Vieillir avec nos aînés, Confrères francophones

Rencontre des confrères francophones en charge des communautés de personnes âgées

Quatre jours à partager, quatre jours à essayer d’apprendre et comprendre, quatre jours finalement à nous remettre individuellement chacun face à ses responsabilités… Tel est bien le sentiment qui prédominait en moi après cette rencontre à Rome entre les divers responsables de maisons de retraite de la province. Car qu’avons-nous appris ? … des solutions ? … des méthodes ? … des idées neuves ? Rien de tout cela sinon le constat qu’aucune maison de retraite ne se ressemble, qu’aucun modèle n’est idéal, que nos confrères âgés sont tous différents, qu’aucun d’entre eux ne vieillit selon des règles, mais que tous engendrent du respect et de la reconnaissance pour tout ce qu’ils ont réalisé au cours de leur longue vie missionnaire sur le terrain. Constat aussi que chacun d’eux se sent encore viscéralement missionnaire et le sera jusqu’à son « retour vers » le Père, alors que c’est ce même Père que chacun à sa façon a fait connaître et qui les a toujours soutenus tout au long de leur vie ; mais peut-on alors parler de « retour vers … » ? C’est pour cela que tous nos échanges étaient empreints de respect, voire d’affection, mais jamais de certitudes. C’est peut-être pour cela aussi que Gérard Chabanon nous a laissé beaucoup échanger sans regarder sa montre car finalement on en est tous arrivés à cette prise de conscience un peu culpabilisante : si nos confrères âgés ont chacun des problèmes – et ils en ont – c’est bien nous, les responsables, qui en ressentons le plus. 

Voilà pourquoi cette rencontre a été très importante. Elle nous a permis d’assumer nos responsabilités sous un jour nouveau grâce au partage de nos craintes et de nos doutes, parfois de nos désillusions, à nos rencontres informelles souvent plus fructueuses que les réunions communes elles-mêmes, à la prière commune dans laquelle nos confrères âgés tiennent une grande place, grâce finalement à notre pauvreté, source de richesses infinies. Les Supérieurs de la Société à Rome ne s’y sont pas trompés, eux qui ont tout fait pour bien nous accueillir et nous remercier ; mais aucun d’entre eux ne s’est aventuré à nous donner le moindre conseil et c’était bien mieux ainsi. Dans l’avion de retour vers Paris, et par le fait-même vers « ma » communauté, je me sentais un peu désorienté mais heureux et en paix, beaucoup plus « responsable », ayant découvert que désormais je n’aurais plus à accompagner des confrères âgés mais que, en union avec tous les responsables de maisons de retraite dans la province, j’aurai tout simplement  à  vieillir avec nos « vieux » comme nos maîtres de novices ont essayé de grandir avec nous ; c’est peut-être la seule conclusion que, inconsciemment, nous avons été chercher à Rome, source d’espérance et de réconfort.

Clément Forestier

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