Le 28 novembre 2014 le père Juan Calvo Serrano nous quittait pour entrer dans la maison du Père et jouir de la promesse faite par le Seigneur à ses bons et fidèles serviteurs. Le P. Juan Calvo est né le 20 juin 1932 à Arnedo, un village bien connu de la Rioja (au Nord de l’Espagne), dans le diocèse de Calahorra y La Calzada-Logroño. A la fin de ses études secondaires, il opte pour rejoindre les missionnaires d’Afrique et fit son noviciat à Maison Carrée en 1952, prononçant son Serment missionnaire à Thibar en 1955. Il est ordonné prêtre à Carthage le 1er avril 1956.
Sa première nomination, après l’ordination sacerdotale, fut la ville de Rome pour y faire des études de philosophie à l’Université Grégorienne où il obtint le Doctorat en cette matière en 1960. Cette même année, il fut envoyé au Séminaire de Sainte Anne à Jérusalem. Il y resta seulement une année car on avait besoin de lui pour compléter l’équipe des professeurs-formateurs dans le tout nouveau séminaire des missionnaires d’Afrique à Logroño (Espagne) où il resta jusqu’en 1964, unissant sa science à son savoir pratique, si nécessaire dans les premières années d’un séminaire qui commençait.
Sa première mission en Afrique fut chez les Samo-nord, à Tougan, au Burkina Faso. Un accident l’obligea à rentrer plutôt que prévu en Espagne, deux ans plus tard, en 1966, il retourne à Tougan où il apprend la langue locale (le Samo nord) et commence son travail pastoral, d’abord comme vicaire pendant une année, puis comme supérieur, jusqu’en 1971. Cet année-là il est nommé supérieur à Kiembara où il reste jusqu’en 1978. Après un temps de recyclage sabbatique, qu’il passe en partie à Paris et en partie en Espagne, il retourne en Afrique, cette fois-ci nommé au Mali comme vicaire à San où il reste de 1982 à 1986. Il est ensuite nommé économe diocésain, mais seulement pour quelques mois. En effet, il doit rentrer en Espagne pour des raisons de santé. Une année plus tard, il est à Banfora, au Burkina Faso, comme vicaire. En 1990, le P. Calvo fait la grande retraite à Jérusalem et participe à la session biblique. A la fin de ce temps de renouveau, il rentre au Burkina Faso où il est chargé des constructions diocésaines dans le diocèse de Bobo Dioulasso. Pendant ce temps, il prépare et présente de nombreux projets de développement au service de congrégations religieuses et des gens dans le besoin.
Un de ses nombreux projets fut la construction du noviciat des Pères Blancs à Samagan et le suivi du chantier du Centre Mater Christi (Centre de formation de religieux et religieuses), près de Bobo-Dioulasso. Il s’y adonna entièrement. Il passa un certain temps en Espagne pour l’achat du matériel pour le conditionnement ou l’installation des salles de bain dont la maison avait besoin. Un conteneur bien rempli emmena tout ce matériel jusqu’à destination. Il était présent tous les jours sur les chantiers, malgré le dur soleil qui tombait sur le terrain dépouillé de toute végétation. Cette belle œuvre bien réussie dont il était fier fut inaugurée en sa présence et en celle de nombreuses personnes qui assistèrent à la bénédiction.
Cette responsabilité sera la sienne jusqu’en 2006, lorsque, contraint une fois de plus à cause d’un accident, il doit rentrer en Espagne, et cette fois-ci, de façon définitive. En Espagne, il est traité médicalement à Pamplona, mais il sera nommé à la communauté des missionnaires d’Afrique à Benicassim (Castellón). Ses grandes qualités et son savoir-faire pratique lui ont valu l’estime et l’affection de beaucoup de gens en Afrique.
La dernière étape de sa vie, le P. Juan la vivra à Benicassim bien limité physiquement, mais avec un esprit lucide et alerte. Il avait des problèmes de mobilité ; c’est à peine s’il pouvait marcher et il souffrait d’une agitation des mains semblable aux symptômes du Parkinson, qui le gênait profondément et, par discrétion, l’empêchait de participer à des rencontres avec des connaissances et des amis. Peu à peu, sa santé se détériora, à cause surtout du diabète et des problèmes de tension artérielle. A cause du diabète, il voyait très mal, ce qui l’empêchait de lire et de participer activement à la prière communautaire.
Il garda cependant sa bonne humeur et son goût pour toutes sortes de sports jusqu’à la fin. Il les suivait régulièrement à la télévision, se plaçant tout près de l’écran. Il était surtout un “fan” du Real Madrid. Il connaissait par cœur le nom d’un grand nombre de joueurs ainsi que les résultats des matchs …
Au cours de l’été 2014, ses neveux l’emmenèrent pour quelques semaines à son village natal, Arnedo, où habitait sa sœur ; ce fut sa dernière visite en famille. À son retour à Benicassim, il continua à être fidèle à la prière et aux rencontres communautaires jusqu’à la fin.
Durant la nuit du 27 au 28 novembre, le P. Juan subit une hémorragie cérébrale globale qui le rendit inconscient. Emmené en ambulance par les Services d’urgence à l’hôpital général de Castellón, les docteurs déclarent sa situation irréversible. A leur avis, le père n’avait que pour quelques heures de vie. En effet, vers 19h20 ils nous permirent de rejoindre Juan pour être auprès de lui dans ses derniers moments. Juan eut un dernier moment de lucidité : en nous voyant, il sourit placidement pendant que nous priions pour lui. Puis, avec un visage serein, il s’éteint à 19h30.
Le 30 novembre, les confrères, sa famille, les amis et connaissances, nous avons célébré ensemble l’eucharistie auprès de son corps dans la chapelle de notre maison à Benicassim. Le P. Aurelio Sanjuan, économe du Secteur, présida la célébration au nom du délégué provincial. Il souligna, entre autres, la sagesse de Juan et ses qualités de savoir-faire grâce auxquelles il aida tant de personnes. Ses cendres sont conservées dans la chapelle de notre maison à Benicassim. Qu’il repose dans la paix du Seigneur !
Odilo Cougil, M.Afr.