Maurice est né le 14 juillet 1931 à Chicago, aux États-Unis. Il n’a pas encore un an quand ses parents reviennent s’installer à Sudbury en Ontario, Canada. C’est là qu’il grandit et étudie. Après ses études primaires à l’école St-Joseph, il entre au Collège Sacré-Cœur où il fait son cours classique. Le 6 août 1953, il commence son année spirituelle à St-Martin de Laval et fait ses études de théologie à Eastview où il prononce son serment missionnaire le 22 juin 1957 et est ordonné prêtre le 1er février 1958.
Pendant tout le temps de sa formation, on remarque que Maurice a une volonté très forte : volontariste et entreprenant, il agit avec une logique implacable, sans aucun compromis. Dès qu’il a choisi une ligne de conduite, il ne l’abandonne pas facilement. Travailleur infatigable, acharné et tenace, il se donne de toutes ses forces au devoir à accomplir. Il se signale par la fermeté et la droiture de son caractère. Il est très attaché à sa vocation missionnaire et fait preuve d’une piété personnelle et profonde. Il se montre aussi très réservé, n’ayant aucun attrait pour les grands rassemblements ni les longues conversations. Au premier contact, Maurice peut apparaître timide et fermé, mais celui qui le connaît bien sait qu’il communique facilement dans de petits groupes où il se sent plus à l’aise.
En septembre 1958, le P. Charpentier va à Londres, en Angleterre, pour y faire, pendant deux ans, des études en sciences de l’Éducation. En 1960, il part pour la Tanzanie et apprend d’abord le swahili au Centre de Langues de Karema. Pendant quelques mois il est ensuite vicaire à Kigoma avant d’être nommé professeur à l’École Normale de Kajunguti, dans le diocèse de Bukoba. En 1967, Maurice se retrouve professeur de sciences au petit séminaire de Katoke, dans le diocèse de Rulenge. Cinq ans plus tard, il devient Recteur de ce séminaire, fonction qu’il garde pendant huit ans. Tous les cinq ans, le Père Charpentier revient à Sudbury, en Ontario, pour quelques mois de repos.
Au cours de ses congés, Maurice n’occupe pas son temps à voyager ni à visiter. Il passe parfois plusieurs semaines à faire du ministère pastoral dans une paroisse de Sudbury. Il se fait alors remarquer par son zèle auprès des malades qu’il visite fréquemment dans les hôpitaux et dans les résidences pour personnes âgées de la région. Tous ces malades et les membres de leurs familles gardent du Père Charpentier le souvenir d’un prêtre proche des petites gens et manifestant beaucoup de compassion pour les plus souffrants et les plus abandonnés.
En 1983, Maurice est nommé à Kabanga, diocèse de Kigoma, pour enseigner l’éthique professionnelle à l’école des Infirmières et être aumônier d’une communauté de religieuses africaines en formation. Lorsque l’école de Kigoma ferme ses portes, le temps de l’enseignement, où il a passé 25 ans, est terminé pour lui. À l’âge de 53 ans, il doit maintenant apprendre le métier, comme il le dit lui-même, de « missionnaire de brousse ». Vicaire à Mabamba, une paroisse rurale de Kigoma, Maurice se retrouve avec deux confrères Missionnaires d’Afrique. Le curé de la paroisse doit l’aider à organiser son apostolat en lui fournissant une camionnette, une valise-chapelle, un sac de couchage, etc. Son autre confrère l’initie à l’apostolat auprès des Baha. Grâce à leur aide, Maurice se sent très heureux dans ce travail. Tout est nouveau pour lui : enseigner le catéchisme, préparer les catéchumènes au baptême, accompagner les fiancés jusqu’au sacrement de mariage, assurer les services du dimanche dans les succursales, tout en participant aux joies et aux peines des paroissiens. Ce qu’il préfère, dit-il, c’est : « rendre visite aux gens chez eux, dans leurs maisons, les écouter, les réconforter dans leur foi et leur parler du Seigneur Jésus. Quel changement avec mes précédentes recherches de physique et de chimie en laboratoire ! »
En 1992, le Père Charpentier est rapatrié d’urgence au Canada à cause d’une tuberculose pulmonaire. C’est à Sherbrooke qu’il se fait soigner et à Moncton au Nouveau-Brunswick qu’il fait sa convalescence pendant quelques mois. Un an plus tard, il retourne à la paroisse de Mabamba comme vicaire et il y réside jusqu’en 2002. Il doit de nouveau revenir au Canada pour se faire soigner, tout en résidant à notre maison de la rue St-Hubert, à Montréal. Deux ans plus tard, Maurice est nommé à Toronto pour y faire, avec deux confrères, du ministère et de l’animation missionnaire à la paroisse Sacré-Cœur.
En 2008, le P. Charpentier connaît des problèmes de santé de plus en plus sérieux et est nommé dans notre communauté de Sherbrooke. Il souffre d’un cancer de la prostate avec métastases osseuses. Maurice est pleinement conscient de son état de santé et mentionne à plusieurs reprises qu’il veut laisser faire la nature. Ses forces diminuent graduellement et bientôt il doit recevoir des soins de confort. Après plusieurs séjours à l’hôpital, il prend résidence au CHSLD d’Asbestos où il décède le 9 mars 2017. Les funérailles, en présence des cendres, ont lieu dans la chapelle des Missionnaires d’Afrique de Sherbrooke le 15 mars suivant.
Homme d’une grande simplicité, toujours habillé simplement, Maurice s’est toujours montré accueillant avec toutes les personnes qui s’approchaient de lui. Dans les diverses paroisses où il a été vicaire en Tanzanie, il aimait prendre le temps de rencontrer les gens du marché du village, trouvant toujours un bon mot pour les encourager. À Toronto, il aimait aller rencontrer les itinérants et les sans-abri dans un parc sur le territoire de sa paroisse et n’hésitait pas à partager avec eux la soupe distribuée par un organisme de charité. Toujours vicaire dans les paroisses de Kigoma, il a accompli un excellent travail dans son ministère pastoral. Il était apprécié à la fois par ses paroissiens et par ses confrères. Maurice n’était pas intéressé à devenir curé de paroisse. C’est pourquoi il est toujours demeuré vicaire. C’était un homme de relations, mais non un leader.
Le Père Maurice Charpentier a été un homme de foi profonde dans le Christ qu’il a rencontré et servi dans les petites gens et les pauvres. Il avait aussi une grande dévotion à la Vierge Marie. Ici, à Sherbrooke, quand il était encore suffisamment en santé et qu’il pouvait sortir dehors, il aimait aller prier et chanter un chant marial devant la statue de la Vierge près du petit lac sur notre terrain. Missionnaire zélé et fidèle, le Père Charpentier reçoit maintenant le bonheur et le repos éternels dans le Royaume des cieux.
Michel Carbonneau, M.Afr.