Troisième dimanche de l’Avent Année A

Isaïe 35, 1-6a.10 / Psaume 145 (146) / Jacques 5, 7-10 / Matthieu 11, 2-11

Nous célébrons aujourd’hui le troisième dimanche de l’Avent, le célèbre dimanche de la joie. Avant d’entrer dans le message des textes bibliques, rappelons d’abord la logique derrière les textes liturgiques surtout pendant ce temps de l’Avent : la première lecture est une prophétie : Dieu parle par ses serviteurs les prophètes d’une promesse. Le psaume (surtout l’antienne) est une prière pour que cette promesse se réalise et dans l’évangile on voit Jésus réaliser cette promesse.

La joie à laquelle nous sommes appelés ce dimanche est en fait le fruit du salut que Dieu apporte. Dans un moment d’incertitude et de troubles, le sort du peuple de Dieu était loin d’être garanti. L’Assyrie menaçait tous les petits royaumes d’un côté ; de l’autre l’Égypte faisait trembler ses voisins ; au milieu, il y a le peuple de Dieu. Pire encore, les voisins directs de Juda, le royaume du Nord et la Syrie, ont fait alliance pour contraindre Juda à les rejoindre contre l’Assyrie. La situation est donc critique.
Au milieu de tout cela, le prophète Isaïe appelle son peuple à la joie, car le Seigneur vient les sauver. Ce salut se traduit par une renaissance et une restauration. Le prophète parle symboliquement du désert qui refleurit. Ceci veut dire que la gloire et la splendeur de Dieu seront visibles même dans la nature qui jadis était complètement morte ; elle revit et revoit la gloire de Dieu.

Un autre signe de la présence de Dieu et son salut au milieu du peuple sont les guérisons : les yeux des aveugles voient, les oreilles des sourds entendent, les jambes des boiteux marchent et la bouche du muet parle. À ceci s’ajoute la libération de ceux qui étaient captifs. Toutes ces actions du Seigneur sont source de la grande joie, une joie éternelle qui ne passera pas.

Le psaume responsorial est une prière pour que cette prophétie se réalise. Viens, Seigneur, et sauve-nous dit l’antienne. Sauve-nous de la famine, de l’oppression et de l’injustice, de la cécité ; en bref, que le Seigneur règne dans notre vie.

Dans l’évangile tiré de Matthieu, Jésus réalise cette prophétie. Fidèle aux enseignements des prophètes, le peuple de Dieu savait que, parmi tant d’autres signes du Messie, le Messie prendra sur lui toutes nos infirmités. Jean, dans sa cellule de prison, traverse une crise de foi et se pose la question : Jésus est-il vraiment le Messie ? En effet, il tarde à faire venir la vengeance de Dieu, vengeance dont Jean avait particulièrement besoin dans sa prison.

Mais Jésus répond en pointant sur ce que les écritures disent : la restauration : Les aveugles retrouvent la vue, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent et les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle. En d’autres termes, les promesses de Dieu du salut sont réalisées en Jésus. C’est la source de notre joie profonde. Dieu nous sauve en Jésus.

Au départ des envoyés de Jean, Jésus rappelle le message de Jean au peuple : Jean est celui qui criait dans le désert « Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour préparer le chemin devant toi ». Le salut de Dieu demande qu’on prépare un chemin pour Dieu. Dieu nous sauve, mais nous devons accepter ce salut pour avoir la joie profonde.

Le temps de l’Avent n’est pas seulement le rappel de la naissance de Jésus, il y a longtemps ; c’est surtout l’attente de la venue de Jésus dans la gloire. Jacques, dans la deuxième lecture, nous invite à une patience persévérante dans l’attente du Seigneur. Tenons ferme dans le salut déjà reçu du Seigneur pour attendre le salut définitif lors du retour du Seigneur Jésus.

Le salut est un processus continu. Par notre baptême, nous sommes sauvés du péché et incorporés au Corps du Christ, configurés au Christ. Tout comme une application a besoin d’un système d’exploitation pour fonctionner, nous, chrétiens, devons continuer à puiser en Jésus la force de notre salut. Nous avons besoin de nous nourrir quotidiennement de sa parole et de l’eucharistie pour maintenir notre salut. Notre salut est passé, présent et futur. Notre joie en tant que chrétiens vient de la relation ininterrompue avec la source de notre salut : Jésus.

Je termine avec une histoire qui s’est passée dans mon village d’origine, dans une paroisse tenue par les pères Xavériens. Lors d’une messe de baptême, les membres d’une famille devaient recevoir le baptême : le papa, la maman et leur fils, encore bébé. La maman fut d’abord baptisée, puis le bébé et enfin le papa. Lorsque le père prononça les paroles suivies des gestes de baptême, le papa éclata de joie et entonna un chant d’allégresse en sa langue maternelle. Il avait oublié que la messe n’était pas encore finie. Sa joie était d’être devenu fils de Dieu. Il prit son bébé dans ses bras et se dirigea vers le père pour lui poser la question : ce petit bébé est-il vraiment l’enfant de Dieu ? À la réponse positive du père, le papa a entonné un autre couplet pour manifester sa joie, a pris sa femme par la main et ensemble, ils ont commencé à danser de joie. Toute l’église se joignit à eux ; ce fut la meilleure catéchèse de la joie du salut ce jour-là.

Que nous exultions toujours de joie car le Seigneur est notre salut.

Par: Ghislain Mbilizi, M.Afr.