Violence et insécurité
Violence et Insécurité ! Je peux dire, ce sont deux réalités qui me touchent profondément au niveau personnel et au niveau de « ma vie en général » car, depuis 2011, la violence et l’insécurité qui autrefois étaient au Nord du Mali s’est étendue à presque l’ensemble du territoire malien et après, au Burkina Faso en 2013. J’ai constaté qu’à partir de 2015, la même réalité de violence et d’insécurité est venue s’installer au Burkina Faso.
C’est quoi la violence ?
La violence est définie par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) comme étant « l’utilisation intentionnelle de la force physique, de menaces à l’encontre des autres ou de soi-même, contre un groupe ou une communauté, qui entraîne ou risque fortement d’entraîner un traumatisme, des dommages psychologiques, des problèmes de développement ou un décès ». Il y a différentes formes de violence : la violence physique, la violence sexuelle, la violence psychologique et la violence verbale.
Dans nos communautés
Moi-même je peux témoigner d’avoir souffert en communauté de tentatives de violence physique de la part d’un confrère, de violence psychologique et très souvent de violence verbale de la part de certains confrères… En disant tout cela, je ne veux accuser personne, mais seulement témoigner que « la violence, surtout verbale » existe bel et bien dans nos communautés.
Au Sahel
Au niveau du Sahel, la violence physique et l’insécurité, malheureusement, touchent une grande partie de nos populations ! Nous-mêmes avons le preuve de cela, dans l’enlèvement de notre confrère, le père Ha-Jo Lohre à Bamako, le 20 novembre 2022 ; heureusement il a été libéré le 26 novembre 2023 !
Beaucoup du monde ici associe la peur et le sentiment d’insécurité à la montée de la violence dans certaines régions. A. Peyrefitte, Garde des Sceaux en France en 1977, a déclaré : « l’impression que chacun éprouve de la violence résulte notamment de son expérience personnelle, de la connaissance qu’il peut en avoir par son entourage et des informations diffusées par les moyens de communication ».
J’ai lu, l’an passé, un article d’un sociologue burkinabé, Mr Sidi Barry, que disait que la crise sécuritaire que nous vivons a ses racines dans des questions ethniques, religieuses, les frustrations des populations oubliées, le manque d’investissement dans beaucoup de zones au niveau des infrastructures de développement, surtout au niveau des communications, de la santé et de l’éducation ; à cela, nous devons ajouter le chômage endémique que nous vivons dans beaucoup de villes sahéliennes. La violence et l’insécurité amènent donc les individus et les communautés à une destruction ou à une dévalorisation du capital physique (infrastructures, équipements), du capital humain ainsi que du capital social qui repose sur la confiance, les règles ou les réseaux de relations.
Comme exemple, je peux citer le discours du général Moussa Traoré, gouverneur de Gao, le 19 février 2023 : « les problèmes dont souffre la population de la Cité des Askia sont liés à l’électricité, la télécommunication, la pénurie d’eau, l’insécurité et le développement rural » ; à la même rencontre, le Premier ministre malien Choguel Kokalla Maiga a rassuré en disant que ces préoccupations seraient transmises à qui de droit et que tout développement n’a de sens que lorsque un pays est sécurisé. Les conflits et la guerre peuvent avoir un coût élevé en termes de dépenses militaires et d’endettement extérieur.
Au niveau social, des fois, nous voyons des activistes et des réseaux sociaux qui peuvent déstabiliser la société en prêchant l’intolérance, les discours ethniques, haineux, terroristes… de telle manière, qu’on entend dire souvent « personne n’a confiance en personne » ; je pense que les gouvernements font de leur mieux pour éduquer et sensibiliser les populations face à ce problème ; mais c’est toujours un travail à continuer au niveau de la liberté de la presse, des Droits Humains, de la liberté d’expression et des partis politiques.
Les mesures qu’on peut prendre pour prévenir la violence
Il est possible de prévenir la violence, mais pour cela de grands défis sont à relever au niveau de la crise humanitaire et sécuritaire sans précèdent queconnaît le Sahel : la réconciliation afin d’apaiser les cœurs, l’éducation, la réinsertion des enfants déscolarisés à cause de l’insécurité, le renforcement du dialogue et la négociation en intégrant les acteurs politiques et religieux, promouvoir la confiance entre militaires et population, continuer à prier pour la paix en demandant au Seigneur d’assurer la sécurité des populations et de leurs biens, car, en certaines zones, les personnes ne peuvent plus dormir tranquilles, ni cultiver la terre, ni voyager… Au Burkina Faso, le nombre des personnes déplacées (PDI), tourne autour de 2.000.000.
Promotion de l’empathie et de la non-violence dans la société
Pour briser le ressort de la violence, il faut rompre avec les processus de justification et de légitimation de la violence, et montrer que la violence n’est pas une fatalité. Il faut montrer que la non-violence est une exigence essentielle de la conscience de l’homme, et aussi qu’elle peut constituer une alternative à la violence dans des domaines variés de la vie collective et même des relations internationales.
Il est urgent également de préparer les enfants à être des citoyens. Par une véritable éducation civique avec comme caractéristiques : la coopération plutôt que la compétition, la créativité plutôt que la reproduction des modèles, la solidarité plutôt que la rivalité.
Pour terminer je dirais ceci : l’espoir renaît car dans beaucoup de parties de notre terre sahélien, les choses vont beaucoup mieux : beaucoup de personnes, de structures, d’associations, de mouvements sont engagés dans la lutte contre la violence et l’insécurité pour un meilleur avenir. L’Eglise catholique elle-même, par le moyen des organismes comme Caritas, a beaucoup de projets et de programmes en ce sens-là ; au niveau de l’archidiocèse de Bobo-Dioulasso, il y a des sessions sur la sécurité. Je cite : « du petit maraudeur au violent terroriste, les actions des malfaiteurs troublent la quiétude des citoyens, des laïcs, des communautés sacerdotales et religieuses mettant a rude épreuve les efforts d’évangélisation et aussi le processus de développement humain ». Que Dieu nous bénisse et nous protège !
Par: Manuel Gallego Gomez, M.Afr.