« L’importance de la prière ne s’apprend pas dans les livres, C’est une conviction personnelle » (PE n° 1077)

Les candidats qui arrivent à l’Année Spirituelle ont en général une conscience pertinente de l’importance de la prière personnelle et de la prière communautaire. Ils l’ont acquise au cours de leur formation de premier cycle, quand ils étaient aspirants et au sein de leurs communautés chrétiennes.

Dans les lettres de demande d’admission au noviciat, des candidats expriment clairement leur désir de grandir dans leur vie spirituelle. Cela fait également partie des attentes qui reviennent lors de la semaine de lancement du noviciat. Ceci nous facilite donc la tâche car c’est justement pendant cette semaine que chacun prend petit à petit sa place dans la communauté. Nous constatons alors qu’un bon nombre de novices n’attendent pas qu’un horaire soit clairement établi pour commencer leur propre méditation. Voilà un signe tout à fait clair que le message est passé.

Ce qui nous facilite également la tâche, ce sont les premières sessions qui sont données au noviciat. Ces sessions permettent de prendre en compte l’expérience acquise par nos candidats qui viennent de 5 ou 6 premiers cycles différents et qui pour certains sont comme une remise à niveau spirituelle. Elles permettent, par exemple, d’avoir de bonnes bases pour la suite dans « La prière du Temps Présent » où il leur est rappelé l’importance de personnaliser ses introductions quand on dirige la prière et de ne pas réciter les psaumes à toute vitesse. On leur apprend à faire en sorte que ce soit effectivement un vrai temps de « prière » et non pas une formalité…

C’est dans ce cadre que se situe également une session sur la « Vie Spirituelle » où ensemble avec les novices nous échangeons sur l’importance de la méditation, la manière de la faire, les lieux qui nous y portent le mieux. La session souligne bien l’importance de la visibilité de la prière comme le dit Jean-Michel, Secrétaire à la formation initiale: « La prière des autres me soutient et m’encourage », car « prier ensemble crée une communion entre les personnes », sans oublier que « la prière visible a valeur de témoignage »… Dans ces échanges, on fait constamment référence à ce que chacun a déjà vécu jusqu’ici.

Au noviciat nos candidats se rendent compte que la vie de prière tant au niveau personnel qu’au niveau communautaire fait partie des priorités de toute la communauté, candidats comme formateurs. Oui, même les formateurs prient alors qu’ils ne sont plus en formation… ; même eux prennent part à la lectio divina et y rencontrent ce Dieu toujours à l’œuvre et qui continue à se révéler.

Une autre occasion nous est offerte pour prendre de plus en plus conscience de l’importance de la prière personnelle et communautaire, c’est le petit congé de Noël que les novices font dans différentes communautés missionnaires d’Afrique et également dans deux paroisses tenues par des abbés. Lors des échanges sur l’expérience de ce temps de « repos », on a pu entendre l’un ou l’autre novice dire avoir été frappé par le fait que les confrères trouvaient le temps de prier malgré les nombreuses tâches qu’ils avaient. Ils citent souvent les confrères qui font leur méditation. Ces choses, ils les voyaient avant de venir au noviciat mais, dans le cadre du noviciat, ils en font une nouvelle lecture qui vient soutenir leurs convictions et confirmer ce qu’ils entendent et vivent au noviciat.

Dans le temps fort de l’immersion, le novice a l’occasion de se rendre compte par lui-même s’il a tendance à mettre facilement la prière au second plan après les activités qui lui sont proposées ou bien si la prière fait bel et bien partie de ses priorités.

Grâce à l’accompagnement spirituel, aux différentes relectures au niveau personnel, au niveau de l’équipe et au niveau communautaire, plusieurs de nos candidats deviennent alors plus attentifs qu’avant à la place de la prière dans la vie d’un missionnaire et plus attentifs à ce qu’ils en vivent eux-mêmes.

 

Tout ce qu’il faut savoir sur l’importance de la prière personnelle et communautaire ne se trouve pas dans des manuels, sinon ça resterait au niveau de la tête. Il s’agit d’en être convaincu soi-même (formateurs comme candidats). Comme formateur, je reconnais que le noviciat m’a fait redécouvrir cet aspect important de notre vocation missionnaire. Je me rappelle qu’en préparant une retraite pour l’Entrée Officielle des novices dans la Société, je suis tombé sur un livret qui parlait de la vie spirituelle de notre Fondateur (« Entretiens sur la vie intérieure du Cardinal Lavigerie » écrit par Jean Perraudin). Le titre d’un chapitre m’a frappé : « La foi est sa lumière ». Dans ce chapitre, une citation du Pape Pie XII qui recevait les membres du 19ème Chapitre Général des Missionnaires en 1957 m’est restée : « Votre illustre fondateur voulait que votre activité apostolique s’appuie sur une vie intérieure sérieuse et profonde ». La prière et la foi vont en effet de pair pour être à l’écoute de ce que le Seigneur veut de nous et être ainsi « apôtre et rien que cela » .

C’est à cela que nous essayons de former nos candidats.

Si, pendant le noviciat, le candidat n’expérimente pas l’importance et la centralité de la prière dans sa vie chrétienne comme dans sa vocation missionnaire, le temps du stage risque fort d’être un temps où il va empiler des expériences, certes riches et belles, mais sans percevoir le sens profond que doit y trouver celui qui est « envoyé ». Ce danger nous guette tous, danger que certains expriment ainsi: « accomplir le travail du Seigneur tout en oubliant le Seigneur du travail… » Et ce n’est pas en théologie que les choses vont s’améliorer, bien au contraire, car l’aspect académique risque de prendre le dessus.

Pour résumer le tout, le but est que le candidat ne prie pas uniquement parce qu’il voit tel ou tel prier, qu’il soit formateur ou étudiant, mais qu’il en soit convaincu lui-même.

Prosper Mbusa

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