Ghislain Jageneau 1923 – 2017 (PE n° 1085)

Ghislain est né le 31 octobre 1923 à Diependaal en province du Limbourg. Sa famille appartenait à la haute bourgeoisie ; son père était notaire. Il fit les humanités gréco-latines au collège Saint-Joseph à Hasselt. En 1941, il entra chez les Pères Blancs à Boechout, fit ensuite le noviciat à Varsenare et ses études de théologie à Heverlee, où il prononça son serment missionnaire le 5 avril 1947 et fut ordonné prêtre le 29 mars 1948.

Ses professeurs le décrivent comme peu enthousiaste et plutôt lymphatique. Il est intelligent, dispose d’un esprit clair, assez critique, mais ce n’est pas un meneur d’hommes. Ses confrères l’apprécient, il est affable, jovial, agréable en communauté. Il est obéissant et simple, mais manque parfois d’esprit réaliste. Il a cependant une haute idée de lui-même. Personne ne mit jamais en doute la solidité de sa vocation.

Nommé au ‘Vicariat de Baudouinville’, il s’envole pour le Congo belge le 5 octobre 1948. Il est nommé économe et directeur de l’école primaire à Sola ; il est aussi chargé d’un internat de 200 élèves. En septembre 1953, Ghislain est nommé professeur de la Poésie et de la Rhétorique au Petit Séminaire de Lusaka. En 1957, il en devient recteur. Durant son premier congé en 1958, il prend part à la Grande retraite à Mours. En septembre 1958, nous le retrouvons à Kapulo (Baudouinville) où le Petit Séminaire a été transféré. Il s’applique et dirige d’une main de maître son équipe de professeurs. Lui-même dira un jour : «Un bon éducateur doit avoir une main ferme, un esprit lucide et un cœur chaleureux». En septembre 1964, Ghislain est nommé curé de Baudouinville (Kirungu) et, en août 1966, secrétaire-chancelier de l’évêque, Mgr Morlion. Sous le successeur de ce dernier, Mgr Mulolwa, il continuera à assurer cette tâche jusqu’à son congé en 1972. Après son congé, Ghislain rejoint la procure de Kalemie car le voilà nommé assistant régional pour le Shaba (Katanga). Les nominations se succèdent : en février 1976, il fait un intérim comme vicaire à Christ-Roi à Kalemie ; en octobre 1976, il retourne à Kirungu comme curé. Début 1979, il vient en Belgique pour des raisons de santé. En octobre 1979, il est chargé de l’animation spirituelle de la ‘Coordination diocésaine des Ecoles Conventionnées Catholiques’, tâche qu’il assume à partir de Lubuye. Début 1983, le provincial de Belgique, Jan Lenssen, essaie d’obtenir Ghislain comme secrétaire et supérieur de la communauté de la rue Charles Degroux. Sans succès. Fin 1981, Ghislain est vicaire du Christ-Roi et, en 1984, doyen de Kalemie. Il y vit la tentative de rébellion dans la région de Moba, que l’armée nationale écrasera violemment. Ghislain écrit : «Une occupation militaire, ce n’est pas un cadeau ! La voix des armes a le dernier mot : tout le monde est soupçonné, des listes de suspects sont dressées, des actes de vengeance sont perpétrés, des maisons et des villages brûlés. Pillages, chantages et coups sont du pain quotidien». En septembre 1989, Ghislain est nommé économe diocésain du diocèse de Kalemie-Kirungu.

Un grand changement s’opère en 1991 : Ghislain est envoyé à Lubumbashi. Jo Le Nigen, membre associé, écrit dans Tous ensemble : «Lorsque l’avion s’est envolé le 12 octobre, les lumières scintillaient déjà sur la ville de Kalemie… A son bord, un homme avait certainement le cœur gros : le père Ghislain Jageneau qui a donné 43 ans de sa vie au service du diocèse de Kalemie-Kirungu.» Ghislain arrive à Likasi le 15 octobre. A la ‘cité’, les confrères ressentent encore les suites des pillages qui ont eu lieu en ville, mais les chrétiens défendent efficacement leurs ‘pères et sœurs’. «Tout tourne au ralenti et nous évitons de sortir le soir», écrit Ghislain.

Ghislain va se révéler homme social engagé. En 1997 paraît son premier Calendrier agricole, publié par l’O.N.G. Shalamo de Likasi en français et en swahili. Pour chaque mois, il donne des renseignements et conseils agricoles, ainsi qu’un calendrier des semis pour le Sud-Katanga et les données météorologiques. Après son congé en 1997, Ghislain s’installe à la Maison Kaoze. En 1998, paraît sa première brochure «Eglises, sectes et mouvements néo-religieux». Cette même année il fête son jubilé d’or d’ordination et de présence au Congo. A cette occasion il écrit : «Le Royaume de Dieu que nous prêchons commence dès ici-bas, dans les cœurs mais également dans l’amélioration des conditions de vie de tous… Combattre la pauvreté, la maladie, l’ignorance est une préoccupation pour tout missionnaire.» En 2001, il publie «Bref aperçu du droit congolais». En 2004, il prend en charge la paroisse de Saint-Kizito, une ‘paroisse externe’ située à sept kilomètres. Pour les confrères qui ont besoin de toutes sortes de documents, il fait aussi fonction de procureur. «L’essentiel du code de la route», brochure illustrée parue en 2004 chez Mediaspaul, parachève sa contribution à l’éducation des simples citoyens. En 2007, il achève sa trilogie traitant du christianisme, du judaïsme, de l’islam et des religions orientales. Vers la fin de son séjour au Congo, Ghislain est aumônier de l’hôpital de la SNCC (Société Nationale des Chemins de fer du Congo) et des cliniques universitaires. En juillet 2007, il tombe sérieusement malade, au point de mettre en doute son transfert vers la Belgique. Il est rapatrié le 7 juillet 2007, via Kinshasa. Il a presque 85 ans…

Il passera encore 10 années paisibles à la maison de repos et de soins à Munsterbilzen. Toujours de bonne humeur, fredonnant des mélodies d’antan, mais de plus en plus perdu dans son monde à lui… Après quelques semaines de soins palliatifs, il s’est doucement éteint le 10 août 2017. La liturgie d’adieu eut lieu en la chapelle du hôme, suivie de l’inhumation dans le caveau familial à Diepenbeek.

Jef Vleugels, M.Afr.

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