La migration des jeunes à Khartoum : Joies et défis (Flashes de EAP – Mars 2021)

La migration des jeunes à Khartoum : Joies et défis

MUGALIHYA MACARA Fidèle - Paroisse St Etienne, Hajj Yousif

Introduction

L’expérience a montré que la migration est aussi vieille que l’histoire de l’humanité. La migration ne concerne pas seulement les êtres humains, les animaux aussi migrent à la recherche de sécurité ou de verts pâturages. En parlant des “Jeunes et de la migration à Khartoum : Joies et défis”, nous pouvons nous demander comment Khartoum peut représenter un pâturage vert pour les jeunes à la recherche d’une vie meilleure. Quels sont les facteurs d’incitation et d’attraction de la migration des jeunes à Khartoum ? Quels sont les défis des migrants ou des réfugiés à Khartoum ? Quelle est notre approche pastorale des jeunes dans notre paroisse, St Etienne à Hajj Yousif ?

Définition et causes de la migration

Selon le dictionnaire, la migration humaine implique les mouvements de personnes d’un endroit à un autre avec l’intention de s’installer de façon permanente ou temporaire dans un nouveau lieu. À cet égard, il y a beaucoup de jeunes migrants à Khartoum qui viennent de l’intérieur du pays et des pays voisins comme l’Éthiopie, l’Érythrée et le Sud-Soudan. Ils fuient leur pays pour différentes raisons : socio-économiques (chômage), politiques (insécurité et guerre). Les jeunes considèrent Khartoum comme un lieu offrant des opportunités d’emploi, d’études, de santé et éventuellement d’établissement dans un autre pays. Selon les données de l’ONU, l’estimation de la population de Khartoum en 2020 est de 5 829 000 habitants, dont la majorité sont des jeunes.

Logement et travail

La plupart des jeunes migrants louent de petites maisons avec leurs amis migrants. Certains d’entre eux vivent avec leurs proches qui se sont installés auparavant en famille (beaucoup de ces familles vivent dans des camps de réfugiés) tandis que d’autres vivent dans des bâtiments en construction. Quelques-uns seulement vivent avec leur famille qui a les moyens de louer des maisons. Les jeunes migrants, surtout les filles, travaillent dans des familles arabes aisées pour des salaires journaliers. Les garçons travaillent surtout dans des bâtiments en construction, des usines et d’autres petits boulots pour subvenir à leurs besoins quotidiens et parfois pour payer eux-mêmes leurs frais de scolarité.

Défis sociaux

L’intégration de ces jeunes dans les zones urbaines n’est pas facile, car ils sont confrontés à des problèmes d’exclusion sociale, de rupture familiale, de manque de protection sociale, de travail dans le secteur informel. Pour les chrétiens, l’église est devenue un des lieux d’intégration sociale, de récréation, de rencontre et de divertissement. Il est important de mentionner que 99% de nos paroissiens sont des réfugiés sud-soudanais et la majorité d’entre eux sont des jeunes et des enfants. Il y a un grand nombre d’enfants qui ne vont pas à l’école et de jeunes qui abandonnent l’école à cause des difficultés de la vie. De nombreux jeunes sont sans emploi et désespèrent de leur avenir. Par conséquent, certains jeunes sont confrontés à des problèmes de drogue, ce qui pousse les garçons à commettre des actes criminels et les filles à avoir des grossesses précoces en raison de la promiscuité et du manque d’éducation. En somme, la dégradation morale entraîne de mauvais comportements, surtout dans les camps de réfugiés.

Réponse pastorale aux jeunes de notre paroisse

Notre pastorale de la jeunesse a pour vision d’accompagner les jeunes à travers une formation chrétienne intégrale prenant en compte leur développement humain, psychologique et spirituel. Pour réaliser cette vision, les activités des jeunes sont organisées dans trois domaines principaux : les activités spirituelles (prières, partage de la Bible, récollection, catéchèse des jeunes), les activités culturelles (danse culturelle, musique, théâtre) et les activités sportives (football et volley-ball). Les programmes et les activités pour la jeunesse offrent à nos jeunes l’opportunité d’une formation humaine et chrétienne continue en cultivant les talents et les dons que Dieu leur a donnés, et d’un encadrement par le biais de programmes de changement de comportement et de travail en équipe. Ces activités aident les jeunes à connaître Jésus-Christ et à mieux s’intégrer dans l’église et dans la société. Ils sont renforcés intérieurement pour faire face à leurs luttes et défis quotidiens avec patience, espoir et foi en Dieu. Ils sont également formés à rester fermes dans la foi et la tradition catholiques tout en respectant la dignité des personnes d’autres églises et religions, en particulier les musulmans. Nous sommes également convaincus que lorsque les jeunes ont une bonne base de foi, ils deviennent de bons évangélisateurs de leurs semblables car ils connaissent mieux leur langue.

Notre mission, à travers toutes ces activités, est de rassembler les jeunes, quelles que soient leurs origines, pour qu’ils puissent exprimer leurs talents, développer leurs dons et, parfois, leur passion peut devenir leur métier. Ces activités ont également un effet curatif sur les traumatismes causés par les mauvaises expériences de la guerre et la persistance du tribalisme. C’est ainsi que le ministère de la jeunesse a encouragé l’acceptation mutuelle et la cohabitation pacifique entre toutes les tribus du Sud-Soudan en semant chez les jeunes et les enfants les graines de l’amour, de l’unité, de la paix, de la justice, du pardon et de la réconciliation.

Conclusion

La situation de la migration des jeunes, vue avec les yeux de la foi, est une bénédiction et une joie pour l’archidiocèse de Khartoum. Sans les réfugiés sud-soudanais, de nombreuses paroisses auraient fermé. Cependant, l’Église locale ne peut pas vraiment se réjouir du fait que ces migrants sont contraints de vivre en marge de la société contre leur propre volonté, malgré leurs capacités à mener une vie meilleure. La bonne nouvelle est que les jeunes, ainsi que les enfants, constituant la majorité dans nos paroisses, l’avenir de l’église locale est assuré, tant au Soudan qu’au Sud-Soudan.

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