Notre confrère Peter Ekutt, Délégué à la Protection des Enfants au Congo a offert une formation pour 82 consacrés du diocèse de Mahagi, il nous raconte cette formation.
“Pendant trois jours, 82 consacrés du diocèse de Mahagi sont venus vivre une expérience de formation dans la paroisse cathédrale autour de l’évêque à l’occasion de la célébration de la journée des consacrés. L’Evêque lui même a donné la première conférence sur quelques dispositions à prendre comme religieux dans le diocèse. Ensuite, j’ai pu animer une journée de conférences et de partage sur « l’intégrité du ministère et les abus sexuels comme facteur de risque ».

Déroulement de cette formation :
Dans un premier temps, j’ai présenté ce qu’était l’intégrité du ministère et la problématique des abus sexuels comme un des facteurs qui menace aujourd’hui cette intégrité. J’ai commencé en montrant aux participants pourquoi les abus sexuels sont à la une aujourd’hui dans le pontificat du pape François. Puis j’ai développé les différents facteurs de risques qui peuvent faciliter les comportements abusifs. J’ai aussi présenté les différentes formes d’abus. Ensuite nous avons porté notre attention sur plusieurs points : les conséquences physique de l’abus sexuels sur le mineurs ; la méthode que les prédateurs utilisent pour installer leur emprise sur les mineurs ; les idées déformées (distorsions cognitives) que les prédateurs utilisent pour abuser des mineurs ; les attitudes à éviter lorsque l’on parle de l’abus sexuel ; les dispositions à prendre pour protéger l’enfant. Finalement, j’ai montré que la lutte nous appartient à tous, afin de créer un environnement sûr pour les enfants et les adultes vulnérables.
Au milieu de la conférence, nous avons eu des carrefours, nous basant sur un texte – une étude de cas qui vient de l’Afrique de Sud. Les réactions dans les groupes ont été très positives de la part de participants.
J’ai invité aussi un collaborateur qui écoute les mineurs victimes de harcèlement sexuel dans les écoles pour venir partager son expérience avec nous. Il encourage les jeunes au dépistage VIH/SIDA dans notre centre des jeunes. Ce père de famille a parlé sur le fait que la plupart des jeunes infectés sont des filles entre 11 et 22 ans et cela nous donne à penser qu’il y a de nombreux cas d’abus sexuel autour de nous même si on n’en en entent pas parler. Les statistiques données par cet intervenant ont touché les participants. Le fait que ce témoignage et ce rapport étaient donnés par un père de famille a ajouté du poids au sujet de la conférence. Cette expérience de partage était très pratique et très touchante. Cela nous a fait réfléchir et nous poser des questions.
Nous avons terminé avec la vidéo sur l’abus sexuel : « Un médecin pour sauver les femmes », suivi d’un partage sur la vidéo. Personne n’avait vu la vidéo auparavant, et ce fut une bonne information et documentation pour les consacrés. Le partage était superbe et de bonnes réflexions sont sorties pendant le partage.

Ensemble nous avons prit la prière du délégué à la protection des mineurs.
En général, les consacrés ont beaucoup apprécié l’initiative de donner cette conférence. Ils étaient très content qu’on parle de cela mais aussi très choqué de voir que finalement on peut parler de quelque chose qu’eux considèrent comme TABOU. Ils étaient anxieux de savoir si l’évêque était d’accord car ils ont eu peur de toucher à leurs « TABOUS ». Il est heureux que nous ayons pu parler de ce TABOU qui fait peur alors que les gens, et surtout les enfants, meurent dans le silence du TABOU.

Beaucoup souhaitent que cela puisse être offert aussi dans des écoles et pour les parcours de catéchuménat. Mais, il faut aller doucement. Je suis déjà content d’avoir pu parler aux consacrés du diocèse de Mahagi.
Il est à noter quand même quelques résistances fortes venant du côté des consacrés masculins qui pensaient que cela était une critique de l’Eglise et en particulier des prêtres au profit des sœurs. Mais, j’avais déjà fait cette expérience avant et cela ne me dérange pas. C’est un mécanisme de défense pour ne pas faire face à la réalité. Cela n’a pas empêché que cette session fut un succès et une belle expérience pour l’ensemble des participants.
Peter Ekutt, M.Afr.