Christian (Kiki) Gillain 1927 – 2017 (PE n° 1083)

Christian, que tout le monde appelait affectueusement Kiki, est né à Anvers le 17 juillet 1927 dans une famille nombreuse. Il fait ses études secondaires au collège St-Xavier à Anvers et au collège Léopold III et les termine à Kuregem (Bruxelles) à l’Institut Notre-Dame (humanités modernes commerciales). En 1947 il entre chez les Pères Blancs à Thy-le-Château. Il y fera trois ans à cause du latin. Après le noviciat à Varsenare, il part faire sa théologie à Eastview au Canada. Il y prononce son serment missionnaire le 18 juin 1954 et est ordonné prêtre à Ottawa le 29 janvier 1955. Ses éducateurs sont unanimes : Kiki est un excellent sujet. C’est un grand travailleur, bouillonnant d’idées, entrepreneur et organisateur. Il est plus pratique que spéculatif et un peu scout éternel. C’est un homme plein d’entrain, jamais découragé, agréable en communauté. Il aime taquiner. Le danger existe qu’il entreprenne trop de choses à la fois.

Il célèbre sa messe de néophyte à la paroisse du Christ-Roi à Anvers. Ce n’est qu’après avoir accompli à l’université de Leuven son devoir national comme ‘cadre de réserve de la Force Publique’ (du Congo belge !) qu’il peut s’envoler le 8 juillet 1956 pour l’Ouganda.

Il rejoint le diocèse de Rubaga, devient vicaire à la paroisse de Mubende, ensuite à Vumba, d’où il retourne comme curé à Mubende. Il y est témoin des tensions et des violences qui précèdent l’indépendance du pays en 1962. Dès le début de son apostolat, Kiki est fort soutenu par sa famille qui lance diverses initiatives pour financer ses projets apostoliques. A la demande de l’archevêque Kiwanuka, Kiki prolonge son premier congé en 1963 par une année de cours à Lumen Vitae. Mal lui en prit, car la Province en profite pour le nommer à l’animation missionnaire, malgré les protestations du régional de l’époque qui refuse de céder « un de ses meilleurs supérieurs » et malgré l’intervention de l’archevêque. En Belgique, Kiki rayonne d’abord à partir de Namur, ensuite à partir de Thy-le-Château.

Avec des membres de sa famille et des amis, il fonde en 1964 l’asbl « KIKIUGANDA », ‘Société des amis de Christian Gillain des Pères Blancs, Missionnaires d’Afrique’, qui financera plusieurs de ses projets durant toute sa vie active : écoles primaires à Mubende, dispensaire, collège et menuiserie à Nazigo, 200 vélos pour les catéchistes et animateurs des communautés ailleurs…

En Belgique, le père Plessers, provincial, fait l’éloge de son nouveau propagandiste : « Jeune, emballant… ; abat beaucoup de travail, est toujours en route… Très actif auprès d’une troupe scoute à Anvers, les Fraternités de Bourgogne, des groupes de foyers. Bon prédicateur de retraites ». Il termine son service en Province par une deuxième année à Lumen Vitae. En février 1969, le voilà de retour en Uganda. Il devient curé à Nakasongola et en janvier 1970 à Nazigo. Il y restera jusqu’en juillet 1975. Il écrit à son ami Georges Eeckhout : « Ici tout va bien : physiquement je suis à bout ; financièrement, je suis à plat…,  mais à part ça, tout va très bien Madame la marquise ! La paroisse avance. Toute cette année est consacrée aux leaders. Et cela marche ! Partout il y a maintenant des petites communautés de base…» Notons que Kiki parlait le luganda à merveille.

Début juillet 1975, Kiki est nommé directeur du St. Matthias Mulumba Catechetical Centre de Mityana. Idi Amin règne sur le pays… Kiki conçoit l’idée d’offrir un solide vélo à chaque catéchiste : « J’en cherche 1.000 et rien que mille ». Il y parviendra, grâce à ses amis d’Anvers… En septembre 1978, il est élu conseiller régional ; il fera deux termes. Fin 1979 il prend un temps sabbatique : l’Arbresle et Jérusalem. A son retour en Ouganda il devient curé à Kisubu, jusqu’en novembre 1985. Après un congé bien mérité, il est envoyé à Matthias Mulumba, une paroisse dans le Old Kampala, nommée d’après un des plus célèbres martyrs de l’Uganda, qui fut tué à cet endroit. Kiki réside à Lourdel House, d’où il rejoint chaque jour la ville. En 1986 il est délégué au Chapitre. Il joue au tennis pour se maintenir en forme ; plusieurs fois il a escaladé le Ruwenzori…

Début 1987 il est nommé régional. La région comptait 102 confrères. Ce qui frappe le plus, c’est son attention aux personnes, sa grande disponibilité et sa simplicité. Homme de relation, il installe ‘la phonie’ à Lourdel House. Ses priorités : l’approfondissement de la vie communautaire et l’animation vocationnelle… Sous son administration la procédure de la béatification du père Lourdel, que Kiki vénérait déjà comme un saint, fut lancée (1987), ‘Interservice’ fut transféré à Lourdel House, le Charismatic Renewal Centre vit le jour, le Sharing Youth Centre fut solennellement béni… Il participe au Chapitre de 1992. Kiki terminera son deuxième mandat de régional fin juin 1993. Son successeur écrit dans le Flash : « Your administration will remain for all of us a happy memory. »

Kiki retourne en avril 1994 comme vicaire à Old Kampala. Sa dernière nomination, en janvier 2002, l’envoie de nouveau en brousse, à la paroisse de Kasambya, dans le diocèse de Kiyinda. En octobre 2007, les Pères Blancs transmettent la paroisse au clergé diocésain. Compte tenu de son état de santé, Kiki accepte son retour définitif en Belgique.

Le 8 octobre 2007, Kiki s’installe à la rue de Linthout, mais rejoint en avril 2008 le hôme Saint-Joseph à Evere. Il y est heureux et épanoui, toujours de bonne humeur et blagueur, bien que sa mémoire lui fausse compagnie de plus en plus. L’Ouganda revient sans cesse dans ses conversations, surtout les martyrs baganda. Il est resté fidèle à son adage : « Keep smiling et faites votre devoir comme si de rien n’était ». Jusqu’à sa chute malencontreuse… qui l’a précipité dans les bras de son Seigneur. Il décède le 2 février 2017 à l’hôpital Brugmann, à Schaerbeek. La liturgie d’adieu eut lieu le 8 février en la chapelle du Hôme Saint-Joseph, suivie de l’inhumation à Varsenare.

Jef Vleugels, M.Afr.

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