Vivre ensemble

« Vivre Ensemble » … C’était le thème proposé par l’Algérie à l’ensemble des pays du monde par le biais de l’ONU pour célébrer le 16 mai de chaque année. C’est ainsi que déjà la veille, le 15 mai, un riche débat a eu lieu à la radio et télévision algérienne sur ce thème avec notamment la participation de Mgr. Henri Teissier et d’autres personnalités du pays. Le lendemain, une belle fresque fût inaugurée à la Maison St. Augustin, où justement un groupe de personnes est appelé à partager la vie journalière la plus ordinaire possible « jour après jour ». Or il s’agit de gens qui portent déjà le poids de l’âge, qui ont eu, pour la plupart, des responsabilités assez importantes. Aujourd’hui, ils sont obligés de se faire aider par d’autres. Mais ils ont également la tâche de se rendre ‘supportables’ les uns aux autres. Des amis algériens et étrangers sont là, auprès d’eux, pour leur faciliter la tâche. Nous connaissons tous des situations semblables dans nos familles, avec nos parents et nos proches.

Tout cela rejoint le sens de la conférence de l’après-midi du 16 mai, à la Maison diocésaine où une assistance nombreuse d’environ 200 personnes, musulmans, chrétiens et libre-penseurs ont échangé sur ce sujet de « Vivre ensemble ». Une très belle introduction présentée par quelques membres de la confrérie musulmane, nommée « Tarique des Alouines », puis par Mgr. Teissier et de nombreux autres intervenants venus spontanément de la salle, ont facilité la profondeur et la richesse des échanges. A chaque exemple cité, il en résulte que si nous voulons avancer sur le chemin de la paix, il est indispensable de se respecter les uns et les autres, qu’on soit musulman, chrétien ou libre-penseur. En pensant à la béatification future des 19 martyrs des années 1990 – 2000, nous constatons que la vie de chaque martyr a été justement un témoignage de vie simple, vraie et engagée dans « le va et vient » de tous les jours. En se mettant au diapason « de l’ordinaire », on réalise « l’extraordinaire » ! C’est-à-dire : s’aimer les uns les autres !

Ayant été toute ma vie en contact avec des handicapés, des migrants, des réfugiés, « des gens pas comme tout le monde », j’ai pu sentir combien il est dur de se faire accepter dans la différence et de se sentir différent.

C’est pour cela qu’une journée sur le thème « Vivre ensemble » est importante. Que la construction « de ponts » entre personnes de différentes opinions et de différentes religions est importante, je dirais une obligation pour chacune et chacun. Cette journée du 16 mai, nous a rappelé tout cela.

« Le ftour »

L’iftar (en arabe : إفطار, également ftour ou ftor dans les dialectes maghrébins) est le repas qui est pris chaque soir par les musulmans au coucher du soleil pendant le jeûne du mois de ramadan. Le terme iftar est à rapprocher de fitr (dans Aïd el-Fitr, la fête qui marque la fin du mois de ramadan), avec le sens de « rupture du jeûne ». En dehors de ce contexte, le terme désigne le petit déjeuner. L’iftar peut être un repas pris en famille, ou un banquet se déroulant dans une mosquée ou un autre lieu public. (Wikipedia)

C’est dans le sens de ce que je dis plus haut que nous avons pu vivre aux « Sources » (un quartier d’Alger), une semaine plus tard, le 25 mai, un repas convivial de ramadan où furent présents pas moins de 75 personnes, pour la plupart des musulmans, mais avec la présence de quelques chrétiens et dans la maison d’un chrétien.

Le début du repas de ramadan commence invariablement avec le souhait « Ghafrou Baadakoum » (pardonnez les uns aux autres). Le repas fut suivi d’une belle soirée des chants poétiques qui nous ont tous touchés au cœur. Nous nous sommes quittés vraiment dans une profonde ambiance de paix et de bien-être. Mais d’autres signes semblables ont pu être observés durant ce mois sacré. Malgré tous les refoulements aux frontières, pénibles et parfois brutaux, des migrants subsahariens, des moments positifs ont été vécus à plusieurs endroits. Chaque soir, lorsque je me rendais à la gare routière d’Alger, des migrants furent accueillis « les bras ouverts » à la table du « ftour » avant de les accompagner au bus pour un retour volontaire dans leur pays d’origine. C’était vraiment touchant. D’ailleurs, ces instants de convivialité envers ceux et celles qui n’avaient rien à manger se sont répétés pour de nombreuses personnes de la ville et du pays. . Nous avons constaté ce partage à la Gare ferroviaire d’El Harrach. Puis dans la rue de Didouche Mourad à Alger. Là une table de plus de cent mètres fût dressée pour que tous ceux qui voulaient s’ y asseoir puissent prendre le repas, y compris les femmes.

Oui, nous pouvons dire que cette année, le temps du ramadan fut aussi un temps de grâce favorisant la rencontre les uns avec les autres, mettant en pratique le beau thème du 16 mai : « Vivre Ensemble ».

Alger le 15 juin 2018
1ier jour l’Aïd Seghir
Jan Heuft, M.Afr.

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