Quatrième dimanche de l’Avent Année A

Isaïe 7, 10-16 / Psaume 23 (24) / Romains 1, 1-7 / Matthieu 1, 18-24

Le Seigneur peut parfois nous surprendre et bouleverser nos habitudes, nos prévisions, notre confort et même notre façon de comprendre notre relation avec lui.

Voici le roi Acaz, un peu secoué par le Seigneur qui lui dit : « demande pour toi un signe de la part de ton Dieu. » Selon la spiritualité que l’on m’a enseignée, je répondrais comme Acaz : « Non, je ne mettrai pas le Seigneur à l’épreuve ».

Mais voici… Quand Dieu demande quelque chose, il faut répondre positivement, même si sa demande est parfois incompréhensible ou contraire à ce que nous avons appris.

Acaz reçoit alors cette prophétie : « Le Seigneur lui-même vous donnera un signe. Voici que la vierge est enceinte, elle enfantera un fils, qu’elle appellera Emmanuel, c’est-à-dire Dieu-avec-nous ».

L’histoire de l’humanité est bouleversée. Dieu-avec-nous se fera l’un de nous. Son annonce attendra quelques siècles pour s’accomplir, mais elle fait déjà son chemin dans l’espérance de tout un peuple. Dieu a pris une initiative qui va changer le monde, mais qui exige de lui un investissement considérable. Dieu le tout-puissant, le créateur du ciel et de la terre, le Roi des rois, le Prince de la vie, va un jour venir frapper à la porte de notre humanité pour y naître comme un enfant, humble et couché dans une mangeoire.

Quelques siècles plus tard, la promesse se fait réalité. Voici Joseph, un homme juste, prêt à renvoyer en secret celle qui lui est promise. Marie l’a informé du grand mystère qui l’habite. Elle est enceinte par l’action du Saint-Esprit. Joseph, un homme juste, croit en Marie. Il ne doute pas d’elle. Elle ne lui a pas été infidèle. C’est un trop grand mystère. Si elle est enceinte par l’action du Saint-Esprit, il ne peut pas, lui Joseph, s’attribuer la paternité de l’enfant de Dieu. Il ne s’en sent pas digne.

C’est alors que Dieu vient le bouleverser et lui confie la mission de prendre soin de Marie et de l’enfant qui naîtra. Et c’est même lui qui lui donnera le nom de Jésus, l’Emmanuel, Dieu-avec-nous. Ainsi il affirmera sur l’enfant son autorité paternelle.

C’est bien là le cœur de l’annonce de Paul aux Romains : « Cet évangile que Dieu avait promis d’avance par ses prophètes concerne son fils qui, selon la chair, est né de la descendance de David. »

Cet évangile, c’est la bonne nouvelle déjà annoncée par le prophète Isaïe au roi Acaz. Ce fils, l’Emmanuel, Jésus, est né de la descendance de David, par Joseph qui lui donnera son nom.

Et Paul de l’annoncer à toutes les nations païennes, à toutes les nations autres que celle d’Israël, à nous qui en recevons encore aujourd’hui la bonne nouvelle.

Cette bonne nouvelle a bouleversé Joseph. Il a pu répondre positivement à l’appel de Dieu, même si le mystère était bien trop grand à porter par son être humain aussi fragile.

Joseph fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit. Il prit chez lui son épouse avec l’enfant qu’elle portait.

Cette bonne nouvelle nous bouleverse-t-elle encore aujourd’hui ? Nous bouleverse-t-elle dans nos habitudes, dans notre confort, dans la façon dont nous comprenons notre relation avec Dieu ?

A quelques jours de la nativité de ce Dieu-avec-nous il est bon de nous en poser la question. Nous sommes tellement habitués à fêter Noël que le risque est bien là de ne vivre cet évènement que comme une habitude.

Alors laissons-nous être bouleversés par cette bonne nouvelle. Dieu, le tout-puissant, s’est fait l’un de nous, humain, semblable à nous en toute chose, sauf le péché. Dieu le tout puissant, en Jésus, est ici au milieu de nous, tout proche de nous, l’un de nous. C’est inimaginable ! Quelle humilité de la part de Dieu ! Quel risque aussi ne prend-il pas ? Le risque d’être rejeté et mis à mort ! Mais c’est cela l’amour, le véritable amour sans limites, sans retour. Un amour tout gratuit nous est donné en Jésus.

La promesse de Dieu s’est ainsi réalisée en Jésus, l’Emmanuel, Dieu-avec-nous. Et elle continue à se réaliser jour après jour. Dieu ne cesse en effet de nous rejoindre, de venir s’incarner quotidiennement en nous. Dieu ne cesse d’être Dieu-avec-nous, proche de tous ceux qui peinent, de ceux qui attendent de lui un signe d’amour.

Jésus est sans doute là à notre porte, dans la présence d’une personne dans le besoin, dans la présence d’une personne oubliée et rejetée. En parcourant notre ville, notre quartier, notre village, restons éveillés. Ne nous fermons pas à l’inattendu, à celui ou celle qui, en Jésus, captera notre attention et réclamera de nous un signe d’amour.

Noël, c’est tous les jours quand notre cœur s’ouvre et accepte d’être bouleversé dans nos habitudes, quand nous répondons, comme Joseph, positivement à une mission que Dieu nous confie et qui vient nous sortir de notre petit confort habituel pour nous ouvrir à l’inattendu d’un amour à donner, d’un signe à ne pas refuser quand Dieu nous demande de le donner.

Pour que Noël ne soit pas une habitude, mais un évènement nouveau, digne d’être célébré, ouvrons notre cœur à l’inattendu.

Par: Georges Jacques, M.Afr.