Le dialogue œcuménique et interreligieux autour de Kampala
Kampala est au centre des principaux aspects de la vie de la nation ougandaise : la politique, l’économie, l’éducation, la santé, sans oublier la religion. Sa population est la plus diversifiée sur le plan religieux comparée à toute autre partie de l’Ouganda. Les sièges de l’Église catholique, de l’Église d’Ouganda, de l’Église orthodoxe et de l’Islam sont tous ici. La plupart des églises pentecôtistes ont leurs églises principales ici. Les deux conseils œcuméniques et interreligieux nationaux – le Conseil chrétien mixte d’Ouganda (UJCC) et le Conseil interreligieux d’Ouganda (IRCU) – ont leur siège ici.
La population de Kampala est donc naturellement multiconfessionnelle et est destinée à le rester à l’avenir. Les interactions et la vie interreligieuses et œcuméniques font partie intégrante de la vie des gens, que ce soit dans les quartiers résidentiels ou non. On peut dire qu’à Kampala, ce qui unit les gens de différentes confessions est plus fort que ce qui les divise et les oppose les uns aux autres.
Tous les partis politiques de ce pays ont leur quartier général ici à Kampala et cherchent à se doter d’une identité religieuse tant au niveau de leur présidence que de leurs membres. Dans la même veine, Kampala étant le siège du Royaume du Buganda, l’esprit œcuménique et interreligieux est plus prononcé dans sa population qu’ailleurs. Le Kabaka est le roi pour tous, indépendamment de leurs affiliations religieuses, et la plupart des activités initiées et promues par le Royaume sont inclusives.
Les mariages interconfessionnels sont l’un des défis pastoraux qui, à mon avis, est plus aigu à Kampala que dans toute autre partie du pays. Un certain nombre de couples, mariés à l’église ou non, vivent dans cette situation et il existe un grand besoin d’une catéchèse œcuménique – interreligieuse adaptée et de lignes directrices pastorales sur cette question particulière.
À Kampala, la solidarité œcuménique et interreligieuse se pratique surtout dans l’adversité et la souffrance : la pauvreté dans un nombre croissant de bidonvilles, les crimes et les injustices, sans oublier la mort qui survient plus souvent en ville que dans les villages. L’une de ces adversités s’est produite récemment lorsque l’une des églises protestantes de Kampala a été démolie par des personnes qui prétendaient être propriétaires du terrain sur lequel elle était construite. La solidarité qui s’est manifestée à cette occasion de la part de toutes les personnes, indépendamment de leur foi, a été une voix prophétique forte qui nous a rappelé l’importance et le rôle clé de la religion dans notre société.
Du côté officiel du dialogue œcuménique et interreligieux, les interventions des deux conseils œcuméniques et interreligieux nationaux mentionnés ci-dessus sont plus efficaces à Kampala qu’ailleurs dans le pays. Leurs interventions, souvent sur des questions de justice et de paix, par exemple, concernant la violation des droits de l’homme, la gouvernance et la démocratie, etc. deviennent le sujet de conversation du jour dans la ville.
Enfin, il convient d’observer que si “ce qui unit les personnes de différentes confessions à Kampala est plus fort que ce qui les divise et les oppose les unes aux autres”, il existe également une crainte – fondée ou non – chez certains chefs religieux et fidèles laïcs de différentes communautés religieuses à l’égard les uns des autres. Il est également triste de constater que certaines activités œcuméniques communes, comme par exemple la semaine annuelle de prière pour l’unité des chrétiens, ont récemment connu un certain relâchement. La pandémie COVID-19 pourrait-elle être un rappel de Dieu de la nécessité de renforcer notre coexistence pacifique et notre collaboration œcuménique et interreligieuse ? En fait, les habitants de Kampala ont été plus touchés par la pandémie que ceux des autres régions du pays.
Père Richard Nnyombi, M.Afr.