Gabriel Bapst 1926 – 2017 (PE n° 1085)

Le Père Gabriel Bapst est né le 2 septembre 1926 à Chandon (canton de Fribourg) dans une famille paysanne. A l’âge de 2 ans, il perd sa maman alors enceinte d’un 5ème enfant. La famille s’établit ensuite à Avry-sur-Matran où trois ans plus tard le père succombe à une tuberculose. Gabriel est alors envoyé à La Roche dans un orphelinat tenu par des Sœurs. Il y restera jusqu’à sa 16ème année.

Il dira plus tard au sujet de cette première période de sa vie : « Mon enfance s’est écoulée dans l’enceinte des forêts, des ruisseaux et des collines… une enfance accordée avec les cloches des événements religieux, des grandes fêtes, des processions, surtout celles des Rogations… une enfance simple, frugale et innocente dans un cadre social et religieux bien défini. »

Il travaillait depuis six mois à Essert comme domestique « sachant traire et faucher », lorsqu’un prêtre qu’il avait connu, le visite et lui demande s’il ne désirait pas devenir prêtre. Ayant accepté cette proposition, il commence ses études secondaires à Estavayer-le-Lac. Au début, il se sent dépaysé au milieu de camarades plus jeunes que lui. A force de travail, il parvient à rattraper son retard et même à sauter deux années. Il achève ses études secondaires au Collège St-Michel de Fribourg.

Il se destine donc à devenir prêtre diocésain. Mais après avoir entendu une conférence du Père Jean Perraudin sur son apostolat en Afrique, Gabriel demande d’être admis chez les missionnaires d’Afrique. Il commence sa formation par une année supplémentaire de philosophie à l’Université de Fribourg. En 1950, il entre au noviciat à Maison-Carrée, près d’Alger. Suivent quatre années de théologie en Tunisie, à Thibar et à Carthage où il est ordonné prêtre le dimanche de Pâques, le 10 avril 1955. Le 3 juillet, il célèbre sa première messe à La Roche.

Alors qu’il souhaitait être envoyé en Afrique francophone, il reçoit une nomination pour l’Ouganda. Après un bref séjour en Angleterre pour rafraîchir son anglais, il y arrive en décembre. Durant sept années. Il exerce son apostolat dans plusieurs paroisses du vicariat du Ruwenzori : Ibanda, Nyakibale, Mbarara, Munteme et Butiti.

En 1962, il est de retour en Suisse pour 3 années d’animation missionnaire. A cette époque, le vicariat est divisé en quatre diocèses. Gabriel retourne en Ouganda en 1966 pour devenir économe diocésain du diocèse de Hoima. Il connaît des années difficiles lors de la guerre civile qui commence en 1971.
Son action en faveur des démunis et des exploités le rend suspect auprès de certains politiciens plus soucieux de leurs intérêts personnels que du bien-être de la population. Son souci de justice lui vaut trois mois de résidence forcée et des menaces de la part d’hommes armés.

En 1973, il est nommé curé de Kakindo, une paroisse d‘une cinquantaine de villages. C’est là qu’il restera le plus longtemps : onze ans. Aidé par des amis de Suisse, il peut construire plusieurs chapelles et mettre sur pied des projets sociaux. En 1984, Gabriel revient définitivement en Suisse où on lui confie diverses tâches : économe local de la maison de Fribourg, économe provincial pendant plus de dix ans, supérieur de la communauté de l’Africanum. En 1997, il est appelé à Rome comme assistant à l’économat général pour quelques mois : « Toutes ces tâches n’ont pas réussi à me faire oublier l’Ouganda tant les attaches qui m’unissaient à ces contrées étaient fortes. »

Au sujet de ses 29 ans d’Afrique, Gabriel écrit : « J’ai fait 8 fois l’aller-retour en avion Suisse-Ouganda… Curé d’une paroisse de 50.000 âmes, j’ai beaucoup annoncé la parole de Dieu, enseigné le catéchisme dans les écoles, élaboré des projets sociaux : menuiserie, garage, mécanique sur tracteurs et camions, élevage de gros et petit bétail, transports sur des routes pleines d’ornières, etc. J’ai aussi assuré la gestion financière d’un diocèse. Tout cela, avec l’aide de nombreux amis suisses… un peu en retrait de l’apostolat direct, mais avec la possibilité de collaborer au progrès social et humain du pays. »

Durant ses dernières années en Suisse, Gabriel tient à exercer un ministère pastoral dans les paroisses de la Gruyère, dans des communautés religieuses ou foyers pour personnes âgées. Il s’est aussi beaucoup dépensé pour l’animation de pèlerinages à Fatima où il s’est rendu une douzaine de fois.

Il eut même l’occasion de prononcer quelques homélies en patois, à la demande d’un cercle de patoisants où sa présence était très appréciée.
Gabriel aimait ainsi renouer avec ses racines.

A partir de 2015, ses forces commencent à diminuer. Mais il a de la peine à admettre sa fragilité. Il veut continuer à assurer presque chaque semaine le service dominical dans une chapelle de la région. Il s’y rend pour la dernière fois le samedi 2 septembre 2017. Le lendemain après-midi, il fait une chute dans son bureau et doit être conduit à l’hôpital où il décède le 5 septembre.

Selon son désir, ses funérailles sont célébrées dans sa paroisse, le 8 septembre, jour où l’Eglise célèbre la Nativité de la Vierge Marie.

Une religieuse qui connaissait bien Gabriel dit de lui : « Il a bien mérité son nom… Comme l’ange, il nous a été envoyé par Dieu (Luc 1,26) ».

Jean-Marie Gabioud, M.Afr.

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