Ululation et jubilation à Wa : Ordination sacerdotale de Francis Xavier et Peter Claver

L’ululation et la jubilation sonnant à travers la cathédrale Saint-André de Wa le samedi 25 août 2018 ont exprimé le sens de l’ordination sacerdotale de nos deux confrères Francis Xavier Angkosaala et Peter Claver Kogh ainsi que cinq autres ordinands pour le diocèse de Wa. Ce fut la joie de la communauté chrétienne de voir ces sept hommes répondre joyeusement à l’appel de Dieu à proclamer l’Évangile de la joie à toutes les nations. Il pleuvait à cordes raides et pourtant les gens étaient si nombreux que les retardataires ont eu du mal à trouver un endroit pour s’asseoir.

C’était didactique de voir dans la sacristie comment nos deux diacres prenaient le temps de s’aider l’un l’autre à s’habiller. Une fois diacre, toujours diacre, le sacerdoce ne supprime pas la diaconie !  C’est notre confrère, l’ordinaire local de Wa, l’évêque Richard Kuuia Baawobr qui a ordonné les sept diacres au sacerdoce. Il a été rejoint par son prédécesseur, l’évêque émérite de Wa, Paul Bemile, l’évêque du diocèse de Damango, Peter Paul Yelezuome Angyier, ainsi que par les nombreux prêtres qui sont venus soutenir et accueillir leurs jeunes frères dans le sacerdoce. La liturgie qui a duré environ cinq heures était colorée et invitait tout le monde à y participer. La plupart des hymnes chantés en langue vernaculaire représentent une église assoiffée d’inculturation. Un fils du pays m’a dit plus tard que le rythme de ces hymnes parle beaucoup à tous les fils et filles de la région : “Le rythme de ces hymnes ne tient pas compte de leur origine biblique, le rythme de ces hymnes appartient traditionnellement à un rite d’initiation des “prêtres”, ceux qui ont été “pris par les dieux” pour servir de prêtres ; par conséquent, quiconque passe devant la cathédrale et entend ces hymnes comprendra ce qui se passe”.

Cette soif d’inculturation a été fortement ressentie et a ému toute l’assemblée pendant la liturgie de l’Eucharistie. Le berger du diocèse de Wa, entouré des prêtres nouvellement ordonnés et du clergé local, a chanté en vernaculaire accompagné des réponses des gens depuis la préparation des dons jusqu’à la prière eucharistique. Les mots ne peuvent exprimer ici l’harmonie, l’unisson, la beauté, le caractère sacré de la liturgie à ce moment-là. En effet, “le ciel et la terre sont unis pendant la Sainte Messe”. L’inculturation, porte ouverte par le Concile Vatican II, reste un défi pour l’Église en Afrique, tâche épiscopale, sur la manière de l’embrasser réellement et de la pénétrer. Ne fermons pas cette porte avec le danger d’en ouvrir une autre à un syncrétisme indésirable et incontrôlable.

Avant le partage du pain, il y avait le partage de la Parole et le rite d’ordination. Mgr Richard a commencé son homélie en soulignant que cette ordination avait lieu au cours d’une année spéciale pour les Missionnaires d’Afrique et le diocèse de Wa : les Missionnaires d’Afrique qui ont apporté la foi au diocèse de Wa célèbrent les 150 ans de leur fondation avec les Sœurs Missionnaires de Notre-Dame d’Afrique par le Cardinal Lavigerie ; le diocèse célèbre les 100 ans de la naissance du Cardinal Peter Poreku Dery, serviteur de Dieu ; aussi les 50 ans de sacerdoce de l’évêque émérite Paul Bemile ; et enfin le diocèse a célébré le 11 août 2018 avec les Missionnaires d’Afrique 25 ans de sacerdoce du Père Robert Tebri et 25 ans de serment missionnaire de trois Frères : John Abobo, Patrick Norah et Simon Gornah, tous fils du diocèse. L’évêque a loué l’engagement de ces anciens, ce qui nous donne la joie de célébrer et de prier pour les ordinands. Il a ensuite demandé à l’un d’eux d’expliquer leur choix de lectures (1 Samuel 3:1-10 ; Hébreux 5:1-10 ; Matthieu 10:1-5a). Nous pourrions le résumer ainsi : le Seigneur fait une grande faveur à ceux qui ont un cœur humble et un fond humble.

L’évêque a poursuivi en soulignant que l’appel est effectivement un don. Lorsque les parents appellent leur enfant qu’ils aiment, l’enfant répond avec amour. Un enfant est aimé parce qu’il est le fruit de l’amour de deux personnes et l’expression visible de cet amour. Nous sommes l’expression visible de l’amour de Dieu, a souligné l’évêque. En retour, nous abandonnons totalement notre vie au Seigneur avec nos défauts et nos qualités. En répondant à l’appel de Dieu, nous faisons des choix ; quels sont nos choix ? Le Pape François nous a donné l’exemple du berger comme celui qui sent et connaît l’odeur des moutons. Nous ne pouvons pas connaître les moutons de loin a insisté le berger de Wa. Il a ensuite indiqué qu’à travers cette ordination, le prêtre participera à la charge épiscopale d’enseignement, de sanctification et de gouvernement. De plus, il a attiré l’attention de ses auditeurs sur les trois conseils évangéliques. En conclusion, il leur a rappelé que la formation était permanente et ne se terminait pas et qu’ils étaient tous des disciples missionnaires de Jésus-Christ, même dans leur propre diocèse.

Après la messe, la célébration s’est poursuivie alors que les familles recevaient leurs invités et amis. Le lendemain, les prêtres nouvellement ordonnés ont présidé pour la première fois la célébration eucharistique : François Xavier a célébré à la paroisse Notre-Dame de la Naa Krista, Duotang. Chaque grand prêtre choisi parmi les mortels est chargé des choses relatives à Dieu en leur nom, pour offrir des dons et des sacrifices pour les péchés. Il est capable de traiter avec douceur avec les ignorants et les égarés, puisqu’il est lui-même sujet à la faiblesse ; et c’est pour cela qu’il doit offrir des sacrifices pour ses propres péchés et pour ceux du peuple. (Hébreux 5:1-3). Soyez des apôtres, rien que des apôtres.

Serge Boroto Zihalirwa, MAfr
Our Lady of Hope Parish, Bunkpurugu

 

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