John n’a jamais eu une bonne santé, et ce depuis très longtemps. Il tombait presque tous les jours en marchant ou perdait connaissance. Il avait des problèmes digestifs, marchait avec difficulté, mais il demeurait actif dans la communauté. On aurait cru qu’il était indestructible. Puis soudain il nous a quitté ! Un jeudi soir, le 21 septembre, après avoir prié son chapelet avec Jean Robitaille, il quitte la maison pour sa réunion des Alcooliques Anonymes en poussant sa marchette à travers le parking de l’église ; soudainement il est renversé par une bicyclette. Il passe la nuit à l’hôpital en disant à Jean : « Faites-moi sortir d’ici ». Mais il fait une hémorragie au cerveau et tombe dans le coma. Il est mort le lendemain matin.
Avec un mélange de tristesse, d’amour et de gratitude, amis et collègues se sont rassemblés pour des messes commémoratives aux États-Unis et en Écosse. En Écosse, par d’anciens jeunes missionnaires, survivants d’un groupe que John a aidé à fonder dans ses premières années. En Floride, la communauté se souvient de lui comme un chef né, avec une présence active. Deux américains d’origine irlandaise qui l’ont récemment rencontré aux AA ont pleuré la perte de leur nouvel ami. Ils se rappellent de sa sage présence dans leur groupe. « John ne parlait pas beaucoup, mais il y avait quelque chose de profond dans sa présence. Un soir, on a abordé le thème de la spiritualité, et John s’est levé en s’appuyant sur la chaise devant lui. Tout le monde l’a regardé pour l’écouter. ‘La foi, disait-il, n’est rien de plus que de croire quelque chose de la parole d’un autre’ ».
À Washington, le réseau Afrique Foi et Justice a reconnu son rôle important et chacun se rappelle de son charme, son humour et sa sagesse. Dans ces trois endroits, on garde la mémoire d’un prêtre engagé. Tous se sont sentis aimés et respectés par John.
John est né à Newmills, Fife en Écosse, le 18 avril 1936. Après ses études secondaires, il étudie à la « Priory Bishop Waltham », ensuite à Blacklion pour la philosophie et s’Herenberg pour le noviciat. Ses quatre années de théologie à Carthage en Tunisie ont été son plus long séjour sur le continent africain.
À Carthage, il s’intègre bien, mais il vit une période difficile au niveau santé. Ordonné en 1962, il est nommé en Ouganda, mais il demeure en Ecosse sur ordre du médecin après une opération chirurgicale majeure à l’estomac. Il ne s’est jamais vraiment remis de cette opération. Pourtant, dans les maisons de formation, il jouait au football et sa personnalité juvénile rejoignait de nombreux jeunes. En 1972, il commence son long service dans la province américaine d’alors. Il travaille dans l’animation vocationnelle, puis il étudie le counseling et obtient une maîtrise de l’université Loyola de Chicago. Pendant cinq ans, il est conseiller et directeur spirituel d’une grande communauté de religieuses dans le Michigan. De retour à Chicago, il coordonne un programme de coopération en envoyant quelques coopérants à l’étranger, y compris un prêtre exceptionnel de Milwaukee, le père Jérôme Thompson, qui a servi pendant un certain nombre d’années en Tunisie et dans d’autres pays.
À cette époque, John a joué un rôle important dans la province des États-Unis. Il y a été provincial de 1987 à 1994. En 1999, il devient économe provincial et travaille au programme de collecte de fonds. Sentant le besoin d’expertise laïque, il embauche un assistant qui dirige maintenant ce programme. John avait une personnalité riche et intéressante. Il était toujours le premier à accueillir les nouveaux venus avec son large sourire et à s’intéresser à eux en les écoutant. Il aimait être en communauté et aimait être entouré de gens. Il était roux et n’aimait pas qu’on abuse trop de sa gentillesse.
Il a adopté les Etats Unis comme son pays mais est resté écossais en ne perdant jamais contact avec ses racines. Il prenait son congé en famille en Écosse, avec sa sœur, ses amis et la communauté de Rutherglen. De temps en temps il nous partageait ses récits sur le pasteur excentrique et acariâtre de sa jeunesse. Il aimait plaisanter et taquiner avec un humour alimenté d’une certaine ironie et parfois de pessimisme.
John était une personne ferme et sans illusion d’un aspect un peu sévère, mais avec son coté chaleureux et son grand cœur. Il était bien généreux pour les confrères. Il a survécu avec une ténacité indomptable, mais avec sa difficulté de marcher. Dans le labyrinthe qu’est la maison de Washington, on craignait toujours qu’il tombe dans les escaliers. Vous pouviez lui dire de prendre l’ascenseur, mais il semblait considérer cela comme «céder». Puis vous le voyiez en train de se traîner dans l’escalier principal. La mauvaise santé n’a pas seulement emporté son rêve d’Afrique, mais il a également souffert d’alcoolisme. Humilié par cette dépendance dans les années 1970, il accepte un traitement et, grâce aux AA, il a fait face au défi de la croissance intérieure. Là, il apprend à appeler les problèmes difficiles par leurs noms et à reconnaître ses propres défis. Durant ses homélies à la messe dans la communauté de Washington, il pouvait élever le ton en nommant quelque chose qui avait besoin d’amélioration dans notre vie communautaire. Il s’arrêtait ensuite brièvement et jetait un coup d’œil autour de la pièce au cas où quelqu’un voulait le nier ! Lors d’un voyage en Ouganda en 1983, il a prêché une retraite à un groupe de prêtres diocésains qui ont été impressionnés qu’il admette ouvertement ses propres luttes contre l’alcool. En tant qu’économe provincial et provincial, il a dû faire face à des situations très difficiles et prendre des décisions souvent douloureuses. Cela a aidé à la fois les confrères individuellement et la province, puis le secteur dans son ensemble.
Au cours des quinze dernières années de sa vie, il a souffert de spasmes douloureux au dos, d’opérations au genou et à l’épaule, de graves maux d’estomac et d’une mobilité réduite. Toute cette lutte et cette souffrance, par la grâce de Dieu, l’ont transformé en un missionnaire d’Afrique exceptionnel. En tant que responsable des missionnaires d’Afrique, ami et conseiller de religieuses et de laïcs et de nombreux alcooliques en rétablissement, John a canalisé ses difficultés, sa maladie et ses souffrances grâce à une sagesse sur laquelle chacun pouvait compter. Il n’a jamais arrêté sa quête spirituelle. Sa bibliothèque était remplie des derniers écrits de Nouwen, de Rohr et de beaucoup d’autres auteurs célèbres. Il était le «guérisseur blessé» selon Henri Nouwen. En temps de détresse, nous pouvions aller vers lui, non pour une tape dans le dos ou un optimisme bon marché, mais pour un espoir authentique, l’espoir dont parle saint Pierre dans sa lettre. Il nous écoutait, répondait, puis partageait quelque chose de sa propre vie. Nous, missionnaires, sommes prêts à continuer sur la route de la guérison qu’il a vécue.
Bob McGovern, M.Afr.