Décédées de mort violente (PE n° 1081)

Dans la crypte à la Maison généralice
des Missionnaires d’Afrique,

la plaque commémorative
des Sœurs Blanches décédées de mort violente

23 MAI 2017

Introduction par Sr. Carmen Sammut

Aujourd’hui, nous venons nous rappeler de nos Sœurs qui ont vécu leur consécration jusqu’au bout et sont mortes de mort violente. Nous voulons être inspirés par leur fidélité et le don de leur vie. Le pape Francois lors de la cérémonie de commémoration des martyrs modernes à l’église de Saint-Bartolomeo à Rome en avril 2017, a déclaré : « Combien de fois, dans les moments difficiles de l’histoire, avons-nous entendu dire : Aujourd’hui, notre pays a besoin de héros ? De même, nous pouvons demander : Aujourd’hui, de quoi est-ce que notre Église a besoin ? Les martyrs, les témoins, c’est-à-dire les saints au jour le jour, de la vie ordinaire, des vies vécues de manière cohérente, Nous sommes tous appelés à cela.

« Mais nous avons aussi besoin de ceux qui ont le courage d’accepter la grâce d’être témoins jusqu’au bout, jusqu’à la mort. Les martyrs sont les témoins qui font avancer l’Église, ceux qui témoignent du fait que Jésus est ressuscité, que Jésus est vivant, qui témoignent de lui avec des vies cohérentes et avec la force du Saint-Esprit qu’ils ont reçue comme don ».

En effet, cet appel est pour nous tous et est bien exprimé dans nos Constitutions, comme cela a été dans toutes nos Règles depuis le début de notre Congrégation :

« La charité du Christ nous presse » (2 Co 5,14), elle nous donne la force de vivre les paradoxes de notre mission (…) et nous entraîne à nous faire tout à tous, ne reculant devant aucune peine, pas même devant la mort, pour contribuer à étendre le Règne de Dieu.  (Constitutions de 1981, n° 9).

Appréciation de nos Sœurs décédées de mort violente par Sr Gisela

« …elles doivent se faire tout à tous… et ne reculer devant aucune peine, pas même devant la mort, lorsqu’il s’agit d’étendre ainsi le Règne de Dieu… » (Cardinal Charles Lavigerie)

Ce texte écrit pour nous, de la main du Fondateur, en 1874, est demeuré dans toutes les éditions successives de nos Constitutions, aussi celles, ci-haut citée, de 1981, n°9 Nos devancières y ont puisé force, courage et zèle.
Parmi nos devancières, nous pensons ce soir aux dix Sœurs nommées sur cette pierre :

1. Le 5 mars 1919 à Biskra, au Sahara, Sr Isabelle était en train de coudre. Cela faisait partie du service que nos Sœurs rendaient à l’hôpital militaire de Biskra. Un soldat de la division sénégalaise de l’armée française, un malade, a pu prendre le fusil d’un gardien et a tiré sur la Sœur. Les deux ne se sont pas connus.

2-7. Sr Jean de Patmos, Sr Marie Angélique, Sr Domitille, Sr Marie Borgia, Sr François de Genève et Sr Hermine formaient l’équipe du dispensaire ophtalmologique d’Alger Cervantès. En novembre 1942, en pleine guerre, les alliés débarquèrent au Maroc et en Algérie, et les Allemands bombardèrent les nouveaux points stratégiques ; Alger en était un. Le soir du 22 novembre 1942, alors que toutes les Sœurs de la communauté étaient réunies à la chapelle, une bombe éclata devant le tabernacle, tuant cinq sœurs, et blessant grièvement la sixième, Sr Hermine, elle meurt le 27 novembre.

8. Au matin du 13 septembre 1956, au village d’Ighil-Ali en Kabylie, on vint chercher les « sœurs infirmières » pour soigner un enfant malade. Sr Pierre Fourier sort avec Sr François Solano (elle est toujours vivante, au Canada). On les amène à l’extrémité du village et les prend en otage. Elles ont passé trente-quatre jours en captivité dans la montagne. À la mi-octobre, enfin, c’est l’espoir du retour à Ighil-Ali, le départ sous escorte à travers la montagne… puis, le lendemain, mardi 16 octobre, tous tombent dans une embuscade, et passent toute une journée sous le feu… Sr Pierre Fourier est frappée de plusieurs balles…

9. Sr Cecilia Jansen est décédée à Kampala à la suite d’un attentat causé par un voleur de voiture. C’est dans sa fonction d’infirmière que l’accident se produit le 22 juin 1972 : elle conduit un malade de Villa Maria à l’hôpital de Kampala. Puis, devant le bureau médical où elle doit se rendre pour faire des démarches, un homme l’aborde et demande les clés de la voiture. Sr Cecilia ne le prend pas au sérieux et refuse. C’est alors que l’homme tire et l’atteint au ventre. Elle fut amenée tout de suite à l’hôpital, et on lui donna les soins les meilleurs. Elle mourut le 14 juillet.

10. Au début janvier 1996, Sr Claudia Murphy était en vacances à Cape Coast au Ghana avec une amie, Patricia. Le 8 janvier, vers 17 heures, elles décident d’aller au bord de la mer. Pendant que sa compagne s’éloigne quelques instants, Claudia est assise et lit. Un jeune homme (drogué, malade mental, on ne sait) accoste Claudia, puis, lui assène trois coups de machette derrière la tête ; la mort est presque instantanée. Sa compagne accourt et est tuée à son tour. Claudia était la plus âgée des dix, elle avait 65 ans et 34 ans de profession. À la veille de ses premiers vœux, elle avait écrit : « J’ai peu à offrir, mais j’offre toute ma personne, avec la ferme volonté d’être toute à Dieu. »

Le Père Stan, Superieur Général des M.Afr. bénit la plaque commémorative.

Plus qu’un simple « memento mori », un rappel de la mort, nous voulons célébrer cette offrande de vie, cette ferme volonté d’être toute à Dieu de nos Sœurs (et de nos frères). C’est là que leur vie et notre vie aujourd’hui se touchent car nous tous et toutes avons offert notre vie à Dieu, et dans leur exemple nous puisons force, courage et zèle.

Et leurs vies touchent d’autres vies…

Il y a deux ans, j’ai reçu un courriel de Madame Demelza en Angleterre qui avait appris que sa grand-tante était une de nos sœurs. C’était Sr Marie Borgia (Frances Wilkinson) ; à 30 ans elle était la plus jeune du groupe qui mourut dans le bombardement d’Alger. Elle était médecin et s’était convertie de l’anglicanisme. N’étant pas sûre de son chemin dans la vie, elle avait fait une retraite avec un Missionnaire d’Afrique et puis décida de donner sa vie pour la mission. Sa décision était très mal prise par la famille et elle ne pouvait plus s’y montrer.

Il y a deux semaines, Mme Demelza m’a écrit à nouveau et elle m’a envoyé trois photos de Sr Marie Borgia, heureuse que ces photos avaient été gardées tandis que beaucoup d’événements de la vie de la jeune femme avaient été effacés. Elle continue : « Le papa de Frances était médecin lui-même et pendant presque 20 ans, il a essayé d’éradiquer la peste parmi les pauvres du Punjab en Inde. N’est-il pas triste que quelqu’un qui a passé sa vie à aider les autres puisse être si dur envers sa fille qui, à sa façon, continuait son travail ? »

« Je suis fière du courage et de l’esprit de Sr Marie Borgia. Avant que mes enfants soient nés, j’ai travaillé pendant 12 ans pour Amnesty International en Asie, pour protéger les opprimés dans des endroits dangereux. Je ne connaissais pas Sr Marie Borgia à ce moment mais, regardant en arrière, je vois d’où mon travail a été inspiré. J’espère que mes enfants, eux aussi, seront forts pour vivre leurs valeurs et convictions quand ils seront grands. »

La Supérieure Générale des SMNDA appose un signe de croix sur la plaque commémorative

Que nous puissions puiser force, courage et zèle dans la vie de nos sœurs et frères qui nous ont précédées sur la route du martyre.

Que nous puissions, humblement, offrir nos vies à Dieu et recevoir de lui la grâce du témoignage, jusqu’à la mort.

Que nos vies puissent toucher d’autres et les encourager au témoignage.

Merci.

La Supérieure générale, Soeur Carmen Sammut introduit la cérémonie de la commémoration des Soeurs décédées de mort violente.
La Soeur Gisela évoque la vie des Soeurs décédées de mort violente et dont les noms sont marqués sur la plaque commémorative.

Sr Gisela Schreyer, smnda

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