pour enseigner et prêcher un pardon et une réconciliation véritables et encourager les gens à participer à une gestion juste et globale du passé afin que la nation puisse véritablement être guérie de ses multiples blessures. L’Église avait la responsabilité permanente de guérir le traumatisme de la violence du passé entre ses propres membres.

Les réalités sociales au sein des sociétés furent prises au sérieux. Les conflits doivent être considérés comme des événements non isolés dans leur contexte social. Les techniques de rétablissement de la paix utilisées par l’Église au cours de la période post-électorale de 2008 à 2013 se sont concentrées sur les aspects structurels de la restauration ou de l’établissement de relations entre anciens rivaux.

Cette approche repose sur l’hypothèse selon laquelle des interactions égales entre les parties, ainsi qu’une restructuration économique et politique, conduit à de nouveaux liens de coopération qui stabilisent les relations pacifiques. L’Église s’est concentrée sur des éléments structurels tels que l’échange de représentants dans diverses sphères politiques, économiques et culturelles. Le maintien de canaux de communication formels et réguliers et une partie essentielle des actions structurelles promues par l’Église consistaient à traiter l’autre partie avec respect, justice, égalité et sensibilité à ses besoins et ses objectifs.

Par: François-Xavier Bigeziki, M.Afr.

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