Aujourd’hui, l’Église célèbre la très importante solennité de l’Immaculée Conception de la Bienheureuse Vierge Marie. Nous la fêtons pour honorer Marie, notre mère, comme la seule personne humaine conçue sans péché. Les saints Joachim et Anne, parents de Marie, étaient aisés, mais ils choisirent de mener une vie très simple, en partageant leurs richesses avec les pauvres et en vivant dans la piété. Ils ne cessèrent de prier Dieu pour un enfant, promettant que s’Il leur en donnait un, ils le consacreraient à son service. Dieu ne pouvait douter de cette promesse, car bien que riches, ils ne laissèrent pas l’orgueil détruire leur foi. En effet, ils reconnaissaient Dieu comme la source de leurs biens qu’ils utilisaient pour sa gloire. Ils étaient prêts à être les parents de Marie, car leur foi et leurs intentions préparèrent le terrain pour sa conception. Ce fut le fondement sur lequel Dieu bâtirait Son plan pour la venue de notre Sauveur, Jésus-Christ. Quand nous contemplons la vie de Marie, sa simplicité, son humilité, sa persévérance, nous pouvons plus aisément croire qu’elle fut vraiment conçue sans péché.
La première lecture de ce jour révèle les racines du mal : la tromperie, la manipulation, la corruption, la diversion et autres manœuvres rusées qui éloignent les êtres de l’amour de Dieu. Elles sont souvent employées par des personnes qui paraissent extérieurement bonnes et innocentes, mais qui, en réalité, détruisent l’ordre social.
Dans cette lecture, quatre personnages apparaissent : Dieu, Adam, Ève et le serpent. Dieu désire une vie de grâce pour Adam et Ève (l’humanité), mais le serpent (le diable) cherche à ruiner ce dessein. Il prétend offrir un conseil meilleur que celui de Dieu. Il trompe la femme, qui se laisse séduire, et par elle, Adam consent à son tour. Après cela, le serpent disparaît. Une fois que les traîtres ont atteint leur but, ils quittent la scène, laissant leurs victimes affronter seules les conséquences. Telle fut désormais la situation d’Adam et Ève, et la culpabilité commença aussitôt à les torturer. Ils tentèrent de fuir, sans savoir où aller. Aujourd’hui encore, il existe des traîtres. Ils peuvent prendre la forme de nos propres désirs, d’autres personnes, ou d’attraits extérieurs tels que l’argent, le pouvoir, la richesse, la renommée, etc. Toutes ces choses nous séduisent et nous égarent.
Cette lecture soulève la question de la responsabilité. Dieu appelle Adam et lui demande où il était. Adam dut porter la plus grande part de blâme. Malgré sa tentative de rejeter la faute, Dieu le tint pour responsable, car il lui avait été confié le jardin et Ève. Dieu condamna ensuite le serpent pour avoir trompé Ève et Adam et détruit la confiance qu’Il avait établie en eux. Dans la plupart des cas, les traîtres croient passer inaperçus, mais leurs actes finissent par les trahir et ils subissent tôt ou tard les conséquences de leurs actions. Dieu leur laisse la liberté d’agir, et ils se croient vainqueurs, mais la justice advient en son temps. Une fois la confiance détruite, l’inimitié remplace l’amitié, la solidarité cède le pas à l’égoïsme, l’unité à la division et l’harmonie au chaos.
L’évangile de Luc rapporte l’histoire de l’Annonciation, nous présentant Marie comme la femme choisie pour porter le Fils de Dieu, celui qui restaurera notre relation brisée avec le Père. Le message était bouleversant et effrayant, mais Marie y reconnut la voix de Dieu. Comme ses parents, elle reconnut Dieu comme la source de sa vie. C’est ainsi que Marie fut préparée à devenir la Mère de Dieu.
Une bonne action ou une décision juste est une semence plantée qui grandira de génération en génération et portera beaucoup de fruits. Les parents ont un rôle immense à jouer en transmettant de bonnes valeurs morales à leurs enfants ; les décideurs politiques, en édictant de bonnes politiques, orientent la société sur la voie à suivre. Les dirigeants en général doivent établir de bonnes lois et normes sociales, non par intérêt égoïste comme Adam et Ève, mais pour les générations futures, comme Marie l’a montré.
Dieu a confié à l’humanité la tâche de soumettre le monde, non seulement pour sa propre famille ou sa communauté, mais afin de faire de la terre une vraie maison pour tous les peuples et toutes les générations. Les saints Anne et Joachim semèrent les graines de la piété et de la générosité qui portèrent un fruit abondant en Marie. La foi de Marie donna naissance au fruit incommensurable qu’est Jésus. Quand nous reconnaissons que tout ce que nous avons vient de Dieu et que nous en sommes les intendants plutôt que les propriétaires, alors Dieu peut accomplir des merveilles à travers nous. Nous sommes donc bénis avec Marie car, à travers elle, l’amour de Dieu pour l’humanité atteint son accomplissement en Jésus-Christ.
Comme la deuxième lecture nous le rappelle, Dieu a envoyé son Fils par amour pour nous, afin qu’à travers Lui nous soyons tous sauvés. Le monde peut, à première vue, sembler livré au mal, en raison des nombreux défis qui l’habitent mais, en vérité, il demeure rempli de bonté et de bénédictions. C’est pourquoi nous rendons grâce à Dieu pour son Fils Jésus, qui nous a montré comment cultiver de bonnes mœurs et de bonnes habitudes, car celles-ci nous permettent de jouir pleinement des richesses qu’Il nous a données. Marie, les saints, les martyrs, ainsi que notre fondateur, le cardinal Lavigerie, nous ont tracé le chemin du sacrifice, de la charité et de l’abnégation qui conduit au mystère caché de Dieu (Mt 10,39).
Par: Josephat Diyuo, M.Afr.