Richard Louis Kinlen, connu de ses confrères comme “Dick”, est né à South Shields, Co. Durham, le 25 juillet 1948. Il était l’aîné des trois fils de Marie et Martin Kinlen. Dick a rencontré les Pères Blancs lors d’une exposition vocationnelle à Newcastle quand il était encore très jeune. Dès ce moment il s’est senti appelé à devenir missionnaire avec eux. Il recevait régulièrement les bulletins d’information pour les jeunes, et c’est ainsi qu’il est entré au petit séminaire des Pères Blancs à « St. Columba’s College, St. Boswells » à la frontière de l’Écosse. Il a ensuite fait ses études secondaires au petit séminaire de « The Priory, Bishops Waltham. »
De là, Dick a été accepté pour les études de philosophie, à « St. Augustine’s, Blacklion, County Cavan » en Irlande où il a étudié de 1967 à 1969. Il a fait son noviciat à Dorking en Angleterre. Comme beaucoup de candidats de cette génération, la transition d’un cours de philosophie traditionnel à un noviciat plus ouvert a été difficile. Cependant, il a persévéré et a étudié la théologie à l’université St. Paul à Ottawa durant 4 ans. Dick était reconnu pour son sens de l’humour plutôt ironique et typiquement britannique. À la fin de ses études, il est retourné chez lui à « South Shields » pour son ordination sacerdotale le 25 mai 1974. L’événement a été bien célébré dans l’église locale et souligné dans la presse parce que sa famille était bien connue.
Dick avait l’habileté d’apprendre les langues et durant son temps à Ottawa il a bien maitrisé le français. Pour sa nomination il devait choisir entre le Zaïre et le Malawi, Dick a naturellement opté pour le Zaïre (maintenant la République Démocratique du Congo). Après un cours de langue de trois mois, il a commencé à travailler dans l’une des nombreuses paroisses qu’il aura à servir au cours des années suivantes. Son curriculum vitae énumère un séjour à l’école de langue à Kirungo au S.E. Zaïre, ensuite à Lusaka, une paroisse de brousse fermée en 1975 ; puis la paroisse de Kirungu, ensuite une période d’enseignement de l’anglais et de la religion dans diverses écoles secondaires ; enfin le ministère pastoral dans la paroisse de Kifungo à Kalémie. Les conditions n’étaient pas faciles à cette époque. Les voyages étaient pénibles avec de longs trajets pour visiter les succursales, mais Dick était très heureux dans ce ministère. Ses lettres à la famille étaient pleines d’histoires intéressantes ; il décrivait la population avec leurs façons de vivre en présentant aussi une description du pays.
En juillet 1979, Dick est rentré pour son congé durant lequel il a obtenu un diplôme d’études supérieures en éducation à « St. Mary’s College, Fenham » Newcastle. Curieusement, il n’a jamais enseigné de nouveau après l’obtention de ce certificat ! Il est ensuite retourné au Zaïre, mais en 1984, il a été rappelé pour une période de service dans la province britannique. Dick a été nommé à la résidence des étudiants Pères Blancs à Ratho, en Écosse, pour la promotion des vocations et la sensibilisation à la mission. Il a bien servi dans ce genre de travail. Il était aussi supérieur de sa communauté et membre du conseil provincial. Le provincial le décrit comme « très généreux pour les services qu’il rendait, … un homme de communauté qui croyait à l’importance de partager ouvertement avec les gens ; en retour les gens s’ouvraient à lui ».
En 1989, Dick est retourné au Zaïre et a été nommé à la paroisse de Kala. Dans une lettre à la maison, il décrit la situation : « Nous avons la responsabilité de deux paroisses, Kala et Lusaka, avec un total de quarante-cinq succursales. En raison de l’état des routes, nous essayons de parcourir les villages le plus souvent possible pendant la saison sèche. Nous avons un véhicule entre nous (trois confrères), donc nous faisons habituellement nos safaris deux d’entre nous ensemble, un laissé à un endroit et l’autre le reprenant après quelques jours ». En 1991, Dick parle de la situation politique dans sa région : « Nous sommes tous en sécurité ici à Kala. Heureusement, nous n’avons pas de troupes armées ici et nous avons échappé aux problèmes récents… l’inflation actuelle est de dix mille pour cent. Les prix montent d’un jour à l’autre, sauf la quête à l’église ». En 1991, Dick est nommé à la paroisse de Pweto pour faire partie de l’équipe pastorale.
Dick rentre en congé en 1995, car il était physiquement et mentalement épuisé. Son provincial en Grande-Bretagne lui recommande de rester dans la province pour bien se remettre. L’année suivante, il a été nommé officiellement à la Province pour une période de service avec différentes nominations à Preston et à Londres en tant qu’économe local. En 1997, il est nommé secrétaire provincial, un poste qu’il a occupé durant quatre ans. Avec sa connaissance des ordinateurs, il était bien préparé pour cette responsabilité. Il a bien rempli ses tâches et a rendu service à ceux qui connaissaient moins bien ce domaine.
En 2003, eut lieu un changement dans sa vie. Dick a demandé de faire du ministère paroissial pendant un certain temps, et il a été accepté par l’évêque de Lancaster. Dans ce diocèse, il a servi à la paroisse de la cathédrale de Lancaster et plus tard dans les paroisses de Preston et Fleetwood. L’évêque qui était alors le porte-parole de la hiérarchie du développement à l’étranger, a beaucoup apprécié l’aide de Dick pour ses recherches et la préparation des conférences. Il était bien apprécié pour son enthousiasme et les nouvelles idées qu’il apportait à la liturgie et pour ses expériences africaines qu’il partageait dans ses homélies.
En 2012, la province européenne a eu besoin d’un secrétaire à temps plein à Bruxelles. On a demandé à Dick d’accepter cette nomination, connaissant son talent pour les langues et ses compétences en informatique. Il était prêt à revenir à la vie communautaire et a accepté de relever ce nouveau défi.
Au cours des trois années suivantes, il a accompagné le provincial et l’économe provincial à toutes les réunions de la province européenne et a composé fidèlement les procès-verbaux. Le travail était exigeant, mais il appréciait rencontrer les confrères aux différents endroits ; il aimait bien raconter des histoires. En Belgique, il se sentait chez lui. Il connaissait plusieurs confrères avec qui il avait partagé des expériences de mission au Zaïre.
Au cours de l’été 2015, commença un problème de santé. Un confrère avec qui il était en vacances en Italie avait perçu qu’il n’était plus jovial comme avant. Après plusieurs tests, on a diagnostiqué un cancer au pancréas. Il a accepté de suivre le traitement tout en sachant qu’il n’y avait pas de guérison possible. Il a choisi de rester à Bruxelles où il était soigné à l’hôpital près de notre communauté Père Blanc de la rue de Linthout. La communauté prenait soin de lui avec grande gentillesse. Pendant les mois suivants, Dick allait régulièrement à l’hôpital. Il a passé les dernières semaines à l’hôpital où ses frères, Robert et Martin l’ont visité. Robert, prêtre diocésain en Angleterre, pouvait faire seulement des visites occasionnelles, mais Martin est resté pendant les dernières semaines, grâce à l’hospitalité de la communauté de Linthout. Deux jours avant sa mort, il a concélébré de son lit, sa dernière eucharistie avec un ami et un confrère de longue date dont il a reçu le sacrement des malades. Il est mort dans la matinée du 16 novembre 2016 avec son frère, Martin, à son chevet.
La messe de funérailles a eu lieu à la chapelle St. Michel à Bruxelles, où il a servi la communauté africaine pendant les deux dernières années de sa vie. Le provincial, le Père André Simonart, a présidé l’eucharistie et la chorale congolais de la chapelle a apporté le cachet africain pour se rappeler les années que Dick avait passé au Zaïre. Il a été enterré dans le cimetière de Varsenare.
Son frère, Martin, a écrit sur sa carte commémorative : « Dieu a donné à Richard un cadeau merveilleux : dès sa petite enfance, il savait exactement ce qu’il allait faire de sa vie, et il l’a fait. Il ne s’est jamais plaint, n’a jamais dit non, et était toujours prêt à accepter sa mission et à aller de l’avant toujours avec gaieté. Il nous a aimés dans la vie ; ne l’oublions pas dans la mort. “
Richard Calcutt
& Chris Wallbank