Renaud est né le 21 juillet 1924 à St-Isidore d’Auckland, dans le diocèse de Sherbrooke, Province de Québec. Après avoir fréquenté l’école primaire au Couvent de Martinville, il fait son cours classique au séminaire St-Charles Borromée. Le 4 septembre 1947, il entre au Postulat des Pères Blancs à Everell où il fait sa première année de théologie. Là, il se distingue par un jugement plus pratique que spéculatif. Il fait preuve d’un grand dévouement pour ses confrères, manifestant une grande simplicité dans ses manières et une piété solide. Le 2 août 1948, il entre au noviciat Saint-Martin de Laval où ses formateurs remarquent son goût pour les travaux manuels et sa volonté énergique. Il est petit de taille mais très robuste, ne craignant pas l’effort pour réussir ce qu’il entreprend. Ses trois dernières années de théologie se font au scolasticat d’ Eastview où il approfondit sa vocation missionnaire. Il est assez attaché à ses idées mais accepte volontiers de rendre service à tous ceux qui le lui demandent. Il fait son serment missionnaire le 23 juin 1951 et est ordonné prêtre le 27 janvier 1952.
Après un congé dans sa famille, le Père Renaud Perron part pour l’Afrique, en passant d’abord six mois à Londres pour se préparer à la façon de vivre britannique. Le 27 février 1953, il arrive en Tanzanie, plus précisément dans le diocèse de Mbeya où se dérouleront ses 18 années de vie missionnaire en Afrique.
Renaud se met d’abord à l’étude de la langue locale mais il n’est pas doué pour l’apprentissage des langues. Il est ensuite nommé comme vicaire dans les paroisses de Mbeya, Chunya et Mkulwe. Il est ensuite curé à Ipinda et Mlowo avant de revenir au Canada, en 1959, pour un congé bien mérité, après sept années en Tanzanie. Au sujet du premier séjour de Renaud à Mbeya, son Supérieur régional écrit ceci : « J’ai toujours été content du travail que le Père Perron a fait dans le diocèse. Il a fait beaucoup d’efforts pour améliorer sa connaissance de la langue et s’est montré zélé dans son travail apostolique ».
Le 31 janvier 1960, le Père Perron retourne en Tanzanie, toujours dans le même diocèse de Mbeya. Cette fois-ci, il est curé de la paroisse de Chunya. Six ans plus tard, en 1966, il revient, à sa demande, au Québec pour se reposer et se recycler spirituellement. Au mois de juillet de cette même année, Renaud est nommé au scolasticat des frères de Lennoxville pour y être professeur d’anglais des postulants et faire de l’animation missionnaire dans la grande région de Sherbrooke. Quelques mois plus tard, il sent le besoin d’aller à Montréal pour y faire des études en théologie pastorale. Il fait ensuite une retraite ignatienne de trente jours à Villa Cavalletti en Italie. On le retrouve ensuite dans le diocèse de Mbeya, comme vicaire dans les paroisses de Irambo et Vwawa. Dans une lettre qu’il envoie à ses parents, amis et bienfaiteurs, il écrit : « Chaque dimanche, je vais dans un village différent pour y faire le catéchisme et préparer les enfants à la première communion et célébrer les sacrements. Entretemps, je m’occupe de divers travaux d’entretien. Je suis en train de construire deux églises et, avec l’aide des chrétiens de la paroisse, je répare une route qui est en très mauvais état et qui nous permettra de circuler même durant la saison des pluies… Et, quand je peux prendre une journée de congé, je vais à Mbeya pour jouer au golf. Parfois, j’aimerais écrire des articles pour certaines revues, mais je n’ose pas car je n’ai pas assez confiance en ma science et mes capacités. Cependant, quand je vois tout ce qui s’écrit et n’est pas lu, j’aurais une chance de passer inaperçu…et d’avoir quand même mon nom dans l’index de la dernière page ! »
En 1970, le P. Renaud Perron revient définitivement au Canada avec le désir de faire du ministère pastoral dans le diocèse de Sherbrooke. Il ne veut plus retourner en Afrique et il en donne les raisons qui expliquent sa démarche : « Je regrette, dit-il, que les Pères Blancs n’aient pas réussi à conserver la règle de trois dans leurs missions en Afrique. De plus, je crois qu’ils ont accompli leur mission, à savoir établir le clergé africain et lui passer la responsabilité de l’Église en Afrique… Je ne quitte pas l’Afrique avec amertume, mais avec la conscience du devoir accompli. Je continuerai à aimer l’Afrique et les missions et à les aider d’une autre façon… Maintenant, de retour dans mon diocèse d’origine, je veux reprendre et continuer l’épanouissement de ma vie sacerdotale. Et depuis mon retour, je n’ai que de la reconnaissance pour les bontés du Seigneur ».
Dans le diocèse de Sherbrooke, Renaud est d’abord vicaire dans la paroisse St-Jean-Baptiste, puis aumônier, à Waterville, d’une école secondaire de filles, de personnes âgées et de religieuses. Il est ensuite vicaire à Disraeli, puis curé à Saint-Adrien et Saint-Isidore d’Auckland.
En 1984, le Père Perron se rend à Pierrefonds, au nord-ouest de l’île de Montréal, pour participer à un cours de ressourcement intellectuel et spirituel pour les prêtres francophones.
Après cette expérience de ressourcement, le P. Renaud Perron, tout en demeurant rattaché à la communauté Pères Blancs de Lennoxville, prend résidence dans la maison paternelle de Sherbrooke, où il tient compagnie à son frère malade. Il est responsable de cette maison de 1984 à 2004, année de vente de cette maison. Il continue à faire du ministère pastoral occasionnel et participe régulièrement aux rencontres des Chevaliers de Colomb, dont il est devenu membre honoraire à vie.
En 2004, après la mort de son frère et la vente de la maison paternelle, Renaud vient s’installer dans notre communauté M. Afr. de Sherbrooke. C’est ici, selon ses propres mots, qu’il devient ‘jardinier de la forêt’. En effet, pendant de nombreuses années, aussi longtemps que ses forces le lui permettent, il s’enfonce dans notre petite forêt, avec l’aide de son véhicule ‘Kubota’ pour aller déraciner les souches qui s’y trouvent. C’est un travail risqué et périlleux qu’il fait quotidiennement, même si, ces dernières années, il a de moins en moins les forces nécessaires pour s’adonner à cette activité.
Au cours des derniers mois, Renaud sent ses forces diminuer. Il tombe plusieurs fois dans le bois et même dans sa chambre. Il a besoin bientôt d’une supervision constante, jour et nuit. C’est ainsi que le 19 décembre dernier, le Père Perron doit être emmené au Centre d’Hébergement St-Joseph pour y avoir des soins plus adaptés à son état de santé. C’est là qu’il décède le jeudi 22 février 2018.
La messe des funérailles, en présence de la dépouille, a été célébrée dans la chapelle des M. Afr. de Sherbrooke, le vendredi 2 mars 2018. L’inhumation eut lieu dans le lot familial du P. Perron, au cimetière St-Michel de Sherbrooke.
Le P. Renaud Perron se trouve maintenant auprès du Seigneur qu’il a annoncé et servi en Afrique et au Québec. Que Dieu lui accorde le bonheur éternel promis à ses fidèles serviteurs.