Périphéries existentielles au Brésil (PE n° 1083)

Expérience de contact
dans les périphéries existentielles au Brésil :
cas de Salvador da Bahia

Angelo Lee et Raphaël Muteba

Les faits sociaux étant révélateurs, nous assistons à de grandes mutations qui touchent directement aux fondamentaux qui régissent le quotidien de l’homme, l’économie, la politique et la spiritualité. Comme l’approche missionnaire n’est pas statique à cause des faits en perpétuel changement, le 28ᵉ Chapitre général, à travers les Actes Capitulaires, aborde avec justesse une réflexion sur nos engagements missionnaires d’Afrique à la lumière des faits tels que nous les vivons et les sentons aujourd’hui.
Les Actes Capitulaires sont donc un outil pour, d’une part, revitaliser notre foi en Jésus-Christ et la communion entre confrères, et d’autre part, garder l’oeil sur les faits sociaux présents et futurs pour une approche missionnaire incarnée et conséquente. Le missionnaire, de part sa vocation chrétienne, est un visionnaire par le sens de son observation et son adaptation généreuse à l’environnement.

Raphaël et les jeunes en visite au hôme des pesrsonnes âgées

Attentif aux mutations du XXIᵉ siècle, le Chapitre de 2010 a commencé à envisager les nominations de jeunes confrères hors du continent africain. Dans ce contexte, j’ai été nommé au Brésil pour former, avec d’autres confrères, une équipe missionnaire pour une expérience de foi au travers de l’approche missionnaire d’Afrique. Le Brésil est un pays continent et cosmopolite. Contrairement à d’autres pays, au Brésil les tensions entre les races ne sont pas très alarmantes, sans doute grâce à une longue histoire commune de tolérance et d’acceptation mutuelle. Néanmoins il existe quelques cas de discriminations à déplorer. L’étude et l’analyse, l’observation et les conversations ont constitué une approche dans mon expérience de contact, d’insertion et de la compréhension de la matrice brésilienne au travers de ses multiples facettes culturelles et structurelles ; les célébrations festives et les dévotions populaires, les sensibilités des gens, l’estime et le préjugé vis-à vis de l’étranger etc.

De plus en plus il y a une peur palpable alimentée par la violence qui prend des proportions alarmantes. Cette situation est aggravée par des cartels de drogue qui se sont infiltrés dans les zones à forte densité. Le goût pour le gain facile crée des victimes parmi les jeunes. Pour plusieurs d’entre eux, ce sera un chemin sans retour, car les trahisons sont nombreuses et l’erreur est impardonnable. Nous sommes aussi témoins d’autre, phénomène, à l’échelle mondiale : “Etre catholique non-pratiquant”, une autre farce qui n’est pas anodine, l’émergence des familles déstructurées, la dépression, etc. Ayant constaté ces faits, je me suis rendu à l’évidence que les gens manifestent le besoin de se tourner vers des psychologues, psychiâtres et aussi vers des prêtres.

Raphaël (à droite) avec quelques jeunes de la paroisse

Vicaire dans une paroisse, je participe à une mission à trois axes à savoir l’accueil et l’écoute, la formation et les visites, et le projet “Caritas” en faveur des nécessiteux. Les partages et l’évaluation des actions entre confrères au niveau du secteur nous motivent pour un engagement dans la vision de l’Eglise locale. C’est une vision remarquable que l’Amérique latine a élaborée et qui corrobore aussi bien avec la vision de notre Société Mafr, vision basée sur une Eglise-miséricorde en perpétuelle mission d’évangélisation. Nous, Mafr, nous apportons un “zèle missionnaire d’Afrique” que beaucoup apprécient dans les visites et les rencontres dans le cadre du dialogue. La spiritualité précède tout. Ceci étant, nous avons noté l’importance de nous engager avec zèle dans tout ce qui nourrit la spiritualité des gens à travers une liturgie bien préparée et les rencontres personnelles. Tout le secteur Brésil est dans une dynamique missionnaire à travers l’animation et la formation spirituelle, l’apprentissage des langues étrangères (français, anglais), l’animation vocationnelle, les visites pour faire de nos communautés des lieux vivants et de ressourcement spirituel.

Raphaël Muteba, M.Afr.

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