René est né le 9 juin 1929 à Essen dans la campine anversoise, pas loin de la frontière hollandaise. C’était une famille d’agriculteurs, riche de dix enfants. Il fit les humanités classiques au Petit séminaire de Hoogstraten. En septembre 1948, il entra chez les Pères Blancs à Boechout. Il suivait ainsi les traces de son oncle, Piet Konings (+ 1986). Son frère cadet, Herman rejoindra lui aussi nos rangs. En septembre 1950, René commence le noviciat à Varsenare, suivi par les études de théologie à Heverlee. Il y prononce son serment missionnaire le 10 juillet 1954 et est ordonné prêtre le 10 avril 1955. Ses professeurs le trouvent plutôt timide. Il a un bon jugement ; c’est un homme prudent mais débrouillard, travailleur consciencieux, dévoué et simple. Il se montre souvent sceptique. En communauté René est un confrère agréable, jovial ; il aime taquiner. Il semble être un homme content et heureux, et sa piété est solide.
Nommé au Burundi, il s’envole le 8 avril 1956 avec Sobelair, destination le diocèse de Gitega. Il débute comme vicaire à Gisuru, regagne quelques mois plus tard Jenda, où il se met très sérieusement à la langue, le Kirundi. Sa timidité ne lui facilite pas la tâche et rend difficile à faire valoir son autorité auprès des enseignants dont il est responsable. Mais il tient bon. Durant son premier congé en 1963 il fait sa grande retraite et retourne en octobre au Burundi par bateau. Nommé à Ruyigi, il assure sa part des tâches pastorales : il est aumônier de la Chiro, de la prison et de l’hôpital ; il part en succursale quand c’est son tour, mais, note le père Braeckers, régional, sans beaucoup d’enthousiasme, car les conditions assez rudimentaires de la vie en brousse ne lui plaisent pas beaucoup. A Ruyigi également ses relations avec les instituteurs grincent un peu. En 1965, René est muté à Kibumbu. Sa santé cause des soucis : il a besoin de beaucoup de sommeil et a l’estomac délicat. Mais les confrères apprécient sa présence. En juillet 1967, René est nommé à Bugenyuzi. Quelques mois plus tard, il apprend que son père vient de mourir.
A son retour de congé en août 1968, René est nommé à Bukirasazi, où il s’occupe également de l’économat. Sa cuisine est appréciée par les confrères et un moulin à sorgho renfloue la caisse. Mais René se plaint de plus en plus d’être psychiquement fatigué. Après une année à Nyangwa, où il vit les grands massacres que le pays a connu en 1972, René retourne en février 1973 en Belgique pour suivre un traitement qui prendra pas mal de temps. Tout en suivant son programme de revalorisation psychique, il est chargé des relations avec les familles et les propagandistes de notre calendrier missionnaire et du magazine missionnaire flamand ‘Wereldwijd’. Entretemps il a rejoint notre communauté de Berchem. Il rend service aussi, surtout les week-ends, à la paroisse Saint-Joseph à Mortsel. En octobre 1976, il participe à la session-retraite à Jérusalem. Petit à petit René se prépare à retourner en Afrique ; il en a vraiment envie. A la dernière minute, il suit encore une session de Mariage Encouter parce que des couples à Mortsel lui en avaient parlé fort positivement.
Plein de courage René repart au Burundi, où il redémarre le premier janvier 1977 comme vicaire à Mubimbi dans l’archidiocèse de Bujumbura. Entretemps, comme tout le monde sait, le climat politique au Burundi s’est sérieusement détérioré sous le président Bagaza. La pratique religieuse est interdite. Le 11 juin 1979, comme tant d’autres confrères et missionnaires, René est officiellement ‘remercié’ et obligé de quitter le pays, départ dans les 48 heures.
Nous ne connaissons pas ses réactions personnelles sur cette expulsion. Une lettre datant de septembre 1980 montre qu’il envisage encore toujours son retour au Burundi. Quoiqu’il en soit, dès son retour au pays, René va renforcer sans tarder notre équipe de la paroisse du Sacré-Cœur à Anvers. Pas pour longtemps car, début 1980, il rejoint notre communauté de la Keizerstraat. Il donne un coup de main au bureau de ‘Nieuw Afrika’ et s’engage les weekends à la paroisse Saint-Joseph, près du parc central. En mars 1981, il devient officiellement membre de l’équipe pastorale de la paroisse. Il lui faut évidemment s’adapter au style propre de la pastorale urbaine fort axée sur l’engagement des laïcs. Le doyen, monsieur l’abbé Hamels, se réjouit de la bonne collaboration de René.
En 2004, René atteint l’âge légal de la retraite. Il accepte alors l’aumônerie de la maison de repos des Petites Sœurs des Pauvres, tout en continuant à résider à la Keizerstraat. Au début il s’y rend à bicyclette. En 2005, il participe à la session des +70 à Rome. Il peut régulièrement compter sur un confrère pour le remplacer au hôme. Quand, début 2010, le travail d’aumônier commence à lui peser vraiment, il se retire pour jouir enfin de sa pension. Il reste le confrère agréable, enjoué, assez effacé, spontanément curieux de tout, soucieux de comprendre ce qui se passe dans le monde.
Les dernières années il commence à oublier, ne trouve plus les noms, se trompe de bicyclette en ville, ne peut plus présider l’eucharistie sans erreur. Quand son état de santé commence vraiment à faire problème, il est transféré, en juillet 2016, à la maison de repos et de soins ‘Notre Dame d’Anvers’ à deux pas de la Keizerstraat. Les derniers jours, il ne reconnait plus personne, mais garde, souligne l’infirmière qui le soigne, sa bonne humeur. Lundi matin, le 17 juillet 2017, René s’éteint paisiblement.
La liturgie de la Résurrection eut lieu le jeudi 20 juillet en l’église paroissiale Saint-Charles Borromée à Anvers et l’inhumation à Varsenare.
Jef Vleugels, M.Afr.