Roger Bélanger R.I.P.

Société des Missionnaires d'Afrique

Le Père Réal Doucet, Provincial des Amériques,
vous fait part du retour au Seigneur du Père

Roger Bélanger

le mercredi 24 avril 2024 à Montréal (Canada)
à l’âge de 87 ans dont 58 ans de vie missionnaire
au Malawi et au Canada.

Prions pour lui et pour ceux qui lui étaient chers.

(plus…)

Retrouver son sourire avec sa dignité

Centre Nyota

Comme de nombreuses régions d’Afrique, les pays des Grands-Lacs sont exposés à beaucoup de violations des droits humains, entre autres à la suite de la succession des cycles de violence depuis des décennies, généralement basée sur l’ethnisme. Si l’on prend la situation de la RDCongo, la violation des droits humains est largement structurelle. On peut citer le manque d’accès aux soins de santé pour les plus pauvres, de sécurité alimentaire, d’ordre public, d’accès à la justice, à l’enseignement moyen et supérieur, l’insuffisance de création d’emplois, etc. À cela s’ajoutent des violences physiques à l’état endémique, que ce soit dans les quartiers urbains, sur les routes, ou dans le cadre des conflits armés qui ont provoqué plus de sept millions de déplacés internes. Les premières victimes de ces violences sont les femmes et les enfants.

A Bukavu

Je travaille dans la ville de Bukavu qui est devenu tentaculaire à la suite de l’afflux des déplacés de l’intérieur. Parmi eux un grand nombre de femmes et d’enfants victimes de violences basées sur le genre ou qui errent dans les rues, au prix de la prostitution.

Toute la société est marquée par ce traumatisme structurel, régional, aggravé par la banalisation du viol dans la plupart des milieux et l’utilisation des violences basées sur le genre comme « arme de guerre » (entre autres, en vue d’un nettoyage territorial ou d’une soumission d’une population par la terreur).

Les raisons principales de ces abus sont d’ordre politique et économique, les deux allant de pair. Une minorité exploite une immense majorité sans avenir ni protection sociale. Étant donné la richesse des sous-sols et des ressources naturelles (forestières, hydrauliques), les entreprises internationales sont complices et coupables de la mise à sac de ce pays d’une immense richesse.

Nous pouvons contribuer à la libération de ces populations par des témoignages prophétiques divers. Il y a tout d’abord le travail de dénonciation et de plaidoyer. Nombre de lettres de la Conférence épiscopale nationale (CENCO) dénonce avec force toutes ces injustices depuis des décennies, sans que cela entame réellement l’impunité des gens au pouvoir. Des Commissions Justice et Paix existent dans tous les diocèses, les paroisses et parfois les communautés de base, qui font de la sensibilisation et de la formation avec courage. Certains confrères collaborent avec elles dans la mesure du possible. Dans chaque secteur, il y a un responsable Justice et Paix M. Afr., mais celui-ci sait  que s’il engage des actions judiciaires pour protéger des victimes, il s’expose à des dépenses imprévisibles, vu la vénalité du système judiciaire, ainsi qu’à des risques de rétorsions, surtout si elles sont étrangères, ce qui est plus souvent le cas.

Une autre façon de lutter contre la violation des droits humains de façon prophétique est de garantir ou de restituer leurs droits aux personnes les plus vulnérables provenant des périphéries. Je présente ici deux exemples d’engagements que j’ai pris depuis plus d’une décennie avec le soutien financier d’amis. Tout en reconnaissant la valeur de ces œuvres qu’elle encourage, la Société n’y est pas officiellement engagée.

Deux exemples

Ces programmes concernent deux catégories de jeunes particulièrement vulnérables. Les jeunes filles victimes de misère ou en situation de rue, ou ayant subi des traumatismes d’ordre sexuel, etc. Les garçons utilisés comme esclaves dans les mines d’or dans des conditions d’extrême précarité et qui en retirent juste de quoi survivre.

Le premier projet, le centre Nyota, situé sur la paroisse de Kadutu dépend du diocèse de Bukavu (qui fournit les locaux). Depuis 2010, je m’y suis investi afin d’assurer le financement des salaires, des frais de fonctionnement et de l’entretien des bâtiments. Le centre accueille en journée 250 à 260 jeunes filles et fillettes d’une extrême vulnérabilité. On a vérifié que la famille n’a aucune ressource pour les prendre en charge, s’il existe encore une famille. L’objectif est de permettre à ces jeunes de se reconstruire psychologiquement et moralement, en les alphabétisant, en leur donnant accès à des diplômes, et en leur enseignant un métier afin de les rendre autonomes. Celles qui ne sont pas dans leur famille sont accueillies dans des foyers d’accueil. Une équipe de 16 personnes dont une religieuse les prend en charge dans tous les domaines, en commençant par la fourniture des uniformes et du matériel scolaire, en passant par la scolarisation et l’accompagnement psychologique, et pour une soixantaine d’entre elles, en leur fournissant une bouillie protéinée quotidienne, en fonction de l’état de délabrement de leur santé. La formation dure de 3 à 5 ans. Elle est entièrement gratuite. Les finalistes ont accès à deux jurys, le jury d’école primaire et le jury provincial de couture. Celles qui ont réussi peuvent poursuivre d’autres études, un certain nombre reçoivent également un kit de réinsertion qui leur permet de commencer leur petit projet générateur de revenus. Actuellement nous avons 100 % de réussites aux deux jurys. Or, un grand nombre de ces filles n’ont aucune pièce d’identité, ce qui les rend extrêmement vulnérable quand elles commencent un projet économique en quittant la formation. C’est pourquoi nous avons engagé un avocat qui prépare les dossiers avec la directrice en vue d’obtenir ce que l’on appelle un « jugement supplétif », qui débouche sur un acte de naissance pour chaque enfant. Il lui permet d’obtenir une carte d’identité. Grâce à cela nos anciennes ont pu voter aux dernières élections. Ceci illustre bien le travail que nous faisons concernant les droits humains. Avant de venir chez nous, ses enfants n’« existaient pas ». 

L’autre projet concerne les jeunes exploités dans les mines, à Kamituga, dans le diocèse d’Uvira. L’école de menuiserie de la paroisse forme ces jeunes au métier de menuisier, en leur fournissant les bases nécessaires pour commencer leurs petites menuiseries ou se faire embaucher dans une entreprise. À la fin de l’année de formation, ils reçoivent, eux aussi, un kit de réinsertion avec les outils de base. Afin de leur donner un meilleur avenir professionnel, nous construisons actuellement un grand atelier où va être installé un ensemble de machines à bois électriques qui leur permettront de se professionnaliser.

Ces deux projets sont financés par un réseau d’amis. Certains sont des amis des Missionnaires d’Afrique, d’autres sont engagés dans mon réseau d’entraide « Germes d’espérance ».

Le réseau Talitha Kum

Je suis enfin engagé dans le réseau Talitha Kum qui lutte contre le trafic humain dans le monde entier et particulièrement en Afrique. Ce réseau, fondé par l’Union internationale des supérieures générales  (UISG, Rome) en 2009, lutte contre la traite humaine, surtout des femmes et des enfants, souvent dans des buts de prostitution ou d’ablation d’organes. Les réseaux de traite profitent de l’aspiration des jeunes africains à partir à l’étranger à tout prix. Talitha Kum mène des actions de prévention, d’accompagnement de ceux et celles qui ont décidé de migrer et enfin de rapatriement des victimes qui veulent rentrer au pays. Ce réseau mène aussi un travail de plaidoyer et de dénonciation. Une forme de prévention contre la traite, selon moi, est le travail que font les deux centres que nous gérons en RDC. En effet, un jeune qui a un métier et qui a reçu le matériel pour son auto-prise en charge est beaucoup moins tenté de migrer dans des conditions précaires.

La plus belle récompense pour cet investissement est le sourire, chaque année, des finalistes qui ont retrouvé leur dignité et s’engagent avec espérance dans un avenir meilleur.

Par: Bernard Ugeux, M.Afr.

Centre Nyota
Menuiserie_Ecole de Kamituga

Les droits de l’homme à la lumière de l’Évangile

Lorsque le rédacteur en chef du Petit Echo m’a demandé d’écrire un article sur le sujet ci-dessus, ma première réaction a été de donner une réponse négative. Je ne suis plus au Ghana, et même lorsque j’y étais, je n’ai jamais été confronté à des “problèmes de droits de l’homme”. Lorsque, en relisant le sujet, j’ai vu les mots “à la lumière de l’Évangile” et que j’ai été professeur d’Écriture sainte dans diverses maisons de formation, j’ai décidé que je pouvais faire un essai, même s’il sera nécessairement plus théorique que pratique.

La Déclaration universelle des droits de l’homme

La Déclaration universelle des droits de l’homme, proclamée par l’Assemblée générale des Nations Unies à Paris le 10 décembre 1948, est un document qui fait date dans l’histoire des droits de l’homme. Il s’agit d’un document laïc, qui devrait donc être acceptable par tous, même si la contribution chrétienne est indéniable, comme nous le verrons. Il énonce, pour la première fois, 30 droits de l’homme fondamentaux à protéger universellement. Elle a été traduite en plus de 500 langues et est aujourd’hui appliquée en permanence au niveau mondial et régional.

Une définition simple est la suivante : “Les droits de l’homme sont les droits et libertés fondamentaux qui appartiennent à chaque personne dans le monde, de la naissance à la mort. Ils s’appliquent indépendamment de l’endroit d’où l’on vient, de ce que l’on croit ou de la manière dont on choisit de vivre sa vie”. Les cinq droits fondamentaux comprennent le droit à la vie et à la liberté, le droit de ne pas être soumis à l’esclavage et à la torture, la liberté d’opinion et d’expression, le droit au travail et à l’éducation et 25 autres droits. Chacun peut se prévaloir de ces droits, sans discrimination. Son contenu a certainement été décrit dans d’autres articles de ce numéro, et c’est pourquoi je préfère discuter de la relation entre les deux parties du titre.

Son origine et son développement

Nous avons dit plus haut que cette déclaration est fondamentalement laïque et universelle. Cependant, il est indéniable que le christianisme a joué un rôle distinct dans son origine et son développement. L’origine biblique se trouve sans aucun doute dans l’Ancien Testament : « Dieu dit : “Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance…” Dieu créa l’homme à son image, il le créa homme et femme » (Genèse 1, 26-27), le rendant ainsi infiniment supérieur à tous les autres êtres vivants créés, comme le confirme Gn 9, 6 : “Quiconque répand le sang de l’homme, c’est par l’homme que son sang sera répandu, car Dieu a fait l’homme à son image”.

Cette conviction a été précisée dans la loi mosaïque (par exemple les dix commandements) ; les anciens prophètes ont continuellement insisté sur la valeur et la dignité de chaque être humain. Cette conviction a certainement conduit à l’abolition de l’infanticide dans l’Empire romain, à l’abolition de l’esclavage par William Wilberforce dans l’Empire britannique, à la fin de l’apartheid en Afrique du Sud par Nelson Mandela et à la prise en charge des plus pauvres des pauvres par Mère Teresa en Inde. Le slogan de la Révolution française de 1789, affirmant l’égalité, la fraternité et la liberté comme piliers de la société humaine, est bien connu. En effet, ces trois mots résument de manière succincte les valeurs fondamentales des droits de l’homme,

Dans les Évangiles, Jésus se montre, en paroles et en pratique, le défenseur des pauvres et des nécessiteux, et il fréquentait librement des personnes que les pharisiens considéraient comme des pécheurs. Son traitement des femmes, des enfants et des laissés-pour-compte de la société est relaté presqu’à chaque page des Évangiles, ce qui est certainement remarquable dans la société dans laquelle il vivait et va au-delà des conventions sociales de son époque. Il a impliqué des femmes dans son ministère et est allé au-delà de l’ancienne sagesse qui voulait que les enfants soient vus, mais pas entendus. Au contraire, il les accueillait et les embrassait, et il avait des mots cinglants pour ceux qui voulaient faire du mal à un enfant. Il faisait souvent l’éloge des enfants et de leur foi, et invitait les adultes à les imiter.

Selon le théologien américain Wolterstorff, tout cela montre que les droits de l’homme trouvent en fin de compte leur origine en Jésus. Samuel Moyn, professeur de droit à Harvest, qui a écrit des livres sur le sujet (“Christian Human Rights”, 2015 et “The Right to Have Rights”, 2017), a écrit : “Aucune personne intéressée par l’origine des droits de l’homme ne peut se permettre d’ignorer le christianisme”. En effet, sans plus d’explications, nous pouvons affirmer que depuis les premiers jours de l’Église, en passant par le Moyen Âge et la Réforme, jusqu’au monde moderne, les disciples de Jésus ont joué un rôle central dans l’encadrement des droits de l’homme et leur mondialisation. De nombreux papes ont écrit sur le sujet et les dirigeants chrétiens locaux ont fait et font encore de grands efforts pour mettre en œuvre les droits de l’homme dans leurs localités.

Le monde d’aujourd’hui

Malheureusement, la réalité du monde d’aujourd’hui nous offre une autre image. De nombreux pays violent les principes fondamentaux des droits de l’homme par la discrimination, la répression et la guerre. Prenons par exemple le génocide en cours dans la région du Darfour au Soudan, les atrocités commises dans la région du Kivu en RDC ou au Myanmar, sans parler des nombreux cas de persécution des chrétiens ou des conditions de vie abominables des travailleurs immigrés en Europe. De nombreuses personnes, dont nous faisons partie, ferment souvent les yeux sur ces réalités inacceptables, tout en continuant à profiter de leurs maisons confortables et de la nourriture servie trois fois par jour sur leur table.

Notre fondateur, le Cardinal Charles Lavigérie, lors d’une conférence sur l’esclavage africain en 1888, s’est écrié avec insistance : “Je suis un homme, l’injustice envers d’autres hommes révolte mon cœur”. Notre Chapitre 2022 énumère de manière frappante les violations déplorables des droits fondamentaux en Afrique aujourd’hui (Actes capitulaires, 2.3). Il renouvelle l’engagement de la Société en faveur de la Justice, de la Paix et de l’Intégrité de la Création. Mais n’accusons pas trop vite les gens autour de nous, et reconnaissons aussi que dans notre propre Société, des choses déplorables se produisent de temps en temps. Dieu merci, elles sont exceptionnelles, mais nous devons les reconnaître et trouver les moyens d’éradiquer ce mal de nos propres communautés. C’est pourquoi le Chapitre a recommandé que : “Dans chaque province et section, une réflexion ait lieu sur les injustices dans la Société et avec nos collaborateurs” (2.3.1).

Par: André Schaminée, M.Afr.

Une conversation entre le christianisme et les religions traditionnelles pour la paix, la fraternité et une meilleure prise de conscience de la diversité dans les sociétés africaines

Protection des enfants rapport d’audit, secteur irlandais

Le secteur irlandais des Missionnaires d’Afrique (Pères Blancs) en février 2024 avait invité le Conseil national pour la protection des enfants de l’Église catholique d’Irlande à procéder à un audit des pratiques de protection dans notre secteur.

Voici le rapport d’audit en anglais

FINAL-Review-Report-Missionaries-of-Africa-20240322

Christopher Chileshe R.I.P.

Société des Missionnaires d'Afrique

Le Père  Christian Mulenga, Provincial d’Afrique Australe
vous fait part du retour au Seigneur du Père

Christopher Chileshe

le samedi 20 avril 2024 à Bolgatanga (Ghana)
à l’âge de 57 ans dont 30 ans de vie missionnaire
en Zambie et au Ghana.

Prions pour lui et pour ceux qui lui étaient chers.

Téléchargez ici le faire-part de décès du Père Christopher Chileshe

(plus…)

61ème Journée Mondiale de Prière pour les Vocations

Aujourd’hui, en ce 4ème dimanche de Pâques, l’Église célèbre la journée mondiale de prière pour des vocations. Le message qui guide cette journée, nous invite à semer l’espérance et à construire la Paix. Le Pape François nous invite à nous laisser fasciner par Jésus à travers les pages de l’Évangile et de lui donner de l’espace dans nos cœurs pour trouver en Lui le vrai bonheur et répondre à son appel en nous donnant complètement à Lui, s’Il nous le demande. Le Pape invite le monde chrétien à prier pour le don des vocations afin que tout le monde puisse découvrir l’appel de Dieu dans son cœur pour être des pèlerins d’espérance et artisans de paix.  Message du Pape François pour la 61ème Journée Mondiale de Prière pour les Vocations

Comme société missionnaire, nous rendons grâce au Seigneur pour des vocations missionnaires. Nous prions pour nos 470 jeunes qui sont en formation dans les différentes étapes, pour tous nos confrères animateurs vocationnelles et tous les jeunes qui ressentent dans leur cœurs l’appel à donner leur vie à l’évangélisation du monde africain.

C’est une occasion pour nous de rendre grâce à tous ceux qui soutiennent nos candidats en formation par la prière et par le support matériel. Que Dieu vous bénisse pour votre aide à la formation des futurs missionnaires.

Prions le Maître de la moisson afin qu’il réveille dans les cœurs des jeunes le désir de donner leurs vies à la mission dans le monde africain :

Père des moissons,

 tu as confié à notre Société

la merveilleuse mission

d’annoncer l’Evangile

 au monde africain.

Nous te louons

 pour ta bonté envers nous.

Sur toi s’est reposée la fidélité

de générations de missionnaires.

La moisson est aujourd’hui abondante.

 Bénis sois-tu !

Nos pères ont tout aimé

 de cette Afrique

à laquelle nous consacrons

aujourd’hui nos vies.

Pour elle nous te prions.

Elle a soif de paix, de justice,

 d’entente et d’espérance.

Donne-lui les apôtres dont elle a besoin.

Réveille en nous

la confiance dans la jeunesse.

Donne-nous l’audace d’interpeller

 et la générosité pour accueillir et écouter

ceux que tu appelles.

Notre Dame d’Afrique, prie pour nous !

Amen !

By : Pawel Hulecki M.Afr., Assistent Genera

Nos étudiants en formation

Année Spirituelle, Bobo-Dioulasso, Burkina Faso

Année Spirituelle, Kasama, Zambie

Quatrième étape, Merrivale, Afrique du Sud

Course pour une cause noble

Londres, dimanche 7 avril 2024

Avant et après la messe, j’ai vu une course de charité pour la lutte contre le cancer. Les gens couraient pour récolter des fonds afin de faire avancer la recherche sur le cancer. L’objectif est évidemment de vaincre le cancer. J’ai vu passer devant moi différents types de coureurs : jeunes et vieux, hommes et femmes, d’origines diverses. J’ai été sidéré par les personnes handicapées dans leurs fauteuils roulants.

Alors que j’étais là à regarder, j’ai eu différentes pensées. Au début, j’étais un peu sceptique à l’égard des manifestations publiques de collecte de fonds. Le pouvoir de manipulation des gens est sans limite. Ensuite, je m’interrogeais sur le résultat et sur le fonctionnement de l’ensemble : course – argent – recherche… Cependant, je ne pouvais pas nier la cause : vaincre le cancer.

Une chose était claire : les gens couraient, ils se déplaçaient pour une cause. La cause, c’est la fin de quelque chose de douloureux, de quelque chose qui donne la mort. Il y a ici deux mots-clés : mouvement et cause, mouvement pour une cause. Je me répète : courir pour une grande cause, bouger pour une grande cause. La résurrection a mis les disciples en mouvement.

Charles Lavigerie

J’ai pensé à notre grand homme : Charles Lavigerie. Il a parcouru toute la France pour récolter des fonds afin d’améliorer la vie des chrétiens au Moyen-Orient. Il a parcouru l’Europe pour l’arrêt politique de la traite des êtres humains (africains).

Pour quelle cause Lavigerie courrait-il aujourd’hui ? Lavigerie était un homme politique. La politique est une question de pouvoir, et de pouvoir sur les gens : obtenir le pouvoir et l’utiliser. Lavigerie a obtenu le pouvoir et l’a utilisé pour une grande cause : une cause religieuse (l’évangélisation des Africains), des causes politiques (les chrétiens du Moyen-Orient et la fin de la traite des êtres humains).

Et nous aujourd’hui ?

Les maux infligés aux êtres humains sont sophistiqués. L’asservissement (possession) des êtres humains et le commerce (vente et achat) des êtres humains se poursuivent de manière très sophistiquée. La douleur est évidente. Les moyens sont complexes. Les méthodes de lutte sont raffinées. Nous nous sentons parfois impuissants. Il existe des milliers de groupes, d’associations et d’institutions qui luttent contre la souffrance humaine. Nous travaillons en réseau avec eux. Nous courons avec eux.

Dans la lutte contre la souffrance humaine, est-il possible d’être initiateur aujourd’hui ? La mission prophétique implique-t-elle l’innovation ? Notre mission prophétique signifie que nous avons une “Parole de Dieu” vivifiante et transformatrice à adresser à la personne humaine.

Il me semble que les seules contributions pertinentes que nous pourrions apporter à la lutte contre les maux sont de deux ordres : premièrement, une manière ou une méthode originale de lutter contre le mal à partir de notre tradition missionnaire et, deuxièmement, la prévention. Beaucoup est fait en matière d’information, d’intervention, de soins. Notre mission ‘inter gentes’, essentiellement de nature relationnelle, nous pousse à orienter nos esprits, nos cœurs et nos mains vers la prévention des mauvais traitements infligés aux êtres humains.

L’idée maîtresse de notre lutte contre la souffrance humaine est la parole de Dieu à Caïn : le péché (le mal, la maladie, l’abus sexuel, l’esclavage) est à l’affût à ta porte : son désir est pour toi, mais tu peux le dominer (Genèse 4, 7). Peut-être la meilleure réponse à la souffrance humaine est-elle de courir, car c’est le signe d’une vie pleine et entière. S’il vous plaît, courez et courez pour une cause noble !

Par: Moussa Traore, M.Afr.

Défendre les droits de l’homme face à l’exploitation des entreprises

Un appel à l’action

Introduction

Le droit international, pierre angulaire de notre société mondialement interconnectée, établit un cadre vital guidant le comportement des nations et facilitant la collaboration à l’échelle mondiale, enraciné dans des principes tels que le partage des responsabilités, le respect mutuel et la recherche de la paix. Au cœur de ce cadre, se trouve le principe pacta sunt servanda (les accords doivent être respectés), qui souligne le caractère sacré des accords et traités internationaux, favorisant la stabilité, la confiance et le règlement des différends entre les nations. Le respect de ce principe garantit que les accords négociés servent d’outils crédibles pour la résolution des conflits et la promotion d’objectifs communs. En outre, l’adoption d’un traité international contraignant par les Nations Unies permettrait de mieux protéger les citoyens du monde entier, en particulier ceux du Sud.

Comprendre les droits de l’homme

Les droits de l’homme sont fondamentaux pour le tissu social, car ils constituent le socle de la justice et de la dignité pour tous les individus, indépendamment de leur situation géographique ou de leur statut social. Toutefois, la réalisation de ces droits se heurte souvent à des difficultés considérables, en particulier dans le contexte de l’exploitation économique perpétuée par des entités puissantes, telles que les sociétés transnationales. Malgré le cadre juridique entourant les droits de l’homme, les violations persistent, soulignant la nécessité d’une action concertée pour remédier aux injustices systémiques.

Les instruments juridiques, tant au niveau national qu’international, constituent l’une des voies par lesquelles les droits de l’homme sont articulés et protégés. La Charte internationale des droits de l’homme, qui comprend la Déclaration universelle des droits de l’homme (1948), la Convention internationale sur les droits civils et politiques (1966) et la Convention internationale sur les droits économiques, sociaux et culturels (1966), constitue un cadre fondamental pour la protection des droits de l’homme dans le monde. Toutefois, la simple existence d’instruments juridiques n’est pas suffisante ; une mise en œuvre et une application efficaces sont primordiales.

L’extraction et l’utilisation de matières premières, en particulier de minéraux et de métaux, pour la transition énergétique soulèvent d’importantes préoccupations environnementales. Le droit international de l’environnement, y compris les conventions telles que la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et la Convention sur la diversité biologique (CDB), fournit un cadre juridique pour répondre à ces préoccupations. Des principes, tels que le développement durable, le principe de précaution et le principe des responsabilités communes mais différenciées, sont au cœur du droit international de l’environnement et ont des implications pour les activités d’extraction des ressources en Europe et en Afrique.

Défis, réalités et violations des droits de l’homme

Dans de nombreuses nations démocratiques, y compris en Afrique, la protection des droits de l’homme est inscrite dans les Constitutions des États, souvent accompagnées de chartes des droits. Ces garanties juridiques servent de rempart contre les atteintes arbitraires aux libertés individuelles. Cependant, l’efficacité de ces protections dépend fortement de l’indépendance du pouvoir judiciaire et, plus encore, de la volonté des gouvernements de les faire respecter et appliquer, ce qui peut être compromis par des facteurs tels que la corruption ou l’influence indue d’intérêts puissants.

Les conséquences de ces violations des droits de l’homme sont profondes et s’étendent au-delà des communautés individuelles pour avoir un impact sur des régions entières. Les disparités économiques se creusent, les ressources environnementales s’épuisent et la cohésion sociale est mise à mal, ce qui perpétue les cycles de pauvreté et d’inégalité. En outre, l’escalade de l’impunité des entreprises représente un danger considérable pour les droits de l’homme, exacerbant la marginalisation des groupes démographiques sensibles et sapant les principes démocratiques.

Un exemple flagrant de violations des droits de l’homme perpétrées par des entreprises est celui de SIAT, société basée en Europe qui exploite de vastes plantations de palmiers à huile et d’hévéas en Afrique de l’Ouest. Soutenue par des institutions financières multinationales et aidée par des cadres réglementaires faibles, l’expansion de SIAT s’est traduite par un accaparement généralisé des terres, une dégradation de l’environnement et le déplacement de communautés indigènes. Malgré l’affirmation de l’existence d’un régime foncier coutumier, les populations locales sont souvent déplacées de force pour satisfaire les intérêts des entreprises, ce qui a pour effet d’éroder leur patrimoine culturel et de mettre en péril leurs moyens de subsistance.

Le cas de SIAT illustre parfaitement un scénario dans lequel l’État se retourne contre ses propres citoyens. L’accaparement des terres facilité par SIAT est approuvé par les gouvernements des pays d’Afrique de l’Ouest où l’entreprise a investi. Il s’agit essentiellement de l’attribution par le gouvernement aux multinationales de terres déjà habitées par les communautés locales. Lorsque les habitants résistent, le gouvernement envoie des officiers de police armés et, dans certains cas, du personnel militaire pour les expulser de force sous le couvert de l’investissement étranger et du développement.

Des cas, comme celui de SIAT, rappellent de nombreux autres cas d’acquisition de terres à grande échelle en Afrique ; ils soulignent l’absence de consentement préalable, libre et éclairé (CPLE) de la part des communautés locales. Ce CPLE nécessite une sensibilisation approfondie de toutes les parties prenantes au sein des communautés locales; jusqu’à ce qu’elles aient une compréhension claire des choix possibles et de leurs implications. Bien qu’AEFJN se soit efforcé de faciliter de telles initiatives de formation, des difficultés persistent en raison de la réticence des acteurs étatiques à coopérer, ce qui perpétue le rétrécissement de l’espace civique.

Le rôle des traités internationaux contraignants dans la lutte contre les violations des droits de l’homme

À la lumière de l’impunité généralisée observée à l’échelle mondiale en raison des actions des entreprises multinationales, divers acteurs internationaux, y compris des institutions confessionnelles telles que le Réseau Foi et Justice Afrique-Europe (AEFJN), se sont mobilisés pour plaider en faveur du démantèlement de l’impunité des entreprises et du rétablissement des droits de l’homme.

Un traité international contraignant a mis l’accent sur la manière de traiter à la fois l’État hôte et les multinationales, de sorte que les citoyens auront recours à la justice à différents intervalles.

Reconnaissant l’enchevêtrement des violations des droits de l’homme, ce traité international contraignant s’efforce d’adopter une approche globale des causes profondes de l’injustice. Cette approche comprend des réformes juridiques, des mesures de responsabilisation, des campagnes de sensibilisation, l’autonomisation des communautés marginalisées et la promotion de la solidarité entre les parties prenantes. AEFJN, fidèle à son engagement en faveur de la justice sociale et de la dignité humaine, souhaite vivement promouvoir l’adoption et la mise en œuvre de ce traité international contraignant.

Le prochain groupe de travail intergouvernemental à composition non limitée pour ce traité contraignant de l’ONU sur les sociétés transnationales, constitue un moment clé pour promouvoir la responsabilité des entreprises et faire progresser la justice mondiale. En galvanisant la société civile, les gouvernements et le soutien international, nous voulons plaider en faveur de réglementations solides et de mécanismes d’application, pour contrer l’exploitation des entreprises et sauvegarder les droits de l’homme.

Conclusion

En conclusion, la lutte pour les droits de l’homme est une entreprise permanente qui nécessite une action collective et un engagement sans faille. En tant que défenseurs de la justice et de la dignité, nous devons être solidaires des opprimés, lutter contre l’exploitation des entreprises et défendre les principes des droits de l’homme pour tous les individus. Grâce à des efforts concertés et à une collaboration intersectorielle, nous pouvons construire un monde plus juste et plus équitable où les droits de l’homme sont respectés et protégés pour les générations à venir. Nous appelons chacun d’entre nous à diffuser le message sur le traité international contraignant.

Par: Elvis Ng’andwe, M.Afr. (Secrétaire exécutif d’AEFJN, Bruxelles, Belgique)

Inscription cours de formation GT lutte contre la traite