Cheza Maurice, Martinez Saavedra Luis et Sauvage Pierre (Dir.), Dictionnaire historique de la théologie de la libération. Les thèmes, les lieux, les acteurs, Editions jésuites, Namur-Paris, février 2017, 655 pages, 52 euros.
Quel bel outil de travail ! Quelle bonne idée aussi d’avoir composé ce dictionnaire historique pour mieux faire connaître le vaste mouvement initié par la théologie de la libération, née en Amérique latine, mais qui s’est répandu dans le monde entier, mouvement plus que jamais vivant et dont le pape François est un artisan actif aujourd’hui !
Comme signalé sur la page 4 de la couverture cartonnée, 117 auteurs appartenant à 28 nationalités différentes ont contribué à cet ouvrage. On dénombre 280 entrées : 12 concernent des thèmes phares (christologie de la libération, communautés ecclésiales de base, etc.), 25 des pays (surtout latino-américains, nord-américains, européens, mais aussi africains et asiatiques), 178 des personnes (théologiens, historiens, sociologues, philosophes et agents pastoraux engagés dans la libération de leur peuple, dont une quinzaine de protestants) et 65 des institutions et des revues.
A la suite, est proposé un large panorama historique de la théologie de la libération, des origines à nos jours : Genèse, évolution et actualité de la théologie de la libération (p. 507-622). Le dictionnaire est publié avant qu’on n’en fête les 50 ans. En effet, c’est en 1968 qu’est apparue l’expression « théologie de la libération », en lien avec la deuxième conférence du CELAM à Medellin (août-septembre 1968).
Voici les étapes rapidement brossées dans ce panorama : élaboration (1969-1971), croissance contrariée (1972-1979), maturité et turbulences (1980-1989), fidélité et mutations (1989-2013), nouvelle impulsion (à partir de 2013).
Il serait long et fastidieux de présenter tous les éléments du dictionnaire. J’ai été particulièrement intéressé par deux entrées : le martyrologue latino-américain : 279 chrétiens qui ont connu le martyre pour avoir défendu les droits des pauvres entre 1964 et 2013 ; et le « Pacte des catacombes », l’engagement pris par de nombreux évêques présents au Concile Vatican II à traduire en acte l’option préférentielle pour les pauvres par deux motions : la simplicité et la pauvreté évangélique dans leur propre mode de vie et la priorité à l’évangélisation des pauvres. C’est au Concile Vatican II qu’est né en fait la théologie de la libération.
Je relève aussi ce qui concerne l’Afrique. D’abord parmi les collaborateurs, deux théologiens africains : Paulin Poucouta, bien connu de nos lecteurs, et Fidèle Mabundu, bibliste aussi, doyen de la Faculté de théologie de l’Université catholique du Congo (Kinshasa). Ensuite, dans les entrées, des articles sur quelques théologiens africains de la libération ou qui en ont parlé : Jean-Marc Ela, Laurenti Magesa, Engelbert Mveng, John Mary Waliggo, et pour l’Afrique du Sud, Manas Buthelezi, Denis Hurley, Albert Nolan. Comme signalé dans l’avant-propos, bien d’autres noms auraient pu être ajoutés : Luthuli, Desmond Tutu, Teresa Okure, Mawusée Togboga, Josée Ngalula, etc.
Finalement, notons qu’un confrère a droit à une entrée : Jacques Van Nieuwenhove (p. 471-472)
Guy Theunis, M.Afr.