Serment et diaconat à Merrivale

C’est en la paroisse Saint-Joseph à Howick que 5 étudiants de Merrivale sont devenus Missionnaires d’Afrique en prononçant leur serment missionnaire solennel en présence du Père Francis Barnes, premier assistant du supérieur général.

De gauche à droite, nous avons:

  • Bimal Lakra, d’Inde
  • Habtamu Aloto, d’Ethiopie
  • Guélord Mahongole, de la RD Congo
  • Alain Sossou, de Côte d’Ivoire
  • Joseph Zunguluka, de la RD Congo

Le même jour, ils ont été ordonnés diacres par notre confrère Jan De Groef, évêque de Bethléem (Afrique du Sud).

A la suite des photos, vous trouverez le texte de l’homélie prononcée par Francis Barnes à cette occasion.

Je voudrais vous adresser ces quelques mots à vous Bimal, Guélord, Joseph, Habtamu et Alain. Par le serment que vous avez prêté aujourd’hui, vous vous êtes consacrés jusqu’à la mort à la mission de l’Église en Afrique et vous avez promis fidélité et obéissance à la vie apostolique et juré d’observer le célibat pour le Royaume.

Ouah ! C’est loin d’être banal, et dans le monde d’aujourd’hui, il faudrait soit avoir perdu la tête, soit être vraiment profondément sain d’esprit pour signer un tel document. Je présume que vous êtes tous profondément sains d’esprit. Le serment que nous prêtons ne mentionne pas la pauvreté ou le mode de vie simple comme nous l’appelons – car il est censé faire partie de notre identité spécifique. Nous ne sommes pas religieux et donc nous ne faisons pas de vœux et pourtant le serment est sûrement tout aussi contraignant. J’oserais dire que dans le monde d’aujourd’hui, un tel serment est plus que controversé, voire contraire à la culture. Le célibat dans le monde d’aujourd’hui où tout est hypersexualisé est certainement contraire à la culture et peut si souvent devenir pour beaucoup une source de grande tension et de stress ou, pire encore, de scandale. Qu’en est-il de l’obéissance dans un monde hédoniste où nous voulons célébrer la liberté de faire, de dire et d’être ce que nous voulons ? Et la fidélité ? Oui, il faut du courage et beaucoup de travail pour être fidèle aux promesses que nous faisons et nous savons à quel point il est facile de s’écarter du chemin que nous avons désiré et choisi. Ensuite, il y a un style de vie simple, mais qui n’est pas mentionné dans le serment que nous prêtons comme on s’y attend de notre part. Pourtant, beaucoup d’entre nous serons tentés par l’attrait de l’argent et par notre désir que le ministère soit plus confortable et plus facile à accomplir. Oui, le serment est certainement contraire à la culture, mais l’apostolat l’est aussi, et il l’a toujours été.

Sommes-nous dignes d’un tel appel, sommes-nous capables d’un tel appel ? – sans doute pas et pourtant, malgré notre fragilité et notre impuissance, l’amour de Dieu est capable d’éclater dans nos vies avec sa puissance de transformation. Espérons qu’aujourd’hui, vous êtes ceux qui choisissent non pas le chemin du pouvoir, mais plutôt le chemin de l’impuissance, qui choisissent non pas le chemin du succès, mais plutôt celui du service. Avec la grâce de Dieu, vous choisirez volontiers de ne pas suivre le large chemin de la louange et de la popularité, mais celui, étroit, du don de soi, afin que les autres puissent avoir la vie en abondance. Sachez que cela signifie souvent accepter de marcher dans les ténèbres, de prendre des risques, de marcher dans l’inconnu et d’accepter toute la souffrance qu’un tel choix implique.

Oui, vous et moi, disciples d’aujourd’hui, nous savons que nous sommes des êtres humains fragiles ; nous n’avons pas toutes les réponses et pourtant nous nous permettons, espérons-le, de devenir des instruments entre les mains de Dieu ; nous aurons, comme des enfants, un esprit de pure réceptivité, une dépendance totale et une confiance radicale qui ne vient pas de nous, mais de l’esprit de Jésus.

Donc au plus profond de nous-mêmes, nous le savons :

  • si nous devions vivre à l’imitation de Jésus ;
  • si nous osions aller au-delà de notre intérêt personnel ;
  • si nous désirions vraiment tendre la main avec compassion à tous nos frères et sœurs, quels qu’ils soient ;
  • si nous étions tellement libres vis-à-vis de la culture au point que  nous ne désirions plus ni statut, ni pouvoir, ni possessions,

alors nous transformerions vraiment notre petite Société et même le monde et les communautés paroissiales où nous servons.

Le monde n’a pas besoin de plus de dogmes et de croyances – le monde n’a peut-être besoin que d’une poignée de disciples courageux qui seraient comme le sel et la lumière – qui par l’authenticité de leur engagement et de leur générosité seraient un signe spectaculaire du pouvoir transformateur de l’évangile, le pouvoir transformateur de l’amour.

La fidélité, en dernière analyse, c’est marcher sur le chemin que nous avons choisi avec le Seigneur, c’est notre vie donnée pour que les autres aient la vie ; et s’il faut lutter pour y arriver, nous devons le faire jusqu’au bout.

Alors avec vous, je loue le Seigneur pour cette merveilleuse vocation missionnaire qui est la vôtre. Je loue le Seigneur pour le beau don de vous-mêmes à notre Société et à l’Afrique. Et nous louons le Seigneur pour vos familles et vos amis qui ont et qui font partie de ce merveilleux appel qui est le vôtre.

Francis Barnes M.Afr.

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