Au cours de notre formation initiale, un accent particulier est mis sur les exercices spirituels. Une fois sur le terrain, nous nous rendons compte davantage de l’importante de cet aspect de notre préparation à la mission. J’aimerais, à travers ces lignes, partager avec vous ma petite expérience de la place de la prière, communautaire et personnelle, dans notre vie missionnaire.
La chance d’avoir une communauté qui prie :
Après mon ordination en juillet 2009, j’ai été envoyé au Soudan dans une communauté de cinq prêtres et de deux stagiaires. Malgré les multiples occupations pastorales des confrères, la prière y avait sa place. Chaque confrère s’organisait pour sa prière personnelle. Certains le faisaient dans la chapelle, et d’autres dans leurs chambres. Après la méditation personnelle, les Laudes nous rassemblaient avant tout autre activité comme pour confier au Seigneur notre journée. Le soir, c’est au tour des Vêpres de nous unir pour rendre grâce au Seigneur de ce qu’a été la journée. Nous avions également des récollections mensuelles animées à tour de rôle par les confrères. Sans doute, pour ce qui concerne la vie spirituelle, cette ambiance de prière qui régnait dans la communauté a facilité ma transition de la maison de formation à la vie sur le terrain de la mission.
La prière communautaire, un support mutuel
Quatre année après mon arrivé au Soudan, la communauté qui était composée de sept membres s’est réduite à seulement deux avec ce que cela comporte : plus de travail et donc moins de temps pour soi. Dans ces conditions, garder l’équilibre entre la vie de prière et la vie pastorale était devenu beaucoup plus difficile qu’avant. Et en plus, si dans le passé l’absence de l’un ou l’autre confrère pour quelque raison que ce soit n’empêchait pas la prière d’être communautaire, à partir de ce moment, ça l’était. Le risque de se retrouver seul à la prière communautaire était toujours présent. Heureusement, chacun était conscient de l’importance de sa présence à la prière pour l’autre. S’absenter, en plus d’être un manque à nos engagements, était aussi ressenti comme un manque de générosité envers l’autre. J’ai pu donc faire l’expérience de la prière communautaire comme un soutien mutuel entre confrères et spécialement au moment où nous n’étions que deux.
Ces prières qui nous rassemblent sont l’occasion de prier pour les fidèles de la paroisse et nos activités pastorales. Nous y portons également nos familles et nos propres préoccupations en tant que communauté missionnaire. L’incertitude dans laquelle la communauté à vécu spécialement à partir de 2013, liée aux difficultés de renouvellement de visa, a très souvent été présente dans nos prières.
Prière personnelle : discernement continu de vocation
A coté de la prière communautaire, qui est un soutien entre membres de la communauté et de prière pour ceux dont nous avons la charge, la prière personnelle est un moyen de cheminement individuel avec le Seigneur. La vie missionnaire a tellement de surprises et de défis que nous avons besoin de garder un contact permanent et personnel avec le Seigneur pour ne pas perdre de vue l’objectif de notre engagement.
Comme jeune missionnaire, j’ai fait l’expérience de la joie de la mission mais aussi de ces défis qui sont quelque fois source de découragement et de doute. Dans un cas comme dans l’autre, nous avons besoin de prêter attention à la voix du Seigneur pour découvrir sa volonté. La méditation personnelle est le cadre idéal pour écouter la voix du Seigneur qui murmure toujours à nos oreilles. Elle a été pour moi l’occasion de rendre grâce au Seigneur pour les consolations, mais aussi de lui présenter mes frustrations et mes découragements. Le face à face avec le Seigneur m’a aidé à retrouver la paix intérieure chaque fois qu’il était nécessaire. Et pendant des moments de doute, elle a été comme une confirmation de mon « élection » pendant le noviciat et de la grande retraite.

Prière personnelle : moyen de discernement apostolique
En nous consacrant à Dieu à travers la Société des Missionnaires d’Afrique, notre désir est de devenir d’autre Christ et servir ceux à qui nous serons envoyés comme lui-même l’aurait fait. Seulement, il n’est pas toujours facile de discerner la volonté de Dieu dans nos décisions pastorales, que ce soit personnellement ou en équipe. Certes, comme missionnaires d’Afrique, nous avons un cadre de discernement apostolique qui est la réunion communautaire et cela vaut toute sa valeur. Toutefois, dans certains cas, cette méthode de discernement a besoin d’un préalable : un rendez-vous de silence personnel des membres de la communauté avec le Seigneur pour se laisser éclairer par Lui. En d’autres termes, la méditation personnelle nous aide à discerner la volonté de Dieu dans nos activités pastorales et à leur donner sens. De cette façon, même à des moments où nous ne pouvons rien faire, des moments où nous faisons l’expérience de notre impuissance devant des situations pastorales, la méditation nous aide à les vivre dans l’offrande au Seigneur.
Pour conclure, j’aimerai rendre grâce à Dieu pour sa présence dans ma vie durant les sept ans et demi de vie missionnaire. Ma petite expérience me permet d’affirmer qu’à côté des aspects importants de la vie missionnaire comme l’apostolat, les exercices intellectuels et les recréations, la prière est le secret d’une vie missionnaire épanouie et fructueuse. Elle est la force invisible mais active qui permet d’avancer au large.
Joël Ouédraogo