Firmin est né le 9 juin 1929 à St-Trond en province du Limbourg. Son père mourut quand Firmin avait 8 ans. Sa mère tenait un commerce pour faire vivre sa famille. Firmin suivit les humanités anciennes au collège de sa ville natale. Son frère aîné était entré au séminaire diocésain. En septembre 1948 Firmin entra chez les Pères Blancs à Boechout, fit le noviciat à Varsenare et les quatre années de théologie à Heverlee. Il y prononça son serment missionnaire le 10 juillet 1954 et fut ordonné prêtre le 10 avril 1955. Ses professeurs décrivent Firmin comme un sujet de valeur. Il a un jugement équilibré, une volonté forte, avec le danger d’être trop radical ; il est dévoué et courageux, travailleur énergique. Il est simple et cordial, bien qu’un peu retiré en communauté. Intellectuellement plutôt moyen, il a une âme d’artiste avec des dons pour la musique et la peinture. Il tient à ses idées. Toutes ces années, il souffre de maux de tête, mais ne se plaint jamais.
Nommé au « vicariat » de Kasongo, dans ce qui était encore de Congo belge, il partit le 8 avril 1956 avec Sobelair. Il est envoyé au Petit séminaire de Mungombe, où il remplace l’économe et enseigne le grec, le latin et le néerlandais. Et il se met au swahili. Pendant les vacances il donne un coup de main en paroisse. Expérience enrichissante, certes, mais qui le déçoit par le peu de cas que l’on y fait des exercices spirituels. Il part pour un premier congé prolongé en 1961 à cause des tensions dans le Maniema. De retour, il fait un intérim à Shabunda avant de gagner Kasongo, chargé de la catéchèse. Il est évacué lors de la rébellion de 1964-1965 et revient à Kasongo en mai. En octobre 1967, Firmin est nommé curé à Kalima. En février 1969, il retourne à la ville de Kasongo comme directeur du collège St-Louis (collège Mala), jusqu’à la zaïrianisation en 1974. Il prend alors un temps de congé et de recyclage. De retour en 1975 il est nommé curé de Kipaka. L’entente communautaire y était difficile ; finalement, d’après l’assistant-régional de l’époque, Firmin dut partir « victime d’une vraie injustice » : on lui demanda en octobre 1978, de retourner à Kasongo. Début 1981 il est curé à Lulingu. En 1987 il suit la session/retraite à Jérusalem. En 1991 il est élu conseiller régional. A plusieurs reprises, pendant ces années, il doit aller se faire soigner en Europe. Le Maniema avait demandé beaucoup de ses forces physiques. En plus, lisons-nous dans un rapport de l’équipe régionale, « Firmin est un grand idéaliste, planant parfois dans le monde des idées et des rêves, homme de prière, rêvant d’une communauté semi-contemplative ». Aussi lui conseille-t-on de profiter de son séjour en Europe pour s’initier à l’accompagnement spirituel.
De retour au Congo, on propose à Firmin de quitter le diocèse de Kasongo après 35 ans de présence. En mai 1992 il est nommé pour l’animation spirituelle au Centre pastorale ‘Maria Mama’ de Buhimba, diocèse de Goma. Le Centre est magnifiquement situé sur les bords du Lac Kivu. Il y travaille un temps avec Adrien Laur ; en mai 1993 il devient responsable de la communauté et il fait aussi partie de l’équipe chargée de la formation permanente des confrères. Il anime des retraites et fait de l’accompagnement spirituelle. Il en parlera comme la plus belle période de sa vie en mission. Le 1er mars 1994 il doit de nouveau partir en congé pour des raisons de santé. Il s’agit en fait de son départ définitif. En décembre sa maman meurt à l’âge de 95 ans…
Firmin continue à chercher sa voie… Il fait la connaissance des Petites Sœurs de Bethléem et de l’Assomption dans le massif de la Chartreuse. Sur proposition de leur Supérieure générale, il rejoint le 15 novembre 1994 les mêmes Petites Sœurs au Monastère de Notre Dame de Clémence à La Verne, dans le massif des Maures, près de Collobrières (Toulon), qui ont besoin d’un célébrant. Elles suivent la règle de Saint Bruno, le fondateur des Chartreux et célèbrent d’après la liturgie orientale. Lever à 4 heures pour l’office. Elles sont une petite vingtaine, chacune vivant seule dans son ermitage. Firmin loge dans un conteneur aménagé, hors de l’enceinte de l’abbaye. Son travail : présider l’eucharistie sans donner de commentaires. En octobre 1995 il est officiellement nommé en France. Il est heureux de vivre sa vie missionnaire dans une voie de plus en plus contemplative. N’empêche que la solitude et l’isolement – il vit loin de tout sans moyen de déplacement – lui pèsent. Il garde des contacts sporadiques avec les confrères de Fréjus. En mai 2000 Firmin rejoint la Chartreuse Notre-Dame des Prés à Neuville-sous-Montreuil, un endroit beaucoup moins austère et un centre spirituel très fréquenté. En novembre 2002 il ira vivre sa vie d’humble service au Monastère de Bethléem, aussi appelé Monastère de Notre-Dame de Pitié, à Mougères près de Caux. Il n’y restera que quelques mois, sa santé ne permettant plus de vivre sous un régime plutôt austère.
En octobre 2003 il revient en Belgique où il rejoint notre communauté d’Evere. Il était heureux quand le provincial de l’époque le conduisait pour une visite au Monastère de Bethléem (Notre-Dame du Fiat) à Opgrimbie, où il connaissait quelques moniales venues de France. Des icônes donnaient le ton dans sa chambre à Evere et on sentait que la liturgie était pour lui le coeur de sa journée. Il a continué sa quête spirituelle, un peu en retrait de la communauté, discrètement, tout en restant un confrère charmant, souriant, prévenant et gentil. Il était depuis un mois à l’hôpital quand il s’est éteint le 4 novembre 2016, un peu seul sans doute comme Jésus à Gethsémani mais en paix. Il fut enterré parmi ses confrères à Varsenare.
Jef Vleugels