Adiós Padre Martínez

En décembre et janvier dernier j’étais au Mali et j’ai participé à la céréomonie d’adieu à notre confrère Jesus Martinez à la paroisse de Kati, non loin de Bamako. Ce fut une très belle célébration et Jesus lui-même nous a offert une belle homélie. Son curé ainsi que le président du Conseil paroissial ont alors offerts de belles paroles d’appréciation. J’ai cru bon ne pas laisser ces belles paroles tomber dans les oubliettes. Avec la permission de ces 3 personnes j’ai recopié ce qu’ils ont alors offert.

Martin Grenier, M.Afr.

Mission accomplie : Pardon et Merci !

Frères et sœurs, je vous remercie de tout mon cœur d’être venus pour m’aider à remercier le Seigneur en célébrant cette messe d’action de grâces pour ces 55 années que le Seigneur m’a donné de vivre avec vous… à regarder toute ma vie avec les yeux de la gratitude.

Comme dit le Sage dans la bible : « il y a un temps pour rester, il y a un temps pour partir » …

La vieillesse est une nouvelle étape de ma vie, et devenir vieux ça s’apprend. Il faut du courage… Dieu est le Dieu de l’exode, le Dieu du départ; nous engager dans des chemins nouveaux, et quoi qu’il arrive, « tout est grâce »… Ce qui compte dans la vie, ce n’est pas le lieu où l’on se trouve, mais la direction que l’on prend, avec qui on prend cette direction et pour quoi. La mission n’est pas à nous, elle nous est confiée pour un temps seulement ; notre premier travail c’est de prier. « Celui qui s’en remet à Dieu ne restera pas avec les mains vides. Venir au monde n’est pas difficile, mais le traverser… Demandons la grâce de pouvoir se confier à Lui.

Je voudrais vous partager quelques mots de ce qui a marqué ma vie avec vous. Tout d’abord, je vous demande pardon, car j’aurais pu travailler plus et mieux. Je n’ai pas assez remercié Dieu pour la vie qu’il m’a donnée. Je n’ai pas assez aimé ceux qui étaient à mes côtés. Les deux mercis : Merci avant tout à Dieu qui m’a conduit par sa main. Merci au Cardinal, toute ma reconnaissance Monseigneur, reconnaissance à ma famille, mes frères dans Ie sacerdoce… Je voudrais que mon départ se fasse dans la joie, car la joie est un signe du Royaume, et si le départ est triste, ce n’est pas évangélique.

Je me suis senti très aimé par vous et moi aussi j’ai essayé de répondre à cet amour. Le meilleur de ce que j’ai eu dans ma vie, c’est le Mali qui me l’a donné et à mon tour, je peux dire que moi aussi j’ai donné au Mali le meilleur de moi-même… Ma vie missionnaire a eu deux priorités : les vocations (des prêtres, religieuses, catéchistes et laïques) et la pastorale sociale. Ce qui m’a donné force et courage c’est le passage de l’Évangile : « J’ai eu faim et vous m’avez donné à manger,  j’ai eu soif… » Ensemble, nous avons construit beaucoup de puits, des écoles, des barrages, des moulins, quelques églises, des radios.

Nous sommes missionnaires partout où nous sommes… même s’il faut du courage pour nous engager sur de nouveaux chemins de vie… Il y a une Providence. Le meilleur est à venir, il faut ouvrir les bras et accueillir le futur, garder le sourire comme un reflet du sourire que Dieu a continuellement sur nous.

J’aurais voulu rester avec vous et continuer à baptiser nos enfants, continuer à vivre avec vous, mais quand les supérieurs décident, l’obéissance s’impose. La spiritualité de notre temps est une spiritualité du Samedi Saint; d’un côté la confusion, le découragement, l’impuissance et de l’autre côté la foi dans l’obscurité et la force de l’espérance, de la persévérance. La vieillesse est pour les courageux… C’est redevenir un enfant qui se laisse conduire par Dieu… s’adapter au programme de Dieu et laisser le nôtre. Même si j’ai le cœur qui saigne, je pense qu’avec vous et grâce à vous je peux dire « Mission accomplie », Pardon et Merci! Que Dieu nous donne d’aimer ce qu’il aime. Que nous acceptions toujours les destins que la providence a sur nous. Que les inquiétudes de la vie ne nous découragent pas.

Que le Seigneur nous aide à garder notre lampe allumée.

Jesús Martínez

Voilà l’essentiel de l’homélie du Père Jesús Martínez le jour de son “au revoir” à sa famille du Mali. Le texte a été raccourci et un peu édité pour faciliter la lecture. Mais ce sont bien ses paroles. (n.d.l.r.)

Ci-dessous, voici quelques extraits de deux témoignages donnés lors de la même messe d’action de grâce à l’occasion du départ du Père Jesús Martínez.

 M. Valéry Dako

Président du Conseil Paroissial de Kati

Un parcours de jubilé d’or en terre Africaine du Mali vaut une distinction à la personne qui a accompli ce cheminement. On vous sait humble mais acceptez-le ainsi. Remontons loin, loin en arrière et nous retrouvons vos années de jeunesse avec son lot d’enthousiasme, de fougue, d’espérance dans les actes posés pour l’accomplissement de la mission. Arrivé au pays bô Père Martinez, vous vous êtes fondu dans la masse des bwa en prenant le nom de Matièrê qui représente la symbolique du travail… Vous avez parcouru toutes les paroisses de l’actuel Diocèse de San : Paroisse de Mandiakuy, Tominian, Timissa et Touba à l’érection de laquelle vous avez pris une part active, ainsi qu’à son développement économique et spirituel…

Ensuite vos pas vous ont conduit en direction de l’Archidiocèse de Bamako avec une présence dans les paroisses de Kolokani, Faladjé et Kati qui se trouve être la paroisse mère du diocèse de Bamako. Vous avez pris en pays Bamanan le nom de DOMAKONO qu’on peut traduire simplement par la personne qui attend un jour, quel jour ? Que ce jour soit intimement lié à la volonté de ton maître que tu as chéri intensément.

… Nous avons cheminé ensemble avec pour objectif la recherche de Dieu. Que de parcours réalisé ! Aujourd’hui, nous sommes à un autre tournant important.

Que de voies empruntées par vous entre les CCB de Koko, Malibougou, Kati Centre, Missions l, II et Camp pour le Seigneur. Que de pistes également utilisées par vous vers les communautés rurales (Kalifabougou, Néguela, Yékébougou etc…) pour l’évangélisation…

La paroisse de Kati, votre famille, vous a adopté. Vous y avez évolué en travaillant pour ses différents segments que sont : la catéchèse, les familles humaines, le conseil paroissial, les chorales, les regroupements de femmes, de jeunes, la radio Reine de la Paix en tant que moyen d’évangélisation etc…

Père DOMAKONO, vous avez… conseillé, amadoué, consolé, réconforté diverses personnes au gré de vos rencontres pastorales et humaines. La joie de vivre procurée à autrui est celle que le Seigneur attendait de vous pour les autres.

Père DOMAKONO, le Conseil Paroissial de Kati vous remercie chaleureusement pour tout ce qu’il vous a été donné de faire dans le cadre de l’édification harmonieuse de l’église famille de Dieu au Mali. Que le Seigneur lui-même soit votre berger au quotiden.

 MERCI Père DOMAKONO, Nous  vous remettons en signe de reconnaissance un masque Ciwara avec votre nom gravé (Père Martinez, Paroisse de Kati, Reconnaissante). Vous avez aussi un boubou traditionnel avec son bonnet à multiples oreilles pour vous protéger des intempéries.

Père DOMAKONO, Ala ka hèra kè i gnè, ami a ka hèra fon i ko.

Père DOMAKONO, Débwenou a oumanou gnou lou.

(Seul Dieu est à même de procurer de l’eau aux termites lors de la confection de leur termitière.)

Abbé Émile Konare

Curé de Kati

 La façon de vivre, le sens qu’on donne à sa vie, voilà ce qui fait le malheur ou le bonheur de l’homme. Le sage Qohèleth nous dit, je cite : « l’homme travaille pour sa bouche. Et pourtant l’appétit n’est jamais comblé. » Qu’est-ce qui est donc capable de combler le désir de l’homme? Jésus, le Fils de Dieu nous trace le chemin par lequel l’homme a accès au bonheur : le chemin de la justice du Royaume. De quoi s’agit-il? Comme premières attitudes annoncées par Jésus, c’est être pauvre (ou humble, voir humilié), être doux (sans violence ?), être affligé, avoir faim et soif de la justice ! Si les prophètes dénonçaient ceux qui pratiquaient l’injustice, Jésus déclare heureux ceux qui placent au centre de leur vie le souci de la justice. Ce qui nous est promis n’est rien de moins que la joie et l’allégresse d’une relation filiale avec Dieu…

Père Martinez, vous avez été ordonné en 1962, et vous avez été au Mali, à San et à Bamako, et même un an en Mauritanie, 56 ans de votre vie, de votre vie sacerdotale, pour montrer à l’homme malien, africain, votre semblable, le visage de notre foi chrétienne : Jésus-Christ qui n’a qu’un seul Nom : Dieu-Amour… Père Jesús, durant 55 ans, vous avez eu le désir de vivre selon ce que Dieu demande en devenant l’artisan de l’évolution des œuvres sociales. Vous avez aidé l’homme malien, toutes confessions confondues, à voir et reconnaître le visage de Dieu dans son semblable… à travers une vie d’Amour concrète : des Centres de santé pour les malades, … des structures scolaires pour combattre l’analphabétisme, des forages pour donner de l’eau à ceux-là qui ont soif, … Vous avez écouté et considéré les joies et les peines de l’homme malien qui venait vers vous dans l’espoir d’obtenir une vie stable et digne. Enfin les vocations sacerdotales. Chaque ordination sacerdotale est une fierté pour vous. Cela pour dire que vous portiez en vous ce désir de voir des jeunes maliens se consacrer à Dieu.

La réalisation de tout… est dû à… vos attitudes ou si vous le voulez, aux « béatitudes » que vous avez incarnées et parmi lesquelles nous pouvons retenir: la patience , la persévérance, l’humilité. Heureux les artisans de paix. L’homme ne peut pas devenir artisan de paix sans incarner en lui la patience, la persévérance et l’humilité, surtout sur une terre étrangère.

Père Jesús, je voudrais au nom de toute la Paroisse, vous manifester notre profonde gratitude pour tous les beaux services rendus à l’Église catholique du Mali. Soyez assuré de toute notre affection, nos pensées et nos prières pour cette nouvelle vie qui démarre.

Aussi est-il besoin de vous dire que les portes du Mali vous sont toujours ouvertes.

E nana Ala kof, Mali denq yé, Ala ka i Iakana.
(Mon Père vous êtes venus annoncer Dieu aux enfants du Mali, que Dieu vous garde et vous protège).
E yé danaya kofo anw yé, Ala ka i ka dana baba.
(Vous êtes venus nous apporter la foi, que Dieu solidifie votre foi).
E nana san biduru ani woro som, Mali jamanan konon, Ala da Mali jamanan gnèmajo.
(Et vous êtes venu passer 55 ans au Mali, que Dieu accorde au Mali la stabilité).
Maria Senu ka a jantoi la. | ni cé. l ni baraji.
(Que la Vierge Marie te protège, merci beaucoup).

Si vous désirez lire les textes originaux tels qu’ils nous sont parvenus, les voici :

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